Benoît XVI en Terre Sainte, valoriser
et encourager les chrétiens |
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Le 29 mars 2009 -
(E.S.M.)
- Ainsi, le voyage apostolique et pastoral que le Saint Père
Benoît XVI accomplira du 8 au 15 mai prochain en Jordanie, Israël et
Palestine va être l’occasion d’une rencontre avec cette chrétienté
vivante.
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Le Patriarche Fouad
Twal
Benoît XVI en Terre Sainte, valoriser
et encourager les chrétiens
Une mosaïque bigarrée
Le 29 mars 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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"Le Pape Benoît XVI vient en premier lieu pour les Chrétiens du pays", a déclaré sa
Béatitude le Patriarche Fouad Twal à Terrasanta.net. Ainsi, le voyage
apostolique et pastoral que le Saint Père accomplira du 8 au 15
mai prochain en Jordanie, Israël et Palestine va être l’occasion d’une
rencontre avec cette chrétienté vivante.
Mais de qui parle-t-on quand on parle des chrétiens de Terre Sainte ?
L’Eglise de Terre Sainte ressemble à une mosaïque bigarrée. Elle donne aux
pèlerins du monde entier de contempler un raccourci de la beauté de
l’universalité de l’Eglise. Car le catholicisme étant né ici, il rassemble
ici tous les visages de l’unique Eglise de Dieu.
La question à ne pas poser
Dans leur immense majorité, les chrétiens de Terre Sainte sont des chrétiens
arabes.
Quand les pèlerins laissent de la place dans leur programme à une rencontre
avec des chrétiens locaux et qu’ils les entendent prier en arabe et invoquer
le nom d’Allah une question leur brûle les lèvres : "Quand vous êtes-vous
converti de l’Islam ?"
Leur interlocuteur arabe leur sourira, par politesse, et les regardera
tristement, parce que cette question lui fait mal. Il n’est pas un converti.
Les chrétiens arabes sont les descendants directs de l’Eglise de la
Pentecôte.
Le jour de la Pentecôte (50 jours après la Résurrection de
Jésus) les apôtres prirent la parole pour annoncer le Christ et
tous les entendirent chacun dans sa langue maternelle. Les Actes des apôtres
rapportent que leurs auditeurs s’exclamèrent « Ces hommes qui parlent, ne
sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il alors que chacun de nous
les entende dans son propre idiome maternel ? Parthes, Mèdes et Élamites,
habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d’Asie, de
Phrygie et de Pamphylie, d’Égypte et de cette partie de la Libye qui est
proche de Cyrène, Romains en résidence, tant Juifs que prosélytes, Crétois
et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de
Dieu ! » (Acte des Apôtres 2, 1-11)
Les arabes et leur langue sont très antérieurs à l’Islam, la religion
enseignée par son prophète Mohamed en Arabie au VII e siècle de l’ère
chrétienne.
Certes, le développement de l’Islam dans tout le Moyen Orient [1],
l’importance de la langue arabe dans cette religion, font que chrétiens du
Moyen Orient et musulmans ont maintenant quatorze siècles de vie, d’histoire
et de culture communes. Cette coexistence n’a pas toujours été pacifique. Il
n’en demeure pas moins qu’elle a forgé un socle commun dont l’équilibre est
relativement stable quoique précaire.
Peuvent prétendre au même titre de "chrétiens locaux " les quelque 200 à 300
catholiques d’expression hébraïque (venus du judaïsme,
issus de mariages mixtes, étrangers vivant, travaillant et priant en hébreu).
Leur culture est celle de la société israélienne. [2]
Enfin, partie intégrante de l’Eglise de Terre Sainte, la somme des religieux
et religieuses, laïcs de toutes conditions venus pour un temps ou pour
toujours partager la vie de cette Terre.
Le casse tête des chiffres
Si l’on considère la Terre Sainte au sens strict (Israël
et Palestine) les chrétiens représentent autour de 1,7 % de la
population. Un pourcentage en diminution constante du fait d’une natalité
assez faible et parce l’émigration chrétienne se poursuit.
