Benoît XVI attend que nous fassions avec lui une
profession de foi liturgique |
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ROME, le 04 Avril 2007 -
(E.S.M.) -
Benoît XVI attend que nous fassions avec lui une profession de foi
liturgique, c'est-à-dire que nous regardions l'accomplissement des
normes liturgiques comme plus efficaces, pour une « participation
pleine, active et fructueuse de tous les fidèles », que tout ce que
nous pourrions imaginer d'autre.
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La vénération pour le mystère de Dieu
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ars celebrandi
Les évêques vont-il répondre favorablement aux vœux du pape Benoît XVI ?
L'Eucharistie au centre de
notre vie
Le 13 mars dernier, Benoît XVI a fait publier l'Exhortation apostolique
post-synodale
Sacramentum Caritatis
qu'il avait signée moins de trois semaines plus tôt, le 22
février, au jour de la fête de la Chaire de Saint-Pierre, ce qui n'est sans
doute pas sans signification. Ce document, que le Pape demande de lire en
relation avec sa première encyclique,
Deus Caritas est
est, a été élaboré à partir des réflexions et des
propositions de la onzième assemblée générale ordinaire du Synode des
Évêques qui s'est réunie au Vatican, en octobre 2005, pour traiter de «l'Eucharistie,
source et sommet de la vie et de la mission de l'Église».
Le culte spirituel
Comme l'intention du Pape est de « raviver dans l'Église un nouvel élan
et une nouvelle ferveur eucharistiques », il guide la réflexion et la
méditation du peuple chrétien, afin que chacun puisse; approfondir « la
relation entre le Mystère eucharistique, l'action liturgique et le nouveau
culte spirituel qui vient de l'Eucharistie, en tant que sacrement de l'amour
».
Cette belle méditation catéchétique et pastorale, solidement argumentée et
parfaitement ordonnée, est évidemment décevante pour ceux qui attendaient je
ne sais quoi de sensationnel et de nouveau qui apporterait de l'eau à leur
moulin. Or Benoît XVI, comme il convient en pareille circonstance, s'adresse
tout évidemment à tous les catholiques ensemble et non point, tour à tour, à
chacun des groupes particuliers qui se conjuguent légitimement à l'intérieur
de l'Eglise. Cependant, selon ce qu'il a toujours fait, Benoît XVI regarde
la foi, singulièrement la foi dans l'Eucharistie, comme principe de l'unité
de l'Église, et rejette énergiquement les « ruptures artificielles »
au profit de la ; continuité de « l'histoire bimillénaire de l'Église de
Dieu » dans laquelle il relit le concile Vatican II. Il
professe et explique la foi et la pratique de l'Église, sans rien y ajouter
et sans rien en retrancher. Puisque « la foi de l'Église est
essentiellement une foi eucharistique », tout ce que croit et vit
l'Église prend son sens et s'ordonne dans l'Eucharistie qui en est « le
principe causal ». Ainsi le Pape montre-t-il chacun des autres
sacrements en rapport avec l'Eucharistie.
Si j'ai bien compris Benoît XVI « toute grande réforme est liée d'une
certaine manière, à la redécouverte de la foi en la présence eucharistique
du Seigneur au milieu de son peuple ». Or le grand bouleversement que
l'on a malignement substitué à la grande réforme que devait normalement
engendrer Vatican II, plongeant l'Église de France dans une terrible crise,
a brouillé l'enseignement de l'Eucharistie. Voilà près d'un demi-siècle qu'à
propos de l'Eucharistie, on nous suggère à peu près n'importe quoi, au petit
bonheur la chance, pour essayer de ne pas mécontenter momentanément une
clientèle éphémère. Si on lui avait convenablement enseigné la doctrine
eucharistique, le peuple catholique n'aurait sûrement pas pu être livré aux
terroristes qui bricolent toutes sortes d'extravagances liturgiques où tous
les abus sont vivement recommandés, à la condition expresse que rien n'y
rappelle la tradition connue, surtout pas « les indications claires du
concile de Trente et du missel de saint Pie V ».
La confession nécessaire
Le catéchisme, devenu catéchèse, a si mal parlé de l'Eucharistie que sont
bien rares les enfants qui participent à la Messe, en dehors de celles qui
sont imaginées spécialement pour eux et menées comme de mauvaises
représentations de patronage. Parmi les adultes qui ont été catéchisés, il
est assez commun d'en trouver qui ne sont plus jamais allés à la Messe
depuis leur profession de foi. On comprend qu'ils n'aient pas fait
catéchiser leurs enfants, puisque le baptême suffit pour se marier à
l'Église et qu'on ne demande rien pour les obsèques.
Nous sommes baptisés et confirmés en vue de
l'Eucharistie.
Aurait-on réservé la Confirmation aux adolescents militants si l'on savait «
que nous sommes baptisés et confirmés en vue de l'Eucharistie »? Qui
parle encore du « lien intrinsèque » entre l'Eucharistie et le
sacrement de la réconciliation pour « encourager les fidèles à la
confession fréquente » ? Passons sur l'Onction des malades qui n'est
presque plus administrée. Pourtant, elle « associe la personne qui
souffre à l'offrande que le Christ a faite de lui-même pour le salut de
tous, de sorte qu'elle aussi puisse, dans le mystère de la communion
des saints, participer à la rédemption du monde ».
