Le pape adresse ses vœux 2009 à la
Curie |
|
Le 22 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a aujourd'hui dressé un bilan de cette année
2008 au cours de la traditionnelle séance de présentation de vœux à la
Curie romaine.
|
Le pape Benoît XVI - Pour
agrandir l'image ►
Cliquer
Discours du Saint-Père
Messieurs les cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et sœurs !
Le Noël du Seigneur est aux portes. Chaque famille ressent le désir de
se rassembler, pour goûter l'atmosphère unique et irremplaçable que
cette fête est capable de créer. La famille de la Curie romaine
également se réunit, ce matin, selon une belle habitude grâce à laquelle
nous avons la joie de nous rencontrer et de nous échanger les vœux dans
ce climat spirituel particulier. J'adresse à chacun mon salut cordial,
empli de reconnaissance pour la collaboration appréciée prêtée au
ministère du Successeur de Pierre. Je remercie vivement le cardinal
doyen Angelo Sodano, qui, avec la voix d'un ange s'est fait l'interprète
des sentiments de toutes les personnes présentes, et également de tous
ceux qui travaillent dans les divers bureaux, y compris les
représentations pontificales. J'évoquais au début l'atmosphère
particulière de Noël. Il me plaît de penser que celle-ci est presque un
prolongement de cette joie mystérieuse, de cette exultation profonde qui
emplit la sainte Famille, les anges et les pasteurs de Bethléem, la nuit
où Jésus vit le jour. Je la définirais comme « l'atmosphère de la grâce
», en pensant à l'expression de saint Paul dans la Lettre à Tite : «
Apparuit gratia Dei Salvatoris nostri omnibus hominibus »
(cf. Tt 2, 11). L'apôtre affirme
que la grâce de Dieu s'est manifestée « à tous les hommes » : je
dirais que là transparaît également la mission de l'Église, et, en
particulier, celle du Successeur de Pierre et de ses collaborateurs, la
mission de contribuer à ce que la grâce de Dieu, du Rédempteur, devienne
toujours plus visible à tous, et apporte à tous le salut.
Une année riche en évènements
L'année qui est sur le point de se terminer a été riche de regards
rétrospectifs sur les dates importantes de l'histoire récente de
l'Église, mais également riche d'événements, qui portent en eux des
signes d'orientation pour notre chemin vers l'avenir. Il y a cinquante
ans mourait le Pape Pie XII, il y a cinquante ans, Jean XXIII était élu
Souverain Pontife. Quarante ans se sont écoulés depuis la publication de
l'Encyclique
Humanae
Vitae et trente ans depuis la mort de son auteur, le
Pape Paul VI. Le message de ces événements a été rappelé et médité de
multiples façons au cours de l'année, si bien que je ne voudrais pas m'y
arrêter à nouveau maintenant. Le regard de la mémoire, toutefois, est
allé encore plus loin, au-delà des événements du siècle dernier, et
justement ainsi, il nous a renvoyés à l'avenir : dans la soirée du 28
juin, en présence du
Patriarche œcuménique Bartholomée Ier de
Constantinople, et de représentants de nombreuses autres Églises et
communautés ecclésiales, nous avons pu
inaugurer l'année saint Paul, dans la Basilique
Saint-Paul-hors-les-Murs, en souvenir de la naissance de l'Apôtre des
nations, il y a 2000 ans. Pour nous, Paul n'est pas une figure du passé.
Il nous parle encore à travers ses lettres. Et celui qui entre en
dialogue avec lui est poussé par lui vers le Christ crucifié et
ressuscité. L'année saint Paul est une année de pèlerinage non seulement
dans le sens de marche extérieure vers les lieux pauliniens, mais
également et surtout dans le sens d'un pèlerinage du cœur, avec Paul,
vers Jésus Christ. En définitive, Paul nous enseigne également que
l'Église est le Corps du Christ, que la Tête et le Corps sont
inséparables et qu'il ne peut y avoir d'amour pour le Christ sans amour
pour son Église et sa communauté vivante.
