Benoît XVI répond aux inquiétudes des
jeunes |
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Cité du Vatican, le 03 septembre 2007 -
(E.S.M.) - A propos de
"l'inquiétude ressentie par nombre de jeunes du monde entier, et quelle que
soit leur religion" et de l'idée "d'être protagonistes de l'histoire",
le pape Benoît XVI a répondu que "selon le projet divin le monde n'est
pas périphérique et que tous y occupons le centre.
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Le pape Benoît XVI -
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Benoît XVI répond aux inquiétudes des jeunes
Une vie consacrée -
texte intégral en deuxième partie
Vers 16 h Benoît XVI a quitté Castelgandolfo en hélicoptère pour gagner
Lorette (Italie) où se déroule la Rencontre nationale concluant la première
Agora des jeunes, organisée par la Conférence épiscopale italienne.
Arrivé à 17 h 15 le Pape s'est rendu au Centre Jean-Paul II de Montorso, à
la périphérie de Lorette, puis s'est rendu sur l'esplanade voisine pour une
veillée de prière et un dialogue avec la jeunesse. Il a répondu à une série
de questions.
A propos de "l'inquiétude ressentie par nombre de jeunes du monde entier, et
quelle que soit leur religion" et de l'idée "d'être protagonistes de
l'histoire", le Saint-Père a répondu que "selon le projet divin le monde
n'est pas périphérique et que tous y occupons le centre. Il nous aime tous
de la même façon et nous appelle tous à accomplir de grandes choses, chacun
selon ses talents".
Chers jeunes, a-t-il ajouté, "je vous redis ce soir, allez et aimez !
Aux
yeux de Dieu, chacun de vous est important. Vous l'êtes pour votre famille,
vos amis, votre pays et le monde, l'Eglise et le Christ". Puis le Pape a
encouragé les jeunes à ne pas se sentir marginaux, car "toute vie est
importante et chacun a un rôle à jouer car il est au cœur de l'amour de
Dieu".
Ensuite Benoît XVI s'est plus particulièrement adressé à l'Agora, qu'il a
défini comme "espérance de l'Eglise en Italie", invitant ses membres à
"ouvrir leur cœur et à l'offrir au Christ en adoptant l'attitude confiante"
de Marie.
"Quel merveilleux spectacle - s'est exclamé le Pape - quelle foi jeune et
engagée vécue ce soir! Lorette est devenue aujourd'hui grâce à vous la
capitale spirituelle de la jeunesse, vers laquelle convergent idéalement les
jeunes de tous les continents. Le Pape vous est proche et demande au
Seigneur la grâce d'une vie comblée et heureuse pour chacun de vous".
"Il est malheureusement fréquent que les jeunes considèrent le bonheur comme
un rêve difficile à réaliser. N'ayez crainte - a poursuivi le Saint-Père,
car le Christ peut combler vos plus profondes aspirations. Restez Lui donc
unis car Il peut faire de grandes choses. Ne craigniez pas d'envisager de
grands projets positifs et ne vous laissez pas décourager par les
difficultés. Il a confiance en vos propositions de bonheur".
Puis le Pape a évoqué l'Annonciation et la proposition de l'Ange à Marie de
"prendre part au plus grand projet de Dieu, au salut de l'humanité". Et son
oui changea la vie de Marie et l'histoire des hommes. Apprenons d'Elle
- a-t-il conclu- à prononcer le nôtre afin de savoir ce que signifie
véritablement répondre à la générosité et aux appels du Seigneur".
Marie "connaît "votre immense désir d'amour, votre besoin d'aimer et d'être
aimés, En La regardant, on découvre la beauté de l'amour profond et
véritable": Chaque jeune entrant dans la vie rêve "d'un amour qui donne un
sens à son avenir", qui se concrétise pour beaucoup "dans le mariage et la
création d'une famille".
"Je sais bien -a-t-il ajouté- que ce message est de plus en plus difficile à
percevoir. Quelle accumulation d'échecs autour de nous! La Mère de Dieu, la
communauté des croyants, le Pape vous sont proches et prient pour que la
crise de la famille ne devienne pas une catastrophe irréversible", a dit
Benoît XVI en rappelant à l'assemblée son invitation à ne pas avoir peur "car
rien n'est impossible à Dieu".
