Sainte Faustine - Héléna Kolwaska
Le Petit Journal
édition numérique par Anne Speeckaert et www.JesusMarie.com
Petit Journal de Sœur Faustine
817. 16. XII. 36. J’offre ce jour pour la Russie. J’offre pour ce pauvre
pays toutes mes souffrances et mes prières. Après la Sainte Communion Jésus
me dit : « Je ne peux plus tolérer ce pays. Ne me lie pas les mains, ma
fille ! »
Je compris que, si ce n’étaient les prières des âmes agréables à Dieu, toute
cette nation serait déjà anéantie. Oh ! Comme je souffre pour ce pays qui a
chassé Dieu de ses frontières !
818. Ô Source inaltérable de miséricorde divine qui coulez sur nous il n’y a
pas de frontière pour Votre bonté ! Fixez, ô Seigneur, la force de Votre
Miséricorde à la mesure du gouffre de ma misère, car Votre pitié n’a pas de
limites ! Votre miséricorde qui étonne les esprits humains et angéliques est
étrange et inaccessible.
819. Mon Ange Gardien me recommanda de prier pour une âme et le matin
j’appris que c’était un homme, qui justement était entré en agonie. Jésus me
fait connaître d’une façon étrange quand quelqu’un a besoin de ma prière. Je
reconnais en particulier quand c’est une âme qui entre en agonie. Maintenant
cela m’arrive plus souvent qu’autrefois.
820. Jésus me fit connaître qu’une âme, qui vit pour la volonté Divine, Lui
est très agréable et Lui rend ainsi une très grande gloire.
821. Aujourd’hui je compris que, même si je ne parvenais pas à accomplir ce
que Dieu exigeait, je sais que je serai récompensée comme si j’avais tout
accompli. Car Il voit l’intention avec laquelle je commence. Et même s’Il me
reprenait aujourd’hui, Son œuvre ne pourrait en souffrir, car Lui seul est
le Souverain Maître de l’œuvre et de celui qui agit. Il dépend de moi de
L’aimer à la folie. Toutes les épreuves ne sont un rien devant Lui. L’amour
a une grande force, une signification et un mérite. Il a ouvert dans mon âme
de grands horizons. L’amour comble les abîmes.
822. 17. XII. 1936. J’ai offert ce jour pour les prêtres, j’ai souffert plus
que jamais intérieurement et extérieurement. Je ne savais pas qu’on pouvait
tant souffrir en un jour. Je tâchais de faire l’Heure Sainte, pendant
laquelle mon esprit goûta l’amertume du Jardin des Oliviers. Je lutte toute
seule, soutenue par Son bras contre toutes les difficultés qui se dressent
comme des murs infranchissables devant moi. Cependant j’ai confiance dans la
force de Son Nom et je n’ai peur de rien.
823. Dans cet isolement Jésus est mon Maître. C’est Lui qui m’élève et
m’enseigne. Je sens que je suis l’objet de Son action particulière. Pour Ses
intentions incompréhensibles et Ses verdicts insondables Il m’unit à Lui
d’une façon spéciale et me permet de pénétrer dans ses mystères
inconcevables. Il y a un Mystère, qui m’unit au Seigneur, que personne ne
peut savoir, même pas les anges. Même si je voulais le formuler, je ne
saurais comment le dire. Cependant je vis de cela et je vais le vivre dans
les siècles. Ce mystère me distingue des autres âmes ici, sur terre, et dans
l’Eternité.
824. Ô jour magnifique où se réaliseront tous mes souhaits ! Ô jour vivement
désiré, qui sera le dernier de ma vie ! Je me réjouis du trait que le divin
Artiste posera sur mon âme, qui lui donnera une beauté particulière et qui
me distinguera de la beauté des autres âmes. Ô grand jour, dans lequel se
fixera l’amour divin en moi. En ce jour, pour la première fois, je chanterai
devant le ciel et la terre le chant de l’insondable miséricorde divine.
