Benoît XVI préside les Vêpres à
l'occasion de l'inauguration de l'Année paulienne |
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Cité du Vatican, le 01 juillet 2008 -
(E.S.M.)
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Dans la soirée du samedi 28 juin 2008, le Pape Benoît XVI a présidé la
célébration des vêpres dans la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, en
présence du Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomaios I, et de
plusieurs délégués œcuméniques, à l'occasion de l'inauguration de l'"Année
paulienne". Au cours de la Messe, le Pape a prononcé l'homélie suivante:
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Le pape
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Benoît XVI préside les Vêpres à l'occasion de l'inauguration de l'Année
paulienne
Paul parle au monde d'aujourd'hui
Le Pape Benoît XVI inaugure l'Année paulinienne dans la Basilique
Saint-Paul-hors-les-Murs
Dans la soirée du samedi 28 juin 2008, le Pape Benoît XVI a présidé la
célébration des vêpres dans la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, en
présence du Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomaios I, et de
plusieurs délégués œcuméniques, à l'occasion de l'inauguration de l'"Année
paulienne". Au cours de la Messe, le Pape a prononcé l'homélie suivante:
Texte intégral de l'homélie du Saint-Père
Votre Sainteté et chers délégués fraternels,
Messieurs les cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,
Nous sommes réunis auprès de la tombe de saint Paul, qui naquit il y a deux
mille ans à Tarse de Cilicie, dans l'actuelle Turquie. Qui était ce Paul?
Dans le temple de Jérusalem, devant la foule agitée qui voulait le tuer, il
se présente lui-même avec ces mots: "Je suis juif: né à Tarse, en Cilicie,
mais élevé ici dans cette ville [Jérusalem], j'ai reçu, à l'école de
Gamaliel, un enseignement strictement conforme à la Loi de nos pères; je
défendais la cause de Dieu avec une ardeur jalouse..."
(Ac 22, 3). A la fin
de son chemin, il dira de lui-même: "J'ai reçu la charge... [d'enseigner]
aux nations païennes la foi et la vérité" (1 Tm 2, 7; cf. 2 Tm 1, 11).
Maître des nations, apôtre et annonciateur de Jésus Christ, c'est ainsi
qu'il se décrit lui-même en regardant rétrospectivement le parcours de sa
vie. Mais avec cela, son regard ne va pas seulement vers le passé. "Maître
des nations" - cette parole s'ouvre à l'avenir, vers tous les peuples et
toutes les générations. Paul n'est pas pour nous une figure du passé, que
nous rappelons avec vénération. Il est également notre maître, pour nous
aussi apôtre et annonciateur de Jésus Christ.
Nous sommes donc réunis non pour réfléchir sur une histoire passée,
irrévocablement révolue. Paul veut parler avec nous - aujourd'hui. C'est
pourquoi j'ai voulu promulguer cette "Année paulinienne" spéciale: pour
écouter et pour apprendre à présent de lui, qui est notre maître, "la foi et
la vérité", dans lesquelles sont enracinées les raisons de l'unité parmi les
disciples du Christ. Dans cette perspective, j'ai voulu allumer, pour ce
bimillénaire de la naissance de l'Apôtre, une "Flamme paulinienne" spéciale,
qui restera allumée pendant toute l'année dans un brasero spécifique placé
dans le quadriportique de la Basilique. Pour conférer de la solennité à cet
événement, j'ai également inauguré la "Porte paulinienne", à travers
laquelle je suis entré dans la Basilique accompagné par le Patriarche de
Constantinople, par le cardinal archiprêtre et par les autres autorités
religieuses. C'est pour moi un motif de joie profonde que l'ouverture de
l'"Année paulinienne" assume un caractère œcuménique, en raison de la
présence de nombreux délégués et représentants d'autres Eglises et
communautés ecclésiales, que j'accueille le cœur ouvert. Je salue tout
d'abord Sa Sainteté le Patriarche Bartholomaios I et les membres de la
délégation qui l'accompagne, ainsi que le groupe nombreux de laïcs qui, de
différentes parties du monde, sont venus à Rome pour vivre avec Lui et avec
nous tous, ces moments de prière et de réflexion. Je salue les délégués
fraternels des Eglises qui ont un lien particulier avec l'Apôtre Paul -
Jérusalem, Antioche, Chypre, Grèce - et qui forment le cadre géographique de
la vie de l'Apôtre avant son arrivée à Rome. Je salue cordialement les
frères des différentes Eglises et communautés ecclésiales d'Orient et
d'Occident, en même temps que vous tous qui avez voulu prendre part à cette
ouverture solennelle de l'"Année" consacrée à l'Apôtre des Nations.
