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19 Avril 2005
 

Homélie de la messe d’ouverture du synode - 02 10 2005

ROME, Dimanche 2 octobre 2005 – Un synode qui « vive » de l’Eucharistie et pas seulement de « belles paroles » sur ce mystère : tel est le vœu exprimé par Benoît XVI dans son homélie, lors de la messe d’ouverture du synode, ce dimanche 2 octobre, en la basilique Saint-Pierre.

« Bannir Dieu de la vie n’est pas de la tolérance, mais une hypocrisie », a également fait observer le pape.

Benoît XVI a présidé, à 9 h 30, en la basilique Saint-Pierre, la messe d’ouverture du XIe synode entouré de 320 évêques du monde entier, dont 55 cardinaux, 7 patriarches. Et parmi les 256 pères synodaux, 216 sont élus par les conférences épiscopales ou participants de droit, 40 délégués sont de nomination pontificale, auxquels s’ajoutent une trentaine d’experts et d’auditeurs. Ils représentent les cinq continents et 118 nations et cultures.

Le pape a encouragé les membres de ce synode à faire l’expérience de la force qui jaillit de ce sacrement, qui parle de « sacrifice » et « d’amour », de « mort » et de « vie ».

Commentant la première lecture de la liturgie de ce dimanche (Isaïe 5), le pape évoquait le « vin » de la présence aimante de Dieu, payé du prix de la mort de son fils, et laissé à l’humanité comme un don « indestructible », et à travers lui, dans l’Eucharistie, plutôt que dans « le vinaigre » de l’auto-suffisance, du conflit, de l’indifférence, de qui est tenté de réduire Dieu à une « simple expression dévote » .

Dieu, soulignait le pape, a créé l’homme à son image et donc, dans l’homme, « brille » un peu de l’amour divin. Mais l’homme en est-il conscient ?

« Dieu nous attend, répondait le pape. Il veut être aimé de nous : un tel appel ne devrait-il pas toucher notre cœur ? A cette heure même où nous célébrons l’Eucharistie, où nous inaugurons le synode sur l’Eucharistie, il vient à notre rencontre, il vient à ma rencontre. Trouvera-t-il une réponse ? Ou arrive-t-il avec nous comme avec la vigne dont Dieu dit en Isaïe : « Il attendait qu’il produise du raisin mais elle donna du raisin sauvage » ? Notre vie chrétienne n’est-elle pas beaucoup plus vinaigre que vin ? Auto-commisération, conflit, indifférence ? »

L’opposition entre les deux types de raisins – le bon, symbole de justice et le sauvage, emblème de la violence – se fait plus éclatant dans l’Evangile, continuait le pape.

Même si le raisin est bon, ce sont les vignerons qui sont injustes et cruels, car ils prétendent retenir le fruit de la vendange : cette image est grave, souligne le pape, car c’est Dieu lui-même qui est méprisé, un peu comme il arrive dans le monde d’aujourd’hui .

« Nous, les hommes, auxquels la création est pour ainsi dire confiée pour la gérer, nous l’usurpons. Nous voulons en être les maîtres, en première personne et tout seuls . Nous voulons posséder le monde et notre vie même sans limite. Dieu est un obstacle . Ou l’on fait de lui une simple phrase dévote ou Il est nié tout à fait, banni de la vie publique , de façon à perdre toute signification. La tolérance, qui admet pour ainsi dire Dieu en tant qu’opinion privée, mais le refuse dans le domaine public, dans la réalité du monde et de notre vie, n’est pas tolérance mais hypocrisie. Là où l’homme se fait le seul maître du monde et propriétaire de soi même la justice ne peut plus exister . Là peut seul dominer l’arbitrage du pouvoir et des intérêts ».