Avec les chrétiens de Terre Sainte, il faut compter les chrétiens de
Jordanie. Car le diocèse catholique de Jérusalem (comme l’orthodoxe) s’étend
sur Israël et les Territoires palestiniens mais aussi la Jordanie [3]. La
population cumulée de ces pays représente 14 millions de personnes dont 400
000 chrétiens, soit 2,8 %.
Ces pourcentages, en apparence précis, demeurent pourtant sujets à caution
étant donné l’imprécision des statistiques relatives aux chrétiens.
Les Britanniques avaient recensé en 1922 : 752048 Palestiniens
(au sens de l’époque) dont 589177 Musulmans, 83 790 Juifs, 71464 Chrétiens (soit 9,5%) et 7 617 personnes
d’autres appartenances.
À la fin du mandat britannique, en 1948, on comptait 149 000 chrétiens en
Palestine. En 2006 on en comptait environ 180 000. Parmi eux la
quasi-totalité est arabe ; quelques centaines sont juifs.
Les statistiques israéliennes annuelles ne font pas la distinction entre les
Eglises et les dernières statistiques palestiniennes connues
(1996), comptabilisant les chrétiens et à
disposition, ne la font pas non plus. Par ailleurs les chrétiens de
Jérusalem sont comptabilisés par les Israéliens comme par les Palestiniens.
Il seraient aux alentours de 10000 [4].
Les quelque 180000 chrétiens habitants de Terre Sainte (Israël et
Palestine) se répartissent en de multiples Églises :
L’Église grecque orthodoxe : 80000 fidèles ( ?), qui à Jérusalem consomma le
schisme d’avec Rome de 1054 qu’en 1517, lorsque les Turcs ont occupé la
Palestine et que le patriarcat grec orthodoxe de Jérusalem est devenu
hellène. Si bien que les fidèles et les curés sont arabes et le Haut Clergé
et les moines (environ 250 personnes) sont très
majoritairement Hellènes, Grecs.
L’Église grecque catholique : 60000 fidèles (?) née vers 1682-1697 et
officiellement constituée en 1730 par rattachement à Rome d’une partie des
grecs orthodoxes du Liban et de la Haute Galilée.
L’Église latine : 27000 (?) sans compter les milliers de catholiques latins
Asiatiques, Africains ou Latino Américains etc. qui résident dans le pays de
manière légale ou clandestine.
L’Église catholique maronite : 5500 (?), surtout en Galilée.
L’Église syrienne orthodoxe : 2000 (?), surtout à Bethléem.
L’Église syrienne catholique ; 300 (?)
L’Église arménienne orthodoxe ; 2000 (?) surtout à Jérusalem.
L’Église arménienne catholique : 400 (?).
L’Église copte orthodoxe : 700 (?).
L’Église copte catholique : 100 (?).
L’Église éthiopienne orthodoxe 100 ? peut-être davantage…
Les Églises luthérienne et anglicane rassembleraient environ 3 700 fidèles.
Ces Eglises sont tenues pour être les Eglises "officielles" de Terre Sainte.
Ne sont pas tenues pour "officielles" la nuée d’Eglises issues des divers
courants de la Réforme. Pour certaines, elles ne regroupent que quelques
dizaines de membres.
"Les chrétiens d’Occident pensent-ils vraiment à nous ?"
"Venez nous voir, venez nous visiter, venez prier avec nous et pour nous.
Donnez-nous la certitude que nous ne sommes pas seuls, que nous ne sommes
pas abandonnés, mais que nous formons ensemble une seule famille chrétienne
internationale, que nous formons ensemble l’Eglise universelle née de la
foi, du témoignage et de la prédication des apôtres." C’est l’appel que
lançait le Patriarche Fouad Twal lors d’une conférence donnée en France en
mars 2009.
"Les Chrétiens d’Occident pensent-ils vraiment à nous ?" C’est la
question posée sur un ton angoissé par un jeune chrétien arabe d’Israël.