C’est mon œuvre et la mission que Dieu m’a destinée depuis la fondation de
la terre. Pour que le chant de mon âme soit agréable à la Sainte Trinité,
dirigez et formez mon âme Vous-même, ô Esprit Divin ! Je m’arme de patience
et j’attends Votre venue, Jésus miséricordieux, dans les terribles douleurs
et les affres de l’agonie ! A ce moment, plus que jamais j’ai confiance dans
le gouffre de Votre miséricorde et je vous rappelle, Christ miséricordieux,
doux Sauveur, toutes les promesses que Vous m’avez faites.
825. Ce matin, j’ai eu une mésaventure : ma montre s’était arrêtée et je ne
savais pas quand me lever. C’eût été dommage d’omettre la Sainte Communion.
Il faisait nuit et je ne pouvais pas savoir quand il faudrait me lever. Je
m’habillai, je fis la méditation et je suis allée à la chapelle, mais tout
était fermé et le silence régnait partout. Je me mis à prier surtout pour
les malades. Maintenant je sais combien les malades ont besoin de prières.
Enfin la chapelle fut ouverte, la prière me venait avec peine, car je me
sentais exténuée. Et après la Sainte Communion, je revins tout de suite dans
ma solitude. Alors je vis le Seigneur qui me dit : « Sache, Ma fille, que
l’ardeur de ton cœur M’est agréable. Comme tu désires ardemment t’unir avec
Moi dans la Sainte Communion, Moi aussi Je désire Me donner complètement à
toi. Et comme récompense pour ton ardeur repose-toi près de Mon Cœur ! » A
cet instant mon âme se noya dans Son Etre, comme une goutte d’eau dans un
océan sans fond. Je me noie en Lui comme dans mon unique trésor. J’ai
reconnu ainsi que le Seigneur permet certaines difficultés pour Sa plus
grande gloire.
826. 18. XII. 1936. Aujourd’hui j’ai ressenti quelque peine, car il y a une
semaine que personne n’est venu me voir. Comme je m’en plaignais au
Seigneur, Il me répondit : « Est-ce que cela ne te suffit pas que Je te
visite chaque jour ? » J’ai demandé pardon au Seigneur et ma peine a
disparu. Ô mon Dieu, ma force, Vous me suffisez !
827. Le soir, j’ai perçu qu’une âme avait besoin de ma prière. Je fis une
ardente prière, mais je sentais que c’était trop peu, donc je suis restée
plus longtemps en prière. Le lendemain, j’appris qu’à ce moment-là
justement, commença l’agonie d’une personne qui dura jusqu'au matin.
Je reconnus par quelles dures luttes elle était passée ! D’une façon
étrange, le Seigneur Jésus me fait connaître qu’une âme agonisante a besoin
de ma prière. Je sens cet esprit qui me demande la prière vivement et
distinctement. Je ne savais pas qu’il y avait une telle union entre les
âmes. Et souvent aussi mon Ange Gardien me parle.
828. Le petit Enfant-Jésus pendant la Sainte Messe fait la joie de mon âme.
Souvent, la distance n’existe pas, je vois un prêtre qui Le fait venir.
J’attends Noël avec grande impatience, je partage cette attente avec la Très
Sainte Vierge.
829. Ô Lumière éternelle, qui venez sur cette terre, illuminez mon esprit et
fortifiez ma volonté pour que je ne succombe pas dans les moments de dure
épreuve ! Que la lumière disperse toutes les ombres du doute ! Que Votre
Toute-Puissance agisse par moi ! J’ai confiance en Vous, ô Lumière qui
n’avez pas été créée ! Ô Enfant-Jésus, Vous m’êtes un modèle, pour accomplir
la volonté de Votre Père ! Vous qui avez dit : « Je viens pour accomplir
fidèlement Votre Volonté, » faites que moi aussi je sache accomplir la
volonté divine en toutes choses. Ô Divin Enfant, donnez-moi cette grâce !
830. Ô mon Jésus, mon âme languissait vers les jours d’épreuves ! Dans le
trouble de mon âme ne me laissez pas seule mais tenez-moi fortement près de
vous ! Postez une sentinelle auprès de ma bouche ! Que le parfum de mes
souffrances soit connu de Vous seul et qu’il Vous soit agréable !
