Jean-Paul II le pape sportif |
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Rome, le 01 septembre 2007 -
(E.S.M.) -
Jean-Paul II a été jusqu'ici le seul successeur de Pierre à avoir
pratiqué le football, la natation, le canotage, le ski et l'alpinisme.
Il avait dix ans et dans la cour de l'oratoire de la paroisse de
Wadowice, il commençait à jouer au football.
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La
pétanque et oui !
Jean-Paul II le pape sportif
II a été qualifié d'«Athlète de Dieu» et, dans l'histoire, Karol
Wojtyla restera sans aucun doute aussi un Pape sportif. Quelque autre
Pontife, au cours des siècles passés, a pris plaisir à chevaucher à bride
abattue ou à jouer aux boules dans les splendides parcs de Castel Gandolfo.
Mais rien de plus. Voila pourquoi Jean-Paul II a été jusqu'ici le seul
successeur de Pierre à avoir pratiqué le football, la natation, le canotage,
le ski et l'alpinisme. Il avait dix ans et dans la cour de l'oratoire de la
paroisse de Wadowice, son pays natal, à soixante kilomètres de Cracovie, il
commençait à jouer au football, en tant que gardien de but.
Ces camarades de classe l'avaient surnommés Lolek et, à vrai dire, il était
même plutôt doué. Surtout, il était courageux si l'on considère qu'à
l'époque les jeunes polonais - par ailleurs assez pauvres - ne jouaient pas
avec les chaussures à crampons comme cela se fait aujourd'hui mais
utilisaient des chaussures de montagne, souvent pourvues de clous et il
n'était pas rare que le petit Karol, pour parer les tirs et encaisser la
charge des adversaires, fasse retour en mauvais état à la maison de sa
maman, Émilie, et de son papa, sévère officier de l'armée de terre
polonaise, qui ne le blâmait pas, affirmant au contraire que les coups de
pied et les coups reçus dans les jarrets en faisant du sport pouvait tremper
le caractère d'un jeune polonais.
A douze ans, Karol découvrait la beauté de la natation. L'idée de courir et
de participer à des courses sur l'eau le fascinait mais cela n'était pas
facile dans la mesure où, dans cette région de la Pologne, la mer est très
éloignée et représentait presque un mirage pour ces jeunes. Il fallait donc
apprendre à nager dans les rivières. Mais ce n'était pas rien car les
courants étaient forts et, comme chacun sait, l'eau douce ne soutient pas
les nageurs. Mais le garçon était tenace et, en peu de temps, il a appris à
utiliser la technique des longues brasses et de la respiration à fleur
d'eau.
Il a également défié de petits rapides et de gros cailloux à bord d'un canoë
artisanal, évitant avec brio les cent dangers qui caractérisent un parcours
aquatique de ce genre. Devenu un peu plus grand, au lycée, il commença à
découvrir les beautés de la montagne. Il avait pour les hautes cimes de la
Pologne une sorte de vénération. Il s'arrêtait pour les regarder pendant des
heures en rêvant à on ne sait quoi. A la première occasion, il s'unissait à
des amis qui partaient pour la chaîne des monts Tatra, qui marquent la
frontière entre la Pologne et la Slovaquie, cimes merveilleuses entourées
par des forêts de pins. Il profitait des vacances du mois d'août pour
s'adonner aux joies de l'escalade, souvent en solitaire, par ces sentiers
raides, jusqu'à atteindre les 2.499 mètres d'altitude du mont Rysy, au
sommet duquel on découvre un panorama extraordinaire avec, en arrière plan,
le lac Morskie Oko que les polonais appellent «l'œil de la mer».
C'est là que le jeune Karol aimait pêcher en solitaire, concentré dans ses
pensées de jeunesse et dans ses méditations qui annonçaient déjà sa future
vocation sacerdotale. Tous ces sports, il a continué à les pratiquer en tant
que prêtre, d'abord comme curé et même en tant qu'évêque.
