Le pape Benoît XVI s'est fait pèlerin |
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Rome, le 04 juillet 2007 -
(E.S.M.) - Les pierres parlent de manière
radicale, mais, confie Benoît XVI, cela n'exempte pas d'une proposition
spirituelle robuste, qui aide également à affronter les nombreuses
séductions du relativisme qui caractérise la culture de notre temps.
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Le pape Benoît XVI -
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Le pape Benoît XVI s'est fait pèlerin
VISITE PASTORALE DU PAPE BENOÎT XVI
RENCONTRE AVEC LES PRÊTRES, LES RELIGIEUX, LES
RELIGIEUSES, LES DIACRES, LES SUPÉRIEURS ET LES ÉLÈVES
DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
Cathédrale "San Rufino"
Très chers prêtres et diacres,
religieux et religieuses!
Je peux dire en toute sincérité que j'ai vivement désiré vous rencontrer
dans cette antique cathédrale où, normalement, l'Église diocésaine se
retrouve autour de l'Évêque. J'étais ce matin au milieu du Peuple de Dieu
dans ses diverses composantes au cours de la Célébration eucharistique dans
la Basilique Saint-François, et cela m'a semblé une belle chose de vous
réserver une rencontre particulière, compte tenu également de la présence
importante de personnes consacrées dans ce diocèse. Je remercie Mgr Domenico
Sorrentino, Pasteur de cette Église, pour s'être fait l'interprète de vos
sentiments de communion et d'affection. Une affection que j'ai ressentie
immédiatement aussi. Je remercie de tout cœur l'Évêque émérite, Mgr Sergio
Goretti, qui pendant des années, comme nous l'avons entendu, vingt-cinq ans,
a guidé cette Église, rendue illustre par une si grande histoire de
sainteté. Je me souviens de très nombreuses et très belles rencontres que
nous avons eues précisément ici, à Assise. Merci, Excellence !
Comme vous le savez, comme l'a rappelé Mgr Sorrentino, l'occasion qui m'a
conduit aujourd'hui à Assise est la commémoration du VIII centenaire de la
conversion de François. Moi aussi, je me suis fait
pèlerin. Déjà lorsque j'étais étudiant, puis lorsque je me préparais
à l'enseignement, j'ai étudié saint Bonaventure, et par la suite, saint
François également. J'ai fait le pèlerinage spirituel jusqu'à Assise bien
avant de m'y rendre physiquement également. Ainsi, au cours de ce long
pèlerinage de ma vie, je suis heureux d'être aujourd'hui avec vous dans la
Cathédrale, avec vous prêtres, religieux, religieuses. Étant venu sur les
traces du "Poverello", je m'inspirerai principalement de lui dans mes
paroles. Mais dans le cadre de cette Cathédrale, je ne peux pas non plus
manquer de rappeler les autres saints qui ont illustré la vie de cette
Église, à commencer par le Patron saint Rufin, auquel s'unissent saint
Rinaldo et le bienheureux Angelo. Il va de soi que, à côté de François, il y
a Claire, dont la maison est d'ailleurs toute proche de cette Cathédrale.
J'ai pu tout à l'heure voir le baptistère où, selon la tradition, reçurent
le Baptême aussi bien saint François que sainte Claire, et par la suite,
saint Gabriel de la Vierge des Douleurs.
Ce détail, exprime Benoît XVI, m'offre le point de départ d'une première
réflexion. Si nous parlons aujourd'hui de la conversion de François, en
pensant au choix radical de vie qu'il fit encore jeune, nous ne pouvons
toutefois pas oublier que sa première "conversion" eut lieu à travers le don
du Baptême. La réponse totale qu'il donnera une fois adulte ne sera que la
maturation du germe de sainteté qu'il reçut alors. Il est important que,
dans notre vie et dans la proposition pastorale, nous prenions une
conscience plus vive de la dimension baptismale de la sainteté. Celle-ci est
le don et la tâche de tous les baptisés. C'est à cette dimension que fit
référence mon vénéré et bien-aimé Prédécesseur dans la Lettre apostolique
Novo Millennio ineunte,
en écrivant: "Demander à un catéchumène: "Veux-tu
recevoir le Baptême ?" signifie lui demander en même temps: "Veux-tu
devenir saint ?"" (n. 31).
