|
Lutter sans merci contre l’habitude de la critique
|
ROME, Samedi 2 septembre 2006 - Nous publions ci-dessous le
commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père
Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.
|
|
St Marc
Lutter sans
merci contre l’habitude de la critique
Le p. Cantalamessa encourage à lutter sans merci contre l’habitude de la
critique Commentaire de l’Evangile du dimanche 3 septembre
Evangile de Jésus Christ selon saint Marc
7,1-8.14-15.21-23
Les pharisiens et quelques
scribes étaient venus de Jérusalem. Ils se réunissent autour de Jésus, et
voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains
impures, c'est-à-dire non lavées. Les pharisiens en effet, comme tous les
Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, fidèles à
la tradition des anciens ; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant
de s'être aspergés d'eau, et ils sont attachés encore par tradition à
beaucoup d'autres pratiques : lavage de coupes, de cruches et de plats.
Alors les pharisiens et les scribes demandent à Jésus : « Pourquoi tes
disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs
repas sans s'être lavé les mains. » Jésus leur répond : « Isaïe a fait une
bonne prophétie sur vous, hypocrites, dans ce passage de l'Écriture : Ce
peuple m'honore des lèvres, mais son coeur est loin de moi. Il est
inutile, le culte qu'ils me rendent ; les doctrines qu'ils enseignent ne
sont que des préceptes humains. Vous laissez de côté le commandement de Dieu
pour vous attacher à la tradition des hommes. » Il appela de nouveau la
foule et lui dit : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est
extérieur à l'homme et qui pénètre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce
qui sort de l'homme, voilà ce qui rend l'homme impur. » Car c'est du
dedans, du coeur de l'homme, que sortent les pensées perverses : inconduite,
vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie,
diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend
l'homme impur. »
© AELF
Ce qui rend l’homme impur
«
Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l'homme
et qui pénètre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l'homme,
voilà ce qui rend l'homme impur. Car c'est du dedans, du coeur de l'homme,
que sortent les pensées perverses : inconduite, vols, meurtres, adultères,
cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et
démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l'homme impur ».
Dans
l’Evangile de ce dimanche Jésus attaque à la racine la tendance à donner
plus d’importance aux gestes et aux rites extérieurs qu’aux dispositions du
cœur, le désir d’apparaître plutôt que d’être bons. En deux mots,
l’hypocrisie et le formalisme.
Nous pouvons cependant
aujourd’hui tirer de cette page d’Evangile non seulement un enseignement
d’ordre individuel mais également social et collectif. La déformation que
Jésus dénonçait, d’accorder plus d’importance à la propreté extérieure qu’à
la pureté du cœur, se reproduit aujourd’hui à l’échelle mondiale. On se
préoccupe énormément de la pollution extérieure et physique de l’atmosphère,
de l’eau, du trou d’ozone ; en revanche c’est le silence presque total sur
la pollution intérieure et morale. Nous sommes indignés devant des images
d’oiseaux marins qui sortent de l’eau polluée par des nappes de pétrole,
recouverts de goudron et incapables de voler, mais pas devant nos enfants
gâtés dès leur plus jeune âge et éteints, à cause du manteau de malice qui
recouvre désormais tous les aspects de la vie.
Soyons bien clairs :
il ne s’agit pas d’opposer ces deux types de pollution. La lutte contre la
pollution physique et l’attention à l’hygiène sont un signe de progrès et de
civilisation auquel on ne peut renoncer à aucun prix. Jésus n’a pas dit, à
cette occasion, qu’il n’était pas nécessaire de se laver les mains, de laver
les verres et tout le reste ; il a dit que cela ne suffisait pas ; cela ne
va pas à la racine du mal.
Jésus lance donc le programme d’une
écologie du cœur. Prenons l’un des éléments « polluants » cités par Jésus,
la calomnie, avec le vice qui s’y apparente de dire des méchancetés sur
notre prochain. Voulons-nous vraiment réaliser une œuvre d’assainissement du
cœur ? Lançons-nous dans une lutte sans merci contre notre habitude de céder
aux commérages, de rapporter des critiques, de jaser sur le compte de
personnes absentes, de prononcer des jugements irréfléchis. Il s’agit d’un
venin très difficile à neutraliser une fois qu’il a été répandu.
Une
femme alla un jour se confesser à saint Philippe Néri, s’accusant d’avoir
dit du mal de certaines personnes. Le saint lui accorda l’absolution mais
lui donna une étrange pénitence. Il lui demanda de rentrer chez elle, de
prendre une poule et de revenir le voir, en plumant la poule le long du
chemin. Lorsqu’elle fut de retour, il lui dit : « Maintenant rentre à la
maison et ramasse une à une les plumes que tu as laissées tomber en venant
jusqu’ici ». « C’est impossible ! s’exclama-t-elle. Le vent les a sûrement
dispersées entre-temps dans toutes les directions ». Saint Philippe
l’attendait là. « Tu vois, lui dit-il, de même qu’il est impossible de
ramasser les plumes lorsqu’elles ont été éparpillées par le vent, il est
également impossible de retirer des ragots et des calomnies une fois qu’ils
ont été prononcés ».
Sources: ZF06090105
Eucharistie sacrement de la miséricorde - 02.09.2006 - Méditation |