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Léon XIV, dix jours plus tard. Les mots-clés du nouveau successeur
de Pierre -
20.05.2025
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Le 20 mai 2025 -
E.S.M.
- Au cours des dix jours entre son élection
comme pape et la messe d’inauguration de son ministère
pétrinien, Léon XIV a déjà exprimé avec clarté les
lignes maîtresses du nouveau pontificat.
Le pontificat de Léon s’annonce sous le signe du
service de l’annonce de la foi au Christ dans un monde
qui menace de s’éteindre, avec les drames qui s’en
suivront.
S. M.
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Léon XIV -
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Léon XIV, dix jours plus tard. Les mots-clés du nouveau successeur
de Pierre
Le 19 mai 2025 -
E.S.M. -
(s.m.) Au cours des dix jours entre son élection comme pape et la messe
d’inauguration de son ministère pétrinien, Léon XIV a déjà exprimé avec
clarté les lignes maîtresses du nouveau pontificat.
« Disparaître pour
que le Christ demeure, se faire petit pour que Lui soit connu et
glorifié » : tel est en synthèse le service qu’il veut offrir à l’Église
et à l’humanité entière. Et ceci depuis sa première salutation depuis la
loggia de la basilique de Saint-Pierre, qu’il a prononcée non pas avec
ses propres mots, mais avec ceux de Jésus ressuscité.
Le pontificat de Léon s’annonce sous le signe du service de l’annonce
de la foi au Christ dans un monde qui menace de s’éteindre, avec les
drames qui s’en suivront, un monde dans lequel l’Église doit savoir se
faire le phare du salut qui vient de Dieu.
Mais laissons la parole au pape Léon, dans cette anthologie de ses
premiers actes de services à l’Église et à l’humanité.
* “Telle est la salutation du Christ ressuscité”
De la
première salutation « urbi et orbi » aux fidèles, le 8 mai 2025
Que la paix soit avec vous tous ! Très chers frères et sœurs, telle
est la première salutation du Christ ressuscité, le Bon Pasteur qui a
donné sa vie pour le troupeau de Dieu. […] C’est la paix du Christ
ressuscité, une paix désarmée et désarmante, humble et persévérante.
Elle vient de Dieu, Dieu qui nous aime tous inconditionnellement. […]
Je suis un fils de saint Augustin, augustinien, qui a dit : « Avec
vous, je suis chrétien, et pour vous, je suis évêque ». En ce sens, nous
pouvons tous marcher ensemble vers la patrie que Dieu nous a préparée.
*
“Disparaître pour que le Christ demeure”
De
l’homélie de la messe « pro Ecclesia » avec les cardinaux, le 9 mai
2025
« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Par ces
paroles, Pierre, interrogé avec les autres disciples par le Maître sur
la foi qu’il a en Lui, exprime en synthèse le patrimoine que l’Église, à
travers la succession apostolique, garde, approfondit et transmet depuis
deux mille ans. Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant,
c’est-à-dire l’unique Sauveur et le révélateur du visage du Père. […]
Cependant, en amont de la conversation où Pierre fait sa profession
de foi, il y a aussi une autre question : « Au dire des gens, qui est le
Fils de l’homme ? » (Mt 16, 13). […]
Il y a tout d’abord la réponse du monde, […] qui considère Jésus
comme une personne totalement insignifiante, tout au plus un personnage
curieux, qui peut susciter l’émerveillement par sa manière inhabituelle
de parler et d’agir. Ainsi, lorsque sa présence deviendra gênante en
raison de son exigence d’honnêteté et de moralité, ce « monde »
n’hésitera pas à le rejeter et à l’éliminer.
Il y a ensuite une autre réponse possible à la question de Jésus :
celle du peuple. Pour lui, le Nazaréen n’est pas un « charlatan » :
c’est un homme droit, courageux, qui parle bien et dit des choses
justes, comme d’autres grands prophètes de l’histoire d’Israël. C’est
pourquoi il le suit, du moins tant qu’il peut le faire sans trop de
risques ni d’inconvénients. Mais ce n’est qu’un homme, et donc, au
moment du danger, lors de la Passion, il l’abandonne et s’en va, déçu.
Ce qui frappe dans ces deux attitudes, c’est leur actualité. Elles
incarnent en effet des idées que l’on pourrait facilement retrouver –
peut-être exprimées dans un langage différent, mais identiques dans leur
substance – dans la bouche de nombreux hommes et femmes de notre temps.
