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19 Avril 2005
 

Benoît XVI : un message aussi dénué de contenu

Le 07 mars  2023 - (E.S.M.) - Ne nous arrêtons pas au fait qu'un message aussi dénué de contenu, grâce auquel on prétend mieux comprendre Jésus qu'il ne s'est compris lui-même, aurait pu difficilement signifier quelque chose pour qui que ce fût. Écoutons plutôt la suite : pour des raisons difficiles à reconstituer, Jésus aurait été exécuté et serait mort, après un échec total. Puis, on ne sait plus trop comment, serait née la foi en la résurrection, l'idée qu'il était de nouveau vivant ou tout au moins qu'il continuait à avoir une signification pour les hommes. Peu à peu, cette foi se serait développée, pour aboutir à l'idée, existant également ailleurs sous une forme semblable, selon laquelle Jésus reviendrait plus tard comme Fils de l'homme ou comme Messie.

Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme - Pour agrandir l'image ► Cliquer   

3) Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme

    Revenons encore une fois à la question christologique au sens strict, pour éviter de présenter nos considérations comme de simples affirmations ou même comme une façon de se réfugier dans les problèmes actuels. Nous avions constaté que l'adhésion chrétienne à Jésus équivalait à le reconnaître comme Christ, c'est-à-dire comme celui en qui personne et œuvre sont identiques ; à partir de là, nous avons découvert l'unité qui existe entre foi et amour. La foi chrétienne, en se détournant des idées pures et de toute doctrine abstraite pour se tourner vers le « Moi » de Jésus, conduit à un « Moi » qui est ouverture totale, qui est tout entier « parole », tout entier « fils ». Nous avons vu également que les concepts de « parole » et de « fils » doivent exprimer le caractère dynamique de cette existence, sa pure actualitas. La parole ne subsiste jamais en elle-même, elle vient de quelqu'un et elle est là pour être entendue, elle est donc ordonnée à d'autres. Elle ne subsiste que dans la totalité de cette double relation : « à partir de » - « pour ». Nous avions trouvé le même sens pour le concept de « fils », qui exprime lui aussi cette suspension entre deux pôles. Tout cela pourrait se résumer dans cette formule : la foi chrétienne ne se réfère pas à des idées, mais à une personne, à un « Moi », un « Moi » défini comme parole et fils, c'est-à-dire comme ouverture totale. Or, cela entraîne deux conséquences, où apparaissent la problématique interne de la foi (dans le sens d'une foi en Jésus reconnu comme Christ, comme Messie), et le nécessaire dépassement de cette foi, pour arriver au plein scandale de la foi au Fils (foi en la divinité véritable de Jésus). Car si, comme nous l'avons dit, la foi reconnaît dans le « Moi » de Jésus une pure ouverture, un être tout entier « à-partir-du Père »; si, par toute son existence, ce « Moi » est « Fils » - actualité d'un pur service - si, autrement dit, cette existence n'a pas seulement de l'amour mais est amour, n'est-elle pas alors nécessairement identique à Dieu qui seul est l'amour ? Jésus, le Fils de Dieu, n'est-il pas alors lui-même Dieu ? N'est-il pas vrai alors que le « Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu » (Jn 1, 1) ? Mais la question inverse se pose également, pour nous forcer à dire : si cet homme est tout entier ce qu'il fait, s'il est tout entier derrière ce qu'il dit, s'il est tout entier pour les autres; si en se « perdant » ainsi, il reste pourtant entièrement lui-même, s'il est celui qui s'est trouvé en se perdant (cf. Mc 8, 35), n'est-il pas alors le plus humain des hommes, la plénitude même de l'humain ? Avons-nous alors encore le droit de résorber la christologie (discours sur le Christ) dans la théologie (discours sur Dieu) ? Ne devons-nous pas plutôt revendiquer Jésus passionnément comme homme, et faire de la christologie un humanisme, une anthropologie ? Ou alors l'homme authentique, par le fait même qu'il est entièrement et authentiquement homme, serait-il Dieu, et Dieu serait-il précisément l'homme authentique ? Serait-il possible que l'humanisme le plus radical et la foi au Dieu de la révélation se rejoignent ici jusqu'à se confondre ?