En 1967, il se trouvait justement en barque quand il fut rejoint par la
nouvelle que le Pape Paul VI l'avait créé Cardinal. L'appel en Conclave
interrompait la pratique du ski qui avait vu ce jeune et vigoureux cardinal
prendre sur ses épaules une vieille paire de skis et s'élancer sur les
pistes qui entourent Zakopane, la Chamonix polonaise où les champs de
poudreuse s'étendent à perte de vue.
Depuis sa jeunesse, il avait appris à descendre comme une gazelle d'hiver,
le long de ces pentes dangereuses, jouant à faire le slalom entre les
centaines de sapins, défiant presque la nature pour laquelle il avait
cependant un respect sacré. Jusqu'à l'hiver 1978, il n'y eut pas d'hiver qui
ne le vit skier sur les pistes des monts Tatra. Devenu le Pape Jean-Paul II,
au cours d'une vacance sur l'Adamello, il laissa littéralement de glace le
Président italien Pertini qui s'attendait à tout sauf à ce que le Pape soit
un excellent skieur. Le chef de l'État s'approcha et lui dit: «Compliments,
Sainteté, je dois vous confesser que j'ai été choqué de vous voir aller
aussi vite sur la neige». Karol Wojtyia, souriant, lui répondit: «Monsieur
le Président, je suis fils des montagnes !».
Cet amour extraordinaire pour les hautes cimes l'a caractérisé pendant toute
sa vie. Jeune, fort et infatigable ou vieux, désormais sur le chemin du
crépuscule, il se faisait souvent porter en secret sur les montagnes dans
les environs de Rome et s'arrêtait, immobile sur un fauteuil, à admirer
pendant des heures ces rochers qui lui rappelaient dans un certain sens ceux
de sa terre. Combien de fois aura-t-il rêvé
de les escalader comme il le faisait par le passé ?
Au cours des premières années de son Pontificat, il se fit construire une
piscine à Castel Gandolfo, faisant de longues séances de natation à l'heure
de la sieste. Alors que tous ses collaborateurs sommeillaient, lui, à coup
de brasses vigoureuses, allait d'un bout à l'autre du bassin à la stupeur
des gardes suisses qui, pour la plupart, ne savaient pas même flotter...
Imaginez aussi la surprise des jardiniers qui, entre une taille et l'autre,
se montraient pour voir le Pape nageur... Mais ce hobby dura peu de temps
parce que la nouvelle fut dévoilée et des photographes se positionnèrent
dans les environs de la villa pendant des semaines entières.
Puis, grâce à un jeu diabolique de miroirs et de téléobjectifs, ils
réussirent à prendre une photographie du Pape qui sortait de la piscine
ruisselant d'eau et qui s'essuyait avec une nappe sans que personne de la
surveillance vaticane ne s'aperçoive de la présence des intrus. Les clichés
firent le tour des agences mondiales. Mais le Souverain Pontife - quand il
l'apprit -ne se troubla apparemment pas et quelqu'un prêtant même qu'il se
soit amusé du truc utilisé par les photographes et de l'embarras que
l'affaire avait provoqué au sein de la Curie romaine.
Mais ces photographies ne furent jamais publiées parce que quelqu'un les
acheta et en fit don au Saint-Siège. Cependant, connaissant bien Karol
Wojtyta, je suis sûr qu'il ne se serait pas offusqué dans la mesure où, en
lui, il avait toujours conservé un peu de l'esprit désinvolte du jeune
étudiant polonais qui s'amusait à faire des blagues à ses amis.
A peine élu, il étonna les vieux cardinaux de la Curie et le cordonnier du
Vatican parce que, quand on lui apporta les chaussures rouges, il les prit
délicatement et les mit de côté, commandant aussitôt une belle paire de
mocassins, par ailleurs marrons et pas même noirs, à utiliser immédiatement,
lors de sa deuxième apparition en public.
