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19 Avril 2005
 

Catéchèse du pape Benoît XVI, Pierre Lombard le Maître des Sentences

 

Le 30 décembre  2009  - (E.S.M.) - L'Audience Générale de ce matin, la 44e et dernière de l'année, a débuté à 10h30 dans la Salle Paul VI où le pape Benoît a poursuivi ses catéchèses sur la culture chrétienne au Moyen âge et s'est arrêté sur le théologien Pierre Lombard, ayant vécu au XIIe siècle.

Le pape Benoît XVI 

Catéchèse du pape Benoît XVI, Pierre Lombard le Maître des Sentences

Le 30 décembre 2009  - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - L'Audience Générale de ce matin, la 44e et dernière de l'année, a débuté à 10h30 dans la Salle Paul VI où le pape Benoît a poursuivi ses catéchèses sur la culture chrétienne au Moyen âge et s'est arrêté sur le théologien Pierre Lombard, ayant vécu au XIIe siècle.

Catéchèse du Saint-Père

Chers frères et sœurs,

En cette dernière audience de l'année, je voudrais vous parler de Pierre Lombard : un théologien ayant vécu au XIIe siècle, qui a joui d'une grande notoriété, parce que son œuvre, intitulée les Sentences, fut adoptée comme manuel de théologie pendant de nombreux siècles.

Qui était donc Pierre Lombard ? Même si les informations sur sa vie sont insuffisantes, nous pouvons toutefois reconstruire les lignes essentielles de sa biographie. Il naquit entre le onzième et le douzième siècle, près de Novara, dans le Nord de l'Italie, dans un territoire ayant appartenu un temps aux Longobardi : c'est précisément pour cela que lui fut appliquée l'appellation « Lombard ». Il appartenait à une famille de  conditions modestes, comme nous pouvons en déduire de la lettre de présentation que Bernard de Clairvaux écrivit à Gilduin, supérieur de l'abbaye de Saint Victor à Paris, pour lui demander de recevoir gratuitement Pierre, qui voulait se rendre dans cette ville pour étudier. En effet, même au Moyen âge non seulement les nobles ou les riches pouvaient étudier et acquérir des fonctions importantes dans la vie ecclésiale et sociale, mais aussi des personnes d'origines humbles, comme par exemple Grégoire VII, le pape qui tint tête à l'Empereur Henri IV, ou Maurice de Sully, Archevêque de Paris qui fit construire Notre-Dame et qui était fils d'un pauvre paysan.

A partir de 1140, il enseigna dans la prestigieuse école de Notre-Dame. Estimé et apprécié comme théologien, huit ans après, il fut chargé par le pape Eugénie III d'examiner les doctrines de Gilbert de la Porrée qui suscitaient beaucoup de discussions, parce que non retenues entièrement par les orthodoxes. Devenu prêtre, il fut nommé Évêque de Paris en 1159, un an avant sa mort, survenue en 1160.