"Ceci vaut pour ceux qui sont appelés au mariage comme pour ceux à qui Dieu
propose une vie de détachement total des biens terrestres pour se consacrer
pleinement au Royaume", me ceux qui se dédient au sacerdoce ou à la vie
consacrée", ainsi qu'à la mission"
"Soyez assurés - a conclu le Saint-Père - de ce qu'une vie consacrée à Dieu
n'est jamais inutile", en rappelant aux jeunes rassemblés la Journée
mondiale de la jeunesse qui se déroulera l'an prochain à Sydney (Australie).
"Prions afin que le Seigneur accomplisse des prodiges et qu'il concède à
chacun de vous la joie d'y prendre part".
Texte intégral du texte du dialogue qui a eu lieu entre le pape et les jeunes
Après avoir présenté leur témoignage, Piero Tisti et Giovanna Di Mucci ont
posé au pape la question suivante : « Beaucoup d'entre nous, jeunes de
périphérie, auraient besoin d’un centre, d’un lieu ou de personnes capables
de nous donner une identité. Nous sommes souvent sans histoire, sans
perspectives et donc sans avenir. Il semble que ce que nous attendons
vraiment n'arrive jamais. D'où l'expérience de la solitude et, parfois, des
dépendances. Votre Sainteté, y a-t-il quelqu'un ou quelque chose pour
lesquels nous puissions devenir importants ? Comment est-il possible
d'espérer lorsque la réalité nie tout rêve de bonheur, tout projet de vie
? »
Benoît XVI – Merci de cette question et de la présentation très réaliste de
la situation. Au sujet des périphéries de ce monde qui connaît de grands
problèmes, il n'est pas facile d'apporter ici une réponse et nous ne
voulons pas vivre dans un optimisme facile. Mais, d’un autre côté, nous
devons être courageux et aller de l'avant. J'anticiperai ainsi la substance
de ma réponse : « Oui, il y a de l'espoir aujourd'hui aussi, chacun de vous
est important, parce que chacun de vous est connu et voulu par Dieu et pour
chacun, Dieu a un projet. Nous devons le découvrir et y répondre, pour
qu'il soit possible, malgré ces situations de précarité et de
marginalisation, de réaliser le projet que Dieu a pour nous. Mais pour en
venir aux détails, vous nous avez présenté de manière réaliste la situation
d'une société : dans les périphéries, il semble difficile d'aller de
l'avant, de changer le monde. Tout semble concentré dans les grands centres
du pouvoir économique et politique, les grandes bureaucraties dominent et
les personnes qui se trouvent dans les périphéries semblent réellement
exclues de cette vie. Alors, un aspect de cette situation de
marginalisation de tant de gens est que les grandes cellules de la vie de
la société, qui peuvent construire des centres également en périphéries, se
sont désagrégées : la famille, qui devrait être le
lieu de la rencontre des générations – de l'arrière grand-père au
petit-fils – devrait être un lieu où se rencontrent non seulement les
générations, mais où on apprend à vivre, où on apprend les vertus
essentielles pour vivre. Cette famille s'est
désagrégée, elle est en danger. Nous devons d'autant plus
faire tout notre possible pour que la famille soit vivante, pour qu’elle
soit elle aussi la cellule vitale, le centre de la périphérie. De même, la
paroisse, la cellule vivante de l'Église, doit être réellement un lieu
d'inspiration et de vie, de solidarité, qui aide à construire ensemble les
centres de la périphérie. Et je dois dire ici que l'on parle souvent dans
l'Église de la périphérie et du centre, qui serait Rome, mais en réalité
dans l'Église, il n'y a pas de périphérie, parce que
là où est le Christ, le centre est là tout entier. Là où l'on
célèbre l'Eucharistie, où il y a le tabernacle, le Christ est là et donc
c'est là que se trouve le centre et nous devons tout faire pour que ces
centres vivants soient efficaces, présents et qu’ils soient réellement une
force qui s'oppose à cette marginalisation. L'Eglise vivante, l'Eglise dans
de petites communautés, l'Eglise paroissiale, les mouvements, devraient
former tout autant de centres dans la périphérie, et aider ainsi à
surmonter les difficultés que la grande politique, bien sûr, ne surmonte
pas et nous devons dans le même temps penser également que malgré les
grandes concentrations de pouvoir, la société d'aujourd'hui a besoin de la
solidarité, du sens de la légalité, de l'initiative et de la créativité de
tous. Je sais que cela est plus facile à dire qu'à faire, mais je vois ici