Nous sommes donc ici rassemblés pour nous interroger sur le grand Apôtre des
Nations. Nous nous demandons non seulement: qui était Paul ? Nous nous
demandons surtout: Qui est Paul? Que me dit-il ? En cette heure, au début de
l'"Année paulinienne" que nous inaugurons, je voudrais choisir dans le riche
témoignage du Nouveau Testament trois textes, dans lesquels apparaît sa
physionomie intérieure, la spécificité de son caractère. Dans la Lettre aux
Galates, il nous a offert une profession de foi très personnelle, dans
laquelle il ouvre son cœur aux lecteurs de tous les temps et révèle quelle
est l'impulsion la plus profonde de sa vie. "Je vis dans la foi au Fils de
Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré pour moi" (Ga 2, 20). Tout ce que Paul
accomplit part de ce centre. Sa foi est l'expérience d'être aimé par Jésus
Christ de manière tout à fait personnelle; elle est la conscience du fait
que le Christ a affronté la mort non pour quelque chose d'anonyme, mais par
amour pour lui - de Paul - et que, en tant que Ressuscité, il l'aime
toujours, c'est-à-dire que le Christ s'est donné pour lui. Sa foi est le
fait d'être frappé par l'amour de Jésus Christ, un amour qui le bouleverse
jusqu'au plus profond de lui-même et qui le transforme. Sa foi n'est pas une
théorie, une opinion sur Dieu et sur le monde. Sa foi est l'impact de
l'amour de Dieu sur son cœur. Et ainsi, cette foi est l'amour pour Jésus
Christ.
Paul est présenté par de nombreuses personnes comme un homme combatif qui
sait manier l'épée de la parole. De fait, sur son parcours d'apôtre les
disputes n'ont pas manqué. Il n'a pas recherché une harmonie superficielle.
Dans la première de ses Lettres, celle qui s'adresse aux Thessaloniciens, il
dit: "Nous avons cependant trouvé l'assurance qu'il fallait pour vous
annoncer, au prix de grandes luttes, l'Evangile de Dieu... Jamais, vous le
savez, nous n'avons eu un mot de flatterie" (1 Th 2, 2.5). Il considérait
que la vérité était trop grande pour être disposé à la sacrifier en vue d'un
succès extérieur. La vérité dont il avait fait l'expérience dans la
rencontre avec le Ressuscité méritait pour lui la lutte, la persécution, la
souffrance. Mais ce qui le motivait au plus profond, était d'être aimé par
Jésus Christ et le désir de transmettre cet amour aux autres. Paul était un
homme capable d'aimer, et toute son œuvre et sa souffrance ne s'expliquent
qu'à partir de ce centre. Les concepts de base de son annonce se comprennent
uniquement à partir de celui-ci. Prenons seulement l'une de ses
paroles-clés: la liberté. L'expérience d'être aimé jusqu'au bout par le
Christ lui avait ouvert les yeux sur la vérité et sur la voie de l'existence
humaine - cette expérience embrassait tout. Paul était libre comme un homme
aimé par Dieu qui, en vertu de Dieu, était en mesure d'aimer avec Lui. Cet
amour est à présent la "loi" de sa vie et il en est précisément ainsi de la
liberté de sa vie. Il parle et agit, mû par la responsabilité de la liberté
de l'amour. Liberté et responsabilité sont liées ici de manière inséparable.
