Audience Générale : Benoît XVI évoque
Saint Bernard de Clairvaux |
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Le 21 octobre 2009 -
(E.S.M.)
- L'Audience Générale de ce matin où le pape Benoît XVI a
rencontré des groupes de pèlerins et de fidèles venus d'Italie
et de chaque partie du monde, a débuté à 10h30 Place
Saint-Pierre.
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Le pape Benoît XVI
Audience Générale : Benoît XVI évoque
Saint Bernard de Clairvaux
Le 21 octobre 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- L'Audience Générale de ce matin où le pape Benoît XVI a rencontré des
groupes de pèlerins et de fidèles venus d'Italie et de chaque partie du
monde, a débuté à 10h30 Place Saint-Pierre.
Dans son discours en langue italienne, le Saint-Père, en continuant le cycle
de catéchèses sur les grands Écrivains de l'Église d'Orient et d'Occident du
Moyen âge, s'est arrêté sur Saint Bernard de Clairvaux
(1090-1153).
Après avoir repris ses catéchèses en différentes langues, le Saint-Père a
adressé des salutations particulières aux groupes de fidèles présents.
C'est le psaume 123 qui a été lu ce mercredi au début de l'audience.
Psaume 123
Sans le Seigneur qui était
pour nous, - qu'Israël le redise -
sans le Seigneur qui était pour nous quand des hommes nous assaillirent, *
alors ils nous avalaient tout vivants, dans le feu de leur colère.
Alors le flot passait sur nous, le torrent nous submergeait ;
alors nous étions submergés par les flots en furie.
Béni soit le Seigneur qui n'a pas fait de nous la proie de leurs dents !
Comme un oiseau, nous avons échappé au filet du chasseur ; le filet s'est
rompu : nous avons échappé.
Notre secours est le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.
Catéchèse du saint-Père
Chers frères et sœurs,
Aujourd'hui je voudrais parler de saint Bernard de Clairvaux, appelé le
dernier des Pères de l'Eglise, car au XIIe siècle il a encore une fois
souligné et rendu présente la grande théologie des pères. Nous ne
connaissons pas en détail les années de son enfance ; nous savons cependant
qu'il naquit en 1090 à Fontaines en France, dans une famille nombreuse et
assez aisée. Dans son adolescence, il se consacra à l'étude de ce que l'on
appelle les arts libéraux - en particulier la grammaire, la rhétorique et la
dialectique - à l'école des chanoines de l'église de Saint-Vorles, à
Châtillon-sur-Seine et il mûrit lentement la décision d'entrer dans la vie
religieuse. Vers vingt ans, il entra à Cîteaux, une fondation monastique
nouvelle, plus souple par rapport aux anciens et vénérables monastères de
l'époque et, dans le même temps, plus rigoureuse dans la pratique des
conseils évangéliques. Quelques années plus tard, en 1115, Bernard fut
envoyé par saint Etienne Harding, troisième abbé de Cîteaux, pour fonder le
monastère de Clairvaux. C'est là que le jeune abbé (il n'avait que
vingt-cinq ans) put affiner sa propre conception de la vie monastique, et
s'engager à la traduire dans la pratique. En regardant la discipline des
autres monastères, Bernard rappela avec fermeté la nécessité d'une vie sobre
et mesurée, à table comme dans l'habillement et dans les édifices
monastiques, recommandant de soutenir et de prendre soin des pauvres. Entre
temps, la communauté de Clairvaux devenait toujours plus nombreuse et
multipliait ses fondations.