831. Ô Jésus miséricordieux avec quel désir Vous Vous hâtiez vers le Cénacle
pour consacrer l’hostie que je vais recevoir dans ma vie ! Vous désirez,
Jésus, demeurer dans mon cœur et que Votre Sang vivant s’unisse au mien !
Qui comprendra cette étroite union ? Mon cœur renferme le Tout-Puissant,
l’Infini. Ô Jésus, donnez-moi Votre vie divine ! Que Votre Sang pur et noble
palpite de toute sa force dans mon cœur ! Je Vous donne tout mon être.
Changez-moi en Vous-même et rendez-moi capable d’accomplir en tout Votre
sainte volonté et de Vous aimer ! Ô mon doux époux, Vous savez que mon cœur
ne connaît personne d’autre que Vous ! Vous avez ouvert dans mon cœur une
profondeur inassouvie d’amour envers Vous. Dès le premier moment où je Vous
ai connu, mon cœur Vous a aimé et s’est noyé en Vous comme dans son objet.
Que Votre amour pur et tout-puissant me pousse aux actes. Qui concevra et
comprendra cette profondeur de miséricorde qui a jailli de Votre Cœur ?
832. J’ai éprouvé combien il y a de jalousie, même dans la vie spirituelle.
Je reconnais qu’il y a peu d’âmes vraiment assez grandes, pour piétiner tout
ce qui n’est pas Dieu. Ô âme, en dehors de Dieu, tu ne trouveras pas de
beauté ! Oh ! Combien est fragile la base chez les âmes pour qu’elles se
haussent en écrasant les autres ! Quelle perte !
833. 19. XII. 1936. Ce soir, je sentis dans mon âme qu’une personne avait
besoin de ma prière. J’ai tout de suite commencé à prier. Soudain, je
reconnus intérieurement et je sentis l’esprit qui me le demandait. Je priai
jusqu’au moment ou je me tranquillisai. Ce chapelet est une aide puissante
pour les mourants. Souvent je prie pour une intention intérieurement
précisée. Je prie toujours jusqu’au moment où je sens dans mon, âme que ma
prière a été efficace.
834. Surtout ici, depuis que je suis dans cet hôpital, j’éprouve un lien
avec les agonisants qui, en entrant en agonie, me demandent de prier. Dieu
me donne une étrange correspondance avec les mourants. Quand cela arrive, le
plus souvent, j’ai même la possibilité de vérifier l’heure.
Aujourd’hui, à onze heures du soir, je fus soudain éveillée et je sentis
distinctement qu’il y avait auprès de moi, un esprit qui demandait ma prière
; une force me contraint tout simplement à la prière. Ma vision est purement
spirituelle, par une soudaine lumière qu’en cet instant Dieu m’accorde. Je
prie jusqu’au moment où je sens la paix en mon âme. La durée n’est pas
toujours la même. Il arrive parfois qu’avec un seul Ave Maria je sois
tranquillisée, et alors je dis le « De profondis ». Parfois il arrive que je
dise le chapelet tout entier, et seulement alors j’éprouve un apaisement.
Et ici aussi j’ai constaté que, si je suis forcée à la prière pendant un
temps plus long, c'est-à-dire si j’éprouve une inquiétude intérieure, c’est
que l’âme soutient une plus grande lutte et a une plus lourde agonie. C’est
ainsi que j’ai vérifié l’heure : j’ai une montre et je regarde l’heure. Le
lendemain, quand on me parle de la mort de telle personne, je demande
l’heure, qui s’accorde toujours en ce qui concerne l’agonie. On me dit : «
telle personne a lutté très fort », d’autres fois on me dit : « Aujourd’hui
telle personne est morte. Mais elle s’est endormie vite et tranquillement. »
Il arrive que la personne mourante soit dans la seconde ou la troisième
baraque, mais pour l’esprit la distance n’existe pas. Il arrive que j’aie
cette même connaissance à quelques centaines de kilomètres. C’est arrivé
plusieurs fois, à l’égard de ma famille et de personnes apparentées, mais
aussi à l’égard de mes Sœurs en religion et même pour des âmes que je n’ai
pas connues durant ma vie.