Se trouvant dans la responsabilité de l'amour, il est libre; étant quelqu'un
qui aime, il vit totalement dans la responsabilité de cet amour et ne prend
pas la liberté comme prétexte pour l'arbitraire et l'égoïsme. C'est dans le
même esprit qu'Augustin a formulé la phrase devenue ensuite célèbre: Dilige
et quod vis fac (Tract. in 1Jo 7, 7-8) - aime et fais ce que tu veux. Celui
qui aime le Christ comme Paul l'a aimé peut vraiment faire ce qu'il veut,
car son amour est uni à la volonté du Christ et donc à la volonté de Dieu;
car sa volonté est ancrée à la vérité et parce que sa volonté n'est plus
simplement sa volonté, arbitre du moi autonome, mais qu'elle est intégrée
dans la liberté de Dieu et apprend de celle-ci le chemin à parcourir.
Dans la recherche du caractère intérieur de saint Paul je voudrais, en
deuxième lieu, rappeler la parole que le Christ ressuscité lui adressa sur
la route de Damas. Le Seigneur lui demande d'abord: "Saul, Saul, pourquoi me
persécutes-tu?". A la question: "Qui es-tu, Seigneur?", est donnée la
réponse: "Je suis Jésus, celui que tu persécutes"
(Ac 9, 4). En persécutant
l'Eglise, Paul persécute Jésus lui-même: "Tu me persécutes". Jésus
s'identifie avec l'Eglise en un seul sujet. Dans cette exclamation du
Ressuscité, qui transforma la vie de Saul, est au fond désormais contenue
toute la doctrine sur l'Eglise comme Corps du Christ. Le Christ ne s'est pas
retiré au ciel, en laissant sur la terre une foule de fidèles qui
soutiennent "sa cause". L'Eglise n'est pas une association qui veut
promouvoir une certaine cause. Dans celle-ci, il ne s'agit pas d'une cause.
Dans celle-ci il s'agit de la personne de Jésus Christ, qui également en
tant que Ressuscité est resté "chair". Il a la "chair et les os" (Lc 24,
39), c'est ce qu'affirme le Ressuscité dans Luc, devant les disciples qui
l'avaient pris pour un fantôme. Il a un corps. Il est personnellement
présent dans son Eglise, "Tête et Corps" forment un unique sujet dira saint
Augustin. "Ne le savez-vous pas? Vos corps sont les membres du Christ",
écrit Paul aux Corinthiens (1 Co 6, 15). Et il ajoute: de même que, selon le
Livre de la Genèse, l'homme et la femme deviennent une seule chair, ainsi le
Christ devient un seul esprit avec les siens, c'est-à-dire un unique sujet
dans le monde nouveau de la résurrection (cf. 1 Co 6, 16sq). Dans tout cela
transparaît le mystère eucharistique, dans lequel l'Eglise donne sans cesse
son Corps et fait de nous son Corps: "Le pain que nous rompons, n'est-il pas
communion au corps du Christ? Puisqu'il y a un seul pain, la multitude que
nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain"
(1
Co 10, 16sq). En ce moment, ce n'est pas seulement Paul, mais le Seigneur
lui-même qui s'adresse à nous: Comment avez-vous pu laisser déchirer mon
Corps? Devant le visage du Christ, cette parole devient dans le même temps
une question urgente: Réunis-nous tous hors de toute division. Fais
qu'aujourd'hui cela devienne à nouveau la réalité: Il y a un unique pain, et
donc, bien qu'étant nombreux, nous sommes un unique corps. Pour Paul, la
parole sur l'Eglise comme Corps du Christ n'est pas une comparaison
quelconque. Elle va bien au-delà d'une comparaison: "Pourquoi me
persécutes-tu?" Le Christ nous attire sans cesse dans son Corps à partir du
centre eucharistique, qui pour Paul est le centre de l'existence chrétienne,
en vertu duquel tous, ainsi que chaque individu, peuvent faire de manière
personnelle l'expérience suivante: Il m'a aimé et s'est donné lui-même pour
moi.