Au cours de ces mêmes années, avant 1130, Bernard commença une longue
correspondance avec de nombreuses personnes, aussi bien importantes que de
conditions sociales modestes. Aux multiples Lettres de cette période il faut
ajouter les nombreux Sermons, ainsi que les Sentences et les Traités. C'est
toujours à cette époque que remonte la grande amitié de Bernard avec
Guillaume, abbé de Saint-Thierry, et avec Guillaume de Champeaux, des
figures parmi les plus importantes du XIIe siècle. A partir de 1130, il
commença à s'occuper de nombreuses et graves questions du Saint-Siège et de
l'Eglise. C'est pour cette raison qu'il dut sortir toujours plus souvent de
son monastère, et parfois hors de France. Il fonda également quelques
monastères féminins, et fut le protagoniste d'une vive correspondance avec
Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, dont j'ai parlé mercredi dernier. Il
dirigea surtout ses écrits polémiques contre Abélard, le grand penseur qui a
lancé une nouvelle manière de faire de la théologie en introduisant en
particulier la méthode dialectique-philosophique dans la construction de la
pensée théologique. Un autre front sur lequel Bernard a lutté était
l'hérésie des Cathares, qui, méprisant la matière et le corps humain,
méprisaient en conséquence le Créateur. En revanche, il sentit le devoir de
prendre la défense des juifs, en condamnant les vagues d'antisémitisme
toujours plus diffuses. C'est pour ce dernier aspect de son action
apostolique que, quelques dizaines d'années plus tard, Ephraïm, rabbin de
Bonn, adressa un vibrant hommage à Bernard. Au cours de cette même période
le saint abbé rédigea ses œuvres les plus fameuses, comme les très célèbres
Sermons sur le Cantique des Cantiques. Au cours des dernières années de sa
vie - sa mort survint en 1153 - Bernard dut limiter les voyages, sans
pourtant les interrompre complètement. Il en profita pour revoir
définitivement l'ensemble des Lettres, des Sermons, et des Traités. Un
ouvrage assez singulier, qu'il termina précisément en cette période en 1145,
quand l'un de ses élèves, Bernard Pignatelli, fut élu Pape sous le nom
d'Eugène III, mérite d'être mentionné. En cette circonstance, Bernard, en
qualité de Père spirituel, écrivit à son Fils spirituel le texte De
Consideratione, qui contient un enseignement afin d'être un bon Pape. Dans
ce livre qui demeure une lecture intéressante pour les papes de tous les
temps, Bernard n'indique pas seulement comment bien faire le Pape, mais
présente également une profonde vision du mystère de l'Eglise et du mystère
du Christ qui se résout, à la fin, dans la contemplation du mystère de Dieu
un et trine : « On devrait encore poursuivre la recherche de ce Dieu, qui
n'est pas encore assez recherché », écrit le saint Abbé : « mais on peut
peut-être mieux le chercher et le trouver plus facilement avec la prière
qu'avec la discussion. Nous mettons alors ici un terme au livre, mais non à
la recherche » (XIV, 32 : PL 182, 808), à être en chemin vers Dieu.
Je voudrais à présent m'arrêter sur deux aspects centraux de la riche
doctrine de Bernard : elles concernent Jésus Christ et la Très Sainte Vierge
Marie, sa Mère. Sa sollicitude à l'égard de la participation intime et
vitale du chrétien à l'amour de Dieu en Jésus Christ n'apporte pas
d'orientations nouvelles dans le statut scientifique de la théologie. Mais,
de manière plus décidée que jamais, l'abbé de Clairvaux configure le
théologien au contemplatif et au mystique. Seul Jésus - insiste Bernard face
aux raisonnements dialectiques complexes de son temps - seul Jésus est «
miel à la bouche, cantique à l'oreille, joie dans le cœur (mel in ore, in
aure melos, in corde iubilum) ». C'est précisément de là que vient le titre,
que lui attribue la tradition, de Docteur mellifluus : sa louange de Jésus
Christ, en effet, « coule comme le miel ». Dans les batailles exténuantes
entre nominalistes et réalistes - deux courants philosophiques de l'époque -
dans ces batailles, l'Abbé de Clairvaux ne se lasse pas de répéter qu'il n'y
a qu'un nom qui compte, celui de Jésus le Nazaréen. « Aride est toute
nourriture de l'âme » - confesse-t-il, « si elle n'est pas baignée de cette
huile ; insipide, si elle n'est pas agrémentée de ce sel. Ce que tu écris
n'a aucun goût pour moi, si je n'y ai pas lu Jésus ». Et il conclut : «
Lorsque tu discutes ou que tu parles, rien n'a de saveur pour moi, si je
n'ai pas entendu résonner le nom de Jésus » (Sermones in Cantica Canticorum
xv, 6 : PL 183, 847). En effet, pour Bernard, la véritable connaissance de
Dieu consiste dans l'expérience personnelle et profonde de Jésus Christ et
de son amour. Et cela, chers frères et sœurs, vaut pour chaque chrétien : la
foi est avant tout une rencontre personnelle, intime avec Jésus, et doit
faire l'expérience de sa proximité, de son amitié, de son amour, et ce n'est
qu'ainsi que l'on apprend à le connaître toujours plus, à l'aimer et le
suivre toujours plus. Que cela puisse advenir pour chacun de nous !
Dans un autre célèbre Sermon le dimanche entre l'octave de l'Assomption, le
saint Abbé décrit en termes passionnés l'intime participation de Marie au
sacrifice rédempteur du Fils. « O sainte Mère, - s'exclame-t-il - vraiment,
une épée a transpercé ton âme !... La violence de la douleur a transpercé à
tel point ton âme que nous pouvons t'appeler à juste titre plus que martyr,
car en toi, la participation à la passion du Fils dépassa de loin dans
l'intensité les souffrances physiques du martyre » (14 : PL 183-437-438).