Trois événements spécifiques de l'année qui touche à sa fin sautent
particulièrement au yeux. Il y a eu d'abord la
Journée Mondiale de la Jeunesse en Australie, une
grande fête de la foi, qui a réuni plus de 200.000 jeunes venus de
toutes les parties du monde et qui les a rapprochés non seulement
extérieurement - sur le plan géographique - mais, grâce au partage de la
joie d'être chrétiens, les a rapprochés également intérieurement. A côté
de cela, il y a eu les deux voyages, l'un aux
États Unis, l'autre en
France, à l'occasion desquels l'Église s'est rendue
visible face au monde et pour le monde comme une force spirituelle qui
indique des chemins de vie et, à travers le témoignage de la foi,
apporte la lumière au monde. Ce furent en effet des journées qui ont
irradié de lumière ; elles ont répandu la confiance dans la valeur de la
vie et dans l'engagement pour le bien.
Le Synode des Évêques
Et enfin, il faut rappeler le
Synode des Évêques : des pasteurs provenant du monde
entier se sont réunis autour de la Parole de Dieu, qui avait été élevée
parmi eux ; autour de la Parole de Dieu, dont la grande manifestation se
trouve dans l'Écriture Sainte. Ce que nous considérons désormais trop
souvent comme acquis dans notre quotidien, nous l'avons saisi à nouveau
dans toute sa sublimité : le fait que Dieu parle, que Dieu réponde à nos
questions. Le fait qu'Il parle, bien qu'à travers des paroles humaines,
en personne, et que nous puissions L'écouter et dans l'écoute, apprendre
à Le connaître et à Le comprendre. Le fait qu'Il entre dans notre vie en
la façonnant et que nous puissions sortir de notre vie et entrer dans la
vaste étendue de sa miséricorde. Nous nous sommes ainsi à nouveau rendus
compte que Dieu, à travers sa Parole, s'adresse à chacun de nous, parle
au cœur de chacun : si notre cœur s'ouvre et que l'écoute intérieure se
rend disponible, alors chacun peut apprendre à entendre la parole qui
lui est adressée personnellement. Mais si nous entendons justement Dieu
parler de façon si personnelle à chacun de nous, nous comprenons
également que sa Parole est présente afin que nous nous rapprochions les
uns des autres ; afin que nous trouvions le moyen de sortir de ce qui
est uniquement personnel. Cette parole a façonné une histoire commune et
veut continuer à le faire. Alors, nous nous sommes à nouveau rendus
compte que - précisément parce que la Parole est si personnelle - nous
ne pouvons la comprendre de façon juste et totale que dans le « nous »
de la communauté instituée par Dieu : en étant toujours conscients que
nous ne pouvons jamais aller jusqu'au bout complètement, qu'elle a
quelque chose de nouveau à dire à chaque génération. Nous avons compris
que, certes, les écrits bibliques ont été rédigés à des époques
déterminées et constituent donc dans ce sens avant tout un livre
provenant d'un temps passé. Mais nous avons vu que leur message ne
demeure pas dans le passé ni qu'il ne peut être enfermé dans ce passé :
au fond, Dieu parle toujours au présent, et nous n'aurons écouté la
Bible pleinement que lorsque nous aurons découvert ce « présent » de
Dieu, qui nous appelle maintenant.
Enfin, il était important de ressentir que dans l'Église, il existe une
Pentecôte également aujourd'hui - c'est-à-dire qu'elle parle dans
plusieurs langues et ce, non seulement dans le sens extérieur que toutes
les grandes langues du monde sont représentées en elle, mais encore plus
dans un sens plus profond : en elle sont présents les multiples modes de
l'expérience de Dieu et du monde, la richesse des cultures, et ce n'est
qu'ainsi qu'apparaît toute l'étendue de l'existence humaine, et, à
partir d'elle, l'étendue de la parole de Dieu. Toutefois, nous avons
également appris que la Pentecôte est toujours « en chemin », et encore
incomplète : il existe une multitude de langues qui attendent encore la
Parole de Dieu contenue dans la Bible. Les multiples témoignages de
fidèles laïcs provenant du monde entier, qui non seulement vivent la
Parole de Dieu, mais qui souffrent également à cause d'elle, étaient
émouvants. Une contribution précieuse a été apportée par le discours
d'un rabbin sur les Écritures Saintes d'Israël, qui sont précisément
aussi nos Écritures Saintes. Un moment important pour le Synode, et même
pour le chemin de l'Église dans son ensemble, a été celui au cours
duquel le
Patriarche Bartholomée Ier, nous a ouvert un accès à
la Parole de Dieu, à la lumière de la tradition orthodoxe, à travers une
analyse pénétrante. Espérons à présent que les expériences et les
résultats du Synode influent de manière efficace sur la vie de l'Église
: sur le rapport personnel avec les Écritures Saintes, sur leur
interprétation dans la Liturgie et dans la catéchèse ainsi que dans la
recherche scientifique, afin que la Bible ne demeure pas une Parole du
passé, mais que sa vitalité et son actualité soient lues et révélées
dans la vaste étendue des dimensions de ses significations.
