Dimanche des Rameaux : Homélie de
Benoît XVI |
|
ROME, le 1er avril 2007 -
(E.S.M.) -
A 9h30 aujourd'hui le Saint Père Benoît XVI a présidé, Place Saint Pierre, la
solennelle célébration liturgique du Dimanche des Rameaux et de la Passion
du Seigneur. Voici les paroles que le Saint Père a prononcées lors de
son homélie.
|
Le pape Benoît XVI célèbre la
Passion du Christ
Dimanche des Rameaux : Homélie du
Saint-Père
Benoît XVI
Procession des Rameaux et célébration de la Passion du Christ
A 9h30 aujourd'hui le Saint Père Benoît XVI a présidé, Place Saint Pierre, la
célébration liturgique solennelle du Dimanche des Rameaux et de la Passion
du Seigneur. Le Pape a béni les rameaux et, au terme de la procession, a
célébré le Sainte Messe de la Passion du Seigneur.
Voici le texte de l'homélie que le Saint Père Benoît XVI a prononcée après la
proclamation de la Passion du Seigneur selon Saint Luc:
Chers frères et soeurs,
Dans la procession du Dimanche des Rameaux nous nous associons à la foule
des disciples qui, dans une joie festive, accompagnent le Seigneur dans
son entrée à Jérusalem. Comme eux, nous louons le Seigneur à pleine voix pour
tous les miracles que nous avons vus. Oui, nous aussi nous avons vu et voyons
encore aujourd'hui les miracles du Christ : comment Il conduit les hommes et femmes
à renoncer au commodités de leur propre vie et à se mettre totalement au service
des souffrants ; comment Il donne du courage à des hommes et à des femmes pour
s'opposer
à la violence et au mensonge, pour laisser la place dans le monde à la
vérité ; comment, dans le secret, il conduit des hommes et des femmes à
faire du bien aux autres, à susciter la réconciliation là où régnait
la haine, à bâtir la paix là où régnait l’inimitié
La procession est d'abord un joyeux témoignage que nous rendons à Jésus
Christ, dans lequel nous a été rendu visible le visage de Dieu et grâce
auquel le coeur de Dieu est ouvert à tous. Dans l'Évangile de Luc, le
récit du début du cortège près de Jérusalem est composé en partie
sur le modèle du rite du couronnement avec lequel, selon le
Premier Livre des Rois, Salomon fut institué comme héritier de la royauté
de David (cfr 1 Roi 1.33-35).
Ainsi la procession des Rameaux est aussi la procession du Christ Roi : nous
professons la Royauté de Jésus Christ, reconnaissons Jésus comme le Fils de
David, le véritable Salomon - le Roi de la paix et de la justice. Le
reconnaître comme Roi signifie : l'accepter comme Celui qui indique le
chemin, en qui nous avons confiance et que nous suivons. Cela signifie accepter jour après jour sa Parole comme critère
valable pour notre vie. Cela signifie voir en Lui l'autorité à laquelle nous
nous soumettons. Nous nous soumettons à Lui, parce que son autorité est l'autorité de la
vérité.
La procession des Rameaux est - comme ce jour-là pour les
disciples - tout d'abord une expression de joie, parce que nous pouvons connaître
Jésus, parce qu'il nous permet d'être ses amis et parce qu'il nous a
offert la clé de la vie. Cette joie, qui est au début, est cependant aussi
l'expression de notre "oui" à Jésus et de notre disponibilité à aller avec
Lui partout où il nous conduira. L'exhortation qui est aujourd'hui au début de
notre liturgie, interprète donc à juste titre la procession aussi comme une
représentation symbolique de ce que nous appelons "suivre le Christ" :
"Nous demandons la grâce de le suivre", avons-nous dit. L'expression "suivre
le Christ" est une description de l'entière existence chrétienne en général.
Mais en quoi cela consiste-t-il ? Qu'est ce que veut dire concrètement "suivre
le Christ ?"
Au départ, avec les premiers disciples, le sens était beaucoup plus simple
et immédiat : cela signifiait que ces personnes avaient décidé de laisser
leur profession, leurs affaires, leur vie tout entière pour partir avec
Jésus. Cela signifiait entreprendre une nouvelle profession : celle de
disciple. Le contenu fondamental de cette profession était d’aller avec le
maître, se placer totalement sous sa conduite. Ainsi, la suite du Christ
était une chose extérieure et dans le même temps, très intérieure. L’aspect
extérieur était le fait de marcher derrière Jésus lors de ses pèlerinages à
travers la Palestine ; l’aspect intérieur était la nouvelle orientation de
la vie, qui n’avait plus comme points de référence les affaires, le métier
qui procurait de quoi vivre, la volonté personnelle, mais qui s’abandonnait
totalement à la volonté d’un Autre. Etre à sa disposition était désormais
devenu une raison de vivre. Quelques scènes de l’Evangile nous donnent une
idée très claire du renoncement au bien propre et du détachement par rapport
à soi-même, que cela comportait.
Mais cela révèle également ce que signifie pour nous Le suivre et quelle
véritable essence est pour nous de le suivre: il s'agit d'un changement
intérieur de l'existence. Cela demande que je ne sois pas fermé en moi
considérant mon propre épanouissement comme ma principale raison de vivre.
