Le cardinal Vingt-Trois s'adresse aux
catholiques de France au nom des évêques |
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Le 03 avril 2009 -
(E.S.M.)
- Le cardinal Vingt-Trois a répété "son union étroite avec le
Pape Benoît XVI à qui nous redisons notre affection et notre
soutien sans faille" et a réexprimé ses regrets devant les
difficultés récentes.
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Le cardinal Vingt-Trois
à Lourdes
Le cardinal Vingt-Trois s'adresse aux
catholiques de France au nom des évêques de France
Discours de clôture de l'Assemblée plénière d'avril 2009
Le 03 avril 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Vendredi 3 avril, les évêques ont achevé leurs travaux par un temps
d'information. Dans son discours de clôture, le cardinal André Vingt-Trois,
archevêque de Paris et Président de la Conférence des Evêques de France,
s'est adressé aux catholiques de France.
Discours du cardinal Vingt-Trois
Au terme de cette assemblée de printemps, nous pouvons rendre grâce à Dieu
et nous féliciter du travail accompli, non seulement pour la richesse de nos
échanges sur les différents sujets abordés, mais aussi, et peut-être
surtout, pour le climat fraternel qui nous a permis de partager dans la
liberté nos préoccupations et nos réflexions sur la période difficile que
nous venons de traverser. Ce fut un moment de réflexion profonde sur la vie
de notre Église qui est indissociable du temps liturgique que nous vivons.
Dans nos diocèses respectifs, nous allons célébrer la fête des Rameaux et
entrer dans la célébration de la sainte semaine de la Passion et de la
Résurrection du Seigneur. Nous aurons la grande joie de célébrer la Messe
Chrismale, entourés par notre presbyterium avec les diacres et les consacrés
et de nombreux fidèles de nos diocèses. Ce sera une occasion de vivre et de
manifester la communion qui nous unit aux prêtres, nos collaborateurs
directs et nos frères dans le sacerdoce ministériel, de renouveler et
raviver les liens sacramentels qui nous unissent et de fortifier l'amitié
qui nous lie. Rassemblés aujourd'hui, les évêques de France veulent dire à
tous les prêtres vivant et agissant en France, qu'ils soient de chez nous ou
d'ailleurs, notre grande confiance et notre profonde affection dans le
Seigneur. La prochaine ouverture de l'année du prêtre sera une occasion pour
tous les catholiques de mieux prendre conscience du ministère des prêtres
dans l'Église et pour des jeunes de répondre à l'appel que nous leur
adressons : venez au service de l'Eglise en France et de sa mission, comme
prêtres diocésains.
La Résurrection du Christ est la source et le cœur de notre foi. C'est elle
qui engendre l'Église par le don de l'Esprit, c'est elle qui suscite et
développe notre mission, c'est elle qui alimente notre espérance et qui
fonde le regard d'amour et de confiance que nous portons sur les hommes et
les femmes de notre temps et sur le monde qui est le nôtre et dans lequel
Dieu nous envoie témoigner de la Bonne Nouvelle du salut.
C'est pourquoi notre évaluation et notre discernement sur la vie de notre
Église ne se réduisent pas à une analyse de son fonctionnement
institutionnel, - même si nous le faisons aussi quand c'est nécessaire -, ni
à une confrontation permanente aux images de nous-mêmes qui nous sont
renvoyées par la société globale et ses idéologies. C'est un retour
permanent vers la croix du Christ qui est notre critère d'évaluation et de
discernement. Comment sommes-nous mieux ajustés au témoignage que nous
devons rendre à l'Évangile ? Comment vivons-nous l'unité ecclésiale entre
nous et avec toutes les Églises en communion avec le Successeur de Pierre
qui en est le garant et le serviteur ?
La récente épreuve que nous venons de traverser nous a peut-être encouragés
à revenir au cœur de la mission qui est la nôtre, sans nous laisser emporter
et détourner de cette mission par la violence des polémiques. Car notre
première mission est bien d'annoncer au monde que l'amour de Dieu a été
jusque là : « Dieu a tant aimé le monde qu'Il a envoyé son Fils, son
Unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie
éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le
monde, mais pour que le monde soit sauvé par son entremise. »
(Jean 3, 16-17). Nous sommes les premiers témoins de cette
miséricorde de Dieu et c'est notre premier engagement pastoral d'exprimer
cet amour en toute circonstance. C'est cet amour de charité qui est aussi le
fondement du témoignage que nous devons rendre à l'ambition de Dieu pour les
hommes. Le Christ ne s'est pas présenté pour rallier les opinions
majoritaires ou se conformer à la pensée correcte de son temps. Il est venu
pour dévoiler une ambition plus haute : appeler les pécheurs à la conversion
et à la sainteté.