des personnes qui s'engagent pour que des centres se développent également
dans les périphéries, pour que l'espérance grandisse, et donc il me semble
que nous devons prendre l'initiative précisément dans les périphéries ; il
faut que l'Église soit présente, que le centre du monde, le Christ, soit
présent. Nous avons vu et nous voyons aujourd'hui dans l'Évangile que, pour
Dieu, il n'y a pas de périphéries. La Terre Sainte, dans le vaste contexte
de l'Empire romain, était une périphérie ; Nazareth était une périphérie,
une ville inconnue. Et toutefois, cette réalité était précisément, de fait,
le centre qui a changé le monde ! Et ainsi, nous aussi nous devons former
des centres de foi, d'espérance, d'amour et de solidarité, de sens de la
justice et de la légalité, de coopération. C'est uniquement ainsi que peut
survivre la société moderne. Elle a besoin de ce courage, de créer des
centres, même si à l'évidence, il ne semble pas y avoir d'espérance. Nous
devons nous opposer à ce désespoir, nous devons collaborer avec une grande
solidarité et faire ce qui nous est possible pour que grandisse
l'espérance, pour que les hommes puissent collaborer et vivre. Le monde,
nous le voyons, doit être changé, mais c'est précisément la mission de la
jeunesse que de le changer ! Nous ne pouvons pas le faire seulement avec
nos forces, mais en communion de foi et de chemin. En communion avec Marie,
avec tous les saints, en communion avec le Christ, nous pouvons faire
quelque chose d'essentiel et je vous encourage et je vous invite à avoir
confiance dans le Christ, à avoir confiance en Dieu. Demeurer dans la
grande compagnie des saints et aller de l'avant avec eux peut changer le
monde, en créant des centres dans la périphérie, pour qu'elle devienne
réellement visible et que l'espérance de tous devienne réaliste et que
chacun puisse dire : « Je suis important dans l'ensemble de l'Histoire. Le
Seigneur nous aidera ». Merci.
Une deuxième question a été posée à Benoît XVI par la jeune Sara Simonetta,
qui, après avoir présenté son témoignage a dit : « Je crois en Dieu qui
a touché mon cœur, mais les peurs, les questions, les craintes que je porte
en moi sont très nombreuses. Il n'est pas facile de parler de Dieu avec mes
amis ; beaucoup d'entre eux voient l'Église comme une réalité qui juge les
jeunes, qui s'oppose à leurs désirs de bonheur et d'amour. Devant ce refus,
je ressens toute ma solitude d'être humain et je voudrais ressentir la
proximité de Dieu. Votre Sainteté, dans ce silence, où est Dieu ? ».
Benoît XVI – Oui, nous tous, même en étant croyants, connaissons le silence
de Dieu. Dans le Psaume que nous venons de réciter, il y a ce cri presque
désespéré : « Parle Dieu ! Ne te cache pas ! » et un livre vient récemment
d'être publié avec les expériences de Mère Teresa. On constate ce que nous
savions déjà avec plus d'évidence encore : avec toute sa charité, sa force
de foi, Mère Teresa souffrait du silence de Dieu. D'un côté, nous devons
supporter ce silence de Dieu également pour pouvoir comprendre nos frères
qui ne connaissent pas Dieu. De l'autre, avec le Psaume, nous pouvons
toujours à nouveau crier vers Dieu : « Parle,
montre-toi ! ». Et sans aucun doute, dans
notre vie, si notre cœur est ouvert, nous pouvons trouver les grands
moments dans lesquels la présence de Dieu devient réellement sensible pour
nous également. Je me souviens en ce moment d'une petite histoire
que Jean-Paul II raconta au cours des Exercices spirituels qu'il prêcha
lorsqu'il n'était pas encore pape. Il raconta que, après la guerre, un
officier russe qui était scientifique lui avait rendu visite : « Je suis
sûr que Dieu n'existe pas. Mais si je me trouve en montagne, devant sa
majestueuse beauté, devant sa grandeur, je suis également sûr que le
Créateur existe et que Dieu existe ». La beauté de la création est l'une
des sources où nous pouvons réellement toucher du doigt la beauté de Dieu,
où nous pouvons voir que le Créateur existe et qu'il est bon, que ce que
les Saintes Écritures disent du récit de la création est vrai, c'est-à-dire
que Dieu a pensé et fait ce monde avec son cœur, avec sa volonté, avec sa
raison, et il l'a trouvé bon. Nous aussi nous devons être bons, pour avoir
le cœur ouvert et percevoir la véritable présence de Dieu. Puis, en
entendant la Parole de Dieu lors des grandes célébrations liturgiques, lors
