Benoît XVI fait un constat de
l'enseignement primaire insuffisant dans le monde |
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CITÉ DU VATICAN, 2
MAI 2007 -
(E.S.M.) -
A été rendu public aujourd'hui le message
du Saint-Père Benoît XVI adressé à Mme Mary Ann Glendon, Présidente de l'Académie
pontificale des sciences sociales, et aux participants à sa XIII session
plénière (27 avril - 1er mai), consacrée à la charité et à la justice dans
les relations entre les peuples.
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Mme Mary Ann Glendon,
Présidente de l'Académie pontificale des sciences sociales
Benoît XVI fait un constat de l'enseignement primaire insuffisant dans le
monde
DEVELOPPEMENT, DIMENSION MORALE ET RELIGIEUSE
A été rendu public aujourd'hui le message
du Saint-Père Benoît XVI adressé à Mme Mary Ann Glendon, Présidente de l'Académie
pontificale des sciences sociales, et aux participants à sa XIII session
plénière (27 avril - 1er mai), consacrée à la charité et à la justice dans
les relations entre les peuples. (Benoît
XVI et le concept de personne)
Le Pape y affirme que selon le principe essentiel du "destin universel de
tous les biens de la création, de tout ce que produit la terre et de tout ce
que l'homme transforme et confectionne, toute sa connaissance et toute la
technologie sont destinées à servir le développement matériel et spirituel
de la famille humaine et de chacun de ses membres".
Benoît XVI signale ensuite que le monde actuel est confronté à trois défis,
qui "ne peuvent être affrontés que par un engagement au service de la plus
haute justice, celle qui est inspirée par la charité".
Parlant du premier défi, celui de
l'environnement et du développement
soutenable, le Pape rappelle le devoir de tous les peuples d'adopter des
politiques de "protection de l'environnement afin de prévenir la destruction
du patrimoine naturel dont les fruits sont nécessaires au bien-être de
l'humanité". De plus, précise-t-il, "il faut être capable d'estimer, de
prévenir et de suivre l'évolution des changements climatiques et du
développement soutenable, de définir et appliquer les solutions au niveau
international".
"Un développement qui se limiterait à l'aspect technique et économique, qui
négligerait sa dimension morale et religieuse, ne serait pas un
développement humain intégral. Unilatéral, il finirait par favoriser la
capacité destructive de l'homme", écrit encore Benoît XVI citant son dernier
message pour la Journée mondiale de la paix.
Le Saint-Père explique enfin que le second défi concerne la
conception de la
personne et par conséquent les interrelations humaines. Dans ce contexte, si
"les êtres humains ne sont pas considérés comme des personnes, hommes et
femmes créés à l'image de Dieu, dotés d'une dignité inviolable, il sera très
difficile d'obtenir une pleine justice dans le monde. Malgré la
reconnaissance des droits de l'homme dans les déclarations
internationales, il reste beaucoup à faire pour tenir compte de cette
reconnaissance dans les problèmes globaux, comme la différence croissante
entre pays riches et pauvres".
Quant au troisième défi, lié aux "valeurs de l'esprit", le Pape explique que
contrairement aux biens matériels, "les biens de l'esprit, propres à
l'homme, se développent et se multiplient quand on les communique:
contrairement aux biens divisibles, les biens de l'esprit comme la
connaissance et l'éducation sont indivisibles".
Après avoir rappelé la nécessité d'une "juste égalité d'opportunités,
spécialement dans le domaine de l'éducation et de la transmission des
connaissances", le Pape remarque que "l'enseignement, en particulier dans le
primaire, reste dramatiquement insuffisant dans de nombreuses parties du
monde".
Benoît XVI conclut en affirmant que pour faire front à ces défis, "seul
l'amour pour le prochain peut développer en nous la justice au service de la
vie et de la promotion de la dignité de l'homme. Seul l'amour au sein de la
famille, fondée par un homme et une femme créés à l'image de Dieu, peut
assurer cette solidarité entre les générations qui transmet amour et justice
aux générations futures. Seule la charité peut nous pousser à mettre une
fois encore, la personne au centre de la vie dans la société et au centre
d'un monde globalisé gouverné par la justice".
Texte intégral du message du Saint Père
A Son Excellence
Mme le Professeur
Mary Ann GLENDON
Présidente
de l'Académie pontificale
des Sciences sociales
A l'occasion de la réunion de l'Académie pontificale des Sciences sociales
pour sa treizième session plénière, je suis heureux de vous souhaiter la
bienvenue, ainsi qu'à vos éminents collègues et de vous présenter mes vœux
dans la prière pour vos débats.
