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Benoît XVI à Manopello: Discours intégral
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Rome, le 4 septembre 2006 - Le Vatican communique aujourd'hui le
discours intégral que le pape Benoît XVI a prononcé lors de sa
visite au sanctuaire de la Sainte-Face de Manopello le 1er
septembre.
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Le saint Père Benoît XVI devant la Sainte Face
Benoît XVI à
Manopello: Discours intégral
Le Vatican communique aujourd'hui le discours intégral que le pape Benoît
XVI a prononcé au sanctuaire de la Sainte-Face de Manopello le 1er
septembre. "Le visage du Christ, a expliqué Benoît XVI, on le
contemple à travers l’amour que l’on porte à Dieu et aux hommes :
Telle est l’expérience des vrais amis de Dieu, des saints, qui ont reconnu
et aimé dans leurs frères"
Benoît XVI a d'abord chaleureusement salué
les milliers de fidèles réunis sur le parvis, avant d'entrer dans le
Sanctuaire. Voici les paroles prononcées par le Saint Père.
Chers
frères et sœurs,
Merci de me souhaiter la bienvenue de manière
si cordiale. Je vois combien l'Eglise est une grande famille. Là où le Pape
est présent, la famille se réunit dans une grande joie. C'est pour moi le
signe de la foi vivante, de la joie que nous donne la foi, de la communion,
de la paix qui crée la foi. Et je vous suis extrêmement reconnaissant de
cette bienvenue. Je vois ainsi toute la beauté de cette région d'Italie là,
sur vos visages.
J'adresse une salutation particulière aux malades.
Nous savons que le Seigneur est particulièrement proche de vous, qu'il vous
aide, qu'il vous accompagne dans vos souffrances. Vous êtes présents dans
nos prières. Et priez pour nous également.
J'adresse une salutation
particulière aux jeunes et aux enfants qui font leur Première Communion.
Merci de votre enthousiasme, de votre foi. Nous tous, comme le disent les
Psaumes, « nous cherchons le Visage du Seigneur ». Et cela est aussi le sens
de ma visite. Essayons ensemble de toujours mieux connaître le visage du
Seigneur et du visage du Seigneur puisons cette force d'amour et de paix qui
nous montre aussi le chemin de notre vie.
Merci et tous mes vœux à
vous tous !
Discours du Saint Père Benoît
XVI
Excellence, Vénérés frères dans l'épiscopat,
Chers frères et sœurs!
Avant tout, je dois encore une fois
vous remercier Excellence, du plus profond du cœur, pour cet accueil, pour
les paroles que vous avez prononcées, si profondes, si amicales, pour
l'expression de votre amitié, de votre amitié à tous, et pour les dons d'une
très grande signification: le Visage du Christ qui est vénéré ici, pour moi,
pour ma maison, ainsi que pour ces dons de votre terre qui expriment la
beauté et la bonté de la terre, des hommes qui vivent et travaillent ici, et
la beauté et la bonté du Créateur lui-même. Je voudrais simplement rendre
grâce au Seigneur pour la rencontre d'aujourd'hui, simple et familiale, dans
un lieu où nous pouvons méditer sur le mystère de l'amour divin en
contemplant l'icône de la Sainte-Face. A vous tous, ici présents, j'adresse
mes remerciements les plus sincères pour votre accueil cordial et pour
l'engagement et la discrétion avec lesquels vous avez favorisé ce pèlerinage
privé, qui toutefois, en tant que pèlerinage ecclésial, ne peut pas être
tout à fait privé. Je salue et je remercie, je le répète, en particulier
votre archevêque, un ami depuis de très nombreuses années. Nous avons
collaboré au sein de la Commission théologique. Et au cours de nombreux
entretiens, j'ai toujours appris quelque chose de sa sagesse, et de ses
livres également. Je vous remercie des dons que vous m'avez offerts et que
j'apprécie beaucoup, précisément en leur qualité de « signes », comme les a
appelés Mgr Forte. En effet, ce sont des signes de la communion affective et
effective qui lie la population de cette chère terre des Abruzzes au
Successeur de Pierre. Je vous adresse une salutation spéciale, prêtres,
religieux, religieuses et séminaristes ici réunis. Je suis particulièrement
heureux de voir le grand nombre de séminaristes, c'est-à-dire l'avenir de l'Eglise
présent parmi nous. Comme il n'est pas possible de rencontrer la communauté
diocésaine tout entière — peut-être une autre fois —, je suis heureux
qu'elle soit représentée par vous, des personnes déjà consacrées au
ministère sacerdotal et à la vie consacrée ou en marche vers le sacerdoce.
