Cinquante ans après la mort de Pie
XII par le cardinal Bertone |
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Cité du Vatican, le 04 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- Nous publions l’introduction que le secrétaire d’État de Sa
Sainteté le pape Benoît XVI a écrit pour le livre de sœur Margherita
Marchione, qui recueille les études de la religieuse en défense de la
mémoire du pape Pie XII. L’œuvre du pontife pour sauver les juifs et les
autres victimes des nazis pendant la deuxième guerre mondiale
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Cinquante ans après la mort de Pie XII
par le cardinal Bertone
Le 04 décembre - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
-
Nous publions l’introduction que le secrétaire d’État de Sa Sainteté le
pape Benoît XVI a écrit pour le livre de sœur Margherita Marchione, qui
recueille les études de la religieuse en défense de la mémoire du pape Pie
XII. L’œuvre du pontife pour sauver les juifs et les autres victimes des
nazis pendant la deuxième guerre mondiale
Depuis plus de dix ans, les livres de sœur Margherita Marchione sur Pie XII
sont disponibles en anglais et en italien. Ce livre, La verità ti farà
libero. Papa Pio XII a cinquant’anni dalla morte, rassemble en un seul
volume les fruits actuels de sa recherche.
J’ai eu naguère l’occasion de parler de Pie XII, le
deux-cent-soixante-deuxième successeur de saint Pierre; j’ai aussi eu
l’occasion d’exprimer récemment mon opinion sur la controverse qui concerne
ce pape du vingtième siècle.
J’ai eu, le 25 janvier 2007, le plaisir de présenter, lors de sa publication
en langue italienne, le volume I giusti de l’historien juif sir
Martin Gilbert. Cet auteur démontre que les
accusations lancées contre Pie XII pendant la shoah sont fausses. Il
rappelle les nobles actions du pape et de l’Église catholique pour aider à
sauver des vies d’israélites, à l’instar d’autres sauveteurs. Un exemple
parmi tant d’autres, cité dans ce livre, est celui d’Emilio Viterbi, un juif
réfugié à Assise, qui confirme l’engagement de Pie XII dans le secours aux
juifs de la part d’instituts religieux. Celui-ci se réfère à l’action
pastorale de Mgr Nicolini, évêque d’Assise, « qui, avec l’amour le plus
grand et le plus grand zèle, a suivi la volonté philanthropique du saint
Père ».
Au cours de la présentation, j’ai fortement contesté les critiques qui
affirment que le pape s’est abstenu de protéger les juifs pendant
l’Holocauste. J’ai affirmé, en me référant à l’intervention de l’Église: «
Il est clair que Pie XII n’était pas favorable au silence, mais qu’au
contraire, il usait de paroles intransigeantes et stratégiques, comme le
démontre le message-radio de 1942 pour Noël, qui mit Hitler dans une
terrible colère. On en a les preuves dans les archives du Vatican… Des
recherches effectuées par des historiens indépendants confirment que Pie XII
a fait des démarches extraordinaires pour sauver des vies de juifs ».
Je suis de nouveau intervenu sur cette question le 17 avril 2007, en
rappelant la lettre circulaire de la Secrétairerie d’État, datée du 25
octobre 1943 et portant les initiales de Pie XII: on y trouve l’ordre donné
aux instituts religieux et à toutes les institutions catholiques de sauver
le plus grand nombre possible de juifs. Ceci fit grand bruit en Europe, mais
ne surprit nullement ceux qui avaient lu n’importe quel livre de sœur
Margherita Marchione. Elle a interviewé des dizaines de témoins, qui ont eu
une connaissance directe de ce fait et d’autres instructions données par le
pape.
Dans mon discours du 5 juin 2007, j’ai attentivement analysé la “Légende
noire”, et j’ai parlé de Pie XII comme homme de
Dieu, qui s’avère être, par sa sainteté personnelle, un témoin splendide du
sacerdoce catholique et de la papauté. Après avoir lu les
publications de Pierre Blet, de Margherita Marchione, d’Andrea Tornielli et
d’innombrables autres auteurs, je ne peux que répéter ma conviction qu’à
travers ses nombreuses encycliques, Pie XII a promulgué d’importantes normes
doctrinales, qu’il a donné un nouvel élan à l’activité missionnaire et qu’il
a affirmé le droit de la femme dans une multitude de domaines, y compris
politiques et judiciaires.
