La Parole de Dieu : Bible ou
Bibliothèque ? |
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Le 18 janvier 2009 -
(E.S.M.)
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La lectio divina est avant tout une lectio.
Elle doit s’ouvrir au sens littéraire du texte. Comme pour tout texte
ancien, différentes étapes sont requises de la part du lecteur.
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La Bible, le plus
invariable, le plus fidèle, de tous les écrits connus
La Parole de Dieu : Bible ou Bibliothèque ?
Critique textuelle
Le contenu de la Bible est sans doute le plus invariable, le plus
fidèle, de tous les écrits connus. Un exemple tiré de la critique
textuelle suffit à le démontrer. Jusqu’en 1947, mis à part le Codex
Sinaiticus (daté entre 300 et 350 après
J.-C.)
et le Codex Vaticanus
(daté de l’an 350 après J.-C.),
rédigés en grec, les plus anciennes copies de la Bible hébraïque dont
nous disposions remontaient aux alentours de l’an 900 après J.-C. Tel le
codex d’Aleppo exposé au musée du livre à Jérusalem.
La plus ancienne copie complète de la Bible hébraïque, le codex de
Leningrad, est, elle, datée de l’an 1008. La découverte des manuscrits
de la Mer Morte en 1947 a permis à la recherche biblique d’effectuer un
bond de plusieurs siècles en arrière, puisque la plupart des manuscrits
du désert de Juda rédigés en hébreu, remontaient au II ou I siècle avant
J.-C. Leur contenu s’est avéré grosso modo identique à celui du Codex de
Leningrad. Mille deux cents ans de fidélité, malgré des changements de
détails. Le niveau de crédibilité des copistes juifs venait attester une
tradition solide, qui s’appuyait sur un art de l’écriture et un respect
du texte. Bien que nous n’ayons toujours pas à ce jour de manuscrit
hébreu complet de l’Ancien Testament antérieur au XIe siècle de notre
ère, les rouleaux de la mer Morte démontrent que l’on peut s’y fier de
manière certaine.
Pour la Bible nous possédons des manuscrits plus nombreux et plus
anciens que pour les autres grands classiques de l’Antiquité, ceux
d’Homère ou de César, par exemple. Mais la question essentielle demeure
: pourquoi et comment ces textes ont-ils été écrits ? Combien de
générations ont ajouté leurs propres chapitres à la grande épopée ? La
Bible a sa propre histoire, qui mérite d’être relatée.
Pour le Nouveau Testament qui rassemble les Évangiles, les Actes des
Apôtres, les Épîtres et l’Apocalypse les chercheurs disposent de 5 300
manuscrits grecs complets, de 13 000 autres fragmentaires, et de 9 000
autres documents. Le plus ancien fragment à la disposition des exégètes
est une copie de l’Évangile de Jean, datée de l’an 125 : le papyrus
Rylands, conservé à Manchester en Angleterre. Parmi les papyri les plus
anciens du Nouveau Testament, il faut aussi citer les papyri Chester
Beatty, écrits en grec et datant du IIIe siècle. Ces documents, qui
reprennent des passages des Évangiles, des Actes des Apôtres et des
lettres de Paul, ont été découverts en 1928 à Deir el-Medineh, en
Égypte, avec d’autres fragments de l’Ancien Testament. Ils étaient
cachés dans une tombe, entre les soubassements d’une pyramide et la
voûte d’une chapelle. La tradition orale raconte qu’ils auraient été
vendus par des trafiquants d’antiquités avant d’échouer entre les mains
d’un collectionneur américain, Chester Beatty. Celui-ci en en fit
l’acquisition en novembre 1931. Les papyri sont aujourd’hui exposés dans
un musée de Dublin, en Irlande. Ils sont les Vestiges d’une longue
histoire qui commença il y a deux mille ans et qui est loin d’avoir
révélé tous ses secrets.
Ajoutez à cela le résultat des fouilles archéologiques de l’Ophel qui
finalement ont permis de retrouver des restes remontant à la période de
David et vous aurez la certitude que la Bible n’a pas inventé
l’histoire.
Critique des sources
Pendant des siècles, on a enseigné que Moïse était l’auteur des cinq
premiers livres de la Bible. Dès les premières lignes de la Genèse, le
lecteur curieux est intrigué. D’où ce récit provient-il ? La critique
moderne a permis d’en apprendre beaucoup plus. Le 3 décembre 1872, en
effet, l’assyriologue anglais G. Smith pulvérisait des siècles de
certitudes: il découvrait en Mésopotamie une série de tablettes
racontant la même histoire que le récit biblique du Déluge. De plus,
cette source mésopotamienne - l’épopée de Gilgamesh - datait de la fin
du II millénaire, et avait probablement inspiré la Genèse, nettement
postérieure.
L’hypothèse des documents du Pentateuque
A partir de là, la critique littéraire a permis de tirer certaines
conclusions. De proche en proche, il s’est avéré que les scribes
auxquels nous devons le Pentateuque ont assemblé des documents écrits
provenant de traditions plus anciennes. C’est l’hypothèse documentaire,
élaborée à la fin du XIX siècle, et qui a connu un grand succès entre
les années 1950 et 1970. Selon cette hypothèse, il y aurait eu au départ
quatre documents : un premier, dit « yahviste », un deuxième, dit «
élohiste », le document « deutéronomiste », et le document sacerdotal.
Aujourd’hui les exégètes pensent qu’on ne peut pas conférer à ce
découpage documentaire une valeur scientifique. Certains experts
considèrent, par exemple, que le yahviste et l’élohiste ne font qu’un.