Les journalistes ordinaires, aussi incompétents que malveillants en matière
religieuse, ont commencé à s'intéresser à cette Exhortation apostolique à
partir du moment où elle évoque le célibat sacerdotal, et plus encore
lorsqu'elle traite des divorcés remariés. Là comme ailleurs, Benoît XVI ne
change rien à la discipline de l'Église à quoi, en la matière, il ne peut
pas grand-chose. Il n'est pas sans intérêt de souligner que le Pape
explique, argumente et déduit, sans esquiver les difficultés. Évidemment que
l'on ne peut rien comprendre à ces choses si l'on ne les envisage pas à
partir du mystère eucharistique où elles prennent leur sens et leur force.
L'ars celebrandi
Dans la situation liturgique catastrophique où l'on nous tient, la deuxième
partie de cette Exhortation apostolique qui traite de la célébration du
mystère eucharistique, a bien sûr retenu l'attention de beaucoup. Reste à
savoir si Benoît XVI sera mieux compris et mieux suivi que ses derniers
prédécesseurs car, là aussi, il n'innove pas mais il rappelle. Si saint Pie
X voulait que l'on priât sur de la beauté, Benoît XVI affirme que «la
beauté n'est pas un facteur décoratif de l'action liturgique; elle en est
plutôt un élément constitutif, en tant qu'elle est un attribut de Dieu
lui-même et de sa révélation ». Non seulement le Pape demande « de
dépasser toute séparation possible entre l'ars celebrandi, à savoir
l'art de bien célébrer, et la participation pleine, active et fructueuse de
tous les fidèles »; mais il regarde « l'ars celebrandi » comme
« le premier moyen » et « la meilleure condition » pour une vraie
« participation du peuple de Dieu au rite sacré ».
Dans chaque diocèse, rendez-vous à la Messe chrismale,
pour voir si l'évêque, « liturge par excellence de son Église »,
consent à répondre favorablement aux vœux du Pape : « J'exhorte en
particulier à faire tout ce qui est nécessaire pour que les célébrations
liturgiques présidées par l'évêques dans l'église cathédrale se déroulent
dans le plein respect de l'ars celebrandi, afin qu'elles puissent
être considérées comme le modèle pour toutes les églises présentes sur le
territoire. ».
En conséquence de la profession de foi eucharistique, Benoît XVI attend que
nous fassions avec lui une profession de foi liturgique, c'est-à-dire que
nous regardions l'accomplissement des normes liturgiques comme plus
efficaces, pour une « participation pleine, active et fructueuse de tous
les fidèles », que tout ce que nous pourrions imaginer d'autre. «Pour
un ars celebrandi correct, il est tout aussi important d'être
attentif à toutes les formes de langage prévues par la liturgie : parole et
chant gestes et silences, mouvements du corps, couleurs liturgiques des
vêtements en effet, la liturgie possède de par sa nature une variété de
registres de communication qui lui permettent de parvenir à intégrer tout
l'être humain. La simplicité des gestes et la sobriété des signes effectués
dans l'ordre et dans les moments prévus, communiquent et impliquent plus que
le caractère artificiel d'ajouts inopportuns. L'attention et l'obéissance à
la structure propre du rite, tout en exprimant la reconnaissance du
caractère de don de l'Eucharistie manifeste la volonté du ministre
d'accueillir, avec une docile gratitude, ce don ineffable ».
Mystère à vivre
Tous les rappels, toutes les recommandations et toutes les instructions qui
suivent, découlent de cette certitude que la liturgie bien célébrée produit
immanquablement, sinon instantanément dans le cœur de l'homme de bonne
volonté, ce qu'elle signifie. «En définitive, il est nécessaire qu'en
tout ce qui concerne l'Eucharistie, on ait le goût de la beauté. On devra
donc respecter et soigner aussi les vêtements liturgiques, le mobilier, les
vases sacrés, afin que, reliés entre eux de façon organique et ordonnée, ils
entretiennent la vénération pour le mystère de Dieu, qu'ils manifestent
l'unité de la foi et qu'ils renforcent la dévotion ».
La troisième partie de Sacramentum Caritatis, intitulée « Mystère
à vivre », est sans doute la plus nécessaire à lire et à méditer. Le
Seigneur Jésus se donne totalement à nous dans l'aliment eucharistique pour
que nous soyons « mystérieusement changés par lui », afin que nous
puissions nous offrir avec lui pour le salut du monde. « En tout acte de
la vie, le chrétien est appelé à exprimer le vrai culte rendu à Dieu. C'est
ici que prend forme la nature intrinsèquement eucharistique de la vie
chrétienne. Puisqu'elle implique la réalité humaine du croyant dans le
concret du quotidien, l'Eucharistie rend possible, jour après jour, la
transfiguration progressive de l'homme, appelé par grâce à être à l'image du
Fils de Dieu. Il n'y a rien d'authentiquement humain - pensées et
sentiments, paroles et actes - qui ne trouve dans le sacrement de
l'Eucharistie la forme appropriée pour être vécu en plénitude (...). Le
culte rendu à Dieu dans l'existence humaine ne peut pas être cantonné à un
moment particulier et privé, mais il tend de par sa nature à envahir chaque
aspect de la réalité de la personne. Le culte agréable à Dieu devient ainsi
une nouvelle façon de vivre toutes les circonstances de l'existence où toute
particularité est exaltée en tant qu'elle est vécue dans la relation avec le
Christ et offerte à Dieu ».
Abbé Christian-Philippe CHANUT,
Curé-doyen de Milly-la-Forêt
Tous les textes concernant
l'Exhortation post-Synodale de Benoît XVI sur l'Eucharistie
Sources:
www.vatican.va
-
L'Homme Nouveau -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 04.04.2007 - BENOÎT XVI - Table S.C. |