Centenaire de la béatification de
Jeanne d'Arc |
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Le 15 avril 2009 -
(E.S.M.)
- A l'occasion du Centenaire de la béatification de Jeanne d'Arc,
relions le Discours prononcé par le Pape saint Pie X, le 13 décembre 1908 après la lecture des décrets de béatification
des Vénérables Jeanne d’Arc, Jean Eudes, François de Capillas,
Théophane Vénard et ses compagnons.
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Ste Jeanne d'Arc -
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Centenaire de la béatification de Jeanne d'Arc - 18 Avril 2009
Discours du Pape saint Pie X
Le 15 avril 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Discours prononcé le 13 décembre 1908 après la lecture des décrets de béatification
des Vénérables Jeanne d’Arc(2), Jean Eudes, François de Capillas,
Théophane Vénard et ses compagnons.
Je suis reconnaissant, Vénérable Frère(1), à votre cœur généreux qui
voudrait me voir travailler clans le champ du Seigneur toujours à la lumière
du soleil, sans nuage ni bourrasque. Mais vous et moi, nous devons adorer
les dispositions de la divine Providence qui, après avoir établi son Église
ici-bas, permet qu’elle rencontre sur son chemin des obstacles de tout genre
et des résistances formidables. La raison en est, d’ailleurs évidente :
l’Église est militante et par conséquent dans une lutte continuelle. Cette
lutte fait du monde un vrai champ de bataille et de tout chrétien un soldat
valeureux qui combat sous l’étendard de la croix. Cette lutte a commencé
avec la vie de notre Très Saint Rédempteur et elle ne finira qu’avec la fin
même des temps. Ainsi, il faut tous les jours, comme les preux de Juda au
retour de la captivité, d’une main repousser l’ennemi, et de l’autre élever
les murs du Temple saint, c’est-à-dire travailler à se sanctifier.
Nous sommes confirmés dans cette vérité par la vie même des héros auxquels
sont consacrés les décrets qui viennent d’être publiés. Ces héros sont
arrivés à la gloire, non seulement à travers de noirs nuages et des
bourrasques passagères, mais à travers des contradictions continuelles et de
dures épreuves qui sont allées jusqu’à exiger d’eux pour la foi le sang et
la vie.
Je ne puis nier pourtant que ma joie est, en effet, bien grande en ce moment
: car, en glorifiant tant de saints, Dieu manifeste ses miséricordes à une
époque de grande incrédulité et d’indifférence religieuse ; car, au milieu
de l’abaissement si général des caractères, voici que s’offrent à
l’imitation ces âmes religieuses qui, pour témoigner de leur foi, ont donné
leur vie ; car, enfin, ces exemples viennent, en effet, pour la plus grande
part, Vénérable Frère, de votre pays, où ceux qui détiennent les pouvoirs
publics ont déployé ouvertement le drapeau de la rébellion et ont voulu
rompre à tout prix tous les liens avec l’Église.
Oui, nous sommes à une époque où beaucoup rougissent de se dire catholiques,
beaucoup d’autres prennent en haine Dieu, la foi, la révélation, le culte et
ses ministres, mêlent à tous leurs discours une impiété railleuse, nient
tout et tournent tout en dérision et en sarcasmes, ne respectant même pas le
sanctuaire de la conscience. Mais il est impossible que devant ces
manifestations du surnaturel, quelle que soit leur volonté de fermer les
yeux en face du soleil qui les éclaire, un rayon divin ne finisse pas par
pénétrer jusqu’à leur conscience, et, serait-ce même par la voie du remords,
les ramener à la foi.
Ce qui fait encore ma joie, c’est que la vaillance de ces héros doit ranimer
les cœurs alanguis et timides, peureux dans la pratique des doctrines et des
croyances chrétiennes, et les rendre forts dans la foi. Le courage, en
effet, n’a de raison d’être que s’il a pour base une conviction. La volonté
est une puissance aveugle quand elle n’est pas illuminée par l’intelligence,
et on ne peut marcher d’un pas sûr au milieu des ténèbres. Si la génération
actuelle a toutes les incertitudes et toutes les hésitations de l’homme qui
marche à tâtons, c’est le signe évident qu’elle ne tient plus compte de la
parole de Dieu, flambeau qui guide nos pas et lumière qui éclaire nos
sentiers : Lucerna pedibus meis verbum tuum et lumen semitis meis.
Il y aura du courage quand la foi sera vive dans les cœurs, quand on
pratiquera tous les préceptes imposés par la foi ; car la foi est impossible
sans les œuvres, comme il est impossible d’imaginer un soleil qui ne
donnerait point de lumière et de chaleur. Cette vérité a pour témoins les
martyrs que nous venons de célébrer. Car il ne faut pas croire que le
martyre soit un acte de simple enthousiasme qui consiste à mettre la tète
sous la hache pour aller tout droit en paradis. Le martyre suppose le long
et pénible exercice de toutes les vertus. Omnimoda et immaculata munditia.
Et, pour parler de celle qui vous est connue plus que tous les autres – la
Pucelle d’Orléans, – dans son humble pays natal comme parmi la licence des
armes, elle se conserve pure comme les anges ; fière comme un lion dans tous
les périls de la bataille, elle est remplie de pitié pour les pauvres et
pour les malheureux. Simple comme un enfant dans la paix des champs et dans
le tumulte de la guerre, elle demeure toujours recueillie en Dieu et elle
est tout amour pour la Vierge et pour la sainte Eucharistie, comme un
chérubin, vous l’avez bien dit. Appelée par le Seigneur à défendre sa
patrie, elle répond à sa vocation pour une entreprise que tout le monde, et
elle tout d’abord, croyait impossible ; mais ce qui est impossible aux
hommes est toujours possible avec le secours de Dieu.