C’est que le doute plane. Le regard posé par la presse internationale sur
Israël et la Palestine et plus généralement le Moyen Orient est presque
exclusivement politique. Dès lors, la pensée et l’entraide s’orientent elles
aussi sur des bases politiques et les chrétiens si minoritaires se sentent
oubliés de l’occident chrétien quand ils ont le sentiment que le monde arabe
musulman soutient les musulmans ou que les juifs du monde soutiennent les
juifs d’Israël. Où sont les chrétiens de monde pour les soutenir de leurs
prières, de leurs visites de leurs aides humanitaires ?
Quand eux se tournent vers l’Occident et ses interrogations notamment celle
de la coexistence avec l’islam, ils estiment pouvoir apporter leur propre
analyse, mais qui s’y intéresse ?
Sa Béatitude Fouad Twal estime que les chrétiens de Terre Sainte ont une
mission spirituelle, une vocation particulière et un rôle à jouer là où ils
vivent:
"a) Ils sont les témoins vivants des événements du Salut. Littéralement, ils
entourent les Lieux saints de leur présence et leur donnent vie par leur
prière et leur amour, empêchant qu’ils deviennent de simples lieux
archéologiques ou des musées. Ils ont beaucoup souffert pour préserver ce
rôle et ils en sont fiers. Malgré les outrages de l’histoire et des hommes,
malgré les guerres et les conflits sans fin, ils ont tenu bon et ils
continuent de le faire.
b) Les diverses Eglises collaborent d’une manière étroite et essaient de
dépasser les barrières des rites pour donner une réponse chrétienne aux
problèmes qui les cernent de toute part. Car lorsque les questions touchent
aux droits et la dignité de la personne humaine, comme à la Justice et de la
Paix, il ne peut pas y avoir de réponse catholique, orthodoxe ou protestante
: il y a une réponse chrétienne.
c) Les chrétiens de Terre Sainte ont une histoire, une langue et une culture
communes avec les musulmans, au milieu desquels ils vivent depuis des
siècles. C’est pourquoi les relations entre les deux communautés sont
traditionnellement bonnes et restent bonnes aujourd’hui, malgré certains
phénomènes de fondamentalisme. Cette coexistence est un souci constant des
responsables des Églises, ainsi que des responsables politiques en Palestine
et en Jordanie. D’autre part, il est généralement reconnu que la présence
chrétienne dans la société arabe joue un rôle positif de ‘facilitateur’ dans
les relations entre les différentes composantes de cette société, et de
catalyseur pour la convivialité.
d) Les chrétiens de Terre Sainte jouent le rôle de pont entre l’Orient et
l’Occident. Et pour être un pont, il faut être solidement ancré des deux
côtés. En fait, ils sont ancrés dans l’Orient qui est leur milieu
historique, linguistique, culturel, psychologique et politique. Ils sont
aussi ancrés dans l’Occident par leur foi, leur patrimoine spirituel et leur
ouverture intellectuelle.
Les chrétiens de Terre sainte et les autres arabes chrétiens sont les seuls
à pouvoir jouer ce rôle et il faut les y aider."
(Conférence à Paris, 7 mars 2009)
En dépit des craintes de nature politique, c’est ce rôle, cette vocation
d’Eglise minoritaire, unie dans la diversité, que les chrétiens du pays
espèrent voir confirmés, valorisés et encouragés par la visite du pape
Benoît XVI.
Marie-Armelle Beaulieu
[1] Les musulmans du Moyen Orient ne représentent "que" 25%
des musulmans du monde.
[2] Il n’est pas fait mention ici des russes émigrés en Israël dans les
années 90 au titre de leurs racines juives. Un quart du million d’émigrés
russes serait "non juif" et parmi eux certains seraient chrétiens
orthodoxes.
L’Eglise orthodoxe de Terre Sainte elle-même ni ne les comptabilise ni ne
réussit vraiment à assurer un accompagnement spirituel malgré des tentatives
sporadiques.
Certains de ces russes dans le "bain israélien" retourneraient, soit par
conviction, soit par "commodité", au judaïsme de leurs ancêtres ou
viendraient gonfler le nombre des athées en Israël. D’autres choisiraient de
garder la foi chrétienne (ou musulmane).
[3] Le diocèse catholique de Jérusalem inclut aussi l’île de Chypre.
[4] En 1948, Jérusalem comptait 29 500 chrétiens.
Sources : custodia
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 29.03.09 -
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