Des personnes que j'ai plaisir à considérer comme aimant le Christ, attirées
par Lui et engagées à faire de leur propre existence une recherche
permanente de sa Sainte-Face. Enfin, j'adresse une pensée reconnaissante à
la communauté des Pères capucins qui nous accueille, et qui prend soin
depuis des siècles de ce sanctuaire, but de nombreux pèlerins.
Lorsque je priais tout à l’heure, je pensais aux deux premiers Apôtres, qui,
sur l'invitation de Jean-Baptiste, suivirent Jésus près du Jourdain — comme
nous le lisons au début de l'Evangile de Jean (cf. Jn 1,
35-37). L'évangéliste rapporte que Jésus se tourna vers eux et leur
demanda: « Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent: « Rabbi, où demeures-tu
? ». Il dit alors : « Venez et voyez » (cf. Jn 1, 38-39).
Ce même jour, les deux disciples qui Le suivirent vécurent une expérience
inoubliable, qui les amena à affirmer : « Nous avons trouvé le Messie »
(Jn 1, 41). Celui que, quelques heures auparavant, ils
considéraient comme un simple « rabbi », avait acquis une identité bien
précise, celle du Christ attendu depuis des siècles. Mais, en réalité, que
de route ces disciples avaient encore devant eux ! Ils ne pouvaient pas même
imaginer combien le mystère de Jésus de Nazareth pouvait être profond ;
combien sa « face » pouvait se révéler insondable, impénétrable. Si bien
que, après avoir vécu trois ans ensemble, Philippe, l'un d'eux, s'entendra
dire au cours de la Dernière Cène: « Voilà si longtemps que je suis avec
vous, et tu ne me connais pas, Philippe ? ». Et ensuite, ces paroles qui
expriment toute la nouveauté de la révélation de Jésus: « Qui m'a vu a vu le
Père » (Jn 14, 9). Ce n'est qu'après sa passion,
lorsqu'ils rencontreront le Christ ressuscité, quand l'Esprit illuminera
leurs esprits et leurs cœurs, que les Apôtres comprendront la signification
des paroles que Jésus avait prononcées, et ils Le reconnaîtront comme le
Fils de Dieu, le Messie promis pour la rédemption du monde. Ils deviendront
alors ses messagers inlassables, des témoins courageux jusqu'au martyre.
« Qui m'a vu a vu le Père ». Oui, chers frères et sœurs, pour « voir
Dieu », il faut connaître le Christ et se laisser façonner par son Esprit
qui guide les croyants « à la vérité tout entière » (cf. Jn
16, 13). Celui qui rencontre Jésus, qui se laisse attirer par Lui et
qui est disposé à le suivre jusqu'au sacrifice de sa vie, fait
personnellement l'expérience, comme Lui l'a faite sur la croix, que seul le
« grain de blé » qui tombe en terre et meurt porte « beaucoup de fruit »
(cf. Jn 12, 24). Telle est la voie du Christ, la voie
de l'amour total qui vainc la mort: celui qui la parcourt et « hait sa vie
en ce monde la conservera en vie éternelle » (Jn 12, 25).
C'est-à-dire qu'il vit déjà en Dieu sur cette terre, attiré et transformé
par la splendeur de sa face. Telle est l'expérience des vrais amis de Dieu,
les saints, qui ont reconnu et aimé chez leurs frères, en particulier les
pauvres et les indigents, la face de ce Dieu longuement contemplée avec
amour dans la prière. Ils constituent pour nous des exemples encourageants à
imiter; ils nous assurent que si nous parcourons fidèlement cette voie, la
voie de l'amour, nous aussi — comme le chante le Psalmiste — nous nous
rassasierons de la présence de Dieu (cf. Ps 16 [17], 15).
« Jesu... quam bonus te quaerentibus ! — Comme tu es bon Jésus, pour
celui qui te cherche ! »: c'est ce que nous avons chanté, il y a quelques
instants, en interprétant l'antique hymne « Jesu, dulcis memoria », que
certains attribuent à saint Bernard. C'est un hymne qui acquiert une
éloquence singulière dans ce sanctuaire consacré à la Sainte-Face et qui
fait penser au Psaume 23 [24]: « Voici le peuple de ceux qui le cherchent !