Que l’on n’exagère pas par conséquent les difficultés quand il s’agit de
pratiquer tout ce que la foi nous impose pour accomplir nos devoirs, pour
exercer le fructueux apostolat de l’exemple que le Seigneur attend de chacun
de nous : Unicuique mandavit de proximo suo. Les difficultés viennent de qui
les crée et les exagère, de qui se confie en lui-même et non sur les secours
du ciel, de qui cède, lâchement intimidé par les railleries et les dérisions
du monde : par où il faut conclure que, de nos jours plus que jamais, la
force principale des mauvais c’est la lâcheté et la faiblesse des bons, et
tout le nerf du règne de Satan réside dans la mollesse des chrétiens.
Oh ! S’il m’était permis, comme le faisait en esprit le prophète Zacharie,
de demander au divin Rédempteur : « Que sont ces plaies au milieu de vos
mains ? Quid sont istæ plagæ in medio manuum tuarum ? » la réponse ne serait
pas douteuse : « Elles m’ont été infligées dans la maison de ceux qui
m’aimaient. His plagatus sum in domo eorum qui diligebant me » : par mes
amis qui n’ont rien fait pour me défendre et qui, en toute rencontre, se
sont rendus complices de mes adversaires. Et à ce reproche qu’encourent les
chrétiens pusillanimes et intimidés de tous les pays ne peuvent se dérober
un grand nombre de chrétiens de France.
Cette France fut nommée par mon vénéré prédécesseur, comme vous l’avez
rappelé, Vénérable Frère, la très noble nation, missionnaire, généreuse,
chevaleresque. A sa gloire, j’ajouterai ce qu’écrivait au roi saint Louis le
pape Grégoire IX :
« Dieu, auquel obéissent les légions célestes, ayant établi, ici-bas, des
royaumes différents suivant la diversité des langues et des climats, a
conféré à un grand nombre de gouvernements des missions spéciales pour
l’accomplissement de ses desseins. Et comme autrefois il préféra la tribu de
Juda à celles des autres fils de Jacob, et comme il la gratifia de
bénédictions spéciales, ainsi choisit la France de préférence à toutes les
autres nations de la terre pour la protection de la foi catholique et pour
la défense de la liberté religieuse. Pour ce motif, continue le Pontife, la
France est le royaume de Dieu même, les ennemis de la France sent les
ennemis du Christ. Pour ce motif, Dieu aime la France parce qu’il aime
l’Eglise qui traverse les siècles et recrute les légions pour l’éternité.
Dieu aime la France, qu’aucun effort n’a jamais pu détacher entièrement de
la cause de Dieu. Dieu aime la France, où en aucun temps la foi n’a perdu de
sa vigueur, où les rois et les soldats n’ont jamais hésité à affronter les
périls et à donner leur sang pour la conservation de la foi et de la liberté
religieuse. »
Ainsi s’exprime Grégoire IX.
Aussi, à votre retour, Vénérable Frère, vous direz à vos compatriotes que
s’ils aiment la France ils doivent aimer Dieu, aimer la foi, aimer l’Église,
qui est pour eux tous une mère très tendre comme elle l’a été de vos pères.
Vous direz qu’ils fassent trésor des testaments de saint Remi, de
Charlemagne et de saint Louis – ces testaments qui se résument dans les mots
si souvent répétés par l’héroïne d’Orléans : « Vive le Christ qui est Roi
des Francs ! »
A ce titre seulement, la France est grande parmi les nations ; à cette
clause, Dieu la protégera et la fera libre et glorieuse ; à cette condition,
on pourra lui appliquer ce qui, dans les Livres Saints, est dit d’Israël : «
Que personne ne s’est rencontré qui insultât à ce peuple, sinon quand il
s’est éloigné de Dieu : Et non fuit qui insultaret populo isti, nisi quando
recessit a culto Domini Dei sui. »
Ce n’est donc pas un rêve que vous avez énoncé, Vénérable Frère, mais une
réalité ; je n’ai pas seulement l’espérance, j’ai la certitude du plein
triomphe.
Il mourait, le Pape martyr de Valence, quand la France, après avoir méconnu
et anéanti l’autorité, proscrit la religion, abattu les temples et les
autels, exilé, poursuivi et décimé les prêtres, était tombée dans la plus
détestable abomination. Deux ans ne s’étaient pas écoulés depuis la mort de
celui qui devait être le dernier Pape, et la France, coupable de tant de
crimes, souillée encore du sang de tant d’innocents, tourne, dans sa
détresse, les yeux vers celui qui, élu Pape par une sorte de miracle, loin
de Rome, prend à Rome possession de son trône et la France implore avec le
pardon l’exercice du divin pouvoir que, dans le Pape, elle avait si souvent
contesté ; et la France est sauvée. Ce qui parait impossible aux hommes est
possible à Dieu. Je suis affermi dans cette certitude par la protection des
martyrs qui ont donné leur sang pour la foi et par l’intercession de Jeanne
d’Arc, qui, comme elle vit dans le cœur des Français, répète aussi, sans
cesse, au ciel la prière : « Grand Dieu, sauvez la France ! »
Traduit du texte italien publié par les Acta Apostolicis Sedis du 15 janvier
1909, p. 142-145.
(1) Mgr Touchet, évêque d’Orléans.
(2) Canonisée le 16 mai 1920 par le pape Benoît XV
Sources :
laportelatine
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.04.09 -
T/Eglise |