    On peut voir, je crois, que ces questions, dont la force a ébranlé l'Église des cinq premiers siècles, surgissent spontanément de la confession de foi christologique ; la lutte dramatique qui s'esl livrée alors autour de ces questions, a abouti, dans les conciles œcuméniques de l'époque, à une réponse affirmative aux trois questions. Ce triple « oui » constitue la substance et la forme définitive du dogme christologique classique ; il ne visait qu'à rester entièrement fidèle à la modeste confession de foi primitive en Jésus, reconnu comme « Christ ». Autrement dit : si Jésus est radicalement Christ, comme le dogme christologique explicité l'affirme, cela suppose qu'il est Fils, et s'il est Fils, cela implique qu'il est Dieu. Pour rester un énoncé conforme au logos, intelligible, le dogme doit être compris de cette manière, sinon on tombe dans le mythe, en ne tirant pas cette conséquence. Mais il affirme aussi catégoriquement que Jésus est, dans la radicalité de sa diaconie, le plus humain des hommes, l'homme véritable. Il reconnaît ainsi que théologie et anthropologie se compénètrent, ce qui constitue dès lors le caractère vraiment exaltant de la foi chrétienne.

    Mais une autre question se pose : si vraiment il n'est pas possible d'échapper à la logique développée ici, s'il faut donc admettre la conséquence qui découle logiquement du dogme, il reste tout de même le critère décisif des faits : est-ce que, avec ce beau système, nous ne nous serions pas élevés dans les hautes sphères de la pensée, en laissant derrière nous la réalité ? Mais alors la logique incontestable du système ne nous servirait à rien, à cause de l'absence de fondement. En d'autres termes, il faut demander si les données de la Bible et l'éclairage critique sur les faits nous autorisent à concevoir l'être filial de Jésus comme nous venons de le faire, d'après le dogme christologique. A cette question, l'on répond aujourd'hui de plus en plus franchement par la négative, comme allant de soi. Aux yeux de beaucoup, la réponse affirmative apparaît comme une position pré-critique, à peine digne de considération. Contre cela, je voudrais essayer de montrer que la réponse affirmative non seulement est justifiée, mais s'impose, si l'on ne veut pas tomber, ou bien dans des élucubrations rationalistes sans consistance, ou bien dans des représentations mythologiques du fils, dépassées et surmontées par la foi biblique au Fils et par l'explication donnée par l'Église ancienne12.

II. UN CLICHÉ MODERNE A PROPOS DU « JÉSUS HISTORIQUE »

    II faut avancer lentement. Qui était au juste ce Jésus de Nazareth ? Comment se comprenait-il ? A en croire le cliché qui commence à se répandre largement aujourd'hui, comme présentation vulgarisée de la théologie moderne13, les choses se seraient passées de la manière suivante : il faudrait se représenter le Jésus historique comme une sorte de docteur prophétique, apparu dans l'atmosphère d'exaltation eschatologique du judaïsme tardif. Il aurait annoncé, conformément à cette situation imprégnée d'eschatologie, la proximité du royaume de Dieu, affirmation tout d'abord à sens strictement temporel : maintenant, très bientôt, arrivera le royaume de Dieu, la fin du monde. D'autre part, Jésus aurait tellement mis l'accent sur le « maintenant », que l'aspect de futur temporel ne pourrait plus être considéré, par celui qui regarde les choses en profondeur, comme le message authentique. Celui-ci consisterait plutôt - même si Jésus lui-même pensait à un futur, à un royaume de Dieu - dans l'appel à la décision : l'homme serait désormais entièrement engagé à l'égard du « maintenant » qui vient continuellement à sa rencontre.

