Benoît XVI
indique que le christianisme n'est pas un mythe |
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Rome, le 01 août 2007 -
(E.S.M.) - La "question de l'homme" qui est au
cœur de nos débats, est essentielle à une compréhension correcte des
processus culturels actuels rappelait le pape Benoît XVI. L'Europe a
aujourd'hui besoin de préserver et de se réapproprier sa tradition
authentique si elle veut demeurer fidèle à sa vocation de berceau de
l'humanisme
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Le pape Benoît XVI
aux Professeurs d'Université -
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Le pape Benoît XVI indique que le christianisme ne doit pas être relégué à
l'univers des mythes et des émotions
Discours du Pape Benoît XVI aux participants à la rencontre Européenne des
Professeurs d'Université
Eminence,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis!
Je suis particulièrement heureux de vous recevoir au cours de la première
Rencontre européenne des Professeurs d'Université, promue par le Conseil des
Conférences épiscopales européennes et organisée par des enseignants des
universités romaines, coordonnés par le Bureau du Vicariat de Rome pour la
Pastorale universitaire. Cette rencontre se déroule à l'occasion du
cinquantième anniversaire du Traité de Rome (Discours
de Benoît XVI - l'Europe a-t-elle perdu son âme), qui donna
naissance à l'Union européenne d'aujourd'hui et elle compte parmi ses
participants des professeurs universitaires de tous les pays du continent, y
compris ceux du Caucase: Arménie, Géorgie et Azerbaïdjan. Je remercie le
Cardinal Péter Erdo, Président du Conseil des Conférences épiscopales
européennes de ses aimables paroles d'introduction. Je salue les
représentants du gouvernement italien, en particulier ceux du Ministère des
Universités et de la Recherche, et du Ministère des Biens et des Activités
culturels, ainsi que les représentants de la Région du Latium, de la
Province et de la Ville de Rome. Mes salutations vont également aux autres
autorités civiles et religieuses, aux recteurs et aux professeurs des
diverses universités, ainsi qu'aux aumôniers et aux étudiants ici présents.
Le thème de votre rencontre - "Un nouvel humanisme
pour l'Europe. Le Rôle des universités" - invite à une évaluation
attentive de la culture contemporaine sur le continent.
L'Europe fait actuellement l'expérience d'une certaine
instabilité sociale et d'une méfiance à l'égard des valeurs traditionnelles,
mais son histoire éminente
et ses solides institutions académiques peuvent apporter une importante
contribution à l'édification d'un avenir d'espérance. La "question de
l'homme" qui est au cœur de nos débats, est essentielle à une compréhension
correcte des processus culturels actuels. Elle offre également un solide
point de départ pour le travail des universités en vue de créer une présence
et une activité culturelle nouvelle au service d'une Europe plus unie. En
effet, promouvoir un nouvel humanisme exige une compréhension claire de ce
que cette "nouveauté" incarne réellement. Loin d'être le fruit d'un désir
superficiel de quelque chose de neuf, la recherche d'un nouvel humanisme
doit sérieusement tenir compte du fait que l'Europe connaît aujourd'hui une
mutation culturelle de grande portée, où les hommes et les femmes sont de
plus en plus conscients de leur vocation à être activement engagés en vue de
façonner leur propre histoire. Historiquement, c'est en Europe que s'est
développé l'humanisme, grâce à l'interaction féconde entre les différentes
cultures de ses peuples et la foi chrétienne.
L'Europe a aujourd'hui besoin de préserver et de se réapproprier sa
tradition authentique si elle veut demeurer fidèle à sa vocation de berceau
de l'humanisme.
La mutation culturelle actuelle est souvent considérée comme un "défi" lancé
à la culture de l'université et du christianisme lui-même, plutôt que comme
un "horizon" dans lequel des solutions créatrices peuvent et doivent être
trouvées. En tant qu'hommes et femmes d'éducation supérieure, vous êtes
appelés à prendre part à cette tâche exigeante, qui exhorte à une réflexion
approfondie sur de nombreuses questions fondamentales.
Parmi celles-ci, je souhaiterais mentionner au premier rang le besoin
d'une étude approfondie de la crise de la modernité.
La culture européenne au cours des derniers siècles a été puissamment
influencée par la notion de modernité. La crise actuelle, toutefois, a moins
à voir avec l'insistance de la modernité sur la place centrale de l'homme et
de ses préoccupations, qu'avec les problèmes soulevés par un "humanisme"
qui prétend construire un regnum hominis étranger à son indispensable
fondement ontologique. Une fausse dichotomie entre théisme et authentique
humanisme, poussée à l'extrême jusqu'à créer un conflit inconciliable entre
la loi divine et la liberté humaine, a conduit à une situation où
l'humanité, en raison de tous ses progrès économiques et technologiques, se
sent profondément menacée. Comme l'a déclaré mon prédécesseur le Pape
Jean-Paul II, nous devons nous demander si "l'homme comme homme, dans le
contexte de ce progrès, devient véritablement meilleur, c'est-à-dire plus
mûr spirituellement, plus conscient de la dignité de son humanité, plus
responsable, plus ouvert aux autres" (Redemptor
hominis - Jean-Paul II, n. 15).
L'anthropocentrisme qui caractérise la
modernité ne peut jamais être détaché de la conscience de la pleine vérité
sur l'homme, qui inclut sa vocation transcendante.
Un deuxième thème concerne
l'élargissement de notre compréhension de la rationalité. Une compréhension
correcte des défis lancés par la culture contemporaine,
et la formulation de réponses significatives à ces défis exigent une
approche critique vis-à-vis des tentatives limitées et, en fin de compte,
irrationnelles de restreindre le domaine de la raison. Le concept de raison
a besoin d'être "élargi" afin d'être capable d'explorer et d'embrasser les
aspects de la réalité qui vont au-delà de la dimension purement empirique.
