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Benoît XVI assiste à une Liturgie célébrée par Bartholomée Ier
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Phanar, le 01 décembre 2006 -
(E.S.M.) - Le pape Benoît XVI a prononcé jeudi matin un
discours, après avoir assisté à la Divine liturgie en la mémoire
liturgique de l’apôtre André, saint patron de l’Eglise de
Constantinople, en l’église patriarcale de Saint-Georges au Phanar,
que nous publions ci-dessous.
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Le pape Benoît XVI assiste à la divine liturgie
Benoît XVI assiste à une Liturgie célébrée par Bartholomée Ier
Discours du pape au Phanar, en la fête de saint André
Le pape Benoît XVI a assisté jeudi à Istanbul à une Liturgie célébrée par le
patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, primat des
églises orthodoxes, sous les ors de l’église Saint Georges.
Vêtu
d’une soutane blanche, portant une courte pèlerine rouge bordée d’hermine,
il a été accueilli sur le seuil de l’église par Bartholomée, coiffé d’une
tiare rouge foncé et or, sertie de pierreries.
Les deux chefs
religieux se sont donné une accolade avant d’entrer dans l’église illuminée.
Le pape a alors passé une étole brodée rouge et dorée.
Cette messe
était célébrée le jour de la Saint André, patron des orthodoxes. Saint André
était l’un des disciples de Jésus et le frère de Saint Pierre, dont les
papes se proclament les héritiers. La réconciliation des deux églises, une
des priorités du pontificat de Benoît XVI entamé en avril 2005, est le
principal objectif de son voyage de quatre jours en Turquie, même s’il
rencontre encore beaucoup d’obstacles.
Le pape est arrivé en cours de
la liturgie à laquelle assistaient de nombreux dignitaires orthodoxes.
En raison des divergences théologiques entre catholiques et orthodoxes,
le pape a assisté à la Divine Liturgie mais ne n'a participe à la
célébration longue de plusieurs heures.
Le pape Benoît XVI a prononcé
jeudi matin un discours, après avoir assisté à la Divine liturgie en la
mémoire liturgique de l’apôtre André, saint patron de l’Eglise de
Constantinople, en l’église patriarcale de Saint-Georges au Phanar, que nous
publions ci-dessous.
Texte intégral du
discours du pape Benoît XVI
Cette Divine Liturgie célébrée
pour la Fête de saint André Apôtre, saint Patron de l'Eglise de
Constantinople, nous ramène à l'Eglise primitive, à l'époque des Apôtres.
Les Evangiles de Marc et Matthieu racontent que Jésus appela les deux
frères, Simon, que Jésus appelle Képhas ou Pierre, et André: «Venez à ma
suite, et je vous ferai pêcheur d'homme» (Mt 4, 19; Mc 1, 17).
Le quatrième Evangile présente également André comme le premier à être
appelé, «ho protoklitos», ainsi qu'il est connu dans la tradition byzantine.
C'est André qui amena ensuite son frère Simon à Jésus (cf. Jn
1, 40sq).
Aujourd'hui, dans cette église patriarcale
Saint-Georges, déclare Benoît XVI, nous pouvons faire l'expérience une
nouvelle fois de la communion et de l'appel de deux frères, Simon Pierre et
André, à travers la rencontre entre le Successeur de Pierre et son Frère
dans le ministère épiscopal, le chef de cette Eglise fondée selon la
tradition par l'Apôtre André. Notre rencontre fraternelle souligne la
relation particulière qui unit les Eglises de Rome et de Constantinople
comme Eglises Sœurs.
Avec une joie profonde je rends grâce à Dieu de
donner une nouvelle vitalité aux relations qu'il a développées depuis la
mémorable rencontre à Jérusalem en décembre 1964 entre nos prédécesseurs, le
Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras. Leur échange de lettres, publié
dans un ouvrage intitulé Tomos Agapis, témoigne de la profondeur des liens
qui ont grandi entre eux, des liens qui se reflètent dans les relations
entre les Eglise Sœurs de Rome et de Constantinople.
Le 7 décembre
1965, à la veille de la session finale du Concile Vatican II, nos vénérables
prédécesseurs firent un nouveau pas unique et inoubliable respectivement
dans l'Eglise patriarcale Saint-Georges et dans la Basilique Saint-Pierre au
Vatican: ils effacèrent de la mémoire de l'Eglise les tragiques
excommunications de 1054. De cette manière, ils confirmèrent un changement
décisif dans nos relations. Depuis lors, de nombreux pas importants ont été
faits sur le chemin d'un rapprochement mutuel. Je rappelle en particulier la
visite de mon prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, à Constantinople en 1979,
et les visites à Rome du Patriarche œcuménique Bartholomée Ier, rappelle
Benoît XVI.