C’est justement grâce à son approche prudente que Pie XII a protégé les
juifs et les réfugiés. Il faut par ailleurs rappeler que très souvent,
pendant la deuxième guerre mondiale, le gouvernement fasciste a pris des
initiatives pour s’assurer que Radio Vatican « n’aie pas l’électricité
nécessaire », en sorte que la voix du pontife ne puisse pas être
entendue; que de nombreuses fois, il y eut « pénurie de papier » pour
reproduire ses pensées et son enseignement gênant contre le nazisme et le
fascisme; qu’en diverses occasions, différents “incidents” firent en sorte
que des numéros de L’Osservatore Romano contenant des
éclaircissements, des mises à jour, des notes politiques, fussent perdus ou
détruits.
Sœur Margherita a recueilli, pendant toute la dernière décennie, des
documents qui prouvent que Pie XII ne fut ni
silencieux ni antisémite: il fut prudent. S’il avait fait une
intervention publique, il aurait mis en péril la vie de milliers de juifs
qui, sur son ordre, avaient été cachés, dans la seule ville de Rome, dans
155 couvents et monastères. Comment ne pas rappeler, dans un tel contexte,
la lettre pastorale de 1942 des évêques hollandais, qui condamnait «
l’inhumain et injuste traitement déchaîné contre les juifs par la puissance
occupante dans ce pays »? C’est justement à cause de cette dénonciation
– note Pinchas Lapide – que la Hollande dut compter le pourcentage le plus
élevé de juifs déportés par rapport aux autres pays européens, à savoir cent
dix mille, c’est-à-dire 79% de sa population juive totale.
Dans ce livre, elle nous rappelle que ce fut Pie XII qui arriva jusqu’à
autoriser de faux certificats de baptême pour sauver la vie des juifs, en
ordonnant, en outre, la distribution de visas de manière que les juifs
puissent entrer dans d’autres pays et en instruisant les supérieurs de
couvents et de monastères pour qu’ils ouvrent leurs portes et qu’ils cachent
des juifs et d’autres victimes des nazis et des fascistes. Il fut demandé à
Angelo Roncalli (le futur pape Jean XXIII) de
distribuer des certificats, comme celui-ci l’a lui-même confirmé en
affirmant que tout ce qui fut fait le fut selon les directives du pape.
Lorsqu’il était délégué apostolique à Istanbul, il parla dans son journal
d’une audience avec le pape Pie XII, le 10 octobre 1941, affirmant que les
déclarations du pape étaient « prudentes ».
La neutralité du pape ne sauva pas seulement des juifs, mais aussi d’autres
prisonniers, conscient comme il était que le destin de millions de personnes
dépendait de la moindre de ses paroles. Robert Kempner, avocat juif et
officier attaché au procès de Nuremberg, écrivit en 1964: « Toute
position propagandiste que l’Église catholique aurait prise contre Hitler
aurait été non seulement un manœuvre suicidaire, mais elle aurait accéléré
l’exécution d’un nombre encore plus élevé de juifs et de prêtres ».
À la lumière de différentes sources fondées non seulement sur l’histoire,
mais en particulier sur les documents et les témoignages, l’historiographie
scientifiquement accréditée ne met désormais plus en doute que l’accusation
de soi-disant “silence” lancée contre Pie XII ne soit tout simplement le
fruit de spéculations idéologiques, malheureusement colportées, encore
aujourd’hui, dans certains milieux où le sens de l’Église est presque
inexistant et où, pour adopter une expression plus charitable, l’on éprouve
une certaine difficulté à comprendre comment elle opère.
