Le Motu proprio de Benoît XVI et le Concile |
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Le 02 novembre 2007 -
(E.S.M.) - En accordant la liberté de célébrer
la messe et la plupart des autres sacrements selon les livres
liturgiques antérieurs à la réforme de 1970, le Motu Proprio Summorum
Pontificum du pape Benoît XVI fait bien autre chose que d'accorder une
concession miséricordieuse à un groupe dans l'Église.
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La
liturgie se doit d’exprimer la transcendance de Dieu -
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Le Motu proprio de Benoît XVI et le Concile
En accordant la liberté de célébrer la messe et la plupart des autres
sacrements selon les livres liturgiques antérieurs à la réforme de 1970, le
Motu Proprio Summorum Pontificum du pape Benoît XVI fait bien autre chose que d'accorder une
concession miséricordieuse à un groupe dans l'Église. Il constitue un acte
juridique d'une grande importance et il n'est pas sûr, à la lecture des
réactions épiscopales ou autres, que cette dimension ait été vraiment
saisie. Il me semble que l'on peut distinguer trois éléments essentiels:
1 ) le Motu proprio ne fait que tirer les conséquences de ce que Jean-Paul
II écrivait déjà dans
Ecclesia Dei
Adflicta (2 juillet 1988). En demandant une
application large et généreuse de l'induit autorisant l'usage du missel de
1962 et en reconnaissant la légitimité de l'aspiration des fidèles à prier
avec la liturgie traditionnelle, le pape prenait acte d'un droit qui aurait
dû être protégé, respecté et garanti par l'ensemble des pasteurs de
l'Église. Par la suite, malgré les difficultés et les incompréhensions, le
mouvement "Ecclesia Dei" a manifesté qu'il représentait dans l'Église une
réalité vivante, forte, évangélisatrice et qu'elle engendrait des fidèles
pratiquants et observants. Or le concile Vatican II, et le Code de droit
canonique qui en est l'expression juridique et institutionnelle, ont reconnu
aux fidèles le droit inné de s'associer et de promouvoir des formes diverses
de piété, d'apostolat et de vie chrétienne qui sont toutes légitimes du
moment qu'elles ne s'opposent ni à la foi de l'Église ni aux mœurs
évangéliques. Le devoir des pasteurs est alors de vérifier cette conformité,
non de censurer ces formes ou de nier qu'elles existent parce qu'elles ne
correspondent ni à leur sensibilité ni à leur expérience ecclésiales.
2) En prévoyant une instance de décision (le curé de paroisse) et deux
instances d'appel (l'évêque et la Commission pontificale Ecclesia Dei), le
Saint-Père Benoît XVI laisse entrevoir la possibilité d'une authentique justice
administrative dans l'Église. Il est ainsi rappelé aux pasteurs qu'ils
jouissent dans l'Église d'un véritable pouvoir sur les fidèles, en raison du
sacrement de l'Ordre et de la communion hiérarchique. Cependant cette
autorité ne peut s'exercer que conformément au droit de l'Église, qui
protège la dignité des actes sacramentels et le droit de tous les baptisés à
être gouvernés, sanctifiés et enseignés selon la Tradition même qui vient du
Seigneur.
3) Enfin, on aura noté qu'il revient d'abord aux curés d'autoriser la
célébration des sacrements selon la forme extraordinaire. De fait, sans rien
renier de la valorisation de la charge épiscopale faite par le concile
Vatican II, cette mesure s'inscrit dans un ensemble de textes édictés ces
derniers temps par le Saint-Siège, pour souligner l'importance irremplaçable
des curés. Ils sont les pasteurs propres des fidèles, ils ont charge d'âme et
doivent donc être formés et considérés en conséquence. Si le concile Vatican
I a souligné la mission particulière du successeur de Pierre, si Vatican II
a rappelé la place des successeurs des Apôtres, il n'en reste pas moins
qu'il revient aux curés, par la célébration digne des sacrements, par une
prédication soignée et conforme à l'enseignement de l'Église, par l'exemple
de leur vie, par leur autorité, leur zèle et leur douceur, de gouverner
concrètement le peuple de Dieu. C'est d'ailleurs à eux qu'était adressé le
Catéchisme romain ou Catéchisme du concile de Trente en 1566 puisqu'ils sont
les premiers responsables de l'évangélisation et de l'éducation de la foi
des chrétiens.
Enfin, on notera que le texte du Motu proprio autorise la fondation d'une
paroisse personnelle. Cette forme juridique a le double avantage d'offrir
aux fidèles l'ensemble des moyens de grâce et des conditions pour vivre leur
foi et de préserver l'autorité épiscopale. Espérons pour conclure que le
Motu proprio du Saint-Père Benoît XVI sera reçu et appliqué dans le même esprit qui a préside à sa
rédaction et à sa publication.
P. Laurent-Marie Pocquet du Haut-Jussé,
sjm
Le Motu Proprio
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Le texte officiel et tous les commentaires
Source: Abbaye
d’Ourscamp
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 02.11.2007 - BENOÎT XVI
- T/M.P. |