Et depuis ce jour-là, c'est avec ces mocassins couleur cuir naturel qu'il a
parcouru le monde entier avant de les porter avec lui dans la tombe. Le
football lui est toutefois toujours resté cher. En 1984, au cours du Jubilé
du sport, à Rome, il demanda à aller s'asseoir sur les tribunes du stade,
faisant encore une fois frémir les conservateurs de la Curie qui se
plaignaient en disant: «II nous manquait seulement le Pape au stade!». Mais
lui ne s'en préoccupait guère et il s'amusait même beaucoup. A ce qu'en
raconte son secrétaire particulier, Mgr Dziwisz, jusqu'à ce que sa santé le
lui permit, il n'a jamais perdu une finale de coupe du monde. Et ce n'est
pas tout. Il tint à renforcer l'équipe de football qui, encore aujourd'hui,
endosse les couleurs du Vatican et se trouve formée de toutes pièces par des
éléments qui travaillent outre les murs léonins qui jouent dans un
championnat local. Je me rappelle encore une fois qu'il déclara dans un
discours: «Les disciplines sportives pratiquées par des personnes de races
et d'extraction sociale différentes deviennent un excellent moyen pour
promouvoir la connaissance et la solidarité, tant nécessaire dans un monde
déchiré par les conflits ethniques, religieux et raciaux».
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Il ajouta ensuite: «Le sport
est un médicament fabuleux qui réussit même à transformer les pulsions
négatives des hommes en bonnes intentions». Il l'a répété souvent,
ajoutant au cours de son Pontificat que c'est le sport qui avait trempé
son caractère énergique.
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Et de fait, qui mieux que lui et que son exemple peut enseigner aux autres
comment entrer en compétition, comment accepter les grands défis de la vie ?
Chacune de ses rencontres avec des sportifs de tout type avait toujours eu
un impact extraordinaire réciproque: pour les athlètes, une injection
d'enthousiasme et de fair-play, pour lui, un renforcement de souvenirs de
jeunesse devenus toujours plus précieux au fur et à mesure que l'inexorable
maladie poursuivait son agression. Il aimait à répéter ce que l'apôtre Paul
disait souvent au Corinthiens: «Ne savez-vous par que, dans les courses au
stade, tous participent mais un seul remporte le prix ? Courez, vous aussi,
de manière à pouvoir le remporter!».
La dernière course de Karol Wojtyla a duré cinq ans et a commencé lorsqu'il
sentit qu'il ne pouvait plus marcher avec ces jambes qui l'avaient porté
annoncer l'Évangile sur les cinq continents. Il confia à une canne, faite de
bois de sa terre de Pologne, la mission de le soutenir plus encore
moralement que physiquement, canne qui devint une précieuse compagne pendant
au moins deux ans.
Puis ce soutien devint inutile parce que le vieux Karol avait déjà engagé un
corps à corps avec la maladie qui l'assaillait tous les jours davantage, le
clouant sur un fauteuil jusqu'à le contraindre à jouer le dernier match
contre la Mort. Quelle douleur pour qui l'avait vu escalader les montagnes,
nager dans les rivières, grimper sur les cimes enneigées de ses chères
montagnes! Mais lui avait compris que le meilleur médicament était la
rencontre avec les jeunes. Avec eux, il a retrouvé la vigueur de ses jeunes
années, il a imaginé d'être redevenu de leur âge et ainsi il chantait, il
battait les mains au rythme de la musique, il faisait onduler ses bras dans
un mouvement affectueux de pendule entre une jeunesse qui exultait et une
vieillesse sur le chemin du crépuscule.
Cher Karol, de lui on a dit tant de choses, à temps et à contre temps, comme
cela arrive quand la vanité humaine parvient à écraser la discrétion et la
vérité.
Moi qui ai été un grand admirateur et un ami dévoué, je veux l'imaginer, au
moment le plus solennel de sa vie, redevenu le jeune qui, sur les prés de
Wadowice, au coup de sifflet final du match de la Vie, sort du terrain en
silence et sur le mur de l'Éternité met ses chaussures à crampons au clou de
l'Histoire.
Franco Bucarelli
Journaliste vaticaniste de la RAI
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la cause de béatification de Jean-paul II
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Béatification de Jean-Paul
II
Sources:
www.vatican.va
- Jean-Paul II - TotusTuus -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.09.2007 - BENOÎT XVI |