Les millions de pèlerins qui empruntent ces routes, attirés par le charisme
de François, doivent être aidés à saisir le noyau essentiel de la vie
chrétienne et à tendre au "haut degré", qui est justement la sainteté. Il ne
suffit pas qu'ils admirent François: à travers lui, ils doivent pouvoir
rencontrer le Christ pour le confesser et l'aimer avec "une foi droite, une
espérance certaine et une charité parfaite"
(Prière de François devant le
Crucifié, 1: FF 276). Les chrétiens de
notre temps se retrouvent toujours plus souvent à devoir faire face à la
tendance à accepter un Christ diminué, admiré dans son humanité
extraordinaire, mais rejeté dans le mystère profond de sa divinité.
François lui-même subit une sorte de mutilation, lorsqu'on en fait le témoin
de valeurs certes importantes, appréciées par la culture d'aujourd'hui, mais
en oubliant que le choix profond, nous pourrions dire le cœur de sa vie,
c'est le choix du Christ. Assise a plus que jamais besoin d'une orientation
pastorale de haut niveau. Il faut dans ce but que vous, prêtres et diacres,
et vous, personnes de vie consacrée, ressentiez fortement le privilège et la
responsabilité de vivre sur cette terre de grâce. Il est vrai que les
personnes qui passent par cette ville, reçoivent, ne serait-ce que de ses
"pierres" et de son histoire, un message bénéfique. Les pierres parlent de
manière radicale, mais, confie Benoît XVI, cela n'exempte pas d'une
proposition spirituelle robuste, qui aide également à
affronter les nombreuses séductions du relativisme qui caractérise la
culture de notre temps.
Assise a le don d'interpeller les personnes d'un grand nombre de cultures et
religions, au nom d'un dialogue qui constitue une valeur imprescriptible.
Jean-Paul II a lié son nom à cette icône d'Assise comme ville du dialogue et
de la paix. J'ai apprécié à cet égard que vous ayez voulu honorer la mémoire
de sa relation particulière avec cette ville en lui dédiant également une
salle avec des peintures qui le représentent, tout à côté de cette
Cathédrale. Pour Jean-Paul II, il était clair que la vocation au dialogue
d'Assise est liée au message de François, et qu'elle doit demeurer
solidement fondée sur les piliers de sa spiritualité. En François, tout part
de Dieu et retourne à Dieu. Ses Louanges de Dieu très-haut révèlent un
esprit constamment emporté dans le dialogue avec la Trinité. Sa relation
avec le Christ trouve dans l'Eucharistie le lieu le plus significatif.
L'amour lui-même du prochain se développe à partir de l'expérience et de
l'amour de Dieu. Lorsque, dans le Testament, il se souvient qu'il alla vers
les lépreux, comme l'événement initial de sa conversion, il souligne qu'il
fut conduit à ce baiser de miséricorde par Dieu lui-même
(cf. 2 Test 2; FF 110). Les divers
témoignages biographiques concordent pour définir sa conversion comme une
ouverture progressive à la Parole qui vient d'en-haut. La même logique
apparaît lorsqu'il demande et offre l'aumône avec la motivation de l'amour
de Dieu (cf. 2 Cel 47, 77; FF 665).
Son regard sur la nature est en réalité une contemplation du Créateur dans
la beauté des créatures. Son vœu de paix lui-même se module ensuite comme
une prière, puisque lui fut révélée la modalité selon laquelle il devait le
formuler: "Que le Seigneur te donne la paix"
(2 Test: FF 121). François est un
homme pour les autres, parce qu'il est au plus profond de lui-même un homme
de Dieu. Vouloir séparer dans son message la
dimension "horizontale" et la dimension "verticale" signifie rendre François
méconnaissable.
