Sommet FAO : Benoît XVI appelle à
combler le fossé croissant entre riches et pauvres |
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Rome, le 04 Juin 2008 -
(E.S.M.) - “Comment pouvons-nous
expliquer aux personnes de bon sens qu’il n’a pas été possible de
trouver 30 milliards de dollars par an pour réussir à nourrir les 862
millions d’affamés ?" a dit Jacques Diouf. Tout en sachant
« combien tout cela est ardu et complexe », le Pape Benoît XVI a
souligné que l’on ne peut "rester insensibles aux appels de ceux qui ne parviennent pas à se nourrir
suffisamment pour vivre.
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Le cardinal Bertone au sommet
de la FAO -
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Sommet FAO à Rome : Synthèse de la journée du 03.06.08
Tout en sachant
« combien tout cela est ardu et complexe », le Pape Benoît XVI a souligné que l’on ne
peut "rester insensibles aux appels de ceux qui, dans les différents
continents, ne parviennent pas à se nourrir suffisamment pour vivre" :
C’est ce qu’écrit le
Pape Benoît XVI dans le Message qui a été lu hier, 3 juin, par le Cardinal
Tarcisio Bertone, Chef de la Délégation du Saint-Siège, à l’ouverture de la
"Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale". Texte
intégral du message du Saint-Père Benoît XVI
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A Rome Sommet FAO et Forum Parallèle "Terra Preta"
“On ne peut pas, pour résoudre la crise alimentaire et garantir une
perspective de réelle ‘food security’ (sécurité
alimentaire, ndlr) se fier aux vertus rééquilibrantes du
marché. On peut et doit reconnaître la nécessité de politiques et
d’interventions qui aient leur cadre de référence et leurs expressions
opérationnelles dans le système des Nations Unies” a affirmé hier le
président de la République italienne, Giorgio Napolitano, lors de la
cérémonie d’inauguration du sommet international de l’Organisation des
Nations Unies de l’Alimentation et l’Agriculture (Fao),
en cours à Rome jusqu’au 5 juin. “L'agriculture continue de représenter
un instrument fondamental de développement durable et de réduction de la
pauvreté – a ajouté le président italien, citant les paroles d’un rapport de
la Banque mondiale – et plus généralement se définit la nécessité pressante
de définir des politiques coordonnées au niveau mondial visant à affronter
une urgence alarmante (par le biais d’interventions
permettant de soutenir l’offre de produits alimentaires en faveur des pays
les plus frappés par la crise) et orientées en même temps au-delà
de l’urgence à poser les bases de nouveaux investissement dans le secteur
agricole là où des possibilités concrètes d’accroissement et d’amélioration
des productions alimentaires existent”.
Pour le président brésilien Lula “il n’y aura pas de solutions
structurelles à la faim tant que nous ne serons pas en mesure de déplacer
des ressources vers la production de nourriture dans les pays pauvres en
supprimant en même temps des pratiques commerciales malhonnêtes qui
caractérisent le commerce des biens agricoles”, faisant explicitement
référence aux subventions que les États-Unis et l’Europe garantissent à
leurs agriculteurs. Citant ensuite le cas de Haïti, le pays le plus pauvre
du continent américain et le plus frappé par la crise alimentaire liée à la
hausse des prix des biens de première nécessité, Lula a souligné que “des
politiques macroéconomiques imposées de l’extérieur et seulement centrées
sur des politiques monétaires, unies à un surplus de nourriture hautement
subventionné dans d’autres pays, à fait en sorte que Haïti
(dans le passé parmi les principaux producteurs de riz des Caraïbes)
n’a plus planté son propre riz avec les résultats que nous connaissons
aujourd'hui”. Le président ouvrier a également abordé le thème brûlant des
biocarburants: “Je constate avec frayeur les tentatives de créer une
relation de cause à effet entre les biocarburants et la hausse des prix des
aliments… Les mains de ceux qui accusent sont souvent sales de pétroles et
de charbon…dont nombre accusent l’éthanol (extrait de
la canne à sucre) des prix élevés des aliments ; ce sont
justement ceux qui mènent depuis des décennies des politiques
protectionnistes, portant atteinte aux agriculteurs et consommateurs des
pays les plus pauvres”. Lula a qualifié de “singulière” la série
d’accusations contre le bioéthanol du Brésil tandis que "très peu parlent de
l’impact des prix du pétrole sur les coûts des transports et de la
production des aliments", retenant “un affront” à l’intelligence la
“simplification extrême” de ceux qui accusent le bioéthanol d’être le
principal responsable de l’inflation des prix alimentaires. “La
crise actuelle est le fruit d’une combinaison de facteurs : prix croissant
du pétrole, changements climatiques, spéculations sur les marchés
financiers, diminution des réserves internationales et consommation
croissante dans les pays en voie de développement” a ajouté Lula,
soulignant que seulement un pour cent de la terre fertile du Brésil
est destiné à la culture pour la production de bioéthanol.