Dans le même esprit, ma présence ici aujourd'hui vise à
renouveler notre engagement pour avancer sur la route menant au
rétablissement - par la grâce de Dieu - de la pleine communion entre l'Eglise
de Rome et l'Eglise de Constantinople. Je peux vous assurer que l'Eglise
catholique souhaite faire tout son possible pour surmonter les obstacles et
pour chercher, avec nos frères et sœurs orthodoxes, des moyens toujours plus
efficaces de coopération pastorale à cette fin.
Les deux frères,
Simon, appelé Pierre, et André, étaient des pêcheurs que Jésus appela à
devenir des pêcheurs d'homme. Le Seigneur ressuscité, avant son Ascension,
les envoya tous deux ainsi que les autres Apôtres avec la mission de faire
de toutes les nations ses disciples, en les baptisant et en proclamant ses
enseignements (cf. Mt 28, 19sqq; Lc 24, 47; At 1, 8).
Cette tâche qui nous a été laissée par les saints frères Pierre et André
est loin d'être achevée. Au contraire, aujourd'hui, elle est encore plus
urgente et nécessaire. Car elle ne concerne pas seulement les cultures qui
n'ont été touchées que de façon marginale par le message de l'Evangile, mais
également les cultures européennes depuis longtemps profondément enracinées
dans la tradition chrétienne. Le processus de sécularisation a affaibli
l'influence de cette tradition; elle est en effet remise en question, et
même rejetée. Face à cette réalité, nous sommes appelés, avec toutes les
autres communautés chrétiennes, à renouveler la conscience de l'Europe de
ses racines, ses traditions et ses valeurs chrétiennes, en leur donnant une
nouvelle vitalité.
Nos efforts en vue de construire des liens plus
étroits entre l'Eglise catholique et les Eglises orthodoxes font partie de
la tâche missionnaire, souligne Benoît XVI. Les divisions qui existent entre
les chrétiens sont un scandale pour le monde et un obstacle à la
proclamation de l'Evangile. La veille de sa Passion et de sa mort, le
Seigneur, entouré par ses disciples, pria avec ferveur pour que tous soient
un, pour que le monde croie (cf. Jn 17, 21). Ce n'est
qu'à travers la communion fraternelle entre les chrétiens et à travers leur
amour mutuel que le message de l'amour de Dieu pour tous les hommes et les
femmes deviendra crédible. Toute personne qui pose un regard réaliste sur le
monde chrétien aujourd'hui verra l'urgence de ce témoignage.
Simon
Pierre et André furent appelés ensemble à devenir des pécheurs d'hommes.
Mais cette même mission prit une forme différente chez chacun des deux
frères. Simon, malgré sa fragilité humaine, fut appelé «Pierre», le «roc»
sur lequel l'Eglise devait être construite: c'est à lui en particulier que
furent confiées les clés du Royaume des Cieux (cf. Mt 16, 18).
Son itinéraire allait le conduire de Jérusalem à Antioche, et d'Antioche à
Rome, afin que dans cette ville il puisse exercer une responsabilité
universelle. La question du service universel de Pierre et de ses
Successeurs a malheureusement été à l'origine de nos différences d'opinion,
que nous espérons surmonter, grâce également au dialogue théologique qui a
été renoué récemment.
Mon vénérable prédécesseur, le Serviteur de
Dieu, le Pape Jean-Paul II, parla de la miséricorde qui caractérise le
service d'unité de Pierre, une miséricorde dont Pierre lui-même a été le
premier à faire l'expérience (Encyclique
Ut Unum sint, n. 91).
C'est sur cette base que Jean-Paul II lança une invitation à nouer un
dialogue fraternel dans le but d'identifier les moyens dont le ministère
pétrinien peut être exercé aujourd'hui, tout en respectant sa nature et son
essence, afin de «réaliser un service d'amour reconnu par les uns et par les
autres» (ibid., n. 95). Je souhaite aujourd'hui
rappeler et renouveler cette invitation.
André, le frère de Simon
Pierre, reçut une autre mission du Seigneur, une mission suggérée par son
propre nom. Comme il parlait le grec, il devint - avec Philippe - l'Apôtre
de la rencontre avec les Grecs qui venaient à Jésus (cf. Jn
12, 20sqq). La tradition nous dit qu'il fut missionnaire non
seulement en Asie mineure et dans les territoires du sud de la Mer Noire,
c'est-à-dire ici dans cette région, mais aussi en Grèce, où il a enduré le
martyre.