Comme tous les maîtres de théologie de son époque, Pierre écrivit aussi des discours et des textes de commentaires de la Sainte Écriture. Son chef-d’œuvre cependant est constitué des quatre livres des Sentences. Il s'agit de textes conçus et destinés à l'enseignement. Selon la méthode théologique en usage à cette époque, il fallait d'abord connaître, étudier et commenter la pensée des Pères de l'Église et d'autres écrivains considérés comme influents. Pierre recueillit donc une documentation très vaste, constituée principalement de l'enseignement des grands Pères latins, surtout de Saint Augustin, et ouverte à la contribution de théologiens de son époque. Il utilisa également entre autres une œuvre encyclopédique de théologie grecque, connue depuis peu en Occident : La foi orthodoxe, écrite par saint Jean Damascène. Le grand mérite de Pierre Lombard est d'avoir mis en ordre tous les documents, qu'il avait rassemblés et sélectionnés avec soin, d'une manière systématique et harmonieuse. En effet, une des caractéristiques de la théologie est d'organiser de manière unitaire et ordonnée le patrimoine de la foi. Il répartit par conséquent les sentences, c'est-à-dire les sources patristiques sur divers sujets, en quatre livres. Dans le premier livre, il s'agit de Dieu et du mystère trinitaire ; dans le second, de l'œuvre de la création, du péché et de la grâce; dans le troisième, du Mystère de l'Incarnation et de la Rédemption, avec un large exposé sur les vertus. Le quatrième livre est consacré aux sacrements et aux réalités dernières, celles de la vie éternelle, ou Novissimi. La vision d'ensemble qui s'en retire, inclut presque toutes les vérités de la foi catholique. Ce regard synthétique et la présentation claire, ordonnée, schématique et toujours cohérente, expliquent le succès extraordinaire des Sentences de Pierre Lombard. Elles permettaient un apprentissage sûr pour les étudiants, et un large espace d'approfondissement pour les maîtres, les enseignants qui s'en servaient. Un théologien franciscain, Alexandre de Hales, ayant vécu une génération après celle de Pierre, introduisit dans les Sentences une subdivision, qui en rendit la consultation et l'étude plus faciles. Même les plus grands théologiens du treizième siècle, Albert le Grand, Bonaventure de Bagnorea et Thomas d'Aquin, commencèrent leur activité académique en commentant les quatre livres des Sentences de Pierre Lombard, en les enrichissant par leurs réflexions. Le texte de Lombard fut le livre en usage dans toutes les écoles de théologie, jusqu'au XVIe siècle.

Je désire souligner que la présentation organique de la foi est d'une exigence inaliénable. En effet, les vérités individuelles de la foi s'éclairent mutuellement et, dans leur vision totale et unitaire, apparaît l'harmonie du plan de salut de Dieu et la centralité du Mystère du Christ. Sur l'exemple de Pierre Lombard, j'invite tous les théologiens et les prêtres à toujours tenir présente la vision tout entière de la doctrine chrétienne contre les risques de fragmentation et de dévaluation des vérités individuelles d'aujourd'hui. Le Catéchisme de l'Église Catholique, comme aussi le Compendium de ce même Catéchisme, nous offrent vraiment ce tableau complet de la Révélation chrétienne, que nous devons accueillir avec foi et gratitude. Je voudrais donc encourager aussi les fidèles individuels et les communautés chrétiennes à profiter de ces outils pour connaître et approfondir les contenus de notre foi. Elle y apparaîtra ainsi comme une merveilleuse symphonie, qui nous parle de Dieu et de son amour et qui sollicite notre ferme adhésion et notre réponse active.

Pour avoir une idée de l'intérêt que peut susciter encore aujourd'hui la lecture des Sentences de Pierre Lombard, je propose deux exemples. En s'inspirant du commentaire de Saint Augustin du livre de la Genèse, Pierre se demande pourquoi la création de la femme se produisit à partir d'une côte d'Adam et pas de sa tête ou de ses pieds. Et il explique : « Ce n'est ni une dominatrice qui a été formée ni une esclave de l'homme, mais sa compagne » (Sentences 3, 18, 3). Ensuite, toujours sur la base de l'enseignement patristique, il ajoute : « Dans cet acte, est représenté le mystère du Christ et de l'Église. Comme en effet la femme a été formée d'une côte d'Adam pendant que celui-ci dormait, l'Église est ainsi née des sacrements qui commencèrent à se répandre depuis le côté du Christ endormi sur la Croix, c'est-à-dire du sang et de l'eau, par lesquels nous sommes délivrés des souffrances et purifiés des péchés » (Sentences 3, 18, 4). Ce sont des réflexions profondes et valables encore aujourd'hui lorsque la théologie et la spiritualité du mariage chrétien approfondissent beaucoup l'analogie avec la relation sponsale entre le Christ et son Église.