Les Journées Mondiales de la Jeunesse
Les voyages pastoraux de cette année ont également traité de la présence
de la Parole de Dieu, de Dieu lui-même dans le moment présent de
l'histoire : leur véritable sens ne peut être que celui de servir cette
présence. A ces occasions, l'Église se rend perceptible de façon
publique, et avec elle la foi, et donc au moins la question sur Dieu.
Cette manifestation en public de la foi interpelle désormais tous ceux
qui tentent de comprendre le temps présent et les forces qui œuvrent
dans ce temps présent. En particulier, le phénomène des Journées
mondiales de la Jeunesse devient toujours plus l'objet d'analyses, dans
lesquelles on tente de comprendre ce type, en quelque sorte, de culture
des jeunes. Jamais auparavant, pas même lors des Jeux olympiques,
l'Australie n'avait vu autant de personnes de tous les continents. Et si
on avait craint avant que la présence massive de si nombreux jeunes
puisse provoquer des troubles de l'ordre public, paralyser la
circulation, empêcher le déroulement de la vie quotidienne, conduire à
des actes de violences et laisser place à la drogue, tout cela s'est
révélé sans fondement. Ce fut une fête de la joie - une joie qui, à la
fin, a conquis également les personnes réticentes : à la fin, personne
ne s'est senti importuné. Les journées sont devenues une fête pour tous,
et c'est même à cette occasion que l'on s'est rendu compte de ce qu'est
véritablement une fête - un événement dans lequel tous sont, en quelque
sorte, hors d'eux-mêmes, au-delà d'eux-mêmes et précisément ainsi avec
eux-mêmes et avec les autres. Quelle est donc la nature de ce qui a lieu
au cours d'une Journée mondiale de la Jeunesse ? Quelles sont les forces
qui agissent ? Des analyses en vogue tendent à considérer ces journées
comme une variante de la culture moderne des jeunes, comme une sorte de
festival rock en version ecclésiale avec le Pape comme star. Avec ou
sans la foi, ces festivals seraient au fond toujours la même chose, et
on pense ainsi pouvoir éliminer la question sur Dieu. Il y a également
des voix catholiques qui vont dans cette direction, en considérant tout
cela comme un grand spectacle, certes beau, mais pas très significatif
en ce qui concerne la question sur la foi et la présence de l'Évangile à
notre époque. Il s'agirait de moments d'extase joyeuse, mais qui en fin
de compte, laisseraient tout comme avant, sans influer de façon profonde
sur la vie.
Mais cela n'explique pas, toutefois, la spécificité de ces journées et
le caractère particulier de leur joie, de leur force créatrice de
communion. Il est tout d'abord important de tenir compte du fait que les
Journées mondiales de la Jeunesse ne consistent pas seulement en cette
unique semaine où elles deviennent publiquement visibles au monde. Elles
sont précédées d'un long chemin intérieur et extérieur. La Croix,
accompagnée par l'image de la Mère du Seigneur, effectue un pèlerinage à
travers les pays. La foi, à sa manière, a besoin de voir et de toucher.
La rencontre avec la croix, qui est touchée et portée, devient une
rencontre intérieure avec Celui qui, sur la croix, est mort pour nous.