Des solutions à long terme, comme des investissements de base pour
transformer, surtout en Afrique, la production agricole de subsistance en
production industrielle ont été demandées par le président érythréen
Isaias Afewerki, souhaitant que “la grande
attention globale dédiée aujourd’hui à la crise alimentaire ne soit pas
éphémère. Nous devons nous assurer que l’attention demeure élevée et ne soit
pas éclipsée, comme c’est souvent le cas, par d’autres priorités, dans les
mois à venir”.
Le moment est désormais venu de passer aux faits pour éviter que le nombre
de plus de 800 millions de personnes, qui aujourd’hui encore ne peuvent pas
compter sur une alimentation adéquate, continue d’augmenter, ont assuré le
secrétaire général de l’Onu Ban Ki Moon et le
directeur général de la Fao, Jacques Diouf. “Comment
pouvons-nous expliquer aux personnes de bon sens qu’il n’a pas été possible
de trouver 30 milliards de dollars par an pour réussir à nourrir les 862
millions d’affamés ?" a dit Diouf. Le directeur de la Fao a
ensuite rappelé la drastique diminution des aides internationale dédiées à
l’agriculture dans les pays en voie de développement. “Les chiffres parlent
d’eux-même : de 1980 à 2005 l’aide à l’agriculture est passée de 8 milliards
de dollars en 1984 à 3,4 milliards en 2004; soit une diminution de 58%” a
illustré Diouf, avec le pourcentage dédié à l’agriculture par l’Assistance
officielle au développement passant de 17% en 1980 à 3% en 2006; d’autre
chiffres dénoncent d'autres paradoxes scandaleux : contre les 372 milliards
dépensés par les pays riches (Etats-Unis et Europe) en faveur de leur propre
agriculture, au moins 1200 milliards de dollars ont été destinés en 2006 aux
armements.
***
Rome (Agence Fides) – La globalisation croissante des marchés ne favorise
pas toujours la disponibilité d’aliments, et les systèmes productifs sont
souvent conditionnés par des limites de structures, ainsi que par des
politiques protectionnistes et par des phénomènes spéculatifs qui relèguent
des populations entières en marge des processus de développement. A la
lumière de cette situation, il faut rappeler avec force que la faim et la
malnutrition sont inacceptables dans un monde qui, en réalité, dispose de
niveaux de production, de ressources et de connaissances suffisantes pour
mettre fin à de tels drames et à leurs conséquences ». C’est ce qu’écrit le
Pape Benoît XVI dans le Message qui a été lu ce mardi 3 juin, par le
Cardinal Tarcisio Bertone, Chef de la Délégation du Saint-Siège, à
l’ouverture de la « Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire
mondiale : le défi des changements climatiques et des bioénergies »,
organisée à Rome par la FAO.
Dans le Message, le Pape reprend tout ce qu’il a déclaré lors de sa récente
visite au Siège des Nations-Unies à New-York, le 18 avril : « Il est urgent
de dépasser le paradoxe d’un consensus multilatéral qui continue à être en
crise à cause de la subordination aux décisions de quelques-uns » ; il
invite « à collaborer de manière toujours plus transparente avec les
Organisations de la société civile, qui travaillent à combler le fossé
croissant qui se creuse entre la richesse et la pauvreté. Je vous invite
encore à poursuivre dans ces réformes des structures qui, au plan national,
sont indispensables pour faire face avec succès les problèmes du
sous-développement, dont la faim et la malnutrition sont des conséquences
directes ».
Tout en sachant « combien tout cela est ardu et complexe », le Pape Benoît
XVI souligne toutefois que l’on ne peut « rester insensibles aux appels de
ceux qui, dans les différents continents, ne parviennent pas à se nourrir
suffisamment pour vivre. La pauvreté et la malnutrition ne sont pas une pure
fatalité, provoquée par des situations contraires, de milieu ou par des
calamités naturelles désastreuses ». Le droit à l’alimentation « est
intrinsèquement lié à la protection et à la défense de la vie humaine ». En
conséquence, « chaque personne a droit à la vie ; il est donc nécessaire de
promouvoir la réalisation effective de ce débat, et l’on doit aider les
populations qui souffrent du manque de nourriture, à devenir graduellement
capables de satisfaire leurs propres exigences d’une alimentation suffisante
et saine ».
Face à l’augmentation actuelle des prix des produits agricoles, le
Saint-Père demande l’élaboration de « nouvelles stratégies de lutte contre
la pauvreté et de promotion du développement rural. Cela doit se faire aussi
par des processus de réformes des structures, qui permettent de faire face
aux problèmes de la sécurité elle-même et des changements climatiques ; en
outre, il faut augmenter la disponibilité de nourriture, en mettant en
valeur le caractère industrieux des petits agriculteurs, et en en
garantissant l’accès au marché. L’augmentation globale de la production
agricole ne pourra toutefois, être efficace que si elle est accompagnée de
la distribution effective de cette production, et si elle est destinée en
premier lieu à satisfaire les besoins essentiels ».