Aujourd’hui encore, nombreux sont les contextes où la foi chrétienne est
considérée comme absurde, réservée aux personnes faibles et peu
intelligentes ; des contextes où on lui préfère d’autres certitudes,
comme la technologie, l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir.
Il s’agit d’environnements où il n’est pas facile de témoigner et
d’annoncer l’Évangile, et où ceux qui croient sont ridiculisés,
persécutés, méprisés ou, au mieux, tolérés et pris en pitié. Et
pourtant, c’est précisément pour cette raison que la mission est urgente
en ces lieux, car le manque de foi entraîne souvent des drames tels que
la perte du sens de la vie, l’oubli de la miséricorde, la violation de
la dignité de la personne sous ses formes les plus dramatiques, la crise
de la famille et tant d’autres blessures dont notre société souffre
considérablement.
Aujourd’hui encore, il existe des contextes où Jésus, bien
qu’apprécié en tant qu’homme, est réduit à une sorte de leader
charismatique ou de super-homme, et cela non seulement chez les
non-croyants, mais aussi chez nombre de baptisés qui finissent ainsi par
vivre, à ce niveau, dans un athéisme de fait.
Tel est le monde qui nous est confié, dans lequel, comme nous l’a
enseigné à maintes reprises le Pape François, nous sommes appelés à
témoigner de la foi joyeuse en Christ Sauveur. C’est pourquoi, pour nous
aussi, il est essentiel de répéter : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu
vivant » (Mt 16, 16). […]
Ignace d’Antioche, […] conduit enchaîné vers cette ville, lieu de son
sacrifice imminent, écrivait aux chrétiens qui s’y trouvaient : « Alors
je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, quand le monde ne verra plus
mon corps ». Il faisait référence au fait d’être dévoré par les bêtes
sauvages dans le cirque – et c’est ce qui arriva –, mais ses paroles
renvoient de manière plus générale à un engagement inconditionnel pour
quiconque exerce un ministère d’autorité dans l’Église : disparaître
pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu’Il soit connu et
glorifié (cf. Jn 3, 30), se dépenser jusqu’au bout pour que personne ne
manque l’occasion de Le connaître et de L’aimer.
*
Pour une liturgie qui ouvre au mystère
Du
discours aux Églises d’Orient, le 14 mai 2025
Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité ! Je vous salue
avec les paroles que, dans de nombreuses régions, l’Orient chrétien ne
se lasse pas de répéter en ce temps pascal, professant ainsi le noyau
central de la foi et de l’espérance.
…
L’Église a besoin de vous. Quelle contribution importante peut nous
apporter aujourd’hui l’Orient chrétien ! Combien nous avons besoin de
retrouver le sens du mystère, si vivant dans vos liturgies qui
impliquent la personne humaine dans sa totalité, chantent la beauté du
salut et suscitent l’émerveillement devant la grandeur divine qui
embrasse la petitesse humaine ! Et combien il est important de
redécouvrir, même dans l’Occident chrétien, le sens de la primauté de
Dieu, la valeur de la mystagogie, de l’intercession incessante, de la
pénitence, du jeûne, des larmes pour ses propres péchés et pour ceux de
toute l’humanité (penthos), si typiques des spiritualités orientales !
[…]
Qui donc, plus que vous, pourrait chanter des paroles d’espérance
dans l’abîme de la violence ? Qui plus que vous, qui connaissez de près
les horreurs de la guerre. […] Et sur toute cette horreur […] se détache
un appel : non pas tant celui du Pape, mais celui du Christ, qui répète
: « La paix soit avec vous ! » (Jn 20, 19.21.26). Et il précise : « Je
vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière
du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27). La paix du Christ n’est pas
le silence de mort après le conflit, elle n’est pas le résultat de
l’oppression, mais un don qui concerne les personnes et réactive leur
vie.
*
Pour une paix qui soit juste et durable
Du
discours au corps diplomatique, le 16 mai 2025
Je considère que la contribution que les religions et le dialogue
interreligieux peuvent apporter pour favoriser des contextes de paix est
fondamentale. Cela exige naturellement le plein respect de la liberté
religieuse dans chaque pays, car l’expérience religieuse est une
dimension fondamentale de la personne humaine, sans laquelle il est
difficile, voire impossible, d’accomplir cette purification du cœur
nécessaire pour construire des relations de paix. […]
Il incombe à ceux qui ont des responsabilités gouvernementales de
s’efforcer à construire des sociétés civiles harmonieuses et pacifiées.