Bernard n'a aucun doute : « per Mariam ad Iesum », à travers Marie, nous
sommes conduits à Jésus. Il atteste avec clarté l'obéissance de Marie à
Jésus, selon les fondements de la mariologie traditionnelle. Mais le corps
du Sermon documente également la place privilégiée de la Vierge dans
l'économie de salut, à la suite de la participation très particulière de la
Mère (compassio) au sacrifice du Fils. Ce n'est pas par hasard qu'un siècle
et demi après la mort de Bernard, Dante Alighieri, dans le dernier cantique
de la Divine Comédie, placera sur les lèvres du « Doctor mellifluus » la
sublime prière à Marie : « Vierge Mère, fille de ton Fils, / humble et
élevée plus que tout autre créature / terme fixe d'éternel conseil,... »
(Paradis 33, vv. 1ss).
Ces réflexions, caractéristiques d'un amoureux de Jésus et de Marie comme
saint Bernard, interpellent aujourd'hui encore de façon salutaire non
seulement les théologiens, mais tous les croyants. On prétend parfois
résoudre les questions fondamentales sur Dieu, sur l'homme et sur le monde à
travers les seules forces de la raison. Saint Bernard, au contraire,
solidement ancré dans la Bible, et dans les Pères de l'Eglise, nous rappelle
que sans une profonde foi en Dieu alimentée par la prière et par la
contemplation, par un rapport intime avec le Seigneur, nos réflexions sur
les mystères divins risquent de devenir un vain exercice intellectuel, et
perdent leur crédibilité. La théologie renvoie à la « science des saints »,
à leur intuition des mystères du Dieu vivant, à leur sagesse, don de
l'Esprit Saint, qui deviennent un point de référence de la pensée
théologique. Avec Bernard de Clairvaux, nous aussi nous devons reconnaître
que l'homme cherche mieux et trouve plus facilement Dieu « avec la prière
qu'avec la discussion ». A la fin, la figure la plus authentique du
théologien et de toute évangélisation demeure celle de l'apôtre Jean, qui a
appuyé sa tête sur le cœur du Maître.
Je voudrais conclure ces réflexions sur saint Bernard par les invocations à
Marie, que nous lisons dans une belle homélie. « Dans les dangers, les
difficultés, les incertitudes - dit-il - pense à Marie, invoque Marie.
Qu'elle ne se détache jamais de tes lèvres, qu'elle ne se détache jamais de
ton cœur ; et afin que tu puisses obtenir l'aide de sa prière, n'oublie
jamais l'exemple de sa vie. Si tu la suis, tu ne te tromperas pas de chemin
; si tu la pries, tu ne désespéreras pas ; si tu penses à elle, tu ne peux
pas te tromper. Si elle te soutient, tu ne tombes pas ; si elle te protège,
tu n'as rien à craindre ; si elle te guide, tu ne te fatigues pas ; si elle
t'est propice, tu arriveras à destination... » (Hom. II super « Missus est
», 17 : PL 183, 70-71). (ZF09102109 )
Catéchèse lue en français par le Saint-Père
Chers Frères et Sœurs,
Saint Bernard est l’un des plus grands Docteurs de l’Eglise. Né en 1090 à
Fontaines, en France, il entre à Cîteaux, nouvelle fondation monastique,
vers l’âge de 20 ans. Quelques années plus tard, en 1115, il fonde le
monastère de Clairvaux, où il va affiner sa conception de la vie monastique
et la mettre en pratique, soulignant particulièrement la nécessité d’une vie
sobre et mesurée, et recommandant le soutien des pauvres. En ces années, il
développa une vaste correspondance avec de nombreuses personnes, de haute et
de modeste condition. A partir de 1130 il s’occupera aussi de graves
questions concernant le Saint-Siège et l’Eglise. Deux aspects centraux de la
doctrine de saint Bernard concernent Jésus Christ et Marie, sa sainte Mère,
qui nous conduit à son Fils. Pour l’Abbé de Clairvaux, la vraie connaissance
de Dieu consiste dans l’expérience personnelle de Jésus Christ et de son
amour. La foi est avant tout une rencontre intime avec Jésus, qui nous
permet de faire l’expérience de sa proximité, de son amitié, de son amour.
C’est seulement ainsi qu’on apprend à le connaître toujours plus, à l’aimer
et à le suivre. Que cela se réalise pour chacun de nous !
Je salue cordialement les pèlerins de langue française, particulièrement les
jeunes d’Alsace et de Normandie ainsi que les servants de messe des unités
pastorales Notre-Dame et Sainte-Claire du canton de Fribourg. Que
l’enseignement de saint Bernard vous aide à découvrir toujours plus en Marie
la Mère qui protège de toute crainte et qui nous guide vers son divin Fils.
Que Dieu vous bénisse !
***
Lors des saluts aux pèlerins de langue polonaise, le Pape a rappelé les
travaux du Synode pour l’Afrique en évoquant les difficultés de ce continent
et a appelé les pèlerins à soutenir l’Église en Afrique spirituellement et
matériellement.
Texte original du
message du Saint Père
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Synthèse de la catéchèse
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Benoît XVI : sans la foi, la théologie est un simple exercice intellectuel
Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.10.2008 -
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