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19 Avril 2005
 

Cinquante ans après la mort de Pie XII par le cardinal Bertone

 

Cité du Vatican, le 04 décembre 2008  - (E.S.M.) - Nous publions l’introduction que le secrétaire d’État de Sa Sainteté le pape Benoît XVI a écrit pour le livre de sœur Margherita Marchione, qui recueille les études de la religieuse en défense de la mémoire du pape Pie XII. L’œuvre du pontife pour sauver les juifs et les autres victimes des nazis pendant la deuxième guerre mondiale

Le pape Pie XII - Pour agrandir l'image Cliquer

Cinquante ans après la mort de Pie XII par le cardinal Bertone

Le 04 décembre - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Nous publions l’introduction que le secrétaire d’État de Sa Sainteté le pape Benoît XVI a écrit pour le livre de sœur Margherita Marchione, qui recueille les études de la religieuse en défense de la mémoire du pape Pie XII. L’œuvre du pontife pour sauver les juifs et les autres victimes des nazis pendant la deuxième guerre mondiale

Depuis plus de dix ans, les livres de sœur Margherita Marchione sur Pie XII sont disponibles en anglais et en italien. Ce livre, La verità ti farà libero. Papa Pio XII a cinquant’anni dalla morte, rassemble en un seul volume les fruits actuels de sa recherche.

J’ai eu naguère l’occasion de parler de Pie XII, le deux-cent-soixante-deuxième successeur de saint Pierre; j’ai aussi eu l’occasion d’exprimer récemment mon opinion sur la controverse qui concerne ce pape du vingtième siècle.

J’ai eu, le 25 janvier 2007, le plaisir de présenter, lors de sa publication en langue italienne, le volume I giusti de l’historien juif sir Martin Gilbert. Cet auteur démontre que les accusations lancées contre Pie XII pendant la shoah sont fausses. Il rappelle les nobles actions du pape et de l’Église catholique pour aider à sauver des vies d’israélites, à l’instar d’autres sauveteurs. Un exemple parmi tant d’autres, cité dans ce livre, est celui d’Emilio Viterbi, un juif réfugié à Assise, qui confirme l’engagement de Pie XII dans le secours aux juifs de la part d’instituts religieux. Celui-ci se réfère à l’action pastorale de Mgr Nicolini, évêque d’Assise, « qui, avec l’amour le plus grand et le plus grand zèle, a suivi la volonté philanthropique du saint Père ».

Au cours de la présentation, j’ai fortement contesté les critiques qui affirment que le pape s’est abstenu de protéger les juifs pendant l’Holocauste. J’ai affirmé, en me référant à l’intervention de l’Église: « Il est clair que Pie XII n’était pas favorable au silence, mais qu’au contraire, il usait de paroles intransigeantes et stratégiques, comme le démontre le message-radio de 1942 pour Noël, qui mit Hitler dans une terrible colère. On en a les preuves dans les archives du Vatican… Des recherches effectuées par des historiens indépendants confirment que Pie XII a fait des démarches extraordinaires pour sauver des vies de juifs ».

Je suis de nouveau intervenu sur cette question le 17 avril 2007, en rappelant la lettre circulaire de la Secrétairerie d’État, datée du 25 octobre 1943 et portant les initiales de Pie XII: on y trouve l’ordre donné aux instituts religieux et à toutes les institutions catholiques de sauver le plus grand nombre possible de juifs. Ceci fit grand bruit en Europe, mais ne surprit nullement ceux qui avaient lu n’importe quel livre de sœur Margherita Marchione. Elle a interviewé des dizaines de témoins, qui ont eu une connaissance directe de ce fait et d’autres instructions données par le pape.