Ô Dieu, plein d’insondable miséricorde, qui me permettez par une prière
indigne de porter apaisement et aide aux mourants, soyez béni autant de fois
qu’il y a de milliers d’étoiles dans le ciel et de gouttes d’eau dans
l’océan ! Que Votre miséricorde s’étende à tout le globe terrestre. Que le
culte de cette miséricorde monte jusqu’au pied de Votre trône, louant le
plus grand de Vos attributs, c’est-à-dire Votre inconcevable miséricorde ! Ô
Dieu, cette miséricorde insondable introduit les âmes saintes et tous les
esprits célestes dans un nouveau ravissement. Tous les purs esprits se
plongent dans un profond étonnement, adorant cette inconcevable miséricorde
Divine qui les introduit dans un nouveau ravissement. Leur adoration est
parfaite. Ô Dieu Eternel, comme je désire ardemment adorer Votre plus grand
attribut, c’est-à-dire Votre infinie miséricorde ! Je vois toute ma
petitesse. Et je ne peux pas m’égaler avec les habitants du Ciel qui dans
une sainte admiration glorifient la miséricorde du Seigneur. Mais moi aussi,
j’ai trouvé une manière d’adorer cette inconcevable et parfaite miséricorde
Divine.
835. Ô très doux Jésus, Vous avez daigné m’admettre, moi misérable, à la
connaissance de cette insondable miséricorde ! Ô très doux Jésus, qui avez
gracieusement exigé de moi que je parle de Votre inconcevable miséricorde au
monde entier, voici qu’aujourd’hui, je prends en mains ces deux rayons, qui
ont jailli de Votre Cœur miséricordieux : le Sang et l’Eau, et je les
répands sur tout le globe terrestre, pour que toute âme éprouve Votre
miséricorde, et l’ayant éprouvée, Vous adore pendant l’éternité. Ô Très
Saint Jésus, qui avez daigné dans Votre inconcevable bienveillance unir mon
cœur misérable à Votre Cœur très miséricordieux, c’est par Votre propre Cœur
que j’adore Dieu, notre Père, d’une façon telle qu’aucune âme ne l’a encore
adoré.
836. 21. XII. 1936. La radio joue tout l’après-midi, donc je ressens le
manque de silence. Jusqu’à midi, de continuelles conversations et du bruit.
Mon Dieu, je me réjouissais d’être en silence, de parler seulement avec le
Seigneur et ici c’est tout le contraire. Mais maintenant rien ne me trouble,
ni les conversations, ni la radio. En un mot, rien. La grâce de Dieu a fait
que, quand je prie, je ne sais même pas où je suis. Je sais seulement que
mon âme est unie au Seigneur et ainsi se passent mes journées à l’hôpital.
837. J’admire toutes les humiliations, et toutes les souffrances que ce
prêtre accepte pour cette cause. Je le vois à certains moments, et je le
soutiens par mon indigne prière. C’est seulement Dieu, qui peut donner un
tel courage, car autrement l’âme se lasserait. Mais je vois avec joie que
toutes ces contrariétés, contribuent à augmenter la gloire Divine. Le
Seigneur n’a pas beaucoup d’âmes de cette trempe à Son service.
Ô éternité infinie, tu révèleras les efforts des âmes héroïques. Pour ces
efforts la terre ne paye que par l’ingratitude et la haine. Car de telles
âmes n’ont pas d’amis, elles sont solitaires. Et dans cette solitude, elles
deviennent plus fortes. Elles puisent leur force seulement en Dieu. Et avec
humilité, mais aussi avec courage, elles s’opposent à tous les orages qui
les frappent. Comme des chênes élevés, elles ne se laissent pas troubler. Et
à cela il n’y a qu’un secret : elles puisent en Dieu cette force et tout ce
dont elles ont besoin, pour elles et pour les autres. Elles portent leur
fardeau, mais elles savent et sont capables de prendre sur elles les
fardeaux des autres. Ce sont des colonnes de lumière sur les chemins divins,
qui vivent dans la lumière et illuminent les autres. Elles vivent
elles-mêmes sur les hauteurs et savent les indiquer aux autres et les aider
à les atteindre.