Ainsi, continuait en substance le pape, le jugement dur auquel Dieu soumet la « vigne infidèle », est une lecture de ce qui est advenu historiquement avec la destruction de Jérusalem, en 70 après Jésus-Christ. Mais, observait-il : « La menace d’un jugement nous concerne également, nous , l’Eglise en Europe, l’Europe et l’Occident en général . Avec cet Evangile, le Seigneur crie aussi à nos oreilles les paroles que dans l’Apocalypse il adresse à l’Eglise d’Ephèse : « Si tu ne te convertis pas, je viendrai à toi et j’ôterai ton candélabre de sa place » (2, 5). A nous aussi, la lumière peut être enlevée, et nous faisons bien de laisser raisonner cet avertissement dans nos âmes dans tout son sérieux, en criant en même temps au Seigneur : « Aide-nous à nous convertir ! Donne à nous tous la grâce d’un vrai renouveau ! ».

Faisant écho à la prophétie d’il y a 2700 ans, l’avertissement - la « menace » - qui résonne dans la voix du pape n’est pas cependant « le dernier mot », souligne Benoît XVI : le dernier mot, c’est la « promesse » que « l’amour est vainqueur ».

C’est cet amour qui, avec Jésus au Cénacle, deviendra l’un des mystères ineffables de la vie chrétienne, continuait le pape. De la mort du Christ, « jaillit la vie », et c’est lui la preuve que « l’amour a vaincu la mort » .

« Dans la sainte Eucharistie », faisait observer le pape, Jésus, « de la croix, nous attire à lui et nous fait devenir les sarments de la vigne qui est lui-même ».

« Si nous restons unis à lui, alors nous porterons du fruit nous aussi, alors de nous ne viendra plus le vinaigre de l’auto-suffisance, du mécontentement de Dieu, et de sa création, mais le bon vin de la joie en Dieu et de l’amour envers le prochain. Prions le Seigneur de nous donner sa grâce afin que pendant les trois semaines du synode que nous sommes en train de commencer nous ne disions pas seulement de belles choses sur l’Eucharistie, mais que surtout nous vivions de sa force ».

Texte intégral de l’homélie que le pape Benoît XVI a prononcée lors de la messe d’ouverture du synode qui s’est déroulée dimanche matin 2 octobre 2005 en la basilique Saint Pierre.

La lecture tirée du prophète Isaïe et l’Évangile de ce jour mettent sous nos yeux l’une des grandes images de l’Ecriture Sainte: l’image de la vigne. Le pain représente dans l’Écriture Sainte tout ce dont l’homme a besoin dans sa vie quotidienne. L’eau donne à la terre la fertilité: c’est le don fondamental, qui rend possible la vie. Le vin, en revanche, exprime la délicatesse de la création, il nous offre la fête dans laquelle nous dépassons les limites du quotidien: le vin “réjouit le cœur”. Ainsi le vin et avec lui la vigne sont-ils également devenus des images du don de l’amour, dans lequel nous pouvons faire dans une certaine mesure l’expérience de la saveur du Divin. Et ainsi la lecture du prophète, que nous venons d’écouter, commence-t-elle comme un cantique d’amour: Dieu s’est créé une vigne - c’est là une image de son histoire d’amour avec l’humanité, de son amour pour Israël, qu’Il s’est choisi. Le premier enseignement des lectures d’aujourd’hui est donc celui-ci: à l’homme, créé à son image Dieu a insufflé sa capacité d’aimer et donc la capacité de L’aimer Lui aussi, son Créateur. À travers le cantique d’amour du prophète Isaïe, Dieu veut parler au cœur de son peuple - ainsi qu’à chacun de nous. “Je t’ai créé à mon image et ressemblance”, dit-il à chacun de nous. “Moi-même, je suis l’amour, et tu es mon image dans la mesure où, en toi, brille la splendeur de l’amour, dans la mesure où tu me réponds avec amour”. Dieu nous attend. Il veut être aimé de nous: un semblable appel ne devrait-il donc pas toucher notre cœur? En cette heure précisément où nous célébrons l’Eucharistie, où nous inaugurons le Synode sur l’Eucharistie, Il vient à notre rencontre, il vient à ma rencontre. Trouvera-t-il une réponse? Ou arrive-t-il avec nous ce qu’il se passe avec la vigne, à propos de laquelle Dieu dit à Isaïe: “Il attendait de beaux raisins: elle donna des raisins sauvages”? Notre vie chrétienne n’est-elle donc pas plus souvent du vinaigre que du vin? Commisération sur nous-mêmes, conflit, indifférence?

