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Le message du pape François à l'état liquide

Le 03 octobre 2013 - (E.S.M.) - Une analyse des premiers mois du Pontificat, que je livre sans commentaire, publié sur le blog personnel de Sandro Magister.

Le Pr Pietro De Marco

Le message du pape François à l'état liquide

Le 03 octobre 2013 - E. S. M. - Une analyse des premiers mois du Pontificat, que je livre sans commentaire, publié sur le blog personnel de Sandro Magister

L'auteur est un universitaire italien, le Pr Pietro De Marco, né en 1941, qui enseigne la Sociologie des religions (bio ici) et dont Sandro Magister a déjà publié plusieurs contributions.

Un message à l'état liquide
Pietro De Marco
http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/

En conscience, je dois briser le chœur courtisan, composé de noms laïcs et ecclésiastiques déjà trop connus, qui accompagne depuis des mois les interventions publiques du pape Jorge Mario Bergoglio, pour signaler seulement quelques-unes des approximations réitérées dans lesquelles tombe son discours.

Personne n'est exempt, dans la conversation courante et en privé, et dans un cercle restreint, d'approximations et d'exagérations, mais quiconque exerce une responsabilité devant beaucoup de gens - un enseignant par exemple - adoptera en public un autre registre et essayera d'éviter l'improvisation .

A présent, au contraire, nous avons lu un pape qui s'exclame: « Qui suis-je pour juger? » comme on peut le dire avec emphase autour d'une table ou même en prêchant des exercices spirituels. Mais face à la presse et au monde un « Qui suis-je pour juger? » dit par un pape jure objectivement avec toute l'histoire et la nature profonde de la fonction pétrinienne, donnant en plus le sentiment désagréable d'une sortie incontrôlée. Puisque le pape François a conscience au moins de ses pouvoirs en tant que pape, il s'agit - quel que soit ce qu'il voulait dire - d'une grosse erreur de communication.

Nous avons lu ensuite dans l'Interview à La Civiltà Cattolica cette phrase: « L'ingérence spirituelle dans la vie personnelle n'est pas possible », qui semble unir sous la figure libérale-libertaire de l'« ingérence » à la fois le jugement théologico-moral, et l'évaluation publique de l'Église, si nécessaire, et même la sollicitude d'un confesseur ou d'un directeur spirituel indiquant, prévenant, punissant un comportement intrinsèquement mauvais.

Bergoglio adopte ici involontairement un cliché typique du postmodernisme, selon lequel la décision individuelle est, comme telle, toujours bonne, ou au moins toujours dotée de valeur car personnelle et libre, comme on le pense naïvement, et donc incritiquable.

Ce glissement (dérapage) est couvert, pas seulement chez Bergoglio, par des formules liées à la sincérité et au repentir de l'individu, comme si la sincérité et le repentir effaçaient la nature du péché et interdisaient à l'Eglise de l'appeler par son nom. En outre, il est douteux que le fait de taire et de respecter ce que chacun fait parce qu'il est libre et sincère en le faisant, soit de la miséricorde: nous avons toujours su que clarifier, et non pas cacher, la nature d'une conduite comme péché est un acte éminent de miséricorde, car il permet au pécheur le discernement de soi et de son état, selon la loi et l'amour de Dieu. Que même un pape semble confondre la primauté de la conscience et une sorte d'injugeabilité, et même d'immunité du jugement de l'Église est un risque magistériel qui ne peut être sous-estimé.

Hier, ensuite, sur «la Repubblica» du 1er Octobre, nous avons lu trop de répliques risquées. Nous avons appris que « le prosélytisme est une stupidité solennelle, cela n'a aucun sens », comme réponse à la question de la conversion posée quelque peu ironiquement par Eugenio Scalfari. Chercher la conversion de l'autre n'est pas une «stupidité», on peut le faire de manière stupide ou sublime comme chez de nombreux saints. Je me souviens que les conjoints Jacques et Raïssa Maritain, eux aussi des convertis, désiraient ardemment et œuvraient pour le retour à la foi de leurs grands amis.