La rencontre de l'Académie de cette année est consacrée à l'examen du thème:
"Charité et justice dans les relations entre les peuples et les nations". L'Église
ne peut manquer de s'intéresser à ce sujet, étant donné que la recherche de
la justice et la promotion de la civilisation de l'amour sont des aspects
essentiels de sa mission au service de l'annonce de l'Évangile de Jésus
Christ. Il ne fait aucun doute que l'édification d'une société juste est la
responsabilité primordiale de l'ordre politique, que ce soit au sein de
chaque État ou au sein de la Communauté internationale. Cela exige, à chaque
niveau, un exercice discipliné de la raison pratique et une formation de la
volonté pour pouvoir discerner et satisfaire les demandes spécifiques de la
justice, dans le plein respect du bien commun et de la dignité inaliénable
de chaque personne. Dans mon Encyclique "Deus
Caritas Est", j'ai voulu
réaffirmer, au début de mon pontificat, le désir de l'Église de contribuer à
cette purification nécessaire de la raison, pour aider à former les
consciences et pour inviter à mieux répondre aux exigences authentiques de
la justice. Dans le même temps, j'ai voulu souligner que, même dans la plus
juste des sociétés, il y aura toujours de la place pour la charité: "Il n'y
a aucun ordre juste de l'État qui puisse rendre superflu le service de
l'amour" (n. 28).
La conviction de l'Église à propos du caractère indissociable de la justice
et de la charité naît, en dernière analyse, de l'expérience que celle-ci
fait de la révélation de la justice et de la miséricorde infinies de Dieu en
Jésus Christ, et s'exprime dans son insistance sur la nécessité que l'homme
lui-même et sa dignité inaliénable soient au centre de la vie politique et
sociale. Le magistère de l'Eglise, qui s'adresse non seulement aux croyants,
mais également à tous les hommes de bonne volonté, se réclame donc de la
juste raison et d'une saine compréhension de la nature humaine, en proposant
des principes capables de guider les individus et les communautés vers
l'obtention d'un ordre social caractérisé par la justice, la liberté, la
solidarité fraternelle et la paix. Au centre de cet enseignement, comme vous
le savez bien, se trouve le principe de la destination universelle de tous
les biens de la création. Selon ce principe fondamental, tout ce que la
terre produit et tout ce que l'homme transforme et produit, toute sa
connaissance et sa technologie sont destinées à servir le développement
matériel et spirituel de la famille humaine et de tous ses membres.
Sur la base de cette perspective intégralement humaine, nous pouvons
comprendre plus pleinement le rôle essentiel que la charité joue dans la
recherche de la justice. Mon prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, était
convaincu que la justice à elle seule était insuffisante pour établir des
relations véritablement humaines et fraternelles au sein de la société.
"Celle-ci [la justice], dans toute la sphère des rapports entre hommes -
affirma-t-il -, doit subir pour ainsi dire une "refonte" importante de la
part de l'amour qui est - comme le proclame saint Paul - "patient" et
"bienveillant", ou, en d'autres termes, qui porte en soi les
caractéristiques de l'amour miséricordieux, si essentielles pour l'Évangile
et pour le christianisme" (Dives
in Misericordia, n. 14). En un mot, la
charité permet non seulement à la justice de devenir plus créative et
d'affronter de nouveaux défis, mais elle inspire également et elle purifie
les efforts de l'humanité, visant à parvenir à la justice authentique et,
ainsi, à construire une société digne de l'homme.
A une époque où, "dépassant les confins des communautés nationales, la
sollicitude pour le prochain tend ainsi à élargir ses horizons au monde
entier" ("Deus
Caritas Est", n. 30), la relation intrinsèque entre charité et
justice doit être plus clairement comprise et soulignée. Dans la certitude
que vos débats au cours de ces journées se révéleront fructueux à cet égard,
je désire brièvement attirer votre attention sur trois défis spécifiques que
le monde doit affronter, des défis qui, je le crois, ne peuvent être
affrontés qu'à travers un engagement convaincu au service de cette justice
plus grande qui est inspirée par la charité.