Nous sommes ainsi naturellement arrivés au deuxième enseignement fondamental des lectures d’aujourd’hui. Celles-ci parlent avant tout de la bonté de la création de Dieu et de la grandeur de l’élection à travers laquelle Il nous recherche et Il nous aime. Mais elles parlent également de l’histoire qui a eu lieu ensuite - de l’échec de l’homme. Dieu avait planté des vignes d’excellente qualité et, toutefois, du raisin sauvage a mûri. En quoi consiste ce raisin sauvage? Le bon raisin que Dieu attendait - dit le prophète - aurait dû consister dans la justice et dans la rectitude. Le raisin sauvage, ce sont en revanche la violence, le sang répandu et l’oppression, qui font gémir les peuples sous le joug de l’injustice. Dans l’Évangile, l’image change: la vigne produit du bon raisin, mais les vignerons le gardent pour eux. Ils ne sont pas disposés à le remettre au propriétaire. Ils battent et ils tuent les messagers qu’il a envoyés et ils tuent son Fils. Leur motivation est simple: ils veulent devenir eux-mêmes les propriétaires; ils prennent possession de ce qui ne leur appartient pas. Dans l’Ancien Testament, on trouve au premier plan l’accusation de violation de la justice sociale, du mépris de l’homme de la part de l’homme. En arrière plan, toutefois, apparaît que, à travers le mépris de la Torah, du droit donné par Dieu, c’est Dieu lui-même qui est méprisé; l’on veut seulement jouir de son propre pouvoir. Cet aspect est pleinement mis en évidence dans la parabole de Jésus: les vignerons ne veulent pas avoir de propriétaire - et ces vignerons constituent également pour nous un miroir. Nous les hommes, auxquels la création est pour ainsi dire confiée en gestion, nous l’usurpons. Nous voulons en être les propriétaires au premier chef et tous seuls. Nous voulons posséder le monde et notre propre vie de manière illimitée. Dieu nous est une entrave. Ou bien on Le réduit à une simple phrase pieuse ou bien Il est nié totalement, mis au ban de la vie publique, au point de perdre toute signification. La tolérance, qui admet pour ainsi dire Dieu comme une opinion privée, mais lui refuse le domaine public, la réalité du monde et de notre vie, n’est pas tolérance, mais hypocrisie. Mais là où l’homme se fait le seul propriétaire du monde et propriétaire de lui-même, la justice ne peut pas exister. Là, ne peut dominer que l’arbitraire du pouvoir et des intérêts. Bien sûr, l’on peut chasser le Fils hors de la vigne et le tuer, pour goûter de manière égoïste, tous seuls, les fruits de la terre. Mais alors, la vigne se transforme bien vite en un terrain inculte piétiné par les sangliers, comme nous dit le Psaume responsorial (cf. Ps 79, 14).

Nous parvenons ainsi au troisième élément des lectures de ce jour. Le Seigneur, dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, annonce le jugement à la vigne infidèle. Le jugement qu’Isaïe prévoyait s’est réalisé au travers des grandes guerres et des exils pratiqués par les Assyriens et les Babyloniens. Le jugement annoncé par le Seigneur Jésus se réfère surtout à la destruction de Jérusalem en l’an 70. Mais la menace de jugement nous concerne nous aussi, l’Église en Europe, l’Europe et l’Occident en général. Par cet Évangile, le Seigneur crie jusque dans nos oreilles les paroles qu’il adresse dans l’Apocalypse à l’Église d’Éphèse: “Si tu ne te repens, je vais venir à toi pour changer ton candélabre de son rang” (2,5). À nous aussi, la lumière peut être enlevée et nous faisons bien si nous laissons résonner cet avertissement en notre âme avec tout son sérieux, en criant dans le même temps au Seigneur: “Aide-nous à nous convertir! Donne à chacun de nous la grâce d’un véritable renouvellement! Ne permets pas que la lumière qui est au milieu de nous s’éteigne! Renforce notre foi, notre espérance et notre amour afin que nous puissions porter de bons fruits!”.

