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19 Avril 2005
 

Pie XII. Un livre et un essai font la lumière sur la légende noire

 

Rome, le 03 avril 2009  - (E.S.M.) - L'image de Pacelli "pape de Hitler" est contestée par un nombre croissant de chercheurs. Cette image, bien des gens y ont contribué, y compris des catholiques. Un texte important : le discours lu par Benoît XVI, le 8 novembre 2008, à un congrès sur "L'héritage du magistère de Pie XII".

Pie XII. Un livre et un essai font la lumière sur la légende noire

Le 03 avril 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - L'image de Pacelli "pape de Hitler" est contestée par un nombre croissant de chercheurs. Cette image, bien des gens y ont contribué, y compris des catholiques. Mais la propagande soviétique a été déterminante. Un historien jésuite en révèle la stratégie

Ces jours-ci, le Vatican a produit deux nouveaux textes qui défendent Pie XII, le pape le plus controversé du XXe siècle. Ils visent tous les deux à démolir sa "légende noire".

Le premier est un livre vendu en Italie depuis hier et publié par un éditeur non catholique, Marsilio. Il est écrit par des auteurs de différentes origines culturelles et religieuses – deux sont juifs – mais qui sont tous d’accord pour justifier le pape Eugenio Pacelli.

Le second est l’essai qui ouvre le dernier numéro de "La Civiltà Cattolica", la revue dont les articles sont préalablement contrôlés par la secrétairerie d’état. Son auteur, le jésuite Giovanni Sale, est historien et spécialiste de l’Eglise du XXe siècle. Là aussi, le titre va droit au cœur de la question: "La naissance de la légende noire de Pie XII".

***

Le livre, intitulé "In difesa di Pio XII. Le ragioni della storia [Pour défendre Pie XII. Les raisons de l’histoire]", reprend de façon plus élaborée et achevée des textes parus ces derniers mois dans le journal du Saint-Siège, "L'Osservatore Romano".

Les auteurs sont successivement: Paolo Mieli, historien et directeur du "Corriere della Sera", le plus important quotidien laïc italien; Saul Israël, biologiste et écrivain, hébergé et sauvé dans un couvent de Rome pendant l'occupation allemande; Andrea Riccardi, professeur d’histoire contemporaine et auteur en 2008 du livre "L'hiver le plus long, 1943-1944. Pie XII, les juifs et les nazis à Rome"; l'archevêque Rino Fisichella, recteur de l’Université Pontificale du Latran; l'archevêque Gianfranco Ravasi, président du conseil pontifical pour la culture; le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’état au Vatican. Le dernier texte du volume est le discours lu par Benoît XVI, le 8 novembre 2008, à un congrès sur "L'héritage du magistère de Pie XII".

Dans l'introduction, Giovanni Maria Vian, responsable du volume et directeur de "L'Osservatore Romano", fait remarquer que la mauvaise image de Pie XII s’est répandue au niveau mondial dans les années Soixante, donc quelques années après que Pie XII fut mort, respecté par presque tout le monde.

Initialement, l’Eglise de Rome a réagi de deux façons. D’abord, en juin 1963, par une lettre défendant Pie XII, écrite à l’hebdomadaire catholique anglais "The Tablet" par le cardinal Giovanni Battista Montini, qui allait être élu pape quelques jours plus tard: Vian en cite des passages significatifs. Puis en publiant douze gros volumes de documents datant des années de guerre, tirés des archives vaticanes de cette époque, qui ne sont toujours pas complètement ouvertes au public.

Mais la "légende noire" de Pacelli ami de Hitler est née bien avant les années Soixante. Vian rappelle que "les questions et accusations à propos des silences et de l’apparente indifférence de Pie XII face aux premiers drames et aux horreurs de la guerre sont venues de catholiques comme Emmanuel Mounier en 1939, dès les premières semaines du pontificat".

Vian a donné une reconstitution plus détaillée de cette préhistoire catholique de la "légende noire" dans un essai paru en 2004 dans "Archivum Historiae Pontificiae" et publié ensuite par www.chiesa.

