Message de Benoît XVI en la Veillée des Vè R.M.F.
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DIMANCHE 9 JUILLET 2006 - Nous publions le
message intégral que le pape Benoît XVI a prononcé à la cité des arts et des
sciences en présence des familles. Les témoignages alternent avec des
représentations artistiques culturels réalisées par des artistes de renommée
internationale.
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Le pape Benoît XVI lors de la
rencontre de fête avec les témoignages
Message du Saint Père Benoît XVI
Célébration de fête avec des témoignages
données par les familles des différentes parties du monde au sujet de leurs
expériences de foi vécue, spécialement dans des circonstances particulières.
Nous communiquons ci-dessous le message du saint Père Benoît XVI prononcé le
samedi 8 juillet à 21H.
Chers Frères et Sœurs,
C’est pour moi un grand bonheur de participer à cette
rencontre de prière, au cours de laquelle on célèbre dans la joie le don divin
de la famille, déclare Benoît XVI. Dans la prière et dans l’espérance dans le
Christ ressuscité, qui donne force et lumière
même dans les moments de plus grande détresse humaine, je me sens très proche de
tous ceux qui ont récemment vécu un deuil dans cette ville.
Unis dans la même foi au Christ, nous sommes ici rassemblés,
venus du monde entier, comme une communauté qui rend grâce et qui témoigne
joyeusement que l’être humain a été créé à l’image et la ressemblance de Dieu pour aimer et qu’il ne peut se réaliser pleinement lui-même que lorsqu’il se
donne sincèrement aux autres. La famille est le lieu privilégié où toute
personne apprend à donner et à recevoir de l’amour. C’est pourquoi l’Église
manifeste constamment sa sollicitude pastorale envers ce milieu essentiel pour
la personne humaine. Elle l’enseigne ainsi dans son Magistère: «
Dieu, qui est amour et qui a créé l’homme par amour, l’a
appelé à aimer. En
créant l’homme et la femme, il les a appelés, dans le
Mariage, à une intime communion de vie et d’amour
entre eux, "à cause de cela, ils ne sont
plus deux, mais un seul" (Mt 19,6) » (Catéchisme
de l’Église catholique. Compendium, n. 337).
Telle est la vérité que l’Église proclame inlassablement au
monde, souligne Benoît XVI. Mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II affirmait
que «l’homme est devenu "image et ressemblance" de Dieu non seulement à travers
sa propre humanité, mais aussi à travers la communion de personnes que l’homme
et la femme constituent dès le début. L’homme devient image de Dieu au moment de
la communion plus qu’au moment de la solitude»
(Audience générale du
14 novembre 1979). Aussi ai-je confirmé la convocation de cette cinquième
Rencontre mondiale des Familles en Espagne, riche
de ses traditions et fière de sa foi chrétienne qui se vit et qui se cultive
dans de nombreuses familles.
La famille est une institution intermédiaire entre l’individu
et la société, et rien ne peut la remplacer totalement. Elle s’appuie elle-même
par-dessus tout sur une relation interpersonnelle
profonde entre l’époux et l’épouse, soutenue par l’affection et la compréhension
mutuelles. Pour y parvenir, elle reçoit l’aide
abondante de Dieu dans le sacrement du mariage, qui comporte une vocation véritable à la sainteté. Puissent
leurs enfants contempler davantage les moments d’harmonie et d’affection de
leurs parents, plutôt que les moments de discorde ou d’éloignement, puisque
l’amour entre le père et la mère offre aux enfants une grande sécurité et leur
enseigne la beauté de l’amour fidèle et durable, exprime Benoît XVI.
La famille est un bien nécessaire pour les peuples, un
fondement indispensable pour la société et un grand trésor pour les époux durant
toute leur vie. C’est un bien irremplaçable pour les enfants, qui doivent être
le fruit de l’amour, du don total et généreux de leurs parents. Proclamer la
vérité intégrale de la famille, fondée sur le mariage comme Église domestique
et sanctuaire de la vie, est une grande responsabilité pour tous.
Le père et la mère se sont dit un «oui» total devant Dieu, un
«oui» qui constitue la base du sacrement qui les unit; de même, pour que la
relation au sein de la famille soit totale, il est nécessaire qu’ils disent
aussi un «oui» d’acceptation à leurs enfants, à ceux qu’ils ont engendrés ou à
ceux qu’ils ont adoptés, qui possèdent leur propre personnalité et leur propre
caractère. Ainsi, les enfants grandiront dans un climat d’acceptation et
d’amour, et il est à souhaiter que, lorsqu’ils parviendront à une maturité
suffisante, ils pourront donner à leur tour un «oui» à ceux qui leur ont donné
la vie.
