Ci-dessus moteur de recherche


ACCUEIL

BENOÎT XVI

CHRIST MISERICORDIEUX

L'EVANGILE DU JOUR

LA FAMILLE

TEXTES DU VATICAN

JEAN PAUL II

FARNESE LOUIS-CHARLES

ACTUALITE DE L'EGLISE

CATECHESES

LITURGIE

LES JEUNES

FIDELES LAICS

JOUR DU SEIGNEUR

SERVANTS DE MESSE

SPIRITUALITE

THEOLOGIE

VOCATIONS

VOYAGE APOSTOLIQUE

GALERIE PHOTOS

TV VATICAN

MEDITATIONS

QUI SOMMES NOUS

NOUS CONTACTER
 
BIBLIOTHEQUE
.
STATISTIQUES
 
Ouverture du site
19 Avril 2005
 

Pour la Chine le Vatican a un nouveau stratège, l'archevêque Hon

Le 04 avril 2011 - (E.S.M.) - Le nouveau secrétaire chinois de "Propaganda Fide" expose pour la première fois ses opinions et ses plans. Plus modérés que ceux du "faucon" Zen, mais pas conciliants jusqu'à accepter un "dialogue à tout prix" avec les autorités de Pékin.

L'archevêque Savio Hon Taifai

Pour la Chine le Vatican a un nouveau stratège, l'archevêque Hon

par Sandro Magister

Le 04 avril 2011 - E. S. M. - À la fin de la semaine dernière, presque à la même heure, deux hauts responsables de l’Église catholique, chinois l’un et l’autre, ont exprimé des jugements différents à propos des moments difficiles que traverse l’Église en Chine.

Le premier, c’est le cardinal Joseph Zen Zekiun. Ancien évêque de Hong-Kong, il est aujourd’hui retraité mais il reste très attentif à ce qui se passe dans son pays.

Vendredi 1er avril, le cardinal Zen a fait paraître sur "Asia News", le site de l’agence de presse en ligne de l’Institut Pontifical des Missions Étrangères, un acte d'accusation véhément contre le "triumvirat" qui voudrait reprendre avec la Chine l’Ostpolitik qui fut pratiquée au siècle dernier par le Vatican avec les régimes communistes. Une politique de "dialogue à tout prix" – écrit Zen – désastreuse à l’époque et encore plus désastreuse aujourd’hui, dont le seul résultat serait "d’enfoncer de plus en plus les catholiques chinois dans la boue de l’esclavage".

Le triumvirat mis en accusation par Zen se compose du cardinal Ivan Dias, préfet de la congrégation pour l'évangélisation des peuples, d’un "minutante" de la même congrégation vaticane et du père Jérôme Heyndrickx, célèbre sinologue qui serait leur stratège. Ces trois personnages agiraient – d’après Zen – à la fois contre la ligne dictée par Benoît XVI dans sa lettre de 2007 à l’Église de Chine et contre l'opinion de l’écrasante majorité de la commission créée par le pape pour suivre la situation en Chine, commission dont Zen lui-même fait partie.

*

L’autre haut dirigeant de l’Église qui s’est exprimé ce même vendredi 1er avril à propos de la Chine est l'archevêque Savio Hon Taifai (photo). Il l’a fait dans une interview qu’il a accordée au quotidien de la conférence des évêques d’Italie, "Avvenire", et ses propos ont été recueillis par le journaliste vaticaniste Gianni Cardinale.

Monseigneur Hon, 61 ans, est le premier Chinois à exercer des fonctions de haut niveau à la curie romaine. Le 23 décembre dernier, Benoît XVI l’a nommé secrétaire de la congrégation pour l'évangélisation des peuples, qui a compétence sur tous les territoires de mission, y compris la Chine.

Originaire de Hong-Kong, grand et sec au physique, jovial, monseigneur Hon se définit lui-même comme un "théologien peu diplomate".

Et de fait, dans cette interview, la première qu’il ait accordée jusqu’à maintenant, Hon exprime des jugements très directs, sans esquiver quelque question que ce soit. Il décrit également, de manière simple, les points de vue opposés du cardinal Zen et du père Heyndrickx. Et il ne cache pas qu’il est plus proche du premier, même s’il n’est pas d’accord avec lui sur tous les points.

L'interview de Hon est reproduite ci-dessous. Mais, pour la replacer dans son contexte, il faut d’abord résumer, en quelques mots, ce qui s’est passé au cours de ces derniers mois entre le gouvernement chinois et l’Église catholique.

Le 30 mars dernier, un nouvel évêque, Paul Liang Jiansen, 46 ans, a été ordonné en Chine, à Jiangmen. Sa nomination a été "approuvée" par le Saint-Siège et simultanément "autorisée" par les autorités chinoises.