L'essai de Giovanni Sale, paru dans le dernier numéro de "La Civiltà Cattolica", évoque aussi ces cercles "catholiques-sociaux" qui, dès les années Quarante, reprochaient à Pie XII son silence complice des horreurs nazies. Il cite le philosophe catholique Jacques Maritain, alors ambassadeur de France près le Saint-Siège.

Mais à côté de ces groupes d’intellectuels catholiques et plus qu’eux, la propagande soviétique pendant et après la guerre a été un précurseur de la "légende noire" de Pie XII.

C’est justement à cette propagande que le père Sale consacre son dernier essai sur la question. Il y ajoute de nouveaux faits à ceux qu’il avait déjà mis en évidence dans d’autres essais, notamment dans un article paru en 2005 dans "La Civiltà Cattolica".

On trouvera donc ci-dessous un large extrait de l'article du père Sale paru dans "La Civiltà Cattolica" du 21 mars 2009, qui montre comment le monde communiste a modelé l'image de Pacelli ami de Hitler.

Une image qui allait connaître un grand succès à partir des années Soixante, mais qui est aujourd’hui en déclin, contestée par un nombre croissant de chercheurs.

La naissance de la "légende noire" sur Pie XII

par Giovanni Sale

La "légende noire" d’un pape ami de Hitler et partisan des régimes totalitaires n’est pas née, comme on l’a souvent cru, dans les milieux juifs en réponse aux silences présumés de Pie XII face à la Shoah, mais dans les milieux communistes à l’époque où, un peu avant la fin de la seconde guerre mondiale, s’annonçait le partage du monde en deux blocs opposés, l’un sous influence soviétique et l’autre sous influence américaine. [...]

Les sources montrent que l’"accusation" faisant de Pie XII un ami de Hitler, de Mussolini et des autres dictateurs fascistes est antérieure à l’accusation, brûlante et encore controversée, relative aux silences du pape à propos de l’extermination des juifs en Europe. [...] En fait, la perception de cette extermination et son élaboration théorique, peu développées dans les années d’après-guerre, n’ont progressé qu’à partir des années 60. Les faits liés au procès Eichmann [qui eut lieu en 1961 à Jerusalem], puis l’exécution de l’accusé en 1962, ont largement contribué à faire du génocide des juifs européens l’événement fondateur, du point de vue moral, de l’état d’Israël. L’historien et diplomate Sergio Romano écrit à ce sujet: "Jusqu’alors, les éléments constitutifs de l’identité israélienne avaient été l’épopée sioniste, les progrès laborieux de la présence juive en Palestine, la lutte pour la vie, la guerre victorieuse contre les Etats arabes [...]. L’affaire Eichmann a modifié le cadre et contribué à faire du génocide juif la pierre angulaire d’Israël. A l’Etat des pionniers et des paysans-soldats a ainsi succédé, dans l’autoreprésentation collective, l’Etat des victimes et de leurs héritiers".

La pièce "Le Vicaire" de Rolf Hochhuth, jouée pour la première fois à Paris en 1963, a lancé dans le monde intellectuel et le grand public la mise en accusation d’un pape silencieux et indifférent au sort des juifs, un pape qui, par peur du communisme athée et révolutionnaire, s’était mis du côté des dictateurs de son temps. Au tribunal de l’histoire, Pie XII était ainsi cité au banc des accusés pour les faits de la Shoah; cette citation pour "complicité" étendait, au-delà de l’Allemagne, le champ des responsabilités à ce qui était arrivé aux juifs "détestés et méprisés" dans l’Europe chrétienne. La littérature historique anticatholique eut ensuite beau jeu de créer la légende d’un pape silencieux et ami de Hitler. Cette littérature, qui a eu beaucoup de succès ces dernières années dans le monde anglo-saxon, est aujourd’hui soumise à une critique historique sérieuse et réfléchie. De plus ces faits ont été et sont encore instrumentalisés par le judaïsme le plus radical et le plus intransigeant, qui a intérêt à entretenir, même si c’est plus pour des motifs de politique que d’idéal, un vieux contentieux avec l’Eglise catholique à cause de son antisémitisme, soutenu par beaucoup de catholiques jusqu’au concile Vatican II. Les récentes prises de position du monde juif sur le procès de béatification de Pie XII s’inscrivent dans ce climat de pression indue sur le Saint-Siège.