Cela peut être accompli avant tout en misant sur la famille fondée sur
l’union stable entre un homme et une femme, « une société très petite
sans doute, mais réelle et antérieure à toute société civile » (Léon
XIII, “Rerum novarum”, 9). En outre, personne ne peut se dispenser de
promouvoir des contextes où la dignité de chaque personne soit protégée,
en particulier celle des plus fragiles et des plus vulnérables, du
nouveau-né à la personne âgée, du malade au chômeur, que celui-ci soit
citoyen ou immigrant. […]
On ne peut construire des relations véritablement pacifiques, même au
sein de la Communauté internationale, sans vérité… Pour sa part,
l’Église ne peut jamais se soustraire à son devoir de dire la vérité sur
l’homme et sur le monde, en recourant si nécessaire à un langage franc
qui peut au début susciter une certaine incompréhension. Mais la vérité
n’est jamais séparée de la charité qui, à la racine, a toujours le souci
de la vie et du bien de tout homme et de toute femme. D’ailleurs, dans
la perspective chrétienne, la vérité n’est pas l’affirmation de
principes abstraits et désincarnés, mais la rencontre avec la personne
même du Christ qui vit dans la communauté des croyants.
*
“Dans l’unique Christ, nous sommes un: c’est la route à parcourir
ensemble”
De l’homélie
de la messe d’inauguration du pontificat, le 18 mai 2025
Amour et unité : ce sont les deux dimensions de la mission confiée à
Pierre par Jésus. […] Comment Pierre peut-il s’acquitter de cette tâche
? L’Évangile nous dit que cela n’est possible que parce qu’il a
expérimenté dans sa propre vie l’amour infini et inconditionnel de Dieu,
y compris à l’heure de l’échec et du reniement. C’est pourquoi, lorsque
Jésus s’adresse à Pierre, l’Évangile utilise le verbe grec « agapao »,
qui se réfère à l’amour que Dieu a pour nous, à son offrande sans
réserve et sans calcul, différent de celui utilisé pour la réponse de
Pierre, qui décrit plutôt l’amour de l’amitié, que nous avons entre
nous. […]
À Pierre est donc confiée la tâche « d’aimer davantage » et de donner
sa vie pour le troupeau. Le ministère de Pierre est précisément marqué
par cet amour oblatif, car l’Église de Rome préside à la charité et sa
véritable autorité est la charité du Christ. Il ne s’agit jamais
d’emprisonner les autres par la domination, la propagande religieuse ou
les moyens du pouvoir, mais il s’agit toujours et uniquement l’aimer
comme Jésus l’a fait.
Lui — affirme l’apôtre Pierre lui-même — «
est la pierre méprisée de
vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle » (Ac 4, 11). Et si
la pierre est le Christ, Pierre doit paître le troupeau sans jamais
céder à la tentation d’être un meneur solitaire ou un chef placé
au-dessus des autres, se faisant maître des personnes qui lui sont
confiées (cf. 1 P 5, 3). Au contraire, il lui est demandé de servir la
foi de ses frères, en marchant avec eux : en effet, nous sommes tous
constitués « pierres vivantes » (1 P 2, 5), appelés par notre baptême à
construire l’édifice de Dieu dans la communion fraternelle, dans
l’harmonie de l’Esprit, dans la coexistence des diversités. Comme
l’affirme saint Augustin : « L’Église est constituée de tous ceux qui
sont en accord avec leurs frères et qui aiment leur prochain » (Discours
359, 9).
Cela frères et sœurs, je voudrais que ce soit notre premier grand
désir : une Église unie, signe d’unité et de communion, qui devienne
ferment pour un monde réconcilié.
À notre époque, nous voyons encore trop de discorde, trop de
blessures causées par la haine, la violence, les préjugés, la peur de
l’autre, par un paradigme économique qui exploite les ressources de la
Terre et marginalise les plus pauvres. Et nous voulons être, au cœur de
cette pâte, un petit levain d’unité, de communion, de fraternité. Nous
voulons dire au monde, avec humilité et joie : regardez le Christ !
Approchez-vous de Lui ! Accueillez sa Parole qui illumine et console !
Écoutez sa proposition d’amour pour devenir son unique famille : « dans
l’unique Christ, nous sommes un ». Et c’est la route à parcourir
ensemble, entre nous, mais aussi avec les Églises chrétiennes sœurs,
avec ceux qui suivent d’autres chemins religieux, avec ceux qui
cultivent l’inquiétude de la recherche de Dieu, avec toutes les femmes
et tous les hommes de bonne volonté, pour construire un monde nouveau où
règne la paix!
Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire
L’Espresso.
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Sources
: diakonos.be-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 20.05.2025
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