Lettre de Benoît XVI à Gordon Brown à
la veille du G20 |
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Le 01 avril 2009 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a appelé mardi 31 mars le G20 à restaurer
l'éthique dans le monde financier et à ne pas oublier les pays
les plus pauvres, en particulier l'Afrique, dans une lettre au
premier ministre britannique Gordon Brown publiée à la veille du
sommet de Londres.
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Le pape Benoît XVI
Lettre de Benoît XVI à Gordon Brown à la veille du G20
Le 01 avril 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Le pape Benoît XVI a appelé mardi 31 mars le G20 à restaurer l'éthique
dans le monde financier et à ne pas oublier les pays les plus pauvres, en
particulier l'Afrique, dans une lettre au premier ministre britannique
Gordon Brown publiée à la veille du sommet de Londres.
Cher Premier ministre,
Lors de votre récente visite au Vatican, vous avez bien voulu me fournir des
précisions à propos du sommet qui se tient à Londres du 2 au 3 avril 2009,
en présence des représentants des vingt plus importantes économies
mondiales. Comme vous me l’expliquiez, l’objectif de cette rencontre est de
coordonner, de manière urgente, les mesures nécessaires pour stabiliser les
marchés financiers et pour permettre aux entreprises ainsi qu’aux familles
de surmonter cette période de profonde récession. Tout cela afin de
restaurer une croissance durable de l’économie mondiale, et de réformer en
les renforçant les systèmes de gouvernance mondiale. Et enfin, de s’assurer
qu’une telle crise ne se reproduise plus à l’avenir.
Je veux vous exprimer par cette lettre, à vous et à l’ensemble des chefs
d’Etat et de gouvernement participant à ce Sommet, la satisfaction de
l’Église catholique, aussi bien que la mienne, de voir les nobles objectifs
de cette rencontre basés sur la conviction, partagée par tous les
gouvernements et organisations internationales participants, qu’une sortie
de la crise actuelle ne peut être envisagée qu’ensemble, en évitant les
solutions empreintes d’égoïsme national ou de protectionnisme.
Je vous écris ce message de retour d’Afrique, où j’ai pu constater la
réalité de la très grande pauvreté et de la marginalisation, que la crise
risque d’aggraver dramatiquement. J’ai aussi été témoin de l’extraordinaire
potentiel humain dont est doté ce continent, qui peut être offert au monde
entier.
Pour des raisons pratiques, le sommet de Londres, comme celui de Washington
en 2008, est limité à ceux des Etats qui représentent 90 % de la production
brute mondiale et 80 % des échanges mondiaux. Dans ce système, l’Afrique
sub-saharienne n’est représentée que par un Etat et quelques organisations
régionales. Cette situation doit inviter à une profonde réflexion parmi les
participants au Sommet, car ceux dont la voix porte le moins sur la scène
politique sont précisément ceux qui souffrent le plus des effets néfastes de
la crise, dont ils ne sont pas responsables. Surtout, à long terme, ce sont
ceux qui possèdent le plus gros potentiel pour contribuer au progrès de
tous.
Il faut donc se tourner vers les mécanismes multilatéraux et les structures
des Nations unies et des organisations associées, pour que les voix de
chaque pays soient entendues et pour s’assurer que les mesures prises lors
des réunions du G20 sont soutenues par tous.
Je voudrais également insister sur un autre sujet qui nécessite une
réflexion à ce Sommet. Les crises financières se déclenchent quand –
notamment à cause du déclin des comportements éthiques – les acteurs du
secteur économique perdent confiance dans ses modes de fonctionnement et
dans ses systèmes financiers. La finance, le commerce et les systèmes de
production sont des créations humaines contingentes qui, si elle deviennent
l’objet d’une foi aveugle, contiennent en elles-mêmes les germes de leur
propre chute. La seule base vraie et solide est la foi en la personne
humaine. C’est pour cela que toutes les mesures proposées pour ralentir
cette crise doivent viser, en fin de compte, la sécurité des familles, la
stabilité des travailleurs et, par des contrôles et une régulation
appropriés, la restauration d’une éthique du monde financier.
La crise actuelle fait peser sur les pays les moins développés,
particulièrement en Afrique, le spectre de l’annulation ou de la réduction
drastique des programmes d’assistance. L’aide au développement, incluant des
conditions commerciales et financières favorables aux pays les moins
développés et l’annulation de la dette extérieure de pays les plus pauvres
et les plus endettés, n’a pas été la cause de la crise, souligne Benoît XVI. La plus élémentaire
justice exige qu’elle n’en soit pas la victime.
Si un des éléments clefs de la crise est un déficit d’éthique au sein des
structures économiques, la même crise nous apprend que l’éthique n’est pas «
extérieure » à l’économie mais bien « intérieure » à elle, et qu’elle ne
peut fonctionner si elle n’intègre pas une composante éthique.
Par conséquent, la meilleure façon de mettre en pratique cette foi
renouvelée en la personne humaine qui doit accompagner chaque étape vers une
solution à la crise, sera de renforcer courageusement et généreusement la
coopération internationale, capable de promouvoir un développement total et
réellement humain. La foi positive en la personne humaine, et par-dessus
tout envers les plus pauvres – d’Afrique et d’autres régions du monde
affectées par l’extrême pauvreté – est requise si nous voulons sincèrement
en finir avec la crise, sans tourner le dos à aucune région, et si nous
voulons vraiment empêcher qu’une telle situation se reproduise jamais.
Je voudrais enfin joindre ma voix aux adeptes de différentes religions et
cultures qui partagent la conviction que l’éradication de l’extrême pauvreté
d’ici 2015, à laquelle les leaders du sommet du Millénaire de l’ONU se sont
engagés, reste une des priorités de notre époque.
Très honorable Premier ministre, j’invoque la bénédiction du Dieu
tout-puissant sur le Sommet de Londres et sur les rencontres multilatérales
qui cherchent en ce moment même les voies pour résoudre la crise financière,
et je saisis l’opportunité pour vous exprimer mes chaleureuses salutations
et mon sentiment d’estime.
Du Vatican, le 30 mars 2009.
Synthèse
►
Benoît XVI s'adresse aux participants du G20 - 01.04.09
Sources : www.vatican.va
- trad.la-croix
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.04.09 -
T/Benoît XVI |