Les événements auxquels nous venons de nous référer s’inscrivent dans le contexte historique international des années Soixante, encore dominé par la logique de la guerre froide, alors que Pie XII était déjà mort et que son successeur Jean XXIII avait en peu d’années conquis, par son amabilité cordiale, la sympathie de beaucoup d’incroyants. Pie XII lui-même, pendant son long et difficile pontificat, fut très aimé et vénéré par les catholiques du monde entier et respecté par les grandes personnalités de l’époque. La nouvelle de sa mort, le 9 octobre 1958, fut accueillie partout avec beaucoup d’émotion et de participation humaine. Des hommes d’état, des diplomates, des chefs religieux de diverses confessions envoyèrent au Vatican des messages de condoléances, soulignant l’œuvre extraordinaire que le pape avait accomplie pendant la guerre en faveur de la paix et surtout la contribution humanitaire du Saint-Siège à l’allègement des souffrances des victimes de la guerre, en particulier les juifs, persécutés dans la plupart des pays d’Europe. [...]

***

Quelle fut, pendant les années de guerre, l’attitude de Pie XII vis-à-vis de la Russie soviétique qui, à partir de 1941, fit partie du bloc allié? Il faut d’abord rappeler que pendant le conflit, selon une tradition bien ancrée du Saint-Siège, il eut vis-à-vis des belligérants une attitude de neutralité formelle, d’autant que des pays et peuples de vieille tradition chrétienne et catholique étaient impliqués dans chacun des deux camps. Certains faits d’une authenticité indubitable – par exemple, le rôle du pape dans la mise en contact de certains dirigeants de la résistance antinazie avec les représentants du gouvernement de Londres – nous font penser que Pie XII souhaitait la chute du pouvoir hitlérien en Allemagne et le rétablissement de la démocratie dans ce pays qu’il aimait. [...]

Mais ce que l’on a appelé le "péril rouge" fut ressenti par le pape avec beaucoup de lucidité et de clarté, surtout dans les derniers mois de guerre. [...] Lors du changement de présidence aux Etats-Unis, au printemps 1945 (F. D. Roosevelt mourut le 12 avril et H. S. Truman lui succéda), le Vatican espéra un changement d’orientation de la politique étrangère américaine, qu’il jugeait trop bienveillante envers Moscou, et une plus forte prise de conscience du "péril communiste" en Europe. [...] De fait Truman adopta tout de suite une attitude très critique ou plutôt hostile face aux choix politiques de Moscou, si bien que les Etats-Unis s’engagèrent pour bloquer les progrès du "péril rouge" en Europe, par la menace d’une nouvelle guerre et aussi par l’aide économique qu’ils envoyèrent aux pays épuisés par la guerre, où le risque d’infiltration communiste était plus fort. Comme on pouvait le prévoir, au fil du temps, les rapports entre le Vatican et l’administration américaine devinrent de plus en plus étroits et solidaires, surtout dans le combat commun contre le communisme international, bien sûr dans des domaines et avec des moyens différents.