Dans un autre passage de son œuvre principale, Pierre Lombard, en traitant des mérites du Christ, se demande : « Pour quelle raison, alors, [le Christ] voulut souffrir et mourir, si ses vertus était déjà suffisantes pour lui obtenir tous les mérites ? ». Sa réponse est incisive et efficace : « Pour toi, pas pour lui-même ! ». Ensuite il continue par une autre question et une autre réponse, qui semblent reproduire les discussions qui se tenaient pendant les leçons des maîtres de théologie du Moyen âge : « Et dans quel sens il souffrit et mourut pour moi ? Pour que sa passion et sa mort soient pour toi un exemple et une cause. Un exemple de vertu et d'humilité, cause de gloire et de liberté ; exemple donné de Dieu obéissant jusqu'à la mort ; cause de ta libération et de ta béatitude » (Sentences 3, 18, 5).

Parmi les contributions les plus importantes offertes par Pierre Lombard à l'histoire de la théologie, je voudrais rappeler ses développements sur les sacrements, dont il a donné une définition je dirais, définitive : « Il est dit sacrement au sens propre ce qui est signe de la grâce de Dieu et forme visible d'une grâce invisible, de manière telle à en porter l'image et en être une cause » (4, 1, 4). Par cette définition Pierre Lombard cueille l'essence des sacrements : ils sont cause de la grâce, ont la capacité de communiquer réellement la vie divine. Les théologiens suivants n'abandonneront plus cette vision et utiliseront même la distinction entre élément matériel et élément formel, introduite par le « Maître des Sentences », comme fut appelé Pierre Lombard. L'élément matériel est la réalité sensible et visible, l'élément formel sont les paroles prononcées par le ministre. Tous les deux sont essentiels pour une célébration complète et valide des sacrements : la matière, la réalité par laquelle le Seigneur nous touche visiblement et la parole qui donne le sens spirituel. Dans le Baptême, par exemple, l'élément matériel est l'eau qui se verse sur la tête de l'enfant et l'élément formel sont les mots « je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ». Lombard, de plus, clarifia que seuls les sacrements transmettent objectivement la grâce divine et qu'ils sont sept : le Baptême, la Confirmation, l'Eucharistie, la Pénitence, l’onction des malades, l'Ordre et le Mariage (cfr Sentences 4, 2, 1).

Chers frères et sœurs, il est important de reconnaître combien est précieuse et indispensable pour chaque chrétien la vie sacramentelle, dans laquelle le Seigneur, par cette matière, dans la communauté de l'Église, nous touche et nous transforme. Comme il est dit dans le Catéchisme de l'Église Catholique, les sacrements sont des « Forces qui sortent du Corps du Christ, toujours vivant et vivifiant, actions de l'Esprit Saint  » (n. 1116). En cette année Sacerdotale que nous célébrons, j'exhorte les prêtres, surtout les ministres en charge des âmes, à avoir eux-mêmes, les premiers, une intense vie sacramentelle pour aider les fidèles. La célébration des sacrements doit être empreinte de dignité et de retenue et favoriser le recueillement personnel et la participation communautaire, le sens de la présence de Dieu et l'ardeur missionnaire. Les sacrements sont le grand trésor de l'Église et il revient à chacun de nous le devoir de les célébrer avec du fruit spirituel. En eux, un évènement toujours surprenant touche notre vie : le Christ, à travers des signes visibles, vient à notre rencontre, nous purifie, il nous transforme et il nous fait participer à son amitié divine.

Chers amis nous sommes arrivés à la fin de cette année et aux portes de la nouvelle année. Je vous souhaite que l'amitié de Notre Seigneur Jésus Christ vous accompagne chaque jour de cette année qui est sur le point de commencer. Puisse cette amitié du Christ être notre lumière et notre guide, en nous aidant à être des hommes de paix, de sa paix. Bonne année à vous tous !


Texte original du discours du Saint Père UDIENZA GENERALE

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Sources : www.vatican.va -   (© traduction E.S.M.)
© Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana

Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 30.12.2009 - T/Benoît XVI

 

 

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