SOMMET FAO : "UN ÉCHEC TOTAL" |
 |
Rome, le 06 Juin 2008 -
(E.S.M.) - "Ce sommet est assez unique
dans l'histoire de cette organisation : plus de 50 chefs d'État et de
gouvernement s'y sont réunis (…). Mais les résultats sont
extraordinairement décevants et très inquiétants pour l'avenir des
Nations Unies"
|
La malnutrition, une
arme politique ! -
Pour agrandir l'image:
►
Cliquez
SOMMET FAO : "UN ÉCHEC TOTAL", SELON JEAN ZIEGLER
"Un échec total" : c'est en ces termes
que Jean Ziegler, ex-rapporteur de l'Onu sur le droit à l'alimentation et
aujourd'hui membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l'homme, a
défini le Sommet de la Fao sur la crise alimentaire et les changements
climatiques qui s'est conclu jeudi à Rome.
"Ce sommet est assez unique dans l'histoire de cette organisation : plus de
50 chefs d'État et de gouvernement s'y sont réunis (…). Mais
les résultats sont extraordinairement décevants
et très inquiétants pour l'avenir des Nations Unies", s'est insurgé M.
Ziegler dans une interview au quotidien français "Le Monde", avant de
préciser que "le résultat de cette conférence est
totalement scandaleux : l'intérêt privé
s'est imposé, au lieu de l'intérêt collectif.
Les décisions prises à Rome risquent d'aggraver la
faim dans le monde, au lieu de la combattre".
L'ex-rapporteur se serait plutôt attendu de ce Sommet "l'interdiction totale
de brûler de la nourriture pour en faire des biocarburants. Ensuite, retirer
de la Bourse la fixation des prix des aliments de base, et instaurer un
système où le pays producteur négocie directement avec le pays consommateur
pour exclure le gain spéculatif. Troisièmement,
que les institutions de Bretton Woods, notamment le Fonds monétaire
international, donnent la priorité absolue dans les pays les plus pauvres
aux investissements dans l'agriculture vivrière, familiale et de
subsistance".
Au contraire, poursuit-il, les déclarations de principe contenues dans la
déclaration finale, comme celle de "réduire de moitié
les affamés d'ici à 2015", demeurent vagues et
irréalisables. Parmi les principaux responsables de cet "échec",
selon l'expert, figurent "les États-Unis et leurs alliés canadiens et
australiens qui ont saboté le sommet en faisant pratiquement la politique de
la chaise vide" ; les grandes multinationales qui
"contrôlent actuellement 80 % du commerce mondial des aliments de base
mais ne sont pas en charge de l'intérêt collectif" et le
"secrétaire général des Nations unies, qui est chargé de faire des
propositions. Or, il ne le fait que d'une façon très insuffisante".
(ADL/CN)
SOMMET FAO : DÉCLARATION FINALE APPROUVÉE SUR LE
FIL DU RASOIR
La Déclaration finale du sommet sur la crise alimentaire mondiale et les
changements climatiques organisée à Rome par la Fao a été approuvée hier
soir par acclamation du Comité plénier et non pas, comme prévu, par vote
nominal, donc sans le passage de l’approbation formelle de l’Assemblée. Les
travaux se sont conclus avec un grand retard en raison de désaccords
significatifs sur des passages clés du texte final et avec les réserves de
quelques pays dont l’Argentine, Cuba, le Venezuela, l’Équateur et la Bolivie
qui, au-delà de considérer hâtive la procédure d’approbation, se sont
plaints de la différence de fuseau horaire avec l’Amérique latine, à cause
de laquelle les représentants de ces nations n’ont pas pu contacter les
autorités locales pour les consultations qui s’imposaient. Certains médias
ont déjà diffusé des passages du document mais pas encore le texte intégral,
qui permettrait une évaluation globale objective après une lecture
attentive.
Le directeur général de la Fao, Jacques Diouf, a cependant exprimé sa
satisfaction pour les résultats atteints et a souligné la difficulté de
mettre d’accord près de 200 délégations pour parvenir à un compromis. “Je
peux affirmer que les objectifs atteints vont au-delà de nos attentes” a
commenté Diouf, annonçant l’allocation d’environ 8 milliards de dollars
(soit 6,5 milliards d’euros) pour faire face à la crise alimentaire
mondiale. En revanche, l’Union européenne, les États-Unis, l’Asie, le
Moyen-Orient et l’Océanie ont soutenu l’adoption du document sans réserves
tandis que la délégation africaine s’est indignée pour le risque que la
déclaration soit bloquée par des “questions de procédure”.