Dès lors, se pose à nous cette question: “Mais n’y a-t-il aucune promesse, aucune parole de réconfort dans la lecture et dans la page d’évangile de ce jour? La menace serait-elle le dernier mot?” Non! La promesse existe et c’est elle qui constitue le dernier mot, le mot essentiel. Nous l’entendons dans le verset de l’Alléluia, tiré de l’Évangile de Jean: “Je suis la vigne; vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit” (Jn 15, 5). Par ces paroles du Seigneur, Jean nous illustre la fin dernière et véritable de l’histoire de la vigne de Dieu. Dieu ne faillit pas. À la fin, il remporte la victoire, l’amour sort vainqueur. Une allusion voilée à cette victoire se trouve déjà dans la parabole de la vigne proposée par l’Évangile d’aujourd’hui et dans ses paroles conclusives. Même à ce moment-là, la mort du Fils ne constitue pas la fin de l’histoire, même si elle n’est pas directement racontée. Mais Jésus exprime cette mort par le biais d’une nouvelle image tirée du Psaume: “La pierre qu’avaient rejetée les bâtisseurs c’est elle qui est devenue pierre de faîte...” (Mt 21, 42; Ps 117, 22). De la mort du Fils surgit la vie, un nouvel édifice se forme, une nouvelle vigne. Lui, qui à Cana, changea l’eau en vin, a transformé son sang dans le vin du véritable amour et transforme ainsi le vin en son sang. Dans le cénacle, il a anticipé sa mort et l’a transformée en don de soi, en un acte d’amour radical. Son sang est don, il est amour, et pour cette raison, il est le vrai vin que le Créateur attendait. De cette manière, le Christ même est devenu la vigne et cette vigne porte toujours du bon fruit: la présence de son amour pour nous, qui est indestructible.

Ainsi, ces paraboles débouchent à la fin sur le mystère de l’Eucharistie, dans laquelle le Seigneur nous donne le pain de la vie et le vin de son amour et nous invite à la fête de l’amour éternel. Nous célébrons l’Eucharistie bien conscients que son prix fut la mort du Fils - le sacrifice de sa vie, qui, en elle, reste présent. Chaque fois que nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe, nous annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne, nous dit saint Paul (cf. Co 11, 26). Mais nous savons également que, de cette mort provient la vie, parce que Jésus l’a transformée en un geste oblatif, en un acte d’amour, en la modifiant ainsi profondément: l’amour a vaincu la mort. Dans la sainte Eucharistie, Il nous attire tous à Lui depuis la croix (Jn 12, 32) et nous fait devenir des sarments de la vigne qu’Il est lui-même. Si nous demeurons unis à Lui, alors nous porterons du fruit nous aussi, alors, nous aussi, nous ne produirons plus le vinaigre de l’autosuffisance, du mécontentement de Dieu et de sa création, mais le bon vin de la joie de Dieu et de l’amour du prochain. Nous prions le Seigneur de nous donner sa grâce, afin que, dans les trois semaines du Synode que nous débutons, nous ne disions pas seulement de belles choses à propos de l’Eucharistie, mais surtout que nous vivions de sa force. Nous invoquons ce don par l’intercession de Marie, chers Pères synodaux, que je salue avec tant d’affection, ainsi que les Communautés desquelles vous provenez et que vous représentez ici, afin que, dociles à l’action de l’Esprit Saint, nous puissions aider le monde à devenir dans le Christ et avec le Christ la vigne féconde de Dieu. Amen.
 

 

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