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La bonté puissante de Dieu
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Le 14 janvier 2023 -
(E.S.M.)
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Cette bonté, qui par ses ailes déployées protège
Jérusalem (cf. Is 31,5), s'adresse cependant au libre arbitre des
poussins, et ceux-ci la refusent: « vous
n'avez pas voulu » (Mt 23,37).
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Mt 23,37s -
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La bonté puissante de Dieu
Chapitre 2
Le discours eschatologique de Jésus
Le 14 janvier 2023 - E. S. M. -
Au terme des « malheurs ! » prononcés par Jésus contre les scribes et les
pharisiens, dans le contexte des discours après l'entrée à Jérusalem, saint
Matthieu nous transmet alors une parole mystérieuse de Jésus, qui en Luc a
trouvé sa place durant le cheminement de Jésus vers la Ville sainte : «
Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et
lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes
enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes et
vous n'avez pas voulu! Voici que votre maison va vous être laissée
déserte... » (Mt 23,37s.; cf. Lc 13,34s.). Dans ces phrases apparaît
d'abord le profond amour de Jésus envers Jérusalem, sa lutte passionnée pour
le « oui » de la Ville sainte au message qu'il doit transmettre et par
lequel il se range dans la grande lignée des hérauts de Dieu dans l'histoire
du Salut qui précède.
L'image de la poule protectrice et inquiète vient de l'Ancien Testament :
Dieu « trouve [son peuple] au pays du désert... Il l'entoure, il l'élève, il
le garde comme la prunelle de son œil. Tel un aigle qui veille sur son nid,
plane au-dessus de ses petits, il déploie ses ailes et le prend, il le
soutient sur son pennage » (Dt 32,10s.). S'y ajoute la belle parole du
Psaume 36,8 : « Qu'il est précieux, ton amour, ô Dieu ! Ainsi, les fils
d'Adam: à l'ombre de tes ailes ils ont abri. »
Ici, Jésus rapproche de la bonté puissante de Dieu lui-même son œuvre et sa
tentative d'attirer les gens. Cette bonté, qui par ses ailes déployées
protège Jérusalem (cf. Is 31,5), s'adresse cependant au libre arbitre des
poussins, et ceux-ci la refusent: « vous n'avez pas
voulu » (Mt 23,37).
Le malheur qui en découle est indiqué par Jésus, de façon mystérieuse et
toutefois sans équivoque, par une parole qui reprend une ancienne tradition
prophétique. Jérémie, face au mauvais comportement dans le Temple, avait
communiqué un oracle de Dieu: « J'ai abandonné ma maison, quitté mon
héritage » (12,7). Jésus annonce exactement la même chose : « Votre maison
va vous être laissée déserte » (Mt 23,38). Dieu s'en
va. Le Temple n'est plus le lieu où il a mis son Nom. Il sera vide ;
maintenant il est seulement « votre maison ».
Cette parole de Jésus trouve un surprenant parallèle dans Flavius Josèphe,
l'historiographe de la guerre des Juifs; Tacite lui aussi a recueilli cette
information dans son œuvre historique (cf. Hist. 5,13). Flavius Josèphe
rapporte des événements étranges, qui eurent lieu au cours des dernières
années avant le déclenchement de la guerre des Juifs : tous annonçaient
d'une manière ou d'une autre, et avec préoccupation, la fin du Temple.
L'historiographe rapporte globalement sept de ces signes. Je voudrais
choisir ici seulement celui qui correspond de façon surprenante à la parole
menaçante de Jésus mentionnée tout à l'heure.
L'événement a lieu à la Pentecôte de l'an 66 après le Christ. Quand, à la
fête appelée Pentecôte, les prêtres parvinrent de nuit dans la cour
intérieure du Temple pour exercer selon l'habitude leur ministère sacré, ils
auraient, selon leurs dires, tout d'abord perçu un mouvement et un
grondement, et ensuite un cri multiple : « Partons d'ici ! » (De bello lud.
VI,299s.). Quoi qu'il se fut passé précisément, une chose est claire : dans
les dernières années avant le drame de l'an 70, se faisait sentir autour du
Temple, une mystérieuse perception de l'approche de sa fin. « Votre maison
va vous être laissée déserte » - « Partons d'ici ! » : sous la forme de la
première personne du pluriel, typique du parler biblique de Dieu (cf. par
ex. Gn 1,26), il annonce lui-même qu'il quittera le Temple, le laissant «
désert ». Il y avait dans l'air un tournant de portée universelle à la
signification imprévisible.
En Matthieu, à la parole de la « maison déserte » - parole qui n'annonce pas
encore directement la destruction du Temple, mais certainement sa fin
intrinsèque, la fin de sa signification comme lieu de rencontre entre Dieu
et l'homme - succède immédiatement le grand discours eschatologique de Jésus
avec les thèmes centraux de la destruction du Temple, de la destruction de
Jérusalem, du Jugement final et de la fin du monde. Ce discours transmis par
les trois Synoptiques avec diverses variantes peut être qualifié, dans
l'absolu, comme le texte le plus difficile des Évangiles.
Cela dépend, d'une part, de la complexité du contenu qui, partiellement, se
réfère à des événements historiques déjà réalisés entre-temps et qui, en
grande partie cependant, concerne un avenir allant au-delà de ce qui est
perceptible du temps et de la réalité, et qui le porte même à son
achèvement. Est annoncé un avenir qui dépasse nos catégories et, qui
cependant, peut être illustré seulement par des modèles pris de nos
expériences, modèles qui, face au contenu à exprimer, sont nécessairement
inadaptés. Ainsi s'explique pourquoi Jésus, qui substantiellement parle
toujours en continuité avec la Loi et les Prophètes, illustre l'ensemble
avec une trame de paroles de l'Écriture, dans laquelle il insère la
nouveauté de sa mission, de la mission du Fils de l'homme.
Alors que la vision de l'avenir est exprimée en grande partie par des images
de la tradition, qui veulent nous rendre plus proches de l'indescriptible,
tous les problèmes de l'histoire rédactionnelle s'ajoutent à la difficulté
qui a trait au contenu du texte: précisément parce qu'ici les paroles de
Jésus entendent être des développements dans la continuité de la tradition
et non des descriptions de l'avenir, ceux qui la transmettaient pouvaient
élaborer ultérieurement ces développements selon les circonstances et les
capacités de compréhension de leurs auditeurs, veillant à conserver
fidèlement le contenu essentiel du message authentique de Jésus.
Ce ne peut être la tâche de ce livre d'entrer dans les multiples problèmes
particuliers de l'histoire de la rédaction et de la tradition du texte. Je
voudrais me limiter à mettre en lumière trois éléments du discours
eschatologique de Jésus, dans lesquels les intentions essentielles de la
composition sont évidentes.
Le TOME I ►
Benoît XVI
Le TOME II
►
Benoît XVI
Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.01.2023
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