Messe en mémoire du Cardinal
Jean-Marie Lustiger |
|
Le 01 octobre 2008 -
(E.S.M.) -
Dimanche dernier en la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Homélie à
l’occasion de la messe anniversaire en mémoire du Cardinal Jean-Marie
Lustiger.
|
Le cardinal Lustiger -
Pour
agrandir l'image ►
Cliquer
Messe en mémoire du Cardinal Jean-Marie Lustiger
Ez 18, 25-28
Ph 2, 1-11
Mt 21, 28-32
Le 01 octobre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Dimanche dernier en la Cathédrale Notre-Dame de Paris.
Homélie à l’occasion de la messe anniversaire en mémoire du Cardinal
Jean-Marie Lustiger.
Frères et sœurs,
Quels signes aurait-il fallu pour que les chefs des prêtres et les anciens
acceptent de reconnaître qu’ils avaient besoin de se convertir ? Les
publicains et les prostitués ayant entendu la parole de Jean-Baptiste et
constaté sa manière de vivre, avaient été touchés au cœur et s’étaient
convertis. Ils avaient cru à ce qu’ils avaient vu et entendu. Bien
évidemment l’Évangile veut souligner, et accentuer peut-être,
le contraste entre ce que l’on pourrait appeler l’establishment
religieux et la pauvreté du pécheur qui se repend, au risque de nous
conduire à classer trop facilement les uns d’un côté et les autres de
l’autre. Mais il nous faut recevoir la Parole du Christ, non comme une épée
qui ferait le partage entre des bons et des mauvais, mais comme un glaive
qui veut soulever en nous la prise de conscience que tous nous sommes
pécheurs et que tous nous avons à nous convertir. Certes, la gravité morale
de nos péchés peut varier, tout comme la dimension scandaleuse de notre
manière de vivre. Mais personne n’est dispensé de reconnaître que nous avons
toujours à réajuster notre vie à la Parole de Dieu qui nous atteint dans sa
vigueur et dans sa puissance. Jean-Baptiste a été un signe, Jésus a été un
signe. Ni l’un ni l’autre n’ont suffit à bousculer la bonne conscience de
ceux qui, ayant dit oui une fois, considéraient que la justice était acquise
pour toujours. Et nous ? Quels signes avons-nous de la présence, de
l’actualité et de la force de la Parole de Dieu, comme de la foi qu’elle
suscite dans les cœurs ? J’évoquais tout à l’heure les obsèques du Cardinal
Jean-Marie Lustiger que nous avons célébrées ici il y a un peu plus d’un an,
et qui ont été un signe puissant de la force de la foi. J’ai mentionné aussi
le voyage du Pape Benoît XVI qui a été un moment important de manifestation
de la vitalité de la foi aujourd’hui, dans notre monde. Hier, j’ai inauguré
l’année de la Maison Saint-Augustin ; 14 jeunes hommes entre 18 et 35 ans se
présentent pour discerner s’ils sont appelés à devenir prêtres de l’Église ;
samedi prochain, dans cette même cathédrale je vais ordonner 9 diacres
permanents ; autant de signes de la vitalité de la foi !
Mais plus encore que ces manifestations qui sont certainement très parlantes
mais qui restent un peu exceptionnelles et spectaculaires, la vitalité de la
Parole de Dieu et la puissance de la foi touchent chacun et chacune d’entre
nous par des signes qui sont répartis tout au long de notre vie ordinaire :
le signe de la confiance des hommes et des femmes qui aujourd’hui s’engagent
pour toujours dans le sacrement de l’amour du mariage ; le signe de la
puissance de la foi chez ces hommes et ces femmes qui élèvent des enfants et
qui essayent, jour après jour, de leur transmettre ce qu’ils ont de meilleur
et de les éveiller à leur liberté personnelle ; les signes donnés par ceux
qui sont confrontés par les malheurs de la vie soit à l’infidélité, soit à
la souffrance, soit à la maladie, et qui assument avec courage la situation
survenue, souvent sans qu’ils y soient pour rien. Et combien d’autres
exemples que chacun d’entre vous connaît dans sa propre vie, dans celle de
ses proches, ou dans celle de ceux avec qui ils travaillent ou avec qui ils
sont en relation. La foi chrétienne aujourd’hui n’est pas une abstraction,
elle est incarnée à travers l’existence de ceux qui mettent leur espérance
dans le Seigneur.