Comme l’expliquait J. Bottéro, expert des religions sémitiques: «
C’est chimère d’espérer voir chacun des quatre documents parfaitement
abstrait des autres et rendu à sa teneur originelle intégrale »
(Naissance de Dieu : la Bible et l’historien, Paris 1986).
Aujourd’hui ce sont les légendes cultuelles attachées aux différents
sanctuaires que les experts scrutent plus volontiers pour expliquer
l’origine des documents
Moult hypothèses
L’existence de doublets dans le Pentateuque confirme la pluralité des
récits originels, voire leurs contradictions. Yahvé demande par exemple
à Noé de faire entrer les animaux dans l’arche à raison de « deux de
chaque espèce »
(Gn 6,19), et, plus loin, «
sept paires de tous les animaux purs »
(Gn 7,3). Enfin, tout ce qui
concerne Abraham dans la Genèse provient des sources les plus récentes
qui composent ce livre.
Pour ce qui est de la cohérence historique, J. Bottéro souligne
certaines impossibilités. « Comment Isaïe, entre 760 et 700 avant
notre ère, a-t-il pu connaître par son nom, puisqu’il le mentionne à
deux reprises et dans un contexte qui ne laisse pas le moindre doute
(Is 44, 28, et Is 45, 1), le
roi Cyrus, fondateur de l’empire perse deux siècles plus tard
(- 558 à - 528) ? » J. Bottéro surenchérit: «
On est bien obligé de refuser au prophète Isaïe la paternité des
‘oracles de Babylone’
(Is 13,1-14, 23), puisqu’ils
impliquent une situation politique ultérieure de deux siècles ». Que
reste-t-il, alors, d’Isaïe, d’autant qu’une autre théorie envisage
l’existence d’un « second Isaïe » - nom de code d’un glorieux inconnu -
auquel on attribue les chapitres 40 à 55 du livre d’Isaïe ?
Ce ne sont là que quelques éléments choisis dans un océan
d’interrogations. De toutes ces réflexions il ressort que le récit de la
Création est un texte liturgique qui ne peut être accepté de façon
littérale, et que la doctrine de l’évolution n’est en rien
contradictoire avec la version biblique.
L’Ancien Testament, on le voit, est une véritable bibliothèque étalée
sur au moins huit siècles de rédaction. Il faudrait encore évoquer des
passages entiers du livre de Daniel
(Dn 24 à 27) ultérieurement
insérés, certains psaumes trop rapidement attribués à David, le livre de
Samuel, fait de pièces et de morceaux rassemblés sur quatre siècles au
moins.
De cet ensemble de remises en question jaillit pourtant une unité
extraordinaire. Pour l’essentiel, l’Ancien Testament est sans doute
achevé à l’époque de l’exil à Babylone, aux alentours de l’an 590 avant
Jésus-Christ. Il apparaît que les juifs, privés de leur Temple et de
leur liturgie, éprouvaient probablement le besoin de disposer d’un
texte.
Trois versions de la Bible
Mais l’unité s’arrête là. A partir du retour en Israël, un grand nombre
de juifs émigrent en Égypte. Une forte diaspora se concentre à
Alexandrie, et y joue un rôle prépondérant. Peu à peu, ces juifs
assimilés perdent l’usage de l’hébreu et adoptent la langue grecque à la
suite de la conquête de l’Égypte par Alexandre
(vers 330 av. J.-C.). Ayant
oublié l’hébreu, au milieu du II siècle avant Jésus-Christ, ils
éprouvent le besoin de traduire la Bible en grec.
Ainsi naît la Septante, achevée vers 130 avant Jésus-Christ. Le fossé
culturel entre juifs de Palestine et juifs d’Égypte se creuse. Ces
derniers ajoutent en effet à la Septante des livres postérieurs que
leurs frères de Jérusalem ne considèrent pas comme inspirés: Judith,
Tobie, les Maccabées, la Sagesse, l’Ecclésiastique. D’où la constitution
d’un autre livre saint. Cette différence se perpétue jusqu’à nos jours:
pour l’Ancien Testament, les protestants ainsi que les juifs
reconnaissent le seul canon de Jérusalem, tandis que les catholiques ont
conservé les livres et suppléments proposés par la Septante (nommés «
deutérocanoniques », c’est-à-dire « du deuxième canon »). A cela
s’ajoute le fait que la plupart des livres deutérocanoniques ne nous
sont connus qu’en grec, et non en hébreu.
Dans les synagogues de Palestine l’hébreu était également en perte de
vitesse au retour de l’exil. Il fallait traduire la Bible pour
l’auditoire qui parle araméen. De là naquirent les targumim ou la
traduction araméenne de la Bible qui a intégré de nombreuses traditions
orales. Depuis la découverte du targum Néofiti dans la
bibliothèque vaticane les experts s’intéressent de nouveau à cette
version liturgique juive.
- Au terme d’une longue aventure, juifs et catholiques se retrouvent
avec la même Bible en main. La Bible grecque qui fut longtemps celle des
chrétiens, est un témoin intéressant de la diaspora juive d’Alexandrie.
Avec St Jérôme l’Eglise revint à la veritas hebraica. Bible grecque et
Bible hébraïque sont toutes deux inspirées, car l’inspiration est un
charisme mis à la disposition des communautés croyantes.
« La parole de Dieu demeure toujours », affirmait le prophète
Isaïe. Un livre qui a inspiré des artistes, des musiciens et des poètes
de tout pays durant des siècles, mérite attention. La parole de Dieu ne
peut pas être enchaînée. Les régimes totalitaires l’ont appris à leurs
dépens. Efficace, cette parole réalise ce qu’elle annonce comme la pluie
féconde la terre.
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Sources : Custodia
Terre Sainte
-
(E.S.M.)
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
18.01.2009 -
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