On veut faire de Pie XII un “politicien” en guerre contre deux idéologies
communément considérées comme néfastes. Pie XII a toujours pensé
(dès sa première encyclique) que ce n’était pas
l’Église qui avait des ennemis, mais plutôt qu’il y avait des ennemis de
l’homme, lesquels se servaient de l’État pour perpétrer continuellement des
actes contraires à la personne et à la société. Le document éclairant à cet
égard – et il n’est pas le seul –, c’est sa première encyclique, Summi
pontificatus, encore inconnue du point de vue prophétique et social. Il
faudrait la relire. Voici ce qu’il écrivait à l’époque: « Une prise de
position doctrinale complète contre les erreurs des temps présents peut être
renvoyée, s’il en est besoin, à un autre moment, moins bouleversé que
celui-ci par les calamités des événements extérieurs. Nous Nous bornons
aujourd’hui à quelques observations fondamentales… La première de ces
pernicieuses erreurs, aujourd’hui largement répandue, est l’oubli de cette
loi de solidarité humaine et de charité, dictée et imposée aussi bien par la
communauté d’origine et par l’égalité de la nature raisonnable chez tous les
hommes, à quelque peuple qu’ils appartiennent ».
Et un peu plus loin, il avertissait: « Source de maux très graves pour la
pacifique vie en commun des peuples, est une autre erreur non moins
dangereuse pour le bien-être des nations et la prospérité de la grande
société humaine qui rassemble et embrasse dans ses limites toutes les
nations: c’est l’erreur contenue dans les conceptions qui n’hésitent pas à
délier l’autorité civile de toute espèce de dépendance à l’égard de l’ Être
suprême, cause première et maître absolu, soit de l’homme soit de la
société, et de tout lien avec la loi transcendante qui dérive de Dieu comme
de sa première source. De telles conceptions accordent à l’autorité civile
une faculté illimitée d’action, abandonnée aux ondes changeantes du libre
arbitre ou aux seuls postulats d’exigences historiques contingentes et
d’intérêts s’y rapportant… le monde et tous ceux qui sont frappés par la
calamité de la guerre doivent savoir que le devoir de la charité chrétienne,
fondement et pivot du Règne du Christ, n’est pas une parole vide mais une
vivante réalité. Un champ très vaste s’ouvre à la charité chrétienne sous
toutes ses formes. Nous avons pleine confiance que tous Nos fils,
spécialement ceux qui ne sont pas éprouvés par le fléau de la guerre, se
souviendront à l’exemple du divin Samaritain, de tous ceux qui, victimes de
la guerre, ont droit à la pitié et au secours ».
Pour que le débat sur Pie XII, cinquante ans après sa mort, puisse arriver à
une authentique compréhension de sa position et de ses actions, on ne peut
faire abstraction de l’étude de ses écrits prophétiques concernant la vie
intime de l’Église, dans sa dimension théologique, liturgique, biblique,
disciplinaire, pastorale, canonique, spirituelle, que ses 19 ans de
pontificat ont exprimés. Le fait qu’après la Sainte Écriture, les paroles de
Pie XII soient celles que les sources du Concile Vatican II citent le plus
souvent n’est pas dépourvu de signification.
Pour conclure, je voudrais remercier tous ceux qui, comme sœur Margherita,
ont contribué à une meilleure compréhension de l’action apostolique et
exemplaire du serviteur de Dieu Pie XII. Il est profondément injuste de
jeter un voile de préjugés sur l’œuvre de Pie XII pendant la guerre, en
oubliant non seulement le contexte historique mais aussi l’immense œuvre
caritative qu’il a inspirée et encouragée, en ouvrant les portes des
séminaires et des instituts religieux, en accueillant les réfugiés et ceux
qui étaient recherchés, en aidant ceux qui étaient dans le besoin. Les
directives données par Pie XII à travers la radio, la presse et les canaux
diplomatique étaient claires. Dans cette tragique année 1942, il dit à tous:
« Des actions, pas de plaintes, c’est la règle du jour ».
Par le cardinal Tarcisio Bertone
Sources :
30Jours
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un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 04.12.2008 -
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