Je voudrais conclure, par l'une des dernières paroles de saint Paul, une
exhortation à Timothée de la prison, face à la mort: "Prends ta part de
souffrance pour l'annonce de l'Evangile", dit l'apôtre à son disciple
(2 Tm
1, 8). Cette parole, qui se trouve à la fin des chemins parcourus par
l'apôtre, comme un testament renvoie en arrière, au début de sa mission.
Alors qu'après sa rencontre avec le Ressuscité, Paul, aveugle, se trouvait
dans sa maison de Damas, Ananie reçut le mandat d'aller chez le persécuteur
craint et de lui imposer les mains, pour qu'il retrouve la vue. A Ananie,
qui objectait que ce Saul était un dangereux persécuteur des chrétiens, il
fut répondu: Cet homme doit faire parvenir mon nom auprès des peuples et des
rois. "Et moi, je lui ferai découvrir tout ce qu'il lui faudra souffrir pour
mon Nom" (Ac 9, 15sq). La charge de l'annonce et l'appel à la souffrance
pour le Christ vont de pair inséparablement. L'appel à devenir le maître des
nations est dans le même temps et intrinsèquement un appel à la souffrance
dans la communion avec le Christ, qui nous a rachetés à travers sa Passion.
Dans un monde où le mensonge est puissant, la vérité se paye par la
souffrance. Celui qui veut éviter la souffrance, la garder loin de lui,
garde loin de lui la vie elle-même et sa grandeur; il ne peut pas être un
serviteur de la vérité et donc un serviteur de la foi. Il n'y a pas d'amour
sans souffrance - sans la souffrance du renoncement à soi-même, de la
transformation et de la purification du moi pour la véritable liberté. Là où
il n'y a rien qui vaille la peine de souffrir, la vie elle-même perd sa
valeur. L'Eucharistie - le centre de notre être chrétiens - se fonde sur le
sacrifice de Jésus pour nous, elle est née de la souffrance de l'amour, qui
a atteint son sommet dans la Croix. Nous vivons de cet amour qui se donne.
Il nous donne le courage et la force de souffrir avec le Christ et pour Lui
dans ce monde, en sachant que précisément ainsi notre vie devient grande,
mûre et véritable. A la lumière de toutes les lettres de saint Paul, nous
voyons que sur son chemin de maître des nations s'est accomplie la prophétie
faite à Ananie à l'heure de l'appel: "Et moi je lui ferai découvrir tout ce
qu'il lui faudra souffrir pour mon Nom". Sa souffrance le rend crédible
comme maître de vérité, qui ne cherche pas son propre profit, sa propre
gloire, la satisfaction personnelle, mais qui s'engage pour Celui qui nous a
aimés et qui s'est donné lui-même pour nous tous.
En cette heure, nous rendons grâce au Seigneur, car il a appelé Paul, le
rendant lumière des nations et notre maître à tous, et nous le prions:
Donne-nous aujourd'hui aussi des témoins de la résurrection, touchés par ton
amour et capables d'apporter la lumière de l'Evangile dans notre temps.
Saint Paul, prie pour nous! Amen.
Synthèses
►
Le pape Benoît XVI ouvre l'Année Paulinienne dans un signe de recherche
d'unité des chrétiens
►
Benoît XVI inaugure l'année paulinienne en présence de Bartholomée -
30.06.08
Texte
original du discours du Saint Père
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Italien - Allemand
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Année Paulinienne, 28 juin 2008 - 29 juin 2009
Sources : - www.vatican.va
-
E.S.M.
©L'Osservatore Romano - 1 juillet 2008
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.07.2008 -
T/Année paulinienne |