Ce chemin, qui n’est pas facile, permettrait, entre autres choses, « de
redécouvrir la valeur de la famille rurale. En outre, sous le profil
économique, il assure une attention efficace et aimante envers les plus
faibles, et, en vertu du principe de subsidiarité, il peut jouer un rôle
direct dans la chaine de distribution et de commercialisation des produits
agricoles destinés à l’alimentation, en réduisant les coûts des
intermédiaires et en favorisant la production à petite échelle ».
Le Pape Benoît XVI conclut en ces termes : « Seule la protection de la
personne permet de combattre la cause principale de la faim c’est-à-dire
cette fermeture de l’être humain vis-à-vis de ce ses semblables, qui dissout
la solidarité, justifie les modèles de vie de consommation, et désagrège le
tissu social, en préservant, et voire même en approfondissant le sillon des
équilibres injustes, et en négligeant les exigences les plus profondes du
bien ». (Agence Fides S.L.)
SOMMET FAO : IL FAUT AFFRONTER LES "CAUSES
STRUCTURELLES" DE LA CRISE, SELON LE VATICAN
"Le droit à l'alimentation revêt un rôle important pour l'acquisition
d'autres droits, à commencer notamment par le droit fondamental à la vie. Il
est donc nécessaire qu'une conscience solidaire, qui considèrerait
l'alimentation comme un droit universel de tous les êtres humains sans
distinction ni discrimination, voie le jour chez les Membres de la Famille
des Nations. Il est urgent de faire suivre à cette prise de conscience un
engagement commun et concret dans lequel tous les membres de la société se
sentiraient appelés à coopérer pour rendre possible le droit à
l'alimentation" : il s'agit des conclusions de la "note informative sur la
crise alimentaire" diffusée mercredi par le Conseil Pontifical Justice et
Paix pour "contribuer par certaines considérations à la réflexion sur la
situation agricole et alimentaire actuelle dans le monde", en débat au
Sommet de la Fao qui se tient ces jours-ci à Rome.
Après un "préambule", la note affronte les "causes" et les "effets", puis
examine les éléments de "réponse" de la crise. Parmi les "causes
conjecturelles" déterminées figurent les "mauvaises récoltes suite aux
averses et conditions climatiques extrêmes dans de nombreux pays producteurs
et exportateurs de céréales" ; "la hausse des prix de l'énergie qui a rendu
plus coûteuse la production agricole en faisant augmenter les frais de
transport du produit des campagnes aux points de vente ainsi que le coût de
la culture mécanique et des intrants comme les semences, les engrais et les
pesticides" ; les "comportements des investisseurs internationaux qui, face
à la crise des marchés financiers, ont investi dans ce secteur et spéculé
sur une hausse future des prix des biens fondamentaux, alimentant ainsi a
posteriori la flambée de ces mêmes prix".
Selon le Conseil Pontifical, il faut également ajouter à ces éléments des
"facteurs structurels", comme "la croissance de la population et le
développement économique de pays émergents" par rapport à "une insuffisance
de l'offre à l'échelle mondiale dont les causes peuvent être rattachées aux
choix de politiques économiques mises en place aussi bien par les économies
avancées que par les institutions financières internationales dans les pays
en voie de développement au cours des 30 dernières années". Dans la note, le
Conseil Justice et Paix met notamment l'accent sur ce dernier aspect : "Les
subventions à la production et à l'exportation des produits agricoles dans
les pays avancés ont entraîné l'invasion du marché international pendant
plusieurs décennies par d'excessives quantités de biens fondamentaux qui ont
en fait baisser le prix. Les prix bas des biens agricoles au niveau mondial
ont rendu peu rentables les productions et exportations des pays en voie de
développement et appauvri les agriculteurs, favorisant l'exode rural et
l'urbanisation. Sans compter que dans nombre de pays pauvres, les politiques
publiques, sollicitées dans ce sens par les institutions financières
internationales, ont soutenu les secteurs manufacturiers et la
spécialisation dans les cultures d'exportation, portant ainsi atteinte à
leur propre autonomie alimentaire.
Le résultat est que la plupart des pays les plus pauvres sont devenus
importateurs d'aliments, entraînant de graves conséquences sur la capacité
de production et d'innovation dans le domaine agricole". Bien que ne
proposant pas de solutions particulières, le ministère du Vatican souligne
le fait que pour sortir de cette crise, "il faut donc affronter sans délai
le problème à longue échéance en supprimant les causes structurelles de la
rigidité de l'offre mondiale des produits alimentaires", invoquant "un New
Deal sur l'alimentation, une renaissance agricole dans les pays en voie de
développement et dans les pays développés". (MZ/CN)
Sommet FAO : en Afrique, l'urgence alimentaire est la plus grave :
03.06.08
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Sources :
(Agence Misna)
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 04.06.08 -
T/International/FAO |