Ensuite, nous avons lu que, face à l'objection relativiste de Scalfari: « S'il ya une seule vision du Bien, qui l'établit? », le pape admet que « chacun de nous a sa propre vision du bien » et « nous devons l'inciter à aller vers ce qu'il croit être bon ».

Maintenant, raisonnons, si tout le monde a « une vision à lui du bien » qu'il doit réaliser, de telles visions ne peuvent être que les plus diverses, en contradiction et en conflit souvent mortel, comme en témoignent l'actualité et l'histoire. Inciter à agir selon la vision personnelle du bien est en réalité inciter à la lutte de tous contre tous, une lutte féroce, car accomplie pour le Bien, et non pour l'utile ou d'autres contingences. C'est pour cela que les visions particulières - même celles qui sont dirigées par des intentions les plus honnêtes - doivent être régulées par un souverain ou, de nos jours, une législation, et ultimement par la loi du Christ, qui n'a aucune nuance concessive en termes individualistes.

Le Pape François voulait peut-être dire que l'homme, selon la doctrine catholique de la loi naturelle, a la capacité originelle, une impulsion primaire et essentielle donnée (pas «la sienne» en particulier, mais universellement donnée) par Dieu, de distinguer ce qui est en soi Bien de ce qui est en soi Mal. Mais là s'insère une partie du mystère du péché et de la grâce. Peut-on exalter Augustin, comme le fait le pape, et omettre que «en ce que l'homme peut penser être le Bien» œuvre toujours le péché? Qu'en est-il de la dialectique entre la cité de Dieu et la cité de l'homme et du diable, «civitas» de l'amour de soi? Si le Bien était ce que l'individu pense être le bien, et si la convergence de ces pensées sauvait l'homme, quel besoin y aurait-il du droit positif en général, de la loi de Dieu en particulier, et de l'incarnation du Fils?

Le pape soutient encore que « Vatican II, inspiré par les papes Jean (XXIII) et Paul VI, décida de se tourner vers l'avenir avec un esprit moderne, et de s'ouvrir à la culture moderne. Les Pères conciliaires savaient que s'ouvrir à la culture moderne signifiait œcuménisme religieux et dialogue avec les non-croyants. Après cela, très peu (!) a été fait dans cette direction. J'ai l'humilité et l'ambition de vouloir le faire ».

Tout cela sonne comme un a priori pas très critique: combien d'«œcuménisme» destructeur et de «dialogue» subalterne aux idéologies du Moderne avons-nous vu à l'œuvre dans les dernières décennies: à eux, seule Rome, de Paul VI à Benoît XVI, a placé une barrière! Le Bergoglio qui critiqua la théologie de la libération et de la révolution ne peut pas ne pas savoir que « le dialogue avec la culture moderne » mis en place après que le Concile fut bien autre chose qu'un «œcuménisme» poli.

Je survole les autoconcessions du pape à une médiocre polémique anti-papale (« les papes ont souvent été narcissiques », «mal excités par des courtisans»), les boutades sur le «cléricalisme» (que vient faire Saint-Paul? Jacques était-il un «clérical»?), la concession hâtive que la «seule» façon d'aimer Dieu est l'amour des autres, proposition qui altère Mc. 12, 28-34, et légitime un christianisme socio-sentimental qui depuis des siècles se passe ainsi du mystère de Dieu.

Le Pape François se confirme un religieux typique de la Compagnie de Jésus, dans sa phase récente, converti par le Concile au cours de ses années de formation, spécialement par ce que j'appelle le «Concile externe», le Vatican II des attentes et des lectures militantes, créés par certains épiscopats, leurs théologiens et les médias catholiques les plus influents. Un de ces hommes d'Eglise qui, dans leur ton avenant et flexible, dans leurs valeurs incontestables, sont aussi les «conciliaires» les plus rigides, convaincus après un demi-siècle que le Concile n'a pas encore été réalisé et que les choses doivent être faites comme si nous étions encore dans le années soixante, aux prises avec l'église « pacellienne » (de Pie XII), la théologie néo-scolastique et le modernisme laïque ou marxiste.