Cet appel scandalisait ceux qui se croyaient justes dans leurs certitudes et
qui prétendaient savoir ce qui est bon pour l'homme. Il faisait bondir de
joie ceux qui étaient guéris et pardonnés et les entrainaient sur les
chemins exigeants de l'amour. Aujourd'hui, nous sommes envoyés pour
actualiser cet appel adressé à tout être humain de mener une vie digne de sa
grandeur unique et pour susciter chez lui la confiance et l'espérance qu'il
en est capable.
C'est ce que nous faisons quand nous invitons nos contemporains, et surtout
les plus jeunes, à vivre une sexualité digne de la raison et de la
responsabilité humaines en ne cédant pas au mythe de relations
irresponsables, supposées sans risque, qui finissent par éteindre la joie de
l'amour d'un homme et d'une femme et par le réduire à une conduite mortifère
qui suscite l'angoisse.
C'est encore ce que nous faisons quand nous encourageons celles et ceux qui
sont engagés dans la recherche scientifique et médicale en rappelant
l'exigence du respect de la dignité humaine, y compris dans les hommes et
les femmes qui ne correspondent pas aux critères d'une super humanité.
Comment se satisfaire de l'élimination des individus non-conformes aux
ratios d'une normalité supposée ? On ne sauve pas l'homme si on ne respecte
pas les plus faibles ou si on rejette les plus diminués ou les plus exposés.
Il en va du bien commun de notre société à venir.
C'est enfin ce que nous faisons quand les membres de nos communautés
s'engagent généreusement pour le service des plus pauvres : malades,
vieillards, chômeurs, immigrés, etc. Nous voulons poursuivre ce service en
étant plus attentifs aux nouvelles pauvretés générées par notre société :
enfants de foyer monoparental, réfugiés et immigrés, personnes rejetées et
marginalisées, etc.
C'est encore le service de l'homme qui nous a conduits à réfléchir sur la
crise économique qui frappe notre société. Des experts nous ont aidés à
comprendre mieux les méfaits d'un fonctionnement financier sans régulations
suffisantes. Nous avons mesuré le risque de croire à une fatalité plutôt
qu'à la capacité humaine de maîtriser une situation par des décisions
démocratiques. Nous avons mieux compris qu'il est illusoire de confondre le
rôle des experts, qui ne sont pas infaillibles, avec celui des décideurs et
l'importance du fonctionnement des corps intermédiaires dans la gestion des
aspirations et des conflits inévitables. Nous avons surtout mesuré qu'il y a
des actions à mener, et donc à soutenir : réévaluer les priorités humaines
de l'économie et du système financier, développer la solidarité envers les
plus démunis, solidarité publique et initiatives privées et associatives,
encourager les initiatives, les porteurs et les acteurs de projets. Si cette
crise marque la fin d'une époque, elle n'est pas la fin du monde. Nous avons
à aider nos compatriotes à percevoir l'opportunité qui s'offre de revoir nos
modes de vie et nos priorités financières.
Dans nos diocèses, beaucoup ont été déstabilisés et troublés par les
campagnes récentes. Nous voulons partager avec tous la confiance qui nous
habite : notre Église n'est pas un bateau en perdition. Elle est animée et
conduite par l'Esprit-Saint. Sa vitalité et son dynamisme dépendent de la
communion que nous vivons avec le Christ ressuscité et de la communion que
nous vivons avec tous nos frères à travers le monde. Nous, vos évêques, nous
sommes en union étroite avec le Pape Benoît XVI à qui nous redisons notre
affection et notre soutien sans faille. C'est dans l'esprit de ce soutien
sans faille que nous lui avons librement exprimé nos regrets devant les
difficultés récentes. Avec le Pape, nous sommes les garants de cette
communion ecclésiale et nous nous efforçons de la mettre en pratique, comme
nous venons de le vivre pendant ces quelques jours.
Joyeuses et saintes fêtes de Pâques à tous !

Sources : eglise.catholique
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.04.09 -
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