838. Mon Jésus, Vous voyez, que non seulement je ne sais pas écrire, mais en
plus, je n’ai même pas une bonne plume ! Et souvent j’écris si mal, et
parfois c’est si difficile, que je dois écrire lettre après lettre pour
former les phrases. Et encore ce n’est pas tout. Car j’ai cette difficulté
que je note certaines choses en secret, devant les Sœurs. Et souvent à
chaque instant je dois fermer le cahier et écouter patiemment le récit de
l’une d’elles. Et ainsi passe le temps qui était destiné à écrire. Et le
cahier à force d’être fermé en hâte, devient gribouillé. J’écris avec la
permission de la Supérieure et sur ordre de mon confesseur. C’est une chose
étrange que j’écrive parfois passablement et parfois, vraiment, j’ai de la
peine à me relire moi-même.
839. 23.XII. 1936. Je passe le temps avec la Divine Mère et me prépare pour
le moment solennel de la venue du Seigneur Jésus. La Sainte Vierge m’apprend
cette vie intérieure de l’âme avec Jésus, surtout dans la Sainte Communion.
Quel grand mystère la Sainte Communion accomplit en nous ! Nous le saurons
seulement dans l’éternité. Ô moments les plus précieux de la vie !
840. Ô mon Créateur, je languis après Vous ! Vous me comprenez, ô mon
Seigneur ! Tout ce qui est sur terre me paraît un pâle reflet. Je Vous
désire et Vous exige, quoique Vous fassiez incompréhensiblement beaucoup
pour moi. Car Vous me visitez Vous-même, d’une façon particulière. Cependant
ces visites n’apaisent pas les blessures de mon cœur, mais m’excitent à une
plus grande langueur pour Vous, Seigneur ! Oh ! Prenez-moi avec Vous, si
telle est Votre volonté ! Vous savez que je meurs et je meurs de langueur
pour Vous et je ne puis mourir. Mort, où es-tu ? Vous m’attirez dans l’abîme
de Votre Divinité et Vous Vous couvrez de ténèbres. Tout mon être est plongé
en Vous et cependant je désire Vous voir face. Quand cela arrivera-t-il pour
moi ?
841. Aujourd’hui Sœur Chrysostome est venue me voir et m’a apporté des
citrons, des pommes et un tout petit arbre de Noël, ce qui m’a fait le plus
grand plaisir. Par Sœur Chrysostome, la Mère Supérieure a demandé au médecin
qu’il me permette de retourner à la maison pour les fêtes, ce qu’il a
volontiers permis. Je m’en suis réjouie et me suis mise à pleurer comme un
petit enfant. Sœur Chrysostome s’est étonnée que j’ai si mauvaise mine et
que je sois tellement changée. Et elle a dit : « Savez-vous Faustinette,
vous allez sûrement mourir ! Vous devez, ma Sœur, être très souffrante ! »
J’ai répondu qu’aujourd’hui je souffre plus que les autres jours, mais ce
n’est rien. Pour sauver les âmes, ce n’est pas trop. Ô Jésus Miséricordieux,
donnez-moi les âmes des pécheurs !
842. 24. XII. 1936. Aujourd’hui pendant la Sainte Messe je me suis
particulièrement unie à Dieu et à Sa Mère Immaculée. L’humilité et l’amour
pour la Vierge Immaculée ont pénétré mon âme. Plus j’imite la Mère de Dieu,
plus j’apprends à connaître Dieu profondément. Oh ! Quelle incompréhensible
langueur s’empare de mon âme ! Jésus, comment pouvez-Vous encore me laisser
dans cet exil ? Je meurs du désir de Vous. Chaque fois que Vous touchez mon
âme, cela me blesse énormément. L’amour et la souffrance vont de pair.
Cependant je n’échangerais cette souffrance causée par Vous pour aucun
trésor, car c’est la douleur d’indicibles délices et ces blessures me sont
infligées par une Main aimante.