C'est à vous, ministres de l'Évangile et de l'autel, et à vous, religieux et
religieuses, que revient la tâche de développer une annonce de la foi
chrétienne à la hauteur des défis d'aujourd'hui. Vous avez une grande
histoire, et je souhaite exprimer mon appréciation pour tout ce que vous
accomplissez déjà. Si je reviens à Assise aujourd'hui en tant que Pape, vous
savez toutefois que ce n'est pas la première fois que je rends visite à
cette ville, rappelle le pape Benoît XVI, et j'en ai toujours conservé une
très belle impression. Il faut que votre tradition spirituelle et pastorale
reste solide dans ses valeurs éternelles et, dans le même temps, se
renouvelle pour apporter une réponse authentique aux nouvelles questions.
C'est pourquoi je désire vous encourager à suivre avec confiance le
programme pastoral que votre Évêque vous a proposé. Dans celui-ci sont
indiquées les grandes et exigeantes perspectives de la communion, de la
charité, de la mission, en soulignant qu'elles plongent leurs racines dans
une authentique conversion au Christ. La lectio divina, la place centrale de
l'Eucharistie, la
Liturgie des Heures et l'adoration eucharistique, la contemplation des
mystères du Christ dans la perspective mariale du Rosaire, assurent ce
climat et cette tension spirituelle, sans laquelle tous les engagements
pastoraux, la vie fraternelle, l'engagement pour les pauvres lui-même,
risqueraient de faire naufrage à cause de nos fragilités et de nos fatigues.
Courage, très chers amis ! Les Églises de toutes les régions du monde ont
une sympathie particulière pour cette ville et cette communauté ecclésiale.
Le nom de François, accompagné de celui de Claire, exige que cette ville se
distingue par un élan missionnaire particulier. Mais précisément pour cette
raison, il est également nécessaire que cette Église vive d'une intense
expérience de communion. C'est dans cette optique que s'inscrit le
Motu proprio Totius Orbis, par lequel, comme l'a mentionné votre Évêque,
j'ai établi que les deux grandes Basiliques pontificales Saint-François et
Sainte-Marie-des-Anges, tout en continuant à jouir d'une attention
particulière du Saint-Siège à travers le Légat pontifical, soient placées
d'un point de vue pastoral sous la juridiction de l'Évêque de cette Église.
Je suis vraiment heureux de savoir que le nouveau chemin a commencé à
l'enseigne d'une grande disponibilité et collaboration et je suis certain
qu'il sera riche de fruits.
Il s'agissait, en réalité, d'une décision désormais mûre pour plusieurs
raisons. Cela était suggéré par le nouveau souffle que le Concile Vatican II
a donné à la théologie de l'Église particulière, en montrant comment
s'exprime en elle le mystère de l'Église universelle. Les Églises
particulières, en effet, "sont formées à l'image de l'Église universelle:
c'est en elles et à partir d'elles (in
quibus et ex quibus) qu'existe l'Église catholique
une et unique" (Const.
Lumen Gentium, n. 23). Il
y a un rappel intérieur mutuel entre l'universel et le particulier. Les
Églises singulières, tout en vivant leur identité de "portions" du Peuple de
Dieu, expriment également une communion et une "diaconie" par rapport à
l'Église universelle présente à travers le monde, animée par l'Esprit et
servie par le ministère d'unité du Successeur de Pierre. Cette ouverture
"catholique" appartient à chaque diocèse et marque, en quelque sorte, toutes
les dimensions de sa vie, mais elle s'accentue lorsqu'une Église dispose
d'un charisme qui attire et œuvre au-delà des frontières de celle-ci. Et
comment nier que tel est le charisme de François et de son message ? Les
très nombreux pèlerins qui viennent à Assise encouragent cette Église à
aller au-delà d'elle-même. D'autre part, il est incontestable que François
entretient avec sa ville une relation particulière. Assise fait d'une
certaine manière corps avec le chemin de sainteté de ce grand fils. Cela est
démontré par mon propre pèlerinage, explique Benoît XVI, qui me permet de
visiter de très nombreux lieux, certes pas tous, de l'aventure de François
dans cette Ville. Je suis heureux également de souligner que la spiritualité
de François d'Assise est d'un grand secours à la fois pour saisir
l'universalité de l'Église, qu'il exprime dans sa dévotion particulière pour
le Vicaire du Christ, et pour saisir la valeur de l'Église particulière,
étant donné que son lien avec l'Évêque d'Assise fut fort et filial. Il faut
redécouvrir la valeur non seulement biographique mais "ecclésiologique" de
cette rencontre du jeune François avec l'Évêque Guido, au discernement et
entre les mains duquel il remit, en se dépouillant de tout, son choix de vie
pour le Christ (cf. 1 Cel I, 6, 14-15: FF
343-344).