Au contraire: ce que cet «esprit du Concile» voulait et pouvait déclencher, a été dit ou expérimenté durant ces décennies et aujourd'hui, il s'agit avant tout de faire une critique consomptive de ses résultats, parfois désastreux. Je considère que le chemin de la mise en œuvre réelle du Concile a été rouvert par l'œuvre magistérielle de Karol Wojtyla et de Joseph Ratzinger, parfois même contre des sensibilités catholiques et épiscopales à la Bergoglio.

Certains soutiennent que François pourra être, en tant que pape postmoderne, l'homme de l'avenir de l'Église, au-delà du traditionalisme et du modernisme. Mais le postmoderne qui peut prendre racine en lui - comme liquidification des formes, spontanéité de l'apparition en public, attention au village global - est de surface. Avec sa flexibilité et ses esthétismes, le postmoderne est peu vraisemblable chez un évêque d'Amérique latine, où a longtemps dominé dans l'intelligentsia, jusqu'à récemment, le Moderne marxiste. Le noyau dur de Bergoglio est et demeure «conciliaire». Sur le chemin entrepris par ce pape, s'il se confirme, je vois avant tout la cristallisation du «conciliarisme» pastoral dominant dans le clergé et le laïcat actif.

Certes, si Bergoglio n'est pas postmoderne, sa réception mondiale l'est: le pape plaît à droite et de gauche, aux pratiquants et aux non-croyants, sans discernement. Son principal message est «liquide». Sur ce «succès», cependant, on ne peut rien édifier, seulement malaxer à nouveau quelque chose qui existe déjà, et ce n'est pas le meilleur.

De cet aspect «liquide», il y a des signes inquiétants pour ceux qui ne sont pas enclins au bavardage politiquement correct et relativiste de la modernité tardive:

a) se laisser aller à des phrases telles que « tout le monde est libre de faire ...», « ceux qui disent que les choses doivent être ainsi ...», «qui suis-je pour ...», laissées échapper dans la croyance qu'elles sont dialogiques et au goût du jour;

b) l'absence de contrôle par des personnes de confiance, mais sages et cultivées, et italiennes (ndt: car le pape s'exprime en italien qui n'est pas sa langue maternelle) de textes destinés à circuler, peut-être dans la conviction papale que ce n'est pas nécessaire;

c) une certaine inclination autoritaire («Je ferai tout pour ...»), en contraste frappant avec les fréquents engagements pluralistes, mais typique des « révolutionnaires » démocratiques, avec le risque de collisions imprudentes avec la tradition millénaire.

En outre, il y a des chose incongrues chez le pape François: le fait de prendre des initiatives de communication publique et de se vouloir sans filtres (l'image symptomatique de l'appartement papal comme un entonnoir), qui révèlent une indisponibilité à se sentir un homme de gouvernement (ce qui est plus difficile que d'être réformateur) dans une institution très haute et «sui generis », comme l'Église catholique. Les boutades du pape sur la curie et le Vatican le soulignent.

Son comportement est par moments celui d'un manager moderne et informel, de ceux ceux qui se livrent beaucoup à la presse. Mais cette façon de s'accrocher à des gens et des choses qui sont dehors - collaborateurs, amis, presse, opinion publique, l'appartement à Santa Marta lui-même est «dehors» - comme si l'homme Bergoglio avait peur de ne pas savoir quoi faire une fois resté seul, en pape, dans l'appartement des papes, n'est pas positive. Et ne pourra pas durer. Même les médias vont se lasser de servir de rivage à un pape qui a trop besoin d'eux.

Florence, le 2 octobre 2013

Le virage de François, il s'éloigne non seulement de Benoît XVI mais aussi de Jean-Paul II - 03.10.2013
 

Sources : Benoit-et-moi -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 03.10.2013 - T/Eglise

 

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