L'Apôtre André représente par conséquent la rencontre entre
le christianisme des origines et la culture grecque. Cette rencontre,
notamment en Asie mineure, devint possible en particulier grâce aux grands
Pères de la Cappadoce, qui enrichirent la liturgie, la théologie et la
spiritualité à la fois des Eglises de l'Orient et de l'Occident. Le message
chrétien, comme le grain de blé (cf. Jn 12, 24), tomba
sur cette terre et porta beaucoup de fruit. Nous devons être profondément
reconnaissants pour l'héritage qui naquit de cette rencontre féconde entre
le message chrétien et la culture hellénique. Il a eu une influence durable
sur les Eglises de l'Est et de l'Ouest. Les Pères grecs nous ont laissé un
précieux trésor dont les Eglises continuent de tirer des richesses anciennes
et nouvelles (cf. Mt 13, 52).
La leçon du grain
de blé qui meurt afin de pouvoir porter du fruit trouve également un
parallèle dans la vie de saint André. La tradition nous dit qu'il a suivi le
destin de son Seigneur et Maître, en finissant ses jours à Patras, en Grèce,
relate Benoît XVI. Comme Pierre, il a enduré le martyre sur une croix, la
croix diagonale que nous vénérons aujourd'hui comme la croix de Saint-André.
De son exemple nous apprenons que le chemin de chaque chrétien particulier,
tout comme de l'Eglise dans son ensemble, conduit à une vie nouvelle, la vie
éternelle, à travers l'imitation du Christ et l'expérience de sa croix.
Au cours de l’histoire, l'Eglise de Rome comme celle de Constantinople
ont souvent fait l'expérience de la leçon du grain de blé. Ensemble, nous
vénérons un grand nombre de martyrs dont le sang, selon les célèbres paroles
de Tertullien, devint la semence de nouveaux chrétiens (Apologeticum,
50, 13). Avec eux, nous partageons la même espérance qui pousse l'Eglise
à «avancer dans son pèlerinage à travers les persécutions du monde et les
consolations de Dieu» (Lumen
Gentium,
n. 8; cf. saint Augustin, De Civitate Dei, XVIII, 51, 2). Pour sa part, le
siècle qui vient de s'achever a, lui aussi, vu de courageux témoins de la
foi aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest. Même aujourd’hui, il existe de nombreux
témoins dans différentes régions du monde. Nous nous souvenons d’eux dans
notre prière et, de toutes les manières possibles, nous leur offrons notre
soutien, tout en demandant instamment aux responsables du monde de respecter
la liberté religieuse comme un droit de l'homme fondamental.
La
Divine Liturgie à laquelle nous avons participé était célébrée selon le rite
de saint Jean Chrysostome. La croix et la résurrection de Jésus Christ ont
été présents de façon mystique. Pour nous chrétiens cela est une source et
un signe d'espérance constamment renouvelée. Nous trouvons cette espérance
magnifiquement exprimée dans un texte ancien connu comme la Passion de saint
André: «Je te salue, O croix, consacrée par le Corps du Christ et parée de
ses membres comme par de précieuses perles. Puissent les fidèles connaître
ta joie, et les dons qui sont conservés en toi...».
Cette foi dans la
mort rédemptrice de Jésus sur la croix, et cette espérance que le Christ
ressuscité offre à toute la famille humaine, sont partagées par nous tous,
orthodoxes et catholiques. Puisse notre prière et notre action quotidiennes
être inspirées par un fervent désir non seulement d'être présents à la
Divine Liturgie, mais d'être en mesure de la célébrer ensemble, de prendre
part à l'unique table du Seigneur, en partageant le même pain et le même
calice. Puisse notre rencontre d'aujourd'hui servir d'élan et de joyeuse
anticipation du don de la pleine communion, conclut Benoît XVI. Et puisse
l'Esprit de Dieu nous accompagner sur notre chemin.
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Copyright du texte original en anglais : Libreria Editrice Vaticana
Texte officiel en anglais et en italien: vatican.va
Texte
intégral de l'homélie de Sa Sainteté le Patriarche oecuménique Bartholomée I
►
Benoît XVI réaffirme l'urgence de la pleine communion
Le voyage
pastoral du pape Benoît XVI en Turquie: du 28 novembre au 1er décembre:
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Benoît XVI
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Sources:
www.vatican.va
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E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.12.2006 - BENOÎT XVI |