des fêtes de la foi, dans la grande musique de la foi, nous ressentons
cette présence. Je me souviens en cet instant d'une autre petite histoire
que m'a racontée récemment un évêque en visite ad limina : une femme, non
chrétienne, très intelligente, commença un jour à écouter la grande musique
de Bach, Haendel, Mozart. Elle était fascinée et un jour elle a dit : « Je
dois trouver la source d'où pouvait provenir tant de beauté », et la femme
s'est convertie au christianisme, à la foi catholique, parce qu'elle avait
trouvé que cette beauté a une source, et cette source est la présence du
Christ dans les cœurs, c'est la révélation du Christ dans les cœurs, c'est
la révélation du Christ dans ce monde. Donc, de grandes fêtes de la foi,
des célébrations liturgiques, mais également le dialogue personnel avec le
Christ : Il ne répond pas toujours, mais il y a des moments où il répond
réellement. Et puis l'amitié, la compagnie de la foi. A présent, réunis ici
à Lorette, nous voyons que la foi unit, l'amitié crée une compagnie de
personnes en chemin. Et nous sentons que tout cela ne vient pas de nulle
part, mais a réellement une source, que le Dieu silencieux est aussi un
Dieu qui parle, qui se révèle et surtout que nous-mêmes nous pouvons être
des témoins de sa présence, que de notre foi résulte réellement une lumière
également pour les autres. Je dirais donc que, d'une part, nous devons
accepter que dans ce monde, Dieu soit silencieux, mais nous ne devons pas
être sourds à ses paroles, à sa manière d'apparaître en de nombreuses
occasions. Et nous voyons surtout dans la Création, dans la belle liturgie,
dans l'amitié au sein de l'Église, la présence du Seigneur et, emplis de sa
présence, nous pouvons nous aussi apporter de la lumière aux autres. J'en
viens ainsi à la deuxième, ou à la première partie de votre question : il
est difficile de parler aux amis d'aujourd'hui de Dieu et peut-être plus
difficile encore de parler de l'Église, parce qu'ils ne voient en Dieu que
la limite de notre liberté, un Dieu de commandements, d'interdictions et
dans l'Église, une institution qui limite notre liberté, qui nous impose
des interdits. Mais nous devons tenter de rendre visible à leurs yeux
l'Église vivante, non cette idée d'un centre de pouvoir dans l'Église avec
ces étiquettes, mais les communautés de compagnie dans lesquelles malgré
tous les problèmes de la vie, qui existent pour tout le monde, naît la joie
de vivre. Ici, un troisième souvenir me vient à l'esprit. Je me suis rendu
au Brésil et dans la Fazenda da Esperança, cette grande réalité où les
toxicomanes sont soignés et retrouvent l'espérance, retrouvent la joie de
vivre et témoignent que c'est précisément la découverte que Dieu existe qui
les a conduits à guérir du désespoir. Ainsi ils ont compris que leur vie a
un sens et ils ont retrouvé la joie d'être dans ce monde, la joie
d'affronter les problèmes de la vie humaine. Ainsi, dans chaque cœur
humain, malgré tous les problèmes qui existent, il y a la soif de Dieu et
là où Dieu disparaît, disparaît aussi le soleil qui donne lumière et joie.
Cette soif d'infini qui est dans nos cœurs apparaît également dans le
phénomène de la drogue : l'homme veut élargir les dimensions de la vie,
obtenir davantage de la vie, avoir l'infini, mais la drogue est un
mensonge, une escroquerie, parce qu'elle n'élargit pas la vie, mais elle la
détruit. Ce qui est vrai c'est la grande soif qui nous parle de Dieu et
nous met en chemin vers Dieu, mais nous devons nous aider réciproquement.
Le Christ est venu précisément pour créer un réseau de communion dans le
monde, où tous ensemble, nous pouvons nous porter les uns les autres et
nous aider ainsi à trouver ensemble le chemin de la vie et comprendre que
les Commandements de Dieu ne sont pas des obstacles à notre liberté, mais
les chemins qui conduisent vers l'autre, vers la plénitude de la vie.
Prions le Seigneur afin qu'il nous aide à comprendre sa présence, à être
emplis de sa Révélation, de sa joie, à nous aider les uns les autres dans
la compagnie de la foi pour aller de l'avant, et trouver toujours davantage
avec le Christ le vrai visage de Dieu et ainsi la vie véritable.
Pour
suivre le voyage du Saint Père ►Visite
Pastorale du Saint Père à Loreto les 1er et 2 septembre 2007
Sources: www.vatican.va
070903 (680)-
E.S.M.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.09.2007 - BENOÎT XVI |