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A ceux qui ont voulu impliquer Benoît XVI dans un choc des
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ROME, le 15 octobre 2006 -
(E.S.M.) - Le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat du
Saint-Siège, a donné des précisions concernant le discours de Benoît
XVI à l’université de Ratisbonne, le 12 septembre dernier, à
l’origine d’une vive polémique dans le monde musulman.
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Le pape Benoît XVI et le cardinal Bertone
A ceux qui ont
voulu impliquer le pape Benoît XVI et le Saint-Siège dans un choc des
civilisations
CARD. BERTONE,
CATHOLIQUES ET MUSULMANS PEUVENT PARTAGER DES VALEURS
"Les catholiques et les musulmans peuvent et doivent
partager des thèmes qui intéressent tout le monde et sont essentiels pour le
sort et l’avenir de l’humanité" a déclaré le secrétaire d’État du Vatican,
le cardinal Tarcisio Bertone, dans une interview à la Rai. Concernant le
voyage en Turquie de Benoît XVI, prévu fin novembre mais qui selon certains
pourrait être annulé à cause des polémiques qui ont suivi les propos du Pape
à Ratisbonne, le cardinal Bertone a ajouté qu’il n’y avait pas de raison
d’annuler ce voyage. Revenant sur le discours contesté du Pape Benoît XVI en
Allemagne, le cardinal Bertone l’a défini notamment un "appel à la
collaboration entre la religion chrétienne et la religion islamique pour
partager et viser des objectifs moraux communs obligés dans notre monde
moderne, comme la tutelle de la valeur de la vie et des valeurs morales".
Benoît
XVI
Le cardinal
secrétaire d’Etat éclaire la lecture du discours de Ratisbonne
Le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat du Saint-Siège,
s’exprimait dans un texte de présentation du discours à paraître dans le
mensuel catholique italien 30 Giorni, actuellement sur quelques sites..
“D’une lecture attentive et directe de ce qui a été, à juste titre,
qualifié de "superbe" leçon de Ratisbonne, - laquelle n’était pas et ne
pouvait pas être une déclaration ex cathedra, il apparaît clairement que son
fond était le rapport entre la foi et la raison, et non l’approfondissement
de la question du dialogue avec les autres religions et en particulier l’Islam“,
explique ainsi le cardinal.
“Malheureusement, une lecture précipitée
du texte, qui a aussi été instrumentalisé par ceux qui voulaient impliquer
le pape Benoît XVI et le Saint-Siège dans un véritable ou présumé choc des
civilisations, - une idée qui n’appartient pas à l’Eglise catholique -, a
conduit à des réactions injustifiées de la part de certains secteurs du
monde islamique“, a regretté le cardinal.
Ainsi, “il est peut-être
nécessaire de rappeler que, dans le discours de Ratisbonne, le pape Benoît
XVI n’a pas seulement parlé des risques de déraison présents dans d’autres
traditions religieuses, mais a aussi fait une allusion autocritique interne
à l’histoire de la théologie catholique“, a souligné le cardinal italien,
rappelant la mention dans le texte du pape de Duns Scot (1266-1308). Ce
théologien, philosophe écossais et franciscain, affirmait, dans la lignée
augustinienne, la priorité de la foi et de la volonté sur la raison.
Le cardinal a aussi rappelé qu’au cours de son audience aux ambassadeurs du
monde musulman, le 25 septembre dernier, le pape avait voulu exprimer “son
refus de toute instrumentalisation et de toute volonté d’opposer son action
à celle de son prédécesseur“, qui n’a pas été que le fait de certains
médias.
Pour le "numéro deux" du Saint-Siège, les très nombreuses
interventions du Vatican et du pape Benoît XVI sur cette “question
spécifique“ ne sont “absolument pas“ liées à “la peur“. Le pape Benoît XVI a
tenu à rappeler, “de façon claire et intelligible pour tous, sa volonté
"d’honorer" tout le monde, y compris les musulmans, et sa volonté "d’aimer"
toutes les communautés chrétiennes, en particulier celles éparpillées dans
les régions où la religion musulmane est majoritaire“.
“Le
christianisme ne se limite sûrement pas à l’Occident et ne s’identifie pas
plus à lui. Plus certainement, la démocratie et la civilisation occidentale
pourront retrouver une impulsion et une propulsion, c’est-à-dire cette
énergie morale pour affronter une scène internationale fortement
compétitive, uniquement en consolidant une relation dynamique et créative
avec l’histoire chrétienne".
Il est donc nécessaire “de dégager la
rancœur anti-islamique qui couve dans de nombreux cœurs, malgré la mise en
danger de la vie de tant de chrétiens“. “La ferme condamnation des formes de
dérision de la religion est une condition indispensable pour en condamner
l’instrumentalisation“, mais elle ne suffit pas. “Le discours de fond n’est
pas non plus celui du respect des symboles religieux. Ce discours de fond
est simple et radical : il convient de soutenir la dignité humaine du
croyant musulman“.
“Face aux croyants musulmans, mais aussi face aux
terroristes, le paramètre qui doit dicter le comportement n’est pas
l’utilité ou le don, mais la dignité humaine. Au centre du rapport entre l’Eglise
et l’Islam, il y a donc comme préliminaire la promotion de la dignité de
chaque personne et l’éducation à la conscience et au soutien des droits de
l’homme“, a expliqué le cardinal. Pour autant, a-t-il insisté, les chrétiens
ne doivent pas “renoncer à proposer et à présenter l’Evangile, aussi aux
musulmans, dans les formes les plus respectueuses de la liberté de l’acte de
foi“.
Pour “atteindre ces objectifs“, le Saint-Siège se propose donc
“de valoriser au maximum les nonciatures apostoliques dans les pays à
majorité musulmanes, pour accroître la connaissance réciproque et, si
possible, partager les positions du Saint-Siège“.
Par ailleurs, le
Saint-Siège se propose “d’asseoir les relations culturelles entre les
universités catholiques et celles des pays arabes et entre les hommes et les
femmes de culture“, car, entre eux, “le dialogue est possible“ et “même
fructueux“. Pour le cardinal Bertone, il convient donc “d’intensifier cette
voie de dialogue avec les élites pensantes, avec la confiance dans le fait
de pouvoir ensuite pénétrer les masses, changer les mentalités et éduquer
les consciences“.
Pour favoriser ce dialogue, “le Saint-Siège a
commencé et continuera à utiliser plus systématiquement la langue arabe dans
son système de communication“, a conclu le cardinal secrétaire d’Etat.
Sources: Vatican -
E.S.M.
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.10.2006 - BENOÎT XVI |