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Pourquoi Wojtyla n'est pas devenu santo subito
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Le 29 avril 2011 -
(E.S.M.)
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Dans les premières semaines de son pontificat, Benoît XVI avait pris au sérieux
la requête de proclamer Papa Wojtyla "santo subito", c'est-à-dire
d'ouvrir directement un procès de canonisation et de sauter l'étape
intermédiaire de la béatification.
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Le pape
Jean-Paul II
Pourquoi Wojtyla n'est pas devenu santo subito
L'éclairage très intéressant d'Andrea Tornielli
Le 29 avril 2011 - E.
S. M. -
Beaucoup de prélats auraient voulu brûler les étapes, mais Ratzinger a
choisi la voie de la béatification
Andrea Tornielli
Dans les premières semaines de son pontificat, Benoît XVI a pris au sérieux
la requête de proclamer Papa Wojtyla "santo subito", c'est-à-dire d'ouvrir
directement un procès de canonisation et de sauter l'étape intermédiaire de
la béatification. Un événement qui aurait été sans précédent dans l'ère
moderne. Ratzinger ne dit pas non tout de suite, il évalua la proposition
qui donnait forme à une aspiration du secrétaire personnel de Wojtyla,
Stanislaw Dziwisz lui-même. Il demanda conseil à plusieurs collaborateurs de
la Curie romaine, et finalement décida de consentir à l'ouverture du procès,
sans attendre les cinq ans après sa mort, mais sans sauter l'étape de la
béatification.
Il faut revenir à la grande émotion des jours suivants la mort de Jean Paul
II pour comprendre ce qui s'est passé dans les palais sacrés "Oltretevere"
(au-delà du Tibre). Les cardinaux, alors qu'ils se réunissaient pour décider
du déroulement des funérailles et préparer le conclave qui a élu Benoît XVI
, pouvaient voir le flot ininterrompu des personnes défilant devant le corps
de Jean-Paul.
Le Cardinal slovaque Jozef Tomko, Préfet émérite de Propaganda Fidei et ami
du Pape qui venait de mourir, se fit le promoteur d'une pétition parmi ses
collègues cardinaux pour demander au nouveau pape, quel qu'il soit, d'ouvrir
la cause pour élever son prédécesseur sur les autels. Celui qui était alors
le doyen du Collège des cardinaux, Joseph Ratzinger, dans son homélie de la
messe de funérailles, parla de Wojtyla à la fenêtre du ciel, et ses paroles
furent considérées comme un viatique pour l'auréole. Immédiatement après
l'élection, c'est le cardinal Ruini qui vint lui présenter la pétition des
cardinaux. De la part de Dziwisz parvint au contraire à Benoît XVI la
suggestion de procéder à la proclamation de "santo subito".
Ratzinger, qui avait connu Wojtyla de près, et été l'un de ses
collaborateurs les plus proches et les plus anciens, voulut évaluer
calmement les avantages et les inconvénients: d'une part, la réputation de
sainteté répandu au niveau populaire, et la figure exceptionnelle de son
prédécesseur; de l'autre, les règles canoniques, et l'impact qu'un tel
"sprint" aurait, en passant immédiatement à une proclamation de la sainteté.
Le nouveau pape était bien conscient que quelque chose de similaire avait
été pris en compte à peine deux ans plus tôt, en Juin 2003, lorsque le
secrétaire d'Etat Angelo Sodano avait adressé une lettre au nom de Jean-Paul
II à quelques-uns des cardinaux de la Curie romaine, en leur demandant leur
avis sur la possibilité de proclamer Mère Teresa de Calcutta "santa subito",
sans passer par la béatification. A Papa Wojtyla, cette idée ne déplaisait
pas, mais il voulait consulter ses collaborateurs, qui le lui
déconseillèrent. Ainsi, Mère Teresa devint bienheureuse, mais pas sainte.
Ayant consulté plusieurs collaborateurs, Benoît XVI a donc suivi la même
ligne. Il a décidé de déroger à l'attente de cinq ans, mais il a établi que
la cause de son prédécesseur, tout en suivant un cours privilégié dans le
calendrier, se poursuivrait conformément aux procédures normales, sans
raccourcis ou remises. Le fait que six ans seulement après sa mort,
Jean-Paul II devienne bienheureux, est en soi un événement exceptionnel.
Depuis plus d'un millénaire, en effet, un pape n'a pas les honneurs des
autels de son prédécesseur immédiat.
Le dernier pape qu'on aurait voulu "santo subito", avant Wojtyla était Jean
XXIII: les pères du Concile Vatican II proposèrent à son successeur Paul VI
de le canoniser durant le Concile par acclamation. Mais cette fois aussi, le
Pape a choisi d'agir différemment et fit commencer un procès régulier pour
Roncalli, aux côtés d'un autre pour Pie XII.
Sources : Benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 29.04.2011 - T/Jean-Paul
II
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