L'opportunité d'une organisation unitaire telle qu'elle a été assurée par le
Motu Proprio était également suggérée par le besoin d'une action pastorale
plus coordonnée et efficace. A partir du Concile Vatican II et du Magistère
qui a suivi, a été soulignée la nécessité que les personnes et les
communautés de vie consacrée, également de droit pontifical, s'inscrivent de
manière organique, en conformité à leurs constitutions et aux lois de
l'Église, dans la vie de l'Église particulière
(cf. Decr. Christus Dominus, 33-35: CIC
678-680). Ces communautés, si elles sont en droit d'attendre
l'accueil et le respect pour leur propre charisme, doivent toutefois éviter
de vivre comme des "îles", mais s'intégrer avec conviction et générosité
dans le service et dans le programme pastoral adopté par l'Évêque pour toute
la communauté diocésaine.
Je vous adresse une pensée particulière, très chers
prêtres, engagés chaque jour, avec les diacres, au service du Peuple
de Dieu. Votre enthousiasme, votre communion, votre
vie de prière et votre ministère généreux sont indispensables. Il
peut arriver de ressentir quelque lassitude ou quelque crainte face aux
nouvelles exigences et aux nouvelles difficultés, mais nous devons avoir
confiance que le Seigneur nous donnera la force nécessaire pour mettre en
œuvre ce qu'il nous demande. Il ne permettra pas que manquent les vocations,
si nous les implorons à travers la prière et si nous nous préoccupons de les
rechercher et de les protéger à travers une pastorale des jeunes et des
vocations riche en ardeur et en inventivité, capable de montrer la beauté du
ministère sacerdotal. Je salue volontiers, dans ce contexte, également les
supérieurs et les élèves du Séminaire pontifical régional d'Ombrie.
Vous, personnes consacrées, vous rendez raison,
à travers votre vie, de l'espérance que vous avez placée dans le Christ.
Vous constituez pour cette Église une grande richesse,
tant dans le domaine de la pastorale paroissiale, que pour le bénéfice des
nombreux pèlerins, qui viennent souvent vous demander l'hospitalité, en
attendant également un témoignage spirituel. En particulier, vous, les sœurs
de clôture, sachez tenir haut le flambeau de la contemplation. A chacune de
vous, a conclu le pape Benoît XVI, je souhaite répéter les paroles que
sainte Claire écrivait dans une lettre à Agnès de Bohème, en lui demandant
de faire du Christ son "miroir": "Regarde chaque jour ce miroir, ô reine
épouse de Jésus-Christ, et en lui scrute sans cesse ton visage..."
(4 LAg 15: FF 2902). Votre vie
cachée, dans la prière, ne vous soustrait pas au dynamisme missionnaire de
l'Église, au contraire, elle vous place en son cœur. Plus les défis
apostoliques sont élevés, plus votre charisme est nécessaire. Soyez des
signes de l'amour du Christ, vers lesquels puissent se tourner tous les
autres frères et sœurs exposés aux difficultés de la vie apostolique et de
l'engagement laïc dans le monde.
Tout en vous renouvelant mon affection pleine de confiance et en vous
confiant à l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie et de vos saints,
à commencer par François et Claire, je donne à tous une Bénédiction
apostolique particulière.
Liens :
Benoît XVI à Assise - le 17 juin 2007
Rencontre avec les prêtres, diacres,
religieux et religieuses, supérieurs et étudiants du séminaire pontifical de
l'Ombrie
►
Rencontre de Benoît XVI avec les prêtres, diacres et religieux
(Synthèse)
►
"Ne rendez pas François méconnaissable", a dit Benoît XVI à Assise
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana -
17.06.07
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 04.07.2007 - BENOÎT XVI -
Vie consacrée - Vie sacerdotale |