La rencontre avec la Croix suscite au plus profond des jeunes la mémoire
de ce Dieu qui a voulu se faire homme et souffrir avec nous. Et nous
voyons la femme qu'Il nous a donnée pour Mère. Les journées solennelles
ne sont que le sommet d'un long chemin, grâce auquel nous allons à la
rencontre les uns des autres et sur lequel nous allons ensemble à la
rencontre du Christ. En Australie, ce n'est pas un hasard si le long
Chemin de croix à travers la ville est devenu l'événement culminant de
ces journées. Celui-ci résumait encore une fois tout ce qui s'était
produit au cours des années précédentes et désignait Celui qui nous
réunit tous ensemble : ce Dieu qui nous aime jusqu'à la Croix. De même,
le Pape n'est pas lui non plus la star autour de laquelle tout tourne.
Il est totalement et seulement le Vicaire. Il renvoie à l'Autre qui se
trouve au milieu de nous. Enfin, la liturgie solennelle est le centre de
l'ensemble, car dans cette liturgie a lieu ce que nous ne pouvons pas
réaliser et que, toutefois, nous attendons toujours. Il est présent. Il
vient au milieu de nous. Le ciel se déchire et cela rend la terre
lumineuse. C'est ce qui rend la vie heureuse et ouverte et unit les uns
aux autres dans une joie qui n'est pas comparable à l'extase d'un
festival de rock. Friedrich Nietzsche a dit un jour : « L'habileté
n'est pas dans le fait d'organiser une fête, mais de trouver les
personnes capables d'en tirer de la joie ». Selon l'Écriture, la
joie est le fruit de l'Esprit Saint
(cf. Ga 5, 22) : ce fruit était
abondamment perceptible pendant les journées de Sydney. Les Journées
mondiales de la Jeunesse sont précédées d'un long chemin et elles sont
aussi suivies d'un long chemin. Des amitiés se forment. Elles
encouragent à un style de vie différent et le soutiennent de
l'intérieur. Les grandes Journées ont, entre autres, le but de susciter
ces amitiés et de faire ainsi naître dans le monde des lieux de vie dans
la foi, qui sont en même temps des lieux d'espérance et de charité
vécue.
L'Esprit Saint
La joie comme fruit de l'Esprit Saint. Nous sommes ainsi arrivés au
thème central de Sydney qui était, précisément, l'Esprit Saint. Dans
cette rétrospective, je voudrais aussi mentionner de manière résumée
l'orientation implicite de ce thème. En gardant à l'esprit le témoignage
de l'Écriture et de la Tradition, on reconnaît facilement quatre
dimensions du thème « Esprit Saint ».
1. Il y a tout d'abord l'affirmation qu'il vient à notre rencontre dès
le début du récit de la création : on y parle de l'Esprit créateur qui
plane sur les eaux, qui crée le monde et le renouvelle sans cesse. La
foi dans l'Esprit créateur est un contenu essentiel du Credo chrétien.
Le fait que la matière contient en soi une structure mathématique, est
pleine d'esprit, est le fondement sur lequel reposent les sciences de la
nature modernes. Ce n'est que parce que la nature est structurée de
manière intelligente, que notre esprit est en mesure de l'interpréter et
de la remodeler activement. Le fait que cette structure intelligente
provienne du même Esprit créateur, qui nous a donné à nous aussi
l'esprit, comporte à la fois un devoir et une responsabilité. Dans la
foi envers la création se trouve le fondement ultime de notre
responsabilité envers la terre. Celle-ci n'est pas simplement notre
propriété, que nous pouvons exploiter selon nos intérêts et nos désirs.
Elle est plutôt un don du Créateur qui en a dessiné les structures
intrinsèques et qui nous a donné les signes d'orientation que nous
devons suivre comme administrateurs de sa création. Le fait que la
terre, l'univers, reflètent l'Esprit créateur, signifie également que
leurs structures rationnelles qui, au-delà de l'ordre mathématique,
deviennent presque palpables dans l'expérimentation, contiennent en
elles-mêmes également une orientation éthique. L'Esprit qui les a
façonnés, est plus que mathématique - c'est le Bien en personne qui, à
travers le langage de la création, nous indique la route de la voie
juste.
