Le cardinal Etchegaray, un ami
personnel du patriarche Alexis II |
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Le 03 juillet 2008 -
(E.S.M.)
- "J’ai rencontré pour la première fois le métropolite Alexis II à Madrid, à
l’Escurial, à la fin d’avril 1969. Je venais d’être nommé responsable de la
Conférence épiscopale d’Europe, et il faisait partie de la KEK, la
Conférence des Églises chrétiennes", exprime le cardinal Etchegarray.
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Le cardinal Roger
Etchegaray avec Alexis II
Le cardinal Etchegaray, un ami personnel du patriarche Alexis II
Le chemin de miséricorde des Églises sœurs
Le même amour du Christ
par le cardinal Roger Etchegaray
On dit souvent que je serais un ami personnel du patriarche Alexis II…. Et
c’est tout à fait vrai!
Et pour être sincère, notre amitié remonte très loin.
J’ai rencontré pour la première fois le métropolite Alexis II à Madrid, à
l’Escurial, à la fin d’avril 1969. Je venais d’être nommé responsable de la
Conférence épiscopale d’Europe, et il faisait partie de la KEK, la
Conférence des Églises chrétiennes. Et il faut dire que dès cette première
rencontre, une entente s’est tout de suite établie entre nous; il avait de
grands projets œcuméniques, parce que ce qu’il désirait, comme moi, c’était
un rapprochement entre les Églises et en particulier entre l’Église
catholique et l’Orthodoxie russe. Et je peux dire que pendant quarante ans,
si nous ne nous rencontrions pas chaque année ou presque, nous nous
écrivions; notre correspondance démontre d’ailleurs que nos liens se sont
renforcés, sans cesse, et que les initiatives communes que nous avons
entreprises ensemble se sont concrétisées au point d’organiser ensemble en
1978, à Chantilly, en France, la première réunion européenne des évêques de
l’Est et de l’Ouest.
J’ai trouvé en lui un frère, exigeant mais vraiment affectueux, si
compréhensif que dans mes relations avec lui, je n’ai jamais eu aucune
difficulté à parler de manière sincère et sans rien cacher de ce qu’il
faudrait faire pour attirer la sympathie des gens. Nous avons eu de
nombreuses possibilités de travailler ensemble de tout cœur, presque partout
en Europe, même si c’était parfois difficile, en plein régime communiste.
Nous nous sommes vus encore plus souvent ces dernières années.
J’ai fait de nombreux voyages à Moscou, et j’ai vu que l’affection qui nous
liait éveillait la stupeur des collaborateurs de celui qui était devenu le
patriarche Alexis II, parce que ce n’était pas quelque chose de sentimental,
mais que nous étions deux amis qui se retrouvaient dans la volonté commune
que leurs deux Églises se rapprochent. Je m’excuse si je suis obligé de
parler de moi, mais j’ai été le seul catholique invité à Moscou pour
participer à la grande fête pour les quinze ans de Patriarcat d’Alexis II.
Je me souviens parfaitement de ses mots: «Tu es un bon ami, et nous avons
beaucoup de raisons pour nous rapprocher».
Et puis il y a une chose qui est très significative pour moi: il y a
quelques mois seulement, dès qu’il a su qu’il m’était arrivé un accident, il
m’a téléphoné dans la clinique où je gisais presque paralysé dans mon lit:
la voix du patriarche Alexis me réconfortait en allemand et me témoignait
toute son amicale fidélité. Nous nous étions vus peu de temps auparavant à
Paris, et je m’étais donné beaucoup de mal pour faciliter ce voyage
historique: le premier patriarche russe reçu officiellement à Paris, avec le
président Sarkozy à ses côtés…
Deux Églises distinctes mais, nous le savons, deux Églises sœurs, vraiment
sœurs. Cela veut dire beaucoup de choses que deux Églises se reconnaissent
comme sœurs! L’intimité était telle, que nous avons pu beaucoup prier
ensemble, dans la chapelle de sa résidence moscovite et dans la mienne à
Marseille. La chapelle est le lieu de prière où nous nous sommes sentis le
plus proches l’un de l’autre. La chapelle, c’est-à-dire le lieu où Dieu est
là, un même Dieu, un même Christ. Certes, personne n’est parfait, nous
pourrions nous reprocher bien des faiblesses, mais la faiblesse elle-même
était comme effacée par un même amour pour le Christ.
Il ne faut jamais oublier ce qu’a connu l’Église russe sous le régime
communiste. Si l’on relit l’histoire de cette Église, surtout après 1917, on
voit combien elle a souffert et combien elle s’est battue de manière
admirable pour protéger sa propre foi grâce à ses martyrs. De cette manière,
elle a vraiment maintenu la foi chez ses fidèles. Dans un contexte athée et
sécularisé, il n’est pas facile de vivre sa foi, mais en Russie, peut-être
plus qu’ailleurs, on peut compter sur de vrais fidèles.
Je prie beaucoup pour les fidèles russes. Pour leurs pasteurs, pour leurs
métropolites. Il faut avoir à cœur toutes les Églises dans leurs
différences. Le chemin de toutes ces Églises est un chemin de vérité, sans
aucun doute, mais surtout de miséricorde.
(Conversation avec Giovanni Cubeddu, revue par l’auteur)
Sources : 30giorni.it
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.07.2008 -
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