SOMMET FAO : ENGAGEMENTS AU “CONDITIONNEL”…
DÉCLARATION FINALE
Dans la section dédiée aux “mesures à moyen et long terme”, on découvre
notamment, que les participants ont inventé “l’eau
chaude”: “La crise actuelle a mis en évidence
la fragilité des systèmes alimentaires dans le monde entier et leur
vulnérabilité face aux crises. (...) Il est
essentiel de combiner des mesures à moyen et long terme" et par
conséquent "nous exhortons les gouvernements nationaux, tous les instituts
financiers, les donateurs et toute la communauté internationale à définir
globalement un cadre de politique de soutien aux pauvres dans les zones
rurales, sub-urbaines, urbaines et pour les moyens de soutien aux pays en
voie de développement et pour augmenter les investissements dans le secteur
agricole".
Une autre “découverte” est la suivante: “La conservation de la biodiversité
est fondamentale pour soutenir la production future et et la résistance des
systèmes de production actuels” dont la liste est fournie, attribuant “la
priorité à l’agriculture, la pêche et la sylviculture afin de créer des
opportunités pour consentir aux petits agriculteurs et pêcheurs de
participer et bénéficier, par le biais de mécanismes financiers et de flux
d’investissements en faveur de l’adaptation, à l’adoucissement des
changements climatiques, avec le développement technologique …Il est urgent
que la communauté internationale, y compris le secteur privé, augmente les
investissements dans la science et la technologie pour l’alimentation et
l’agriculture. Un majeur engagement dans la coopération internationale doit
être orienté vers la recherche, le développement, l’application, le
transfert et la diffusion des meilleures stratégies politiques et
technologies”.
La méga rencontre internationale pharaonique de 500 délégués de 183 pays
valait-elle vraiment la peine pour pouvoir écrire: “Nous
encourageons la communauté internationale à poursuivre ses efforts, dans le
cadre de la libéralisation du commerce agricole, en réduisant les barrières
commerciales et les distorsions politiques du marché. Affronter ces mesures
pourra donner aux agriculteurs, en particulier dans les pays en voie de
développement, de nouvelles opportunités de vendre leurs produits sur les
marchés mondiaux et soutenir leurs efforts pour augmenter la productivité et
la production".
Sur les biocarburants controversés, le texte affirme: “Il est essentiel
d’affronter les défis et les opportunités dérivant des biocarburants en
tenant compte de la sécurité alimentaire mondiale, de l’énergie et du
développement durable. Nous sommes convaincus que des études approfondies
sont nécessaires pour garantir que la production et l’utilisation de
biocarburants est compatible avec les trois piliers du développement durable
et tienne compte de la nécessité d’obtenir et maintenir la sécurité
alimentaire mondiale”. Une référence rapide, désormais inespérée, est
faite à la société civile : “Nous demandons à la Fao, en étroite
collaboration avec le Pam et l’Ifad et d’autres organisations
internationales compétentes, y compris celles qui participent à la task
force de haut niveau sur la crise alimentaire globale et en collaboration
avec les gouvernements, la société civile et le secteur privé de surveiller
et analyser la sécurité mondiale dans toutes ses manifestations, y compris
celles qui font partie de cette Conférence et le développement de stratégies
pour l’améliorer".
En conclusion : "Nous sommes convaincus de vouloir utiliser tous les moyens
pour alléger les souffrances causées par la crise actuelle afin de stimuler
la production agricole et d’augmenter les investissements dans le secteur
agricole, pour affronter les obstacles dans l’accès à la nourriture et
d’utiliser des ressources durables de la planète pour les générations
présentes et futures. Nous nous engageons à éliminer la faim et à garantir
de la nourriture pour tous aujourd’hui et à l’avenir". [PMB/CO]
►
Sommet FAO "Terra Preta":
Un document sur le "droit à l'alimentation"
Regarder
la vidéo ►
Fin
du sommet de la FAO sur la sécurité alimentaire dans le monde
Le site officiel du congrès ►
Fao
Sources : (Agence Misna)
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.06.08 -
T/International/FAO - T/Afrique |