843. Sœur K. est arrivée cet après-midi, et m’a emmenée pour les fêtes à la
maison, afin que je les passe avec la Communauté. En passant par la ville je
m’imaginais que c’était Bethléem. Je regardais tous les gens qui se
dépêchaient. Je pensais : qui médite aujourd’hui ce mystère inconcevable
dans le calme et le silence ? Ô Vierge pure, Vous voyagez aujourd’hui et moi
je suis en route ! Je sens que ce voyage d’aujourd’hui a sa signification. Ô
Vierge rayonnante, pure comme le cristal, toute plongée en Dieu, je vous
confie ma vie intérieure ! Arrangez tout pour que cela soit agréable à Votre
doux fils ! Ô ma Mère, je désire si ardemment que Vous me donniez le Petit
Jésus pendant la Messe de Minuit. Et je sentis dans la profondeur de mon
âme, une si vive présence de Dieu que par la force de ma volonté je contins
ma joie, pour ne pas laisser voir extérieurement ce qui se passait dans mon
âme.
844. Avant le souper, je suis entrée à la chapelle pour partager
spirituellement le pain azyme avec les personnes qui sont chères à mon cœur.
Je les présentai toutes par leur nom au Seigneur Jésus en sollicitant Ses
grâces pour chacune. Mais ce n’est pas tout. Je confiai aussi au Seigneur
les persécutés, les souffrants et ceux qui ne connaissent pas Son Nom,
surtout les pauvres pécheurs. Ô Petit Jésus, je Vous en prie ardemment,
accueillez-les tous dans l’immensité de Votre infinie miséricorde ! Ô doux
Petit Jésus, mon cœur est à Vous : qu’il Vous soit un petit logement
agréable et utile ! Ô Majesté sans bornes, comme vous vous êtes approché de
nous avec douceur ! Ici ce n’est pas la terreur des foudres du grand Yahvé.
Ici il y a le doux Petit-Jésus. Ici aucune âme n’a peur, quoique Votre
Majesté n’ait pas diminué, elle s’est seulement cachée. Après le souper je
me sentis très fatiguée et souffrante. J’ai dû me coucher, mais je veillais
avec la Très Sainte Mère, attendant l’arrivée du Petit-Enfant.
845. 25. XII.1936. La Messe de Minuit. Pendant la Sainte Messe la présence
de Dieu m’était perceptible. Un moment avant l’Elévation, je vis la Vierge,
le Petit-Jésus et le bon Joseph. La Très Sainte Mère me dit ces paroles : «
Ma fille, Faustine, prends mon trésor le plus cher ! » Et Elle me tendit son
tout-petit Jésus. Quand je pris Jésus dans mes mains, mon âme éprouva une
joie tellement indicible que je ne suis pas en état de la décrire. Mais,
chose étrange, après un moment Jésus devint terrible, affreux à voir, grand
et douloureux, et la vision disparut. Bientôt il fallut aller à la Sainte
Communion. Quand je reçus le Seigneur Jésus dans la Sainte Communion, toute
mon âme se mit à trembler sous l’influence de la présence de Dieu.
Le lendemain j’ai vu le Divin Enfant un court moment durant l’Elévation.
Le second jour de fête, le Père Andrasz est venu chez nous dire la Sainte
Messe, pendant laquelle j’ai aussi vu le Petit-Jésus.
846. L’après-midi je suis allée me confesser. A certaines questions
concernant cette œuvre, le Père ne m’a pas donné de réponse, il a dit : «
Quand vous serez bien portante, alors nous pourrons parler concrètement.
Maintenant tâchez de tirer une bonne santé. Quant au reste, vous savez
comment vous diriger et à quoi vous en tenir dans ces choses. » Comme
pénitence il m’a dit de dire le chapelet que Jésus m’avait enseigné.
847. Soudain en disant ce chapelet, j’entendis une voix : « Oh ! Quelles
grandes grâces j’accorderai aux âmes qui diront ce chapelet. Les profondeurs
de Ma miséricorde sont émues, pour ceux qui disent ce chapelet. Inscris ces
mots, Ma fille. Parle au monde de Ma miséricorde ! Que l’humanité entière
apprenne à connaître Mon insondable miséricorde ! C’est un signe pour les
derniers temps. Après viendra le jour de la Justice. Tant qu’il en est
temps, que les hommes aient recours à la source de Ma miséricorde, qu’ils
profitent du Sang et de l’Eau qui ont jailli pour eux ! » Ô âmes humaines,
où chercherez-vous refuge au jour de la colère de Dieu ? Fuyez maintenant
vers les sources de la miséricorde Divine ! Oh quel grand nombre d’âmes je
vois ! Elles ont adoré la Miséricorde Divine et elles vont chanter l’hymne
de gloire dans l’éternité.