Dans mon discours du 5 juin 2007, j’ai attentivement analysé la “Légende noire”, et j’ai parlé de Pie XII comme homme de Dieu, qui s’avère être, par sa sainteté personnelle, un témoin splendide du sacerdoce catholique et de la papauté. Après avoir lu les publications de Pierre Blet, de Margherita Marchione, d’Andrea Tornielli et d’innombrables autres auteurs, je ne peux que répéter ma conviction qu’à travers ses nombreuses encycliques, Pie XII a promulgué d’importantes normes doctrinales, qu’il a donné un nouvel élan à l’activité missionnaire et qu’il a affirmé le droit de la femme dans une multitude de domaines, y compris politiques et judiciaires.
 
C’est justement grâce à son approche prudente que Pie XII a protégé les juifs et les réfugiés. Il faut par ailleurs rappeler que très souvent, pendant la deuxième guerre mondiale, le gouvernement fasciste a pris des initiatives pour s’assurer que Radio Vatican « n’aie pas l’électricité nécessaire », en sorte que la voix du pontife ne puisse pas être entendue; que de nombreuses fois, il y eut « pénurie de papier » pour reproduire ses pensées et son enseignement gênant contre le nazisme et le fascisme; qu’en diverses occasions, différents “incidents” firent en sorte que des numéros de L’Osservatore Romano contenant des éclaircissements, des mises à jour, des notes politiques, fussent perdus ou détruits.

Sœur Margherita a recueilli, pendant toute la dernière décennie, des documents qui prouvent que Pie XII ne fut ni silencieux ni antisémite: il fut prudent. S’il avait fait une intervention publique, il aurait mis en péril la vie de milliers de juifs qui, sur son ordre, avaient été cachés, dans la seule ville de Rome, dans 155 couvents et monastères. Comment ne pas rappeler, dans un tel contexte, la lettre pastorale de 1942 des évêques hollandais, qui condamnait « l’inhumain et injuste traitement déchaîné contre les juifs par la puissance occupante dans ce pays »? C’est justement à cause de cette dénonciation – note Pinchas Lapide – que la Hollande dut compter le pourcentage le plus élevé de juifs déportés par rapport aux autres pays européens, à savoir cent dix mille, c’est-à-dire 79% de sa population juive totale.

Dans ce livre, elle nous rappelle que ce fut Pie XII qui arriva jusqu’à autoriser de faux certificats de baptême pour sauver la vie des juifs, en ordonnant, en outre, la distribution de visas de manière que les juifs puissent entrer dans d’autres pays et en instruisant les supérieurs de couvents et de monastères pour qu’ils ouvrent leurs portes et qu’ils cachent des juifs et d’autres victimes des nazis et des fascistes. Il fut demandé à Angelo Roncalli (le futur pape Jean XXIII) de distribuer des certificats, comme celui-ci l’a lui-même confirmé en affirmant que tout ce qui fut fait le fut selon les directives du pape. Lorsqu’il était délégué apostolique à Istanbul, il parla dans son journal d’une audience avec le pape Pie XII, le 10 octobre 1941, affirmant que les déclarations du pape étaient « prudentes ».

La neutralité du pape ne sauva pas seulement des juifs, mais aussi d’autres prisonniers, conscient comme il était que le destin de millions de personnes dépendait de la moindre de ses paroles. Robert Kempner, avocat juif et officier attaché au procès de Nuremberg, écrivit en 1964: « Toute position propagandiste que l’Église catholique aurait prise contre Hitler aurait été non seulement un manœuvre suicidaire, mais elle aurait accéléré l’exécution d’un nombre encore plus élevé de juifs et de prêtres ».

À la lumière de différentes sources fondées non seulement sur l’histoire, mais en particulier sur les documents et les témoignages, l’historiographie scientifiquement accréditée ne met désormais plus en doute que l’accusation de soi-disant “silence” lancée contre Pie XII ne soit tout simplement le fruit de spéculations idéologiques, malheureusement colportées, encore aujourd’hui, dans certains milieux où le sens de l’Église est presque inexistant et où, pour adopter une expression plus charitable, l’on éprouve une certaine difficulté à comprendre comment elle opère.