Le communisme international, dirigé par Moscou, prit dans les derniers mois de la guerre une attitude très agressive envers le Vatican. [...]. C’est surtout l’allocution de Pie XII aux cardinaux à l’occasion de sa fête, la saint Eugène, le 2 juin 1945, qui déclencha une campagne concertée d’attaques contre la personne du pape. Dans cet important message, le pape rappelait le combat mené par le Saint-Siège, à partir de Pie XI, contre le nazisme et ses doctrines antichrétiennes. [...] "Nous-mêmes, pendant la guerre – dit le pape – n’avons cessé d’opposer aux désastreuses et impitoyables applications de la doctrine nationale-socialiste, qui allaient jusqu’à recourir aux méthodes scientifiques les plus raffinées pour torturer et supprimer des êtres souvent innocents, les exigences et les normes indéfectibles de l’humanité et de la foi chrétienne". Dans cette allocution Pie XII invitait aussi les puissances victorieuses à agir avec modération et à ne pas se laisser guider par l’esprit de vengeance envers les peuples vaincus. Il acceptait que les responsabilités même individuelles soient vérifiées légalement, que les excès soient punis, mais pas que la "faute collective" d’une guerre si désastreuse et inhumaine soit imputée au "peuple allemand" tout entier, déjà gravement frappé par la faim et les bombardements alliés. Nous savons que, même dans les milieux catholiques, tout le monde n’était pas du même avis que le pape sur ce point.

Ce message invitant les peuples chrétiens à la pacification et à la construction d’un nouvel ordre international fondé sur la justice et sur la démocratie fut habilement instrumentalisé par la presse communiste internationale pour créer la légende d’un pape ami de Hitler et des nazis allemands. [...] De fait, juste après l’allocution du 2 juin, Radio Moscou commenta le message du pape en termes très forts, comme jamais auparavant. Pie XII fut accusé d’être le pape de Hitler, de ne pas avoir condamné le national-socialisme, d’être resté silencieux face aux atrocités des nazis: "Ceux qui ont entendu le discours du pape, à l’occasion de la saint Eugène – commentait Radio Moscou – ont été tout à fait surpris d’apprendre que, pendant les années où Hitler dominait l’Europe, le Vatican a agi avec courage et audace contre les criminels nazis. Ce que le Vatican a vraiment fait montre le contraire. [...] Aucune atrocité des hitlériens n’a provoqué le mépris et l’indignation du Vatican. Le Vatican s’est tu quand les machines allemandes de la mort fonctionnaient, quand les cheminées des fours crématoires de Majdanek et Osfensil [sic] fumaient, quand des centaines de projectiles volants étaient lancés sur la pacifique population de Londres, quand la doctrine hitlérienne d’élimination et d’extermination de nations et de peuples devenait une dure réalité. [...] Les voix qui partaient du Vatican demandaient la miséricorde et le pardon pour les criminels nazis".

Ce texte est extrêmement intéressant pour deux sortes de raisons. D’abord il avait pour but de lancer la presse communiste internationale dans la propagande anti-Pacelli et anti-vaticane. De plus, on trouve déjà indiqués dans ce texte, de manière précise et ponctuelle, tous les thèmes de la "légende noire" de Pie XII; il y est question pour la première fois du silence du pape sur le massacre des juifs. [...] Ces thèmes furent repris par la presse communiste et russophile européenne, mais aussi par celle qui était proche de la gauche plus modérée. Il y eut même des catholiques-sociaux pour se laisser influencer par cette propagande.

En Italie la gauche communiste, dirigée par Pietro Secchia et Luigi Longo, a longtemps instrumentalisé à des fins politiques la légende d’un Pie XII d’abord ami de Hitler et des totalitarismes et désormais partisan des impérialistes américains. Lors d’une rencontre avec des dirigeants communistes, le 7 janvier 1946, Longo, parlant de la nécessité de contrôler de près l’action de l’Eglise et du Vatican, déclara: "En la personne de Pacelli, l’Eglise est responsable de l’arrivée de Hitler au pouvoir, pour construire un front contre le danger pressant constitué par la Russie et ce à l’époque où il était nonce à Berlin. Actuellement, après la mort de Roosevelt, le pape s’est trouvé seul en Europe contre le péril russe et voilà qu’il s’appuie sur l’Amérique en nommant des cardinaux, etc. pour pouvoir construire un autre front antirusse avec l’appui des capitalistes américains et italiens". Par la suite, cette légende fut largement utilisée lors des élections législatives de 1948, où certains dirigeants communistes, emportés par leur fougue oratoire, dénoncèrent "les blanches mains du pape, tachées de sang innocent", ce qui scandalisa beaucoup de gens.