Voici Jacob qui recherche ta face ! » (v. 6). Mais
quel est le « peuple » qui cherche la face du Seigneur, quel peuple est
digne de « gravir la montagne du Seigneur », de se « tenir dans son lieu
saint »? Le Psalmiste explique: ce sont ceux qui ont « des mains innocentes
et un cœur pur », qui ne prononcent pas de mensonges, qui ne font pas de
faux serments au détriment de leur prochain (cf. vv. 3-4).
Pour entrer en communion avec le Christ et contempler Sa face, pour
reconnaître la face du Seigneur dans celle de nos frères dans les événements
de chaque jour, il faut donc « des mains innocentes et des cœurs purs ». Des
mains innocentes, c'est-à-dire des existences illuminées par la vérité de
l'amour qui vainc l'indifférence, le doute, le mensonge et l'égoïsme ; des
cœurs purs sont nécessaires, des cœurs ravis par la beauté divine, comme le
dit la petite Thérèse de Lisieux dans sa prière à la Sainte-Face, des cœurs
qui portent le visage du Christ imprimé en eux.
Chers prêtres, si la
sainteté de sa Face reste imprimée en vous, pasteurs du troupeau du Christ,
n'ayez crainte, les fidèles confiés à vos soins seront eux aussi gagnés par
elle et transformés. Et vous, séminaristes, qui vous préparez à être des
guides responsables du peuple chrétien, ne vous laissez attirer par rien
d'autre que par Jésus et par le désir de servir son Eglise. Je voudrais vous
en dire tout autant, religieux et religieuses, pour que chacune de vos
activités soit un reflet visible de la bonté et de la miséricorde divine. «
C'est ta face, Seigneur, que je cherche »: rechercher la face de Jésus doit
être l'aspiration de nous tous qui sommes chrétiens; nous sommes en effet «
le peuple » qui, à cette époque, recherche la face du Seigneur, la face du «
Dieu de Jacob ». Si nous persévérons dans la recherche de la face du
Seigneur, au terme de notre pèlerinage terrestre, ce sera Lui, Jésus, notre
joie éternelle, notre récompense et notre gloire pour toujours: « Sis Jesu
nostrum gaudium, / qui es futurus praemium: / sit nostra in te gloria, / per
cuncta semper saecula ».
Telle est la certitude qui a animé les
saints de votre région, parmi lesquels j'ai plaisir à citer en particulier
Gabriel dell'Addolorata et Camille de Lellis; notre souvenir respectueux et
notre prière s'adressent à eux. Mais nous adressons à présent, avec une
dévotion particulière, une pensée à la « Reine de tous les saints », la
Vierge Marie, que vous vénérez dans divers sanctuaires et chapelles
disséminés dans les vallées et sur les montagnes des Abruzzes. Que la
Vierge, sur le visage de laquelle plus que dans toute autre créature l'on
perçoit les traits du Verbe incarné, veille sur les familles et sur les
paroisses, sur les villes et sur les nations du monde entier. Que la Mère du
Créateur nous aide également à respecter la nature, grand don de Dieu que
nous pouvons admirer ici en regardant les merveilleuses montagnes qui nous
entourent. Ce don est pourtant toujours davantage exposé à de sérieux
risques de dégradation de l'environnement et doit donc être défendu et
protégé. Il s'agit d'une urgence qui, comme le remarquait Monseigneur Forte,
est soulignée de manière opportune par la Journée de réflexion et de prière
pour la protection de la création, qui est précisément célébrée aujourd'hui
par l'Eglise qui est en Italie.
Chers frères et sœurs, alors que je
vous remercie encore une fois de votre présence et de vos dons, j'invoque
sur vous tous et sur vos proches la Bénédiction de Dieu avec l'ancienne
formule biblique: « Que le Seigneur vous bénisse et vous garde. Que le
Seigneur fasse pour vous rayonner son visage et vous fasse grâce. Que le
Seigneur vous découvre sa face et vous accorde la paix » (cf.
Nb 6, 24-26). Amen !
Sources: © Copyright du texte original plurilingue : Libreria editrice
vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde - 01.09.2006 - BENOÎT XVI |