On veut faire de Pie XII un “politicien” en guerre contre deux idéologies communément considérées comme néfastes. Pie XII a toujours pensé (dès sa première encyclique) que ce n’était pas l’Église qui avait des ennemis, mais plutôt qu’il y avait des ennemis de l’homme, lesquels se servaient de l’État pour perpétrer continuellement des actes contraires à la personne et à la société. Le document éclairant à cet égard – et il n’est pas le seul –, c’est sa première encyclique, Summi pontificatus, encore inconnue du point de vue prophétique et social. Il faudrait la relire. Voici ce qu’il écrivait à l’époque: « Une prise de position doctrinale complète contre les erreurs des temps présents peut être renvoyée, s’il en est besoin, à un autre moment, moins bouleversé que celui-ci par les calamités des événements extérieurs. Nous Nous bornons aujourd’hui à quelques observations fondamentales… La première de ces pernicieuses erreurs, aujourd’hui largement répandue, est l’oubli de cette loi de solidarité humaine et de charité, dictée et imposée aussi bien par la communauté d’origine et par l’égalité de la nature raisonnable chez tous les hommes, à quelque peuple qu’ils appartiennent ».

Et un peu plus loin, il avertissait: « Source de maux très graves pour la pacifique vie en commun des peuples, est une autre erreur non moins dangereuse pour le bien-être des nations et la prospérité de la grande société humaine qui rassemble et embrasse dans ses limites toutes les nations: c’est l’erreur contenue dans les conceptions qui n’hésitent pas à délier l’autorité civile de toute espèce de dépendance à l’égard de l’ Être suprême, cause première et maître absolu, soit de l’homme soit de la société, et de tout lien avec la loi transcendante qui dérive de Dieu comme de sa première source. De telles conceptions accordent à l’autorité civile une faculté illimitée d’action, abandonnée aux ondes changeantes du libre arbitre ou aux seuls postulats d’exigences historiques contingentes et d’intérêts s’y rapportant… le monde et tous ceux qui sont frappés par la calamité de la guerre doivent savoir que le devoir de la charité chrétienne, fondement et pivot du Règne du Christ, n’est pas une parole vide mais une vivante réalité. Un champ très vaste s’ouvre à la charité chrétienne sous toutes ses formes. Nous avons pleine confiance que tous Nos fils, spécialement ceux qui ne sont pas éprouvés par le fléau de la guerre, se souviendront à l’exemple du divin Samaritain, de tous ceux qui, victimes de la guerre, ont droit à la pitié et au secours ».

Pour que le débat sur Pie XII, cinquante ans après sa mort, puisse arriver à une authentique compréhension de sa position et de ses actions, on ne peut faire abstraction de l’étude de ses écrits prophétiques concernant la vie intime de l’Église, dans sa dimension théologique, liturgique, biblique, disciplinaire, pastorale, canonique, spirituelle, que ses 19 ans de pontificat ont exprimés. Le fait qu’après la Sainte Écriture, les paroles de Pie XII soient celles que les sources du Concile Vatican II citent le plus souvent n’est pas dépourvu de signification.

Pour conclure, je voudrais remercier tous ceux qui, comme sœur Margherita, ont contribué à une meilleure compréhension de l’action apostolique et exemplaire du serviteur de Dieu Pie XII. Il est profondément injuste de jeter un voile de préjugés sur l’œuvre de Pie XII pendant la guerre, en oubliant non seulement le contexte historique mais aussi l’immense œuvre caritative qu’il a inspirée et encouragée, en ouvrant les portes des séminaires et des instituts religieux, en accueillant les réfugiés et ceux qui étaient recherchés, en aidant ceux qui étaient dans le besoin. Les directives données par Pie XII à travers la radio, la presse et les canaux diplomatique étaient claires. Dans cette tragique année 1942, il dit à tous: « Des actions, pas de plaintes, c’est la règle du jour ».

Par le cardinal Tarcisio Bertone


 

Sources : 30Jours

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 04.12.2008 - T/Église

 

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