    Ne nous arrêtons pas au fait qu'un message aussi dénué de contenu, grâce auquel on prétend mieux comprendre Jésus qu'il ne s'est compris lui-même, aurait pu difficilement signifier quelque chose pour qui que ce fût. Écoutons plutôt la suite : pour des raisons difficiles à reconstituer, Jésus aurait été exécuté et serait mort, après un échec total. Puis, on ne sait plus trop comment, serait née la foi en la résurrection, l'idée qu'il était de nouveau vivant ou tout au moins qu'il continuait à avoir une signification pour les hommes. Peu à peu, cette foi se serait développée, pour aboutir à l'idée, existant également ailleurs sous une forme semblable, selon laquelle Jésus reviendrait plus tard comme Fils de l'homme ou comme Messie. Dans une autre étape, on aurait projeté finalement cette espérance sur le Jésus historique, on l'aurait mise dans sa propre bouche et l'on aurait modifié en conséquence la signification de sa personne. On aurait présenté les choses comme s'il s'était proclamé lui-même le Fils de l'homme ou le Messie à venir. Très vite, toujours d'après notre cliché, le message aurait passé du monde sémitique dans le monde hellénistique, entraînant des conséquences très importantes. Dans le monde sémitique l'on avait interprété Jésus selon les catégories juives (Fils de l'homme - Messie) ; ces catégories, n'ayant pas de sens dans le monde hellénistique, auraient alors été adaptées à des concepts hellénistiques. Aux schèmes sémitiques de Fils de l'homme et de Messie, on aurait substitué la catégorie hellénistique de l' « homme divin » ou de l'« homme-Dieu » (θεἴὸς ἀνήρ), pour rendre intelligible la figure de Jésus.

    Or, l' « homme-Dieu », au sens de l'hellénisme, serait caractérisé surtout par deux attributs : il est thaumaturge et d'origine divine. Ce dernier attribut signifie qu'il est, d'une manière ou d'une autre, issu de Dieu qui est son Père ; son origine mi-divine, mi-humaine est précisément ce qui fait de lui un homme-Dieu, un homme divin. Le transfert de la catégorie de l'homme divin aurait entraîné également le transfert sur Jésus des deux attributs ci-dessus mentionnés. On aurait ainsi commencé à le présenter comme thaumaturge ; le mythe de la naissance virginale aurait été créé pour la même raison. Ce mythe, à son tour, aurait conduit à désigner Jésus comme Fils de Dieu, parce que Dieu apparaissait maintenant, d'une manière mythique, comme son père. De cette façon, l'interprétation hellénistique, en faisant de Jésus un « homme divin », avec toutes les particularités en découlant, aurait finalement transformé l'événement de la proximité de Dieu, caractéristique de Jésus, en l'idée « ontologique » de l'origine divine. La foi primitive de l'Église aurait continué à progresser dans cette voie mythique jusqu'à la fixation définitive du tout dans le dogme de Chalcédoine, avec sa conception de la filiation divine ontologique de Jésus. Ce concile, en affirmant l'origine divine ontologique de Jésus, aurait changé le mythe en dogme, l'entourant de spéculations abstruses, à tel point que cette assertion mythique serait finalement devenue le schibboleth de l'orthodoxie ; l'on aurait abouti ainsi à un complet renversement par rapport au point de départ.

    Pour qui pense en historien, tout cet ensemble constitue un tableau absurde, même s'il trouve aujourd'hui des adeptes en foule
. Pour ma part, confesse Benoit XVI, j'avoue que vraiment, même abstraction faite de la foi chrétienne et uniquement de par ma pratique de l'histoire, je suis plus volontiers et plus facilement porté à croire que Dieu soit devenu homme qu'à croire à la vérité d'un tel conglomérat d'hypothèses. Malheureusement, il ne nous est pas possible, dans le cadre de cet ouvrage, d'entrer dans les détails de la problématique historique; cela demanderait une recherche très vaste et très longue. Nous devons plutôt (et nous en avons le droit) nous limiter au point décisif, autour duquel tourne tout le reste : la filiation divine de Jésus. Si l'on aborde la question avec une rigueur de langage qui évite de mélanger les choses que l'on aimerait voir reliées ensemble, l'on peut arriver aux constatations suivantes.

A suivre : A propos de l' « homme divin » 

Notes :
12. Par là, on ne veut évidemment pas reprendre la tentative, rejetée plus haut comme impossible, d'une construction de la foi à partir de l'histoire; il s'agit ici de dégager la légitimation historique de la foi.
13. Parler d'une « forme de vulgarisation de la théologie moderne », c'est dire en même temps déjà que dans les études de spécialistes les choses sont présentées de façon plus nuancée et avec également une grande diversité dans le détail. Mais les apories restent les mêmes et il ne suffit donc pas de recourir à l'échappatoire habituelle en disant que les choses ne sont évidemment pas si simples que cela.



Conseil de lecture :

Dans le Christ, vrai Dieu et vrai Homme, nous avons connu l’amour dans toute sa signification  (Message de Benoît XVI pour la Journée Mondiale de la Jeunesse)


  

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Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 07.03.2023

 

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