Le mépris de la création est contre la
vérité
Étant donné que la foi dans le Créateur est une partie essentielle du
Credo chrétien, l'Église ne peut pas et ne doit pas se limiter à
transmettre uniquement le message du salut à ses fidèles. Celle-ci a une
responsabilité à l'égard de la création et doit faire valoir cette
responsabilité également en public. Et en le faisant, elle ne doit pas
seulement défendre la terre, l'eau et l'air comme des dons de la
création appartenant à tous. Elle doit également protéger l'homme contre
la destruction de lui-même. Il est nécessaire qu'il existe quelque chose
comme une écologie de l'homme, comprise de manière juste. Il ne s'agit
pas d'une métaphysique dépassée, si l'Église parle de la nature de
l'être humain comme homme et femme et demande que cet ordre de la
création soit respecté. Ici, il s'agit de fait de la foi dans le
Créateur et de l'écoute du langage de la création, dont le mépris serait
une autodestruction de l'homme et donc une destruction de l'œuvre de
Dieu lui-même. Ce qu'on exprime souvent et ce qu'on entend par le terme
« gender », se résout en définitive dans l'auto émancipation de
l'homme par rapport à la création et au Créateur. L'homme veut se
construire tout seul et décider toujours et exclusivement seul de ce qui
le concerne. Mais de cette manière, il vit contre la vérité, il vit
contre l'Esprit créateur. Les forêts tropicales méritent, en effet,
notre protection, mais l'homme ne la mérite pas moins en tant que
créature, dans laquelle est inscrit un message qui ne signifie pas la
contradiction de notre liberté, mais sa condition. De grands théologiens
de la Scolastique ont qualifié le mariage, c'est-à-dire le lien pour
toute la vie entre un homme et une femme, de sacrement de la création,
que le Créateur lui-même a institué et que le Christ - sans modifier le
message de la création - a ensuite accueilli dans l'histoire du salut
comme sacrement de la nouvelle alliance. Le témoignage en faveur de
l'Esprit créateur présent dans la nature dans son ensemble et de manière
particulière dans la nature de l'homme, créé à l'image de Dieu, fait
partie de l'annonce que l'Église doit apporter. Il faudrait relire
l'Encyclique
Humanae
Vitae à partir de cette perspective : l'intention du
Pape Paul VI était de défendre l'amour contre la sexualité en tant que
consommation, l'avenir contre la prétention exclusive du présent et la
nature de l'homme contre sa manipulation.
2. Je ne donnerais que quelques brèves indications supplémentaires à
propos des autres dimensions de la pneumatologie. Si l'Esprit créateur
se manifeste tout d'abord dans la grandeur silencieuse de l'univers,
dans sa structure intelligente, la foi, outre cela, nous dit une chose
inattendue, c'est-à-dire que l'Esprit parle, en quelque sorte également
avec des paroles humaines ; il est entré dans l'histoire et, comme force
qui façonne l'histoire, il est également un esprit parlant, il est même
la Parole qui, dans les Écrits de l'Ancien et du Nouveau Testament,
vient à notre rencontre. Dans l'une de ses lettres, Saint Ambroise a
merveilleusement exprimé ce que cela signifie pour nous : « Même à
présent, alors que je lis les divines Écritures, Dieu se promène au
Paradis »
(Ep. 49, 3). En lisant
l'Écriture, nous pouvons aujourd'hui aussi presque nous promener dans le
jardin du Paradis et rencontrer Dieu qui s'y promène : entre le thème de
la Journée mondiale de la Jeunesse en Australie et le thème du Synode
des évêques, il existe un profond lien intérieur. Les deux thèmes «
Esprit Saint » et « Parole de Dieu » vont de pair. En lisant l'Écriture
nous apprenons cependant également que le Christ et l'Esprit Saint sont
inséparables. Si Paul, dans une synthèse étonnante, affirme : « Le
Seigneur est l'Esprit »
(2 Co 3, 17), non seulement
l'unité trinitaire entre le Fils et l'Esprit Saint, apparaît en toile de
fond, mais surtout leur unité par rapport à l'histoire du salut : dans
la passion et dans la résurrection du Christ sont arrachés les voiles du
sens purement littéral, et la présence de Dieu qui parle devient
visible. En lisant l'Écriture avec le Christ, nous apprenons à entendre
la voix de l'Esprit Saint dans les paroles humaines et nous découvrons
l'unité de la Bible.