Mais pour nous, qui avons dit oui au Seigneur une et même plusieurs fois au
cours de notre vie passée, si la puissance de ces signes et si la fidélité
de Dieu qui se manifeste à travers la persévérance de la fidélité humaine,
ne nous émeuvent pas et ne nous ébranlent pas ; si la miséricorde de Dieu
qui s’exprime à travers le pardon donné des uns aux autres et reçu de lui et
si la puissance de sa Parole qui fait se lever chaque année de nouveaux
chrétiens ; si tout cela ne touchent pas nos cœurs, alors que faudra-t-il
faire pour nous convertir ?! Quel chemin la grâce devra-t-elle emprunter
pour atteindre le tréfonds de notre liberté et nous faire pressentir la
brisure par où la source d’eau vive va pouvoir s’écouler et remplir nos âmes
?! Comment cesserons-nous de nous blinder et de nous appuyer sur nos
certitudes, nos habitudes et notre fidélité, comme si tout était joué et
gagné, parce que nous avons dit oui un jour ? Car la question que le Christ
nous pose n’est pas de savoir si nous avons dit oui un jour mais de savoir
si aujourd’hui nous sommes disposés à aller travailler à la vigne du
Seigneur. Il ne met en doute ni notre sincérité, ni notre désir de vivre en
chrétien, mais il nous provoque en nous disant « Ce ne sont pas ceux qui
disent Seigneur, Seigneur qui entreront dans le Royaume mais ceux qui font
la volonté de mon Père »
(Mt 7,21). Il ne servirait de
rien de revendiquer notre appartenance au peuple chrétien si celle-ci ne
transformait pas notre manière de vivre. S’il était besoin d’autres
motivations, certes moins puissantes et moins fortes, nous pouvons voir, à
travers les événements qui traversent notre société, que notre modèle de vie
est inéluctablement remis en cause. On peut chercher à se tranquilliser, à
se dire que cela durera bien autant que nous, mais nous savons déjà, même si
nous ne voulons pas nous l’avouer, qu’il faudra changer quelque chose. Il
sera nécessaire que chacun et chacune accepte que la solidarité ne soit pas
simplement une invocation morale mais qu’elle se transforme dans une manière
d’être, de vivre et d’agir. Il viendra le moment d’accepter que la communion
universelle à laquelle nous aspirons ne puisse se satisfaire de ce que notre
petite presqu’île européenne réussit à grappiller dans un monde où la misère
continue de s’étendre. Notre monde sera ébranlé, et si cela n’arrive pas
aujourd’hui ou cette année, cela surviendra dans les années qui viennent. Il
nous faut trouver de nouveaux chemins de vie et inventer une nouvelle
manière de mettre l’Évangile en pratique, pas simplement par des bons
sentiments et des paroles, mais concrètement par des actes, une manière de
vivre et de nous convertir.
Frères et sœurs que l’appel que le Christ nous adresse à travers ce passage
de l’évangile de saint Matthieu, fasse en nous son chemin. Pour qu’enfin,
quoique nous ayons dit jadis : oui ou non, nous devenions capables de nous
lever et de nous mettre en route pour travailler à l’œuvre de Dieu, pour
construire vraiment une nouvelle manière de vivre selon l’Évangile. Amen.
Cardinal André
Vingt-Trois
Nouveau: conseils aux personnes qui
désirent recevoir les actualités ou consulter le site régulièrement:
ICI
|
Sources : catholique-paris
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
01.10.2008 -
T/Méditation
|