Entre le 18 avril et le 15 novembre 2010 dix autres évêques ont été ordonnés en Chine avec l'approbation conjointe de Rome et de Pékin, dans les diocèses de Hohot, Haimen, Xiamen, Sanyuan, Taizhou, Yan'an, Taiyuan, Yuncheng, Nanchang, Zhoucun.

Mais, le 15 novembre, il y a aussi eu, dans le diocèse de Chengde, une ordination illicite, c’est-à-dire effectuée uniquement de par la volonté du gouvernement, sans l'approbation du pape. Il faut remonter à 2006 pour trouver une autre ordination épiscopale illicite en Chine.

Et peu de temps après, du 6 au 8 décembre, les autorités chinoises ont réuni à Pékin une assemblée nationale de représentants catholiques à laquelle ont participé 45 évêques dont beaucoup font partie de ceux qui ont obtenu l’approbation du Vatican. Il a été procédé à l’élection des dirigeants de la conférence des évêques et de ceux de l'association patriotique : deux organisations qui ne sont ni l'une ni l'autre reconnues par le Saint-Siège.

L'ordination illicite de Chengde ainsi que l'assemblée de Pékin ont été désapprouvées par le Saint-Siège dans deux communiqués, l’un du 24 novembre et l’autre du 17 décembre, tous deux très fermes de ton.

Voici donc l'interview de l'archevêque Hon par Gianni Cardinale, tirée du numéro du 1er avril d’"Avvenire".

"MALHEUREUSEMENT LE NOMBRE D’OPPORTUNISTES A AUGMENTÉ"

Interview accordée par Savio Hon Taifai

Q. – Monseigneur, quelles ont été les réactions à votre nomination, dans votre patrie?

R. – Elles ont été très positives à Hong-Kong. J’ai également reçu beaucoup de félicitations venant de communautés et d’évêques de Chine continentale. Ils ont considéré ma nomination comme un authentique cadeau de Noël de la part du Pape.

Q. – Et comment ont réagi le gouvernement chinois et les organismes officiels de l’Église ?

R. – Il n’y a eu aucune réaction de leur part. C’est peut-être mieux ainsi ; comme on le dit en anglais : "no news, good news". Ils n’ont voulu porter aucun jugement, ni positif, ni négatif. Cela me paraît être un comportement de prudente expectative.

Q. – Vous avez beaucoup voyagé en Chine continentale. À quand remonte votre dernier voyage ?

R. – Je me suis rendu à Shanghai du 8 au 13 décembre dernier. Justement au moment où se déroulait la huitième assemblée des représentants catholiques chinois qui a eu lieu à Pékin du 7 au 9 de ce mois.

Q. – Quels jugements avez-vous entendus à ce sujet ?

R. – Les amis et les étudiants avec qui j’en ai parlé étaient tous très critiques. Il est possible que certains d’entre eux y aient été favorables, mais en tout cas ils n’ont pas voulu le dire devant moi. J’ai également discuté avec ceux qui sont revenus de Pékin. Eux aussi se sont montrés critiques dans leurs conversations avec moi. Et ils disaient qu’ils avaient subi d’énormes pressions pour participer à l’assemblée.

Q. – À cette occasion le Saint-Siège a publié un communiqué très dur...

R. – C’est vrai. Toutefois je dois dire que ceux qui y ont participé n’ont pas tous été contraints à le faire. Certains l’ont fait spontanément, de même qu’ils adhèrent spontanément à la politique d’"autonomie" de l’Église de Chine par rapport au pape et au Saint-Siège.

Q. – Y compris parmi les évêques ?

R. – Y compris parmi les évêques, malheureusement, et même parmi ceux qui ont été reconnus par Rome. À Pékin un bon nombre d’entre eux s’est précipité chez le nouvel évêque de Chengde, consacré illicitement quelques semaines auparavant, pour le féliciter et pour se faire photographier avec lui. Cela, ils n’étaient pas obligés de le faire. En résumé : 45 évêques, dont l’âge moyen était inférieur à 50 ans, ont participé à cette assemblée. Certains y ont été conduits de force, d’autres non.

Q. – Et quelles conclusions tirez-vous de cette constatation ?

R. – Que malheureusement le nombre d’opportunistes a augmenté.

Q. – Et à quoi est-ce dû ?

R. – À un manque de formation adaptée au sein du clergé. Mais également à certaines lacunes dans le choix des candidats à l'épiscopat. Dans certains cas on n’a pas promu les meilleurs, mais on a préféré des nominations de compromis. Désormais, depuis quelques années, les dirigeants chinois ont en effet compris que les évêques illégitimes ne seraient jamais vraiment acceptés par les fidèles. C’est pourquoi ils préfèrent travailler à ce que des prêtres fidèles à leurs indications soient consacrés évêques avec le "placet" du Saint-Siège.