3. Nous sommes désormais arrivés à la troisième dimension de la
pneumatologie qui consiste, précisément, dans l'aspect inséparable du
Christ et de l'Esprit Saint. De la manière peut-être la plus belle,
celle-ci se manifeste dans le récit de saint Jean à propos de la
première apparition du Ressuscité devant les disciples : le Seigneur
souffle sur ses disciples et leur donne ainsi l'Esprit Saint. L'Esprit
Saint est le souffle du Christ. Et de même que le souffle de Dieu au
matin de la création avait transformé la poussière du sol en l'homme
vivant, le souffle du Christ nous accueille dans la communion
ontologique avec le Fils, nous transforme en nouvelle création. C'est
pour cette raison que c'est l'Esprit Saint qui nous fait dire avec le
Fils : « Abba, Père ! » (cf. Jn 20, 22 ;
Rm 8, 15).
4. Ainsi, comme quatrième dimension, apparaît spontanément la connexion
entre Esprit et Église. Paul, dans la Première Lettre aux Corinthiens 12
et dans la Lettre aux Romains 12, a illustré l'Église comme Corps du
Christ et précisément ainsi comme organisme de l'Esprit Saint, dans
lequel les dons de l'Esprit Saint fondent les individus en un tout
vivant. L'Esprit Saint est l'Esprit du Corps du Christ. Dans l'ensemble
de ce corps nous trouvons notre devoir, nous vivons les uns pour les
autres et les uns dépendant des autres, en vivant dans la profondeur de
Celui qui a vécu et souffert pour nous tous et qui, au moyen de son
Esprit, nous attire à lui dans l'unité de tous les enfants de Dieu : «
Veux-tu toi aussi vivre dans l'Esprit du Christ ? Alors, sois dans le
Corps du Christ », dit Augustin à ce propos
(Tr. in Jo. 26, 13).
Ainsi, avec le thème de l'« Esprit Saint », qui orientait les journées
en Australie et, de manière plus cachée, également les semaines du
Synode, devient visible toute l'ampleur de la foi chrétienne, une
ampleur qui, de la responsabilité pour la création et pour l'existence
de l'homme en harmonie avec la création, conduit, à travers les thèmes
de l'Écriture et de l'histoire du salut, jusqu'au Christ et, de là, à la
communauté vivante de l'Église, dans ses ordres et responsabilités, tout
comme dans son ampleur et sa liberté, qui s'exprime aussi bien dans la
multiplicité des charismes que dans l'image de la Pentecôte de la
multitude des langues et des cultures.
Une partie intégrante de la fête est la joie. La fête peut s'organiser,
la joie non. Celle-ci peut seulement être offerte en don ; et, de fait,
elle nous a été donnée en abondance : nous sommes reconnaissants de
cela. De même que Paul qualifie la joie de fruit de l'Esprit Saint, dans
son Évangile Jean a lui aussi étroitement lié l'Esprit et la joie.
L'Esprit Saint nous donne la joie. Et Il est la joie. La joie est le don
dans lequel tous les autres dons sont résumés. Elle est l'expression du
bonheur, de l'harmonie avec soi-même, ce qui ne peut découler que du
fait d'être en harmonie avec Dieu et avec sa création. Rayonner, être
communiquée, fait partie de la nature de la joie. L'esprit missionnaire
de l'Église n'est rien d'autre que l'impulsion à communiquer la joie qui
nous a été donnée. Que celle-ci soit toujours vivante en nous et rayonne
sur le monde dans ses épreuves : tel est mon souhait à la fin de cette
année. Avec un vif remerciement pour votre travail et votre œuvre, je
souhaite à chacun de vous que cette joie dérivant de Dieu nous soit
donnée en abondance également au cours de la nouvelle Année.
Je confie ces vœux à l'intercession de la Vierge Marie Mater divinae
gratiae, en Lui demandant de pouvoir vivre les festivités de Noël
dans la joie et dans la paix du Seigneur. Avec ces sentiments, je donne
de tout cœur à vous tous et à la grande famille de la Curie romaine ma
Bénédiction apostolique.
Texte original du discours du Saint Père
►
Italien -
Regarder
la vidéo en
Italien ou en
Français
Sources : www.vatican.va
-
Traduction : ZF08122214/22-12-2008
(©L'Osservatore Romano - 23/30 décembre 2008)
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.12.2008 -
T/Benoît XVI |