Les défis de la société actuelle, marquée par la dispersion
que l’on observe particulièrement dans le milieu urbain, rendent nécessaire de
garantir que les familles ne demeurent pas isolées. Un petit noyau familial peut
rencontrer des obstacles difficiles à dépasser s’il est isolé du reste de sa
parenté et de ses amis. C’est pourquoi la communauté ecclésiale a la
responsabilité d’offrir un accompagnement, des encouragements et une nourriture
spirituelle qui fortifient la cohésion familiale, surtout dans les épreuves ou
dans les moments critiques. Dans cet esprit, le travail des paroisses, comme
celui des divers mouvements ecclésiaux, est très important, eux qui sont appelés
à collaborer comme des réseaux de soutien et comme la main tendue de l’Église
pour la croissance de la famille dans la foi, poursuit Benoît XVI.
Le Christ a révélé ce qui est toujours la source suprême de
la vie pour tous et donc aussi pour la famille : « Mon commandement, le voici :
aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand
amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 12-13). L’amour de
Dieu lui-même a été répandu sur nous par le Baptême. À partir de là, les
familles sont appelées à vivre une qualité d’amour, puisque que le Seigneur est
celui qui se porte garant que cela est possible pour nous à travers
l’amour
humain, sensible, affectueux et miséricordieux comme l’amour du Christ.
Outre la transmission de la foi et de l’amour du Seigneur,
une des tâches les plus importantes de la famille consiste à former des
personnes libres et responsables. C’est pourquoi les parents doivent faire
accéder leurs enfants à la liberté, dont ils sont, durant quelque temps, les
tuteurs. Si les enfants voient que leurs parents – et en général les adultes qui
les entourent – vivent avec joie et enthousiasme, même dans les difficultés,
grandira plus facilement en eux la joie profonde de vivre qui les aidera à
dépasser avec succès les obstacles possibles et les difficultés que comporte la
vie humaine. De plus, quand la famille ne se renferme pas sur elle-même, les
enfants apprennent que chaque personne est digne d’être aimée, et qu’il existe
une fraternité fondamentale universelle entre tous les êtres humains.
Cette cinquième Rencontre mondiale nous invite à réfléchir
sur un thème qui revêt une particulière importance et qui comporte une grande
responsabilité pour nous: « La transmission de la foi dans la famille ».
Le Catéchisme de l’Église catholique l’exprime très bien : « Comme une
mère apprend à ses enfants à parler, et par-là même à comprendre et à
communiquer, l’Église, notre Mère, nous apprend le langage de la foi pour nous
introduire dans l’intelligence et la vie de la foi » (n. 171).
Comme cela est manifesté symboliquement dans la liturgie du
Baptême, par la remise du cierge allumé, les parents sont associés au mystère de
la vie nouvelle comme fils de Dieu, vie qui se reçoit par l’eau baptismale.
Transmettre la foi à ses enfants, avec l’aide d’autres
personnes et d’autres institutions comme la paroisse, l’école ou les mouvements
catholiques, est une responsabilité que les parents ne peuvent oublier, négliger
ou déléguer totalement. « La famille chrétienne est appelée Église domestique
parce qu’elle manifeste et révèle la nature de l’Église comme famille de Dieu,
qui est d’être communion et famille. Chacun de ses membres, selon son rôle
propre, exerce le sacerdoce baptismal, contribuant à faire de la famille une
communauté de grâce et de prière, une école de vertus humaines et chrétiennes,
le lieu de la première annonce de la foi aux enfants » (Catéchisme
de l’Église catholique, Compendium, n. 350). De plus, «les parents, participants de la
paternité divine, sont les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants
et les premiers à leur annoncer la foi. Ils ont le devoir d’aimer et de
respecter leurs enfants comme personnes et comme fils de Dieu.
En particulier, ils ont pour mission de les éduquer à la foi chrétienne»
(ibid.,
n. 460).