Q. – Donc vous considérez qu’il faut une meilleure formation des candidats au sacerdoce et un discernement plus attentif de la part du Saint-Siège dans le choix des candidats à l'épiscopat. Est-ce que cela veut dire que, au cours des dernières années, il n’en a pas toujours été ainsi ?

R. – Cette opinion n’est pas seulement la mienne. J’ai souvent entendu, en Chine continentale, des fidèles et des prêtres qui se plaignaient du choix d’évêques de compromis. Cependant je dois ajouter que le Saint-Siège a toujours eu, à juste titre, le souci d’éviter des ordinations illégitimes.

Q. – Et il est difficile de trouver un équilibre entre cette exigence et celle d’éviter des ordinations légitimes mais de compromis.

R. – C’est bien cela, en effet. Choisir de bons candidats est difficile. Le gouvernement considère qu’en présentant des listes de candidats acceptables de son point de vue, il fait déjà une grande concession. Et, en cas de refus du Saint-Siège de donner son "placet", il menace de les faire consacrer quand même...

Q. – Comme cela s’est passé en novembre dernier à Chengde.

R. – Oui. Pour moi le message a été clair, le gouvernement a voulu dire : chez moi, c’est moi qui commande. Un signal qui nous a presque fait revenir aux années Cinquante, comme si certains signes de dialogue, qui ont pourtant été enregistrés, n’avaient jamais existé.

Q. – Comment reprendre ce dialogue ?

R. – Le gouvernement chinois a des fonctionnaires très bien formés et habiles à négocier. Par conséquent il faut qu’il en soit de même en ce qui concerne les interlocuteurs de notre côté. Avant tout, cependant, il faudrait comprendre si le gouvernement a véritablement envie de trouver un accord avec le Saint-Siège, ou non.

Q. – Sur ce point et sur d’autres, il y a divergence d’opinions entre deux grands connaisseurs de la Chine : le cardinal Joseph Zen et le père Jérôme Heyndrickx. Que pensez-vous de leur débat ?

R. – Le père Heyndrickx part de deux présupposés. Le premier est que le gouvernement chinois a de bonnes intentions, y compris celle de signer un accord avec le Saint-Siège. Le second est que, après la lettre adressée par le Pape aux catholiques chinois en 2007, ce que l’on appelle les communautés clandestines n’ont plus de raison d’exister. D’autre part le cardinal Zen, qui connaît très bien la réalité et la mentalité chinoise, ne fait guère confiance aux autorités communistes. Il considère, à juste titre, que si le gouvernement veut susciter cette confiance, il doit accomplir des actes concrets. Or, jusqu’à présent, on n’en a pas vu. Par exemple, il doit laisser à l’Église la liberté de choisir ses évêques. De plus le cardinal Zen – et je suis d’accord avec lui – considère que les communautés clandestines ont encore des raisons d’exister.

Q. – Une dernière question. Pourquoi l’excommunication n’a-t-elle pas été déclarée pour les évêques qui ont été ordonnés illicitement ainsi que pour ceux qui les ont consacrés ?

R. – En réalité l’excommunication immédiate est prévue pour ceux qui reçoivent et pour ceux qui confèrent une ordination illégitime. Cependant il peut y avoir des circonstances atténuantes, par exemple pour ceux qui sont contraints de jouer un rôle dans ces cérémonies. Je crois que le Saint-Siège, avant de déclarer publiquement l’excommunication, est en train d’enquêter sur les cas individuels, pour vérifier si ces circonstances atténuantes existent. Mais il s’agit d’un processus délicat et long, on le comprend.

Q. – Que pensez-vous de ces évêques illégitimes ?

R. – Il y a des cas de candidats qui se font consacrer évêques illicitement avec l’arrière-pensée que, au bout d’un temps assez bref, sur leur demande instante, le Saint-Siège leur accordera son pardon et la pleine légitimité. Il faut être attentif à lutter contre ce type de calculs. Toutefois, cela dit, il faut toujours se rappeler que l’Église est le Corps du Christ et que, s’il y a un petit morceau de ce Corps qui est en train de s’en détacher, il faut non pas le laisser s’en aller mais essayer de le récupérer, avec justice mais aussi avec miséricorde.


Le quotidien de la conférence des évêques d’Italie, avec l'interview accordée par l’archevêque Hon   Avvenire

 Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.


 

Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 04.04.2011 - T/International

 

 » Sélection des derniers articles  
page précédente haut de page page suivante