848. 27.XII. Aujourd’hui, me voici revenue dans mon lieu de solitude. J’ai
fait un voyage agréable en compagnie d’une certaine personne, qui portait un
enfant au baptême. Nous l’avons accompagnée jusqu'à la porte de l’église de
Podgorze. Pour pouvoir sortir de la voiture, elle a mis l’enfant dans mes
bras. Quand je pris l’enfant, je l’offris à Dieu pour qu’un jour il Lui
procure une gloire spéciale. Je sentis dans mon âme que le Seigneur regarda
tout spécialement cette petite âme. A notre arrivée à Pradnik, Sœur N.
m’aida à porter mon paquet quand nous sommes entrées dans ma chambre
particulière, nous vîmes un très joli ange, fait en papier avec
l’inscription : Gloria in … J’ai l’impression que c’est de la part de cette
Sœur malade à qui j’avais envoyé l’arbre de Noël. Voilà que les fêtes sont
finies !
849. Rien ne peut calmer ma langueur. Je languis après Vous, mon Créateur et
Dieu éternel. Ni les solennités, ni les beaux chants ne calment mon âme,
mais ils l’excitent à un désir encore plus grand. A la seule mention de
Votre Nom, mon esprit s’élance vers Vous, Seigneur !
850. 28. XII. 1936. Aujourd’hui, j’ai commencé la neuvaine à la Miséricorde
Divine. C’est-à-dire que je me transporte en esprit devant ce tableau, je
récite le chapelet que le Seigneur m’a enseigné. Le second jour de la
neuvaine, je vis ce tableau comme vivant, avec d’innombrables ex-voto
accrochés autour de lui et je voyais de grandes multitudes de gens venir
ici. Beaucoup de gens rayonnaient de bonheur. Ô Jésus, de quelle joie a
battu mon cœur ! Je faisais la neuvaine à l’intention de deux personnes,
notre archevêque et l’abbé Sopoko. Je prie ardemment Dieu d’inspirer notre
archevêque, afin qu’il daigne approuver ce petit chapelet si agréable à
Dieu, et ce tableau, et qu’il ne retarde pas cette œuvre.
851. Aujourd’hui, tout d’un coup le regard du Seigneur m’a transpercé comme
un éclair. Alors j’ai vu les petits grains de poussière dans mon âme. Voyant
ma nullité toute entière, je tombai à genoux et je demandai pardon au
Seigneur. Et avec une grande confiance, je me plongeai dans Son infinie
miséricorde. Une telle connaissance ne me déprime pas, ni ne m’éloigne du
Seigneur, mis elle éveille plutôt dans mon âme, un plus grand amour et une
confiance sans bornes. Le repentir de mon coeur est uni à l’amour. Ces
singulières lumières divines forment mon âme. Ô doux rayons Divins,
éclairez-moi jusque dans les plus secrètes profondeurs, car je désire
parvenir à une plus grande pureté de coeur et d’âme !
852. Le soir une grande langueur s’est emparée de mon âme. Je pris la
brochure avec l’image de Jésus miséricordieux. Je la serrais sur mon cœur et
de mon âme jaillirent ces paroles : « Jésus, Amour éternel, pour Vous je
vis, pour Vous je meurs ! C’est à Vous que je désire m’unir. » Soudain je
vis le Seigneur d’une beauté indicible, qui me regarda gracieusement et dit
: « Ma fille, Moi aussi par amour pour toi je suis descendu du Ciel ! Pour
toi j’ai vécu, pour toi Je suis mort et pour toi j’ai créé les cieux. » Il
m’a serrée contre Son Cœur et m’a dit : « Bientôt déjà, sois tranquille, Ma
fille ! » Quand je suis restée seule, mon âme fut enflammée du désir de la
souffrance jusqu’au moment où le Seigneur dira : « Assez ». Et même si je
devais vivre des milliers d’années, je vois à l’aide de la lumière Divine
que c’est seulement un moment. L’âme… (Pensée inachevée.)
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