Cela demande que je me donne librement à un Autre pour la vérité, pour l'amour,
pour Dieu qui, en Jésus Christ, me précède et me montre le chemin. Il s'agit de la
décision fondamentale de ne pas considérer l'utilité et le profit, la
carrière et le succès comme le but ultime de ma vie, mais de reconnaître par
contre comme critères authentiques la vérité et l'amour. Il s'agit du choix
entre vivre seulement pour moi-même ou de me donner pour quelque chose de plus
grand. Et nous savons bien que vérité et amour ne sont pas des
valeurs abstraites ; en Jésus Christ, ces valeurs sont devenues une Personne. En le suivant,
j'entre au service de la vérité et de l'amour. En m'égarant, je me
retrouve.
Revenons à la liturgie et à la procession des Rameaux dans laquelle la
liturgie prévoit comme chant le Psaume 23 (24) qui était également en Israël
un chant de procession utilisé lors de la montée sur le mont du temple. Le
Psaume interprète la montée intérieure dont la montée extérieure est l’image
et nous explique ainsi une fois encore ce que signifie monter avec le Christ
: « Qui peut gravir la montagne du Seigneur ? » demande le Psaume qui
indique deux conditions essentielles. Ceux qui montent et veulent
véritablement atteindre les hauteurs, arriver jusqu’à la vraie hauteur,
doivent être des personnes qui s’interrogent sur Dieu ; des personnes qui
scrutent autour d’elles pour chercher Dieu, pour chercher son Visage.
Chers jeunes amis – combien cela est important
précisément aujourd’hui : ne pas se laisser entraîner ici et là dans la vie
; ne pas se contenter de ce que tout le monde pense, dit et fait. Scruter
Dieu et chercher Dieu. Ne pas laisser la question sur Dieu se dissoudre dans
nos âmes. Le désir de ce qui est plus grand. Le désir de Le connaître – son
Visage…
L’autre condition très concrète pour la montée est la
suivante : celui qui a « les mains innocentes et le cœur pur » peut se tenir
dans le lieu saint. Des mains innocentes, ce sont des mains qui ne sont pas
utilisées pour des actes de violence. Ce sont des mains qui ne sont pas
salies par la corruption, par des pots de vins. Un cœur pur - quand le coeur
est-il pur ? Un cœur est pur lorsqu’il ne fait pas semblant, ne se tache pas
de mensonge ou d’hypocrisie. C’est un cœur qui demeure transparent comme
l’eau vive, parce qu’il ne connaît pas la duplicité. Un cœur est pur
lorsqu’il ne s’égare pas dans l’ivresse du plaisir ; c’est un cœur dont
l’amour est vrai et pas seulement la passion d’un moment. Des mains
innocentes et un cœur pur : si nous marchons avec Jésus, nous montons et
nous trouvons les purifications qui nous conduisent vraiment à cette hauteur
à laquelle l’homme est destiné : l’amitié avec Dieu lui-même.
Le psaume (24, 23) qui parle de la montée,
s'achève avec une liturgie d'entrée
devant la porte du Temple : "portes, levez vos frontons, élevez-vous,
portes éternelles, et qu'entre le roi de gloire". Dans l'ancienne liturgie
du dimanche des Rameaux, le prêtre, arrivé devant l'église, frappait
fortement avec le bois de la croix de la procession au portail
encore fermé, qui s'ouvrait alors. C'était une belle image pour le
mystère de Jésus Christ qui, avec le bois de sa croix, avec la force de son
amour qui se donne, a frappé du côté du monde, à la
porte de Dieu ; du côté d'un monde qui ne réussissait pas à trouver un accès
auprès de Dieu. Avec la croix, Jésus a ouvert grand la porte de Dieu, la
porte entre Dieu et les hommes. Maintenant, elle est ouverte. Mais même de
l'autre côté le Seigneur frappe avec sa croix : il frappe aux portes du
monde, aux portes de nos coeurs, qui souvent en grand nombre
sont fermés pour Dieu. Et il nous parle plus ou moins ainsi : si les
preuves que Dieu te donne de son existence dans la création, ne réussissent
pas à t'ouvrir pour Lui ; si la parole des Écritures et le message de
l'Église te laissent indifférent - alors regarde-moi, ton Seigneur et ton
Dieu.
Voilà l'appel qu'en cette heure nous laissons pénétrer dans notre coeur.
Que le Seigneur nous aide à ouvrir la porte de
notre coeur, la porte du monde, pour que Lui, le Dieu vivant, puisse à
travers son Fils arriver
à notre époque, à atteindre notre vie. Amen.
Texte original des paroles du pape Benoît XVI:
Italien traduction E.S.M.
Toutes les photos de la cérémonie ►
pages 52 et
53
Le programme des cérémonies de la Semaine Sainte présidées par le pape Benoît XVI, tel qu'il a été publié par l'Office des Cérémonies liturgiques du Souverain Pontife.
Semaine Sainte
Tous les
textes du temps de Carême
►
Table Carême
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
© Copyright 2007 du texte original - Libreria Editrice Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.04.2007 - BENOÎT XVI |