Bien accueillie en Italie et en France, la propagande anti-Pacelli le fut aussi en Allemagne, non seulement dans les milieux de la gauche radicale mais aussi dans certains cercles d’intellectuels chrétiens-sociaux. Ils reprochaient au Vatican d’avoir contribué, en signant le Concordat de 1933, à la reconnaissance internationale du nouveau régime hitlérien, et de l’avoir ensuite soutenu, malgré l’attitude antireligieuse du nazisme, par crainte du communisme, considéré comme le véritable ennemi de l’Eglise et du christianisme.

Un long texte envoyé au Vatican dans les derniers mois de 1945 par un intellectuel allemand probablement protestant (son nom ne figure pas dans le document) est intéressant à cet égard. Pie XI et Pie XII y sont tous deux accusés d’avoir appuyé Hitler et, par là, d’avoir contribué à l’effondrement de l’Allemagne et de l’Europe.

S’il y a une faute collective – disait l'auteur du texte – il ne faut pas l’imputer aux Allemands indistinctement, mais "seulement au christianisme", qui n’avait pas rempli sa haute mission civilisatrice. "Je sais bien – continuait-il – que les évêques allemands ont protesté par circulaires contre l’attitude de Hitler. Mais ces circulaires étaient diffusées clandestinement; elles passaient de main en main mais, n’étant pas publiées, elles n’ont jamais atteint tous les Allemands. Je sais aussi que beaucoup de prêtres catholiques ont été jetés dans les camps de concentration simplement pour avoir dit quelques phrases contre le nazisme: mais cela n’a rien à voir avec la position officielle du Vatican. Rome n’a jamais pris position officiellement contre Hitler et son parti, n’a jamais pris officiellement ses distances avec le dictateur, n’a jamais cessé ses rapports avec lui, n’a jamais révoqué le Concordat signé avec lui. De plus le nonce du Vatican n’a jamais été rappelé d’Allemagne". L’auteur continuait, sur un ton "prophétique" un peu exagéré: "il aurait suffi d’une instruction claire de Rome pour que les prêtres catholiques forment un front commun contre Hitler. Celui-ci aurait peut-être traîné tous les prêtres et religieux d’Allemagne dans les camps de concentration pour les faire mourir, mais, comme cela, ils auraient agi selon l’esprit de l’Evangile" et aidé le peuple allemand à prendre conscience de la gravité de la situation.

De telles prises de position ont contribué à créer et à entretenir, pour des raisons idéologiques parfois différentes, la légende d’un pape compromis avec le nazisme et coresponsable en quelque sorte de la persistance du régime hitlérien, légende que, dans le climat politique de ces années marquées par l’opposition idéologico-politique de la guerre froide, personne ne se permettait de combattre sur le plan historique. En somme, la "légende noire" d’un Pacelli ami de Hitler et silencieux face aux atrocités du nazisme, créée à des fins de propagande, comme nous l’avons vu, a acquis peu à peu les caractères de la réalité historique.

Comme on l’a dit, cette légende s’est enrichie, à partir des années Soixante, d’autres thèmes et motifs – comme celui des silences du pape sur la Shoah – eux aussi souvent instrumentalisés pour frapper l’Eglise catholique et la soumettre à un chantage permanent. De récentes études contribuent à analyser avec plus d’objectivité et de recul la figure et l’œuvre de Pie XII, hors de la légende et des idéologies qui l’ont emprisonnée pendant trop d’années. Nous croyons que la future ouverture des archives vaticanes relatives au pontificat de Pacelli, comme celle d’autres archives gouvernementales ici et là dans le monde, contribuera à faire la lumière sur ce sujet délicat et à rendre justice à un pape qui a été, dans le difficile climat de la guerre, un sage artisan de paix et un maître en humanité.

Le livre: "In difesa di Pio XII. Le ragioni della storia", sous la direction de Giovanni Maria Vian, Marsilio, Venise, 2009, 168 pages, 13,00 euros.

La revue qui a publié l’essai de Giovanni Sale: La Civiltà Cattolica

 Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.


 

Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 03.04.2009 - T/International

 

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