Cela permettra une approche plus féconde, complémentaire de la relation
entre foi et raison. La naissance des universités
européennes reposa sur la conviction que la foi et la raison sont destinées
à coopérer dans la recherche de la vérité, tout en respectant la
nature et l'autonomie légitime de l'autre, afin d'œuvrer ensemble de manière
harmonieuse et créatrice au service de l'accomplissement de la personne
humaine dans la vérité
et dans l'amour.
Une troisième question nécessitant une analyse porte sur la nature de
la contribution que le christianisme peut apporter à
l'humanisme de l'avenir. La question de l'homme, et donc de la
modernité, engage l'Église à imaginer de nouvelles façons de proclamer à la
culture contemporaine le "réalisme" de sa foi dans l'œuvre de salut du
Christ. Le christianisme ne doit pas être relégué à l'univers des mythes et des
émotions, mais doit être respecté pour sa volonté de faire la lumière sur la
vérité sur l'homme, d'être capable de transformer les hommes et les femmes
d'un point de vue spirituel, et donc de les rendre capables de réaliser leur
vocation dans l'histoire. Lors de ma récente visite au Brésil, j'ai exprimé ma conviction que "si
nous ne connaissons pas Dieu dans le Christ et avec le Christ, toute la
réalité se transforme en une réalité indéchiffrable"
(Discours
aux Évêques de la V Conférence générale de l'épiscopat latino-américain,
n. 3).
La connaissance ne peut jamais être limitée au domaine purement
intellectuel; elle inclut également une capacité renouvelée à poser sur les
choses un regard libéré des préjugés et des conceptions toutes faites, et
elle nous permet de nous "émerveiller" de la réalité, dont la vérité ne peut
être découverte que si l'on unit la compréhension à l'amour. Seul le Dieu à
visage humain, révélé en Jésus Christ, peut nous éviter de tronquer la
réalité précisément à un moment où elle exige des niveaux toujours nouveaux
et plus complexes de compréhension. L'Église est consciente de sa
responsabilité à offrir sa contribution à la culture contemporaine.
En Europe, comme partout, la société a un besoin urgent du service au savoir
que la communauté de l'université peut apporter. Ce service recouvre
également les aspects pratiques de diriger la recherche et l'activité en vue
de la promotion de la dignité humaine et de la tâche difficile de bâtir la
civilisation de l'amour. Les professeurs d'université en particulier sont
appelés à incarner la vertu de la charité intellectuelle en assumant leur
vocation primordiale de former les générations futures non seulement en
transmettant des connaissances, mais à travers le témoignage prophétique de
leurs propres vies. L'université, quant à elle, ne doit jamais perdre de vue
sa vocation particulière d'être une "universitas" dans laquelle les
diverses disciplines, chacune selon la manière qui lui est propre, sont
envisagées comme des parties d'un "unum" plus vaste. Combien il est urgent de
redécouvrir l'unité de la connaissance et de freiner les tendances à la
fragmentation et au manque de communication, ce qui est bien trop fréquent
dans nos écoles! L'effort de réconcilier la dynamique de la spécialisation
avec la nécessité de sauvegarder l'unité de la connaissance peut encourager
la croissance de l'unité européenne et aider le continent à redécouvrir sa
"vocation" culturelle spécifique dans le monde d'aujourd'hui. Seule une
Europe consciente de son identité culturelle peut apporter une contribution
spécifique aux autres cultures, tout en demeurant ouverte à la contribution
des autres peuples.
Chers amis, je forme le vœu que les universités deviennent toujours
davantage des communautés engagées dans une recherche inlassable de la
vérité, des "laboratoires de culture" où les enseignants et les étudiants
s'associent pour explorer des questions particulièrement importantes pour la
société, en ayant recours à des méthodes interdisciplinaires et en
s'appuyant sur la collaboration des théologiens. Cela peut facilement être
réalisé en Europe, étant donné la présence de si nombreuses institutions et
facultés de théologie catholiques. Je suis convaincu qu'une plus grande
collaboration et de nouvelles formes de partenariat entre les diverses
communautés académiques permettront aux universités catholiques d'apporter
le témoignage de la fécondité historique de la rencontre entre foi et
raison. Le résultat sera une contribution concrète à la mise en Œuvre des
objectifs du Processus de Bologne, et une incitation à développer un
apostolat des universités adapté au sein des Églises locales. Un soutien
concret à ces efforts, qui ont été une préoccupation croissante des
Conférences épiscopales européennes
(cf.
Ecclesia in Europa - Jean-Paul II, nn. 58-59),
peut venir des associations et des mouvements ecclésiaux qui sont déjà
engagés dans l'apostolat des universités.
Chers amis, puissent vos réflexions au cours de ces journées être fécondes
et aider à construire un réseau actif de professeurs d'université engagés à
apporter la lumière de l'Évangile à la culture contemporaine. Je vous
assure, ainsi qu'à vos familles, de mon souvenir particulier dans la prière,
et j'invoque sur vous et sur les universités dans lesquelles vous
travaillez, la protection maternelle de Marie, Siège de la Sagesse. Je donne
à chacun de vous avec affection ma Bénédiction apostolique.
Synthèses :
Benoît XVI réaffirme la nécessité pour l'Europe de
redécouvrir son héritage chrétien :►
Benoît XVI
Benoît XVI rappelle que foi et la raison s'unissent
dans la recherche de la vérité : ►
Benoît XVI
Benoît XVI aux professeurs d’université européens :
►
Benoît XVI
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana - 23.06.07
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.08.2007 - BENOÎT XVI |