Le premier défi concerne l'environnement et un développement durable. La
Communauté internationale reconnaît que les ressources du monde sont
limitées et qu'il est du devoir de chaque peuple de mettre en œuvre des
politiques visant à protéger l'environnement, dans le but de prévenir la
destruction de ce patrimoine naturel dont les fruits sont nécessaires pour
le bien de l'humanité. Pour affronter ce défi, est nécessaire une approche
interdisciplinaire, telle que celle que vous avez adoptée. En outre, il faut
une capacité d'évaluer et de prévoir, de suivre les dynamiques de
transformation de l'environnement et du développement durable, de définir et
d'appliquer des solutions au niveau international. Une attention
particulière doit être portée au fait que les pays les plus pauvres sont
ceux qui paient probablement le prix le plus fort pour la détérioration de
l'environnement. Dans le Message pour la Journée mondiale de la Paix 2007,
je soulignais que: "la destruction de l'environnement, son usage impropre ou
égoïste et la mainmise violente sur les ressources de la terre engendrent
des déchirures, des conflits et des guerres, justement parce qu'ils sont le
fruit d'une conception inhumaine du développement. En effet, un
développement qui se limiterait à l'aspect technique et économique,
négligeant la dimension morale et religieuse, ne serait pas un développement
humain intégral et finirait, parce qu'il est unilatéral, par encourager la
capacité destructrice de l'homme". En affrontant les défis de la protection
de l'environnement et du développement durable, nous sommes appelés à
promouvoir la "sauvegarde des conditions morales d'une "écologie humaine"
authentique" (Centesimus
Annus, n. 38). D'autre part, cela exige une relation
responsable non seulement avec la création mais également avec notre
prochain, proche ou lointain, dans l'espace et dans le temps, et avec le
Créateur.
Cela nous conduit à un second défi, qui met en cause notre conception de la
personne humaine et, en conséquence, nos relations réciproques. Si les être
humains ne sont pas considérés comme des personnes, homme et femme, créés à
l'image et à la ressemblance de Dieu (cf.
Jn 1, 26), dotés d'une dignité inviolable, il sera très difficile
de parvenir à une pleine justice dans le monde. Malgré la reconnaissance des
droits de la personne dans des déclarations internationales et dans des
instruments juridiques, il y a encore beaucoup de progrès à accomplir pour
que cette reconnaissance ait des effets sur les problèmes mondiaux, comme
ceux de l'écart croissant entre pays riches et pays pauvres; la distribution
et la répartition inégales des ressources naturelles et de la richesse
produite par l'activité humaine; la tragédie de la faim, de la soif et de la
pauvreté sur une planète où il existe une abondance de nourriture, d'eau et
de prospérité; les souffrances humaines des réfugiés; les hostilités
incessantes dans de nombreuses parties du monde; l'absence de protection
juridique suffisante pour les enfants non nés; l'exploitation des enfants,
le trafic international d'être humains, d'armes, de drogues; et de
nombreuses autres graves injustices.
Un troisième défi a pour objet les valeurs de l'esprit. Pressés par des
préoccupations économiques, nous tendons à oublier que, contrairement aux
biens matériels, les biens spirituels qui sont typiques de l'homme se
répandent et se multiplient lorsqu'ils sont communiqués: contrairement aux
biens divisibles, les bien spirituels comme la connaissance et l'éducation
sont indivisibles, et plus ils sont partagés, plus ils sont possédés. La
mondialisation a accru l'interdépendance des peuples, avec leurs traditions,
leurs religions et leurs systèmes d'éducation différents. Cela signifie que
les peuples du monde, en dépit de leurs différences, apprennent sans cesse
l'un de l'autre et en viennent à un contact beaucoup plus grand. Il existe
donc un besoin toujours plus important de dialogue qui puisse aider les
personnes à comprendre leurs propres traditions au moment où elles entrent
en contact avec celles des autres, dans le but de développer une plus grande
prise de conscience face aux défis lancés à leur identité propre, promouvant
ainsi la compréhension et la reconnaissance des véritables valeurs humaines
au sein d'une perspective interculturelle. Pour affronter de manière
positive ces défis, une juste égalité d'opportunités, en particulier dans le
domaine de l'éducation et de la transmission du savoir, est urgente et
nécessaire. Malheureusement, l'éducation, en particulier au niveau primaire,
reste dramatiquement insuffisante dans de nombreuses parties du monde.
Pour affronter ces défis, seul l'amour envers le prochain peut inspirer en
nous la justice au service de la vie et de la promotion de la dignité
humaine. Seul l'amour au sein de la famille, fondée sur un homme et une
femme, créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, peut assurer cette
solidarité entre les générations qui transmet l'amour et la justice aux
générations futures. Seule la charité peut nous encourager à placer encore
une fois la personne humaine au centre de la vie dans la société et au
centre d'un univers mondialisé, gouverné par la justice.
Avec ces considérations, très chers membres de l'Académie, je vous encourage
dans l'accomplissement de votre important travail. J'invoque cordialement
sur vous et sur les personnes qui vous sont chères les Bénédictions divines
de sagesse, de joie et de paix.
Du Vatican, le 28 avril 2007
BENEDICTUS PP. XVI
Texte intégral original en anglais et en italien:
Message du Saint-Père Benoît
Deus Caritas est de Benoît XVI, véritable référence
de la session académique:
Benoît XVI
Sources: VIS -
www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 02.05.2007 -
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