Le langage de la foi s’apprend dans les foyers où cette foi
grandit et se fortifie à travers la prière et la pratique chrétiennes. Dans la
lecture du Deutéronome, nous avons écouté la prière répétée constamment
par le peuple élu, le Shema Israel, que Jésus écoutait et
répétait dans son foyer de Nazareth. Lui-même rappellera cette prière durant sa
vie publique, comme nous l’indique l’Évangile de Marc
(12,29). Telle est la foi
de l’Église qui provient de l’amour de Dieu, par l’intermédiaire de vos
familles. Vivre l’intégralité de cette foi, dans sa merveilleuse nouveauté, est
un grand don. Mais, lorsque à certains moments le visage de Dieu semble se
cacher, croire est difficile et coûte un grand effort.
Notre rencontre donne un nouveau souffle pour continuer
d’annoncer l’Évangile de la famille, réaffirmer sa vigueur et son identité
fondée sur le mariage ouvert au don généreux de la vie, et où l’on accompagne
les enfants dans leur croissance physique et spirituelle. Ainsi, on s’oppose à
un hédonisme très répandu, qui banalise les relations humaines et qui les vide
de leur valeur et de leur beauté authentiques. Promouvoir les valeurs du mariage
n’empêche pas de goûter pleinement le bonheur que l’homme et la femme
rencontrent dans leur amour mutuel. La foi et l’éthique chrétiennes, par
conséquent, ne prétendent pas étouffer l’amour, mais le rendre plus sain, plus
fort et réellement plus libre. C’est pourquoi l’amour humain a besoin d’être
purifié et de mûrir pour être pleinement humain et pour être le principe d’un
bonheur vrai et durable (cf. Discours à Saint-Jean de Latran,
Benoît XVI 05.06.2006 ).
J’invite donc les gouvernants et les législateurs à réfléchir
sur le bien évident que les foyers en paix et en harmonie assurent à l’homme, à
la famille, centre névralgique de la société, comme le rappelle le Saint-Siège
dans la Charte des droits de la famille, rappelle Benoît XVI. L’objet des lois est le bien
intégral de l’homme, la réponse à ses besoins et à ses aspirations. C’est une
aide notable à la société, dont on ne peut se passer, et cela demeure pour les
peuples une sauvegarde et une purification. De plus, la famille est une école
d’humanisation de l’homme, pour qu’il grandisse jusqu’à devenir pleinement
homme. Dans cette perspective, l’expérience d’être aimés par leurs parents
conduit les enfants à avoir conscience de leur dignité de fils.
La créature conçue devra être éduquée dans la foi, aimée et
protégée. Les enfants, avec le droit fondamental à naître et à être éduqués dans
la foi, ont droit à un foyer qui ait pour modèle celui de Nazareth et à être
préservés de toute embûche et de toute menace.
Je souhaite m’adresser maintenant aux grands-parents, si
importants dans les familles, conclut Benoît XVI. Ils peuvent être – et souvent ils sont –
les
garants de l’affection et de la tendresse que tout être humain a besoin de
donner et de recevoir. Ils donnent aux plus jeunes la sens du temps, ils sont la
mémoire et la richesse des familles. Qu’ils ne soient, sous aucun prétexte,
exclus du cercle familial! Ils sont un trésor que nous ne pouvons pas soustraire
aux nouvelles générations, surtout quand ils donnent un témoignage de foi à
l’approche de la mort.
Je souhaite maintenant reprendre une partie de la prière que
vous avez prononcée en demandant que cette Rencontre mondiale des Familles porte
de bons fruits :
Mon Dieu, qui, dans la Sainte Famille,
nous as laissé un modèle parfait de vie familiale,
vécue dans la foi et dans l’obéissance à ta volonté,
Aide-nous à être exemples de foi et d’amour selon tes commandements.
Viens à notre secours dans notre mission de transmettre la foi à nos enfants.
Ouvre leur cœur pour que grandisse en eux
la semence de la foi qu’ils ont reçue au Baptême.
Fortifie la foi de nos jeunes,
afin que se fortifie en eux la connaissance de Jésus.
Augmente l’amour et la fidélité dans tous les foyers,
spécialement dans ceux qui connaissent des moments de souffrance ou de
difficulté.(. . .)
Unis à Joseph et à Marie,
Nous te le demandons par Jésus, ton Fils, notre Seigneur. Amen.
Tous les articles concernant le voyage du pape Apostolique de Benoît XVI :
R.M.F.
Vatican - 01033-03.01
Eucharistie sacrement de la miséricorde
- 09.07.2006 - BENOÎT XVI
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