Sainte Faustine - Héléna Kolwaska
Le Petit Journal
édition numérique
445. Jeudi. L’adoration nocturne.
Quand je suis venue pour adorer, un recueillement intérieur
me saisit immédiatement. J’ai aperçu Jésus attaché à une colonne, dépouillé de
ses vêtements et tout de suite la flagellation commença. J’ai vu quatre hommes
qui, tour à tour, frappaient le Seigneur avec des fouets. Le cœur me manquait en
regardant ce supplice. Le Seigneur me dit : « Je souffre une plus grande douleur
que celle que tu vois. » Et Jésus me fit connaître pour quels péchés Il se
soumit à la flagellation ; ce sont les péchés d’impureté. Oh ! Que les
souffrances morales de Jésus furent cruelles, quand Il se soumit à la
flagellation ! Il me dit alors : « Regarde et vois le genre humain dans son état
actuel ! »
Et au même instant, je vis des choses horribles : les
bourreaux abandonnèrent Jésus et d’autres personnes procédèrent à la
flagellation. Elles saisirent des fouets, et frappèrent le Seigneur sans
miséricorde. C’était des prêtres, des religieux, des religieuses et de hauts
dignitaires de l’
Eglise, ce qui m’a bien étonnée. Il y avait aussi des laïcs d’âges divers et de
divers états. Ils exerçaient toute leur méchanceté sur l’innocent Jésus. Mon
cœur était dans une sorte d’agonie. Quand les bourreaux Le frappaient, Jésus se
taisait et regardait au loin. Mais quand ces âmes dont j’ai parlé plus haut se
mirent à Le flageller, Jésus ferma les yeux et un gémissement sourd, mais
terriblement douloureux, s’exhala de Son Cœur. Il me fit voir en
détail et connaître la gravité de la méchanceté et de l’ingratitude de ces âmes
: « Vois-tu, c’est là un supplice plus douloureux pour Moi que la Mort. »
Alors mes lèvres se turent, et sans mot dire, j’ai commencé à
ressentir l’agonie. Je sentais que personne ne pourrait me consoler, ni
m’arracher à cet état, sinon Celui qui m’y avait mise. Et le Seigneur me dit : «
Je vois la douleur sincère de ton cœur, qui a apporté un immense soulagement à
Mon Cœur. Regarde et console-toi »
446. Alors j’ai aperçu Jésus cloué à la Croix. Il était
suspendu à la Croix depuis un moment, quand je vis toute une légion d’âmes
crucifiées comme Lui. Et je vis une deuxième légion q’âmes et une
troisième légion d’âmes. La deuxième légion n’était pas clouée à la croix, mais
les âmes
tenaient
fermement la croix en main. La troisième légion n’était ni crucifiée, ni
en ferme possession de la croix ; ces âmes traînaient leur croix derrière elles,
d’un air mécontent. Alors Jésus me dit : « Vois-tu ces âmes qui Me ressemblent
dans les souffrances et dans les mépris Me ressemblent aussi dans la gloire. Et
celles qui sont le moins semblables à Moi dans les souffrances et les mépris,
seront aussi le moins semblables à Moi dans la gloire. »
Parmi les âmes crucifiées, le plus grand nombre étaient des âmes
d’ecclésiastiques. J’ai reconnu aussi, en croix des âmes que je connaissais, ce
qui m’a
causé
une grande joie. Alors Jésus me dit : « Dans ta méditation de demain tu
vas réfléchir à ce que tu as vu aujourd’hui. » - Et aussitôt Jésus disparut.
447. Vendredi. J’étais malade et je ne pouvais pas
assister à la Sainte Messe. A sept heures du matin, j’ai vu mon confesseur en
train de célébrer la Sainte Messe, au cours de laquelle j’ai vu l’
Enfant
Jésus. A la fin de la Sainte Messe, la vision disparut et je me suis
retrouvée dans ma cellule, comme auparavant. Une joie indicible s’empara de moi
parce que, ne pouvant être présente à la Sainte Messe dans notre chapelle,
j’avais assisté à la Sainte Messe dans une église bien éloignée. Jésus peut
remédier à tout.
448. 30 juillet 1935. Fête de Saint Ignace.
J’ai ardemment prié ce Saint. Je lui faisait des reproches : comment
pouvait-il me regarder sans me venir en aide dans des questions si importantes,
sans m’aider à accomplir la volonté de Dieu ? Je lui dis : « O notre saint
Patron, vous qui brûliez du feu de l’amour et du zèle de la gloire de
Dieu, je vous prie humblement, aidez-moi dans l’accomplissement des desseins de
Dieu. » C’était pendant la Sainte Messe. Alors j’ai vu Saint Ignace du côté
gauche de l’autel, un grand livre à la main, qui me dit : « Ma fille, je ne suis
pas indifférent à ton affaire : cette règle peu s’adapter dans cette
Congrégation ». Montrant de la main le grand livre, il disparut. J’ai été
infiniment heureuse de ce que les saints pensent à nous et que notre union avec
eux soit si étroite. O Bonté divine, comme le monde intérieur est beau,
dès ici bas nous pouvons vivre en communion avec les saints. J’ai ressenti
pendant toute la journée la proximité de ce cher Patron.
449. 5 août 1935. Fête de
Notre-Dame
de la Miséricorde.
Je me suis préparée à cette fête avec plus de ferveur que les années
précédentes. Le matin, j’ai ressenti un combat intérieur, à la pensée que je
devais quitter cette congrégation, qui jouit de la protection particulière de
Marie. La méditation passa dans ce combat et la première Messe aussi. Pendant la
seconde Messe, j’ai prié la Sainte Mère e lui disant qu’il m’était
difficile de me séparer de cette Congrégation placée sous sa particulière
protection.
Je vis alors la Sainte Vierge, indiciblement belle, venir de
l’autel vers mon prie-Dieu. Elle me serra contre Elle et me dit : « Je suis
votre Mère, grâce à l’insondable Miséricorde de Dieu, et l’âme m’est d’autant
plus agréable qu’elle remplit fidèlement la volonté divine. »Elle m’a fait
comprendre que je réalisais tous les souhaits de Dieu et que pour cette raison
j’avais trouvé grâce à Ses yeux. « Sois courageuse, n’aies pas peur des
obstacles illusoires, mais fixe tes regards sur la Passion de Mon Fils. De cette
manière tu remporteras la victoire. »
450. Adoration nocturne.
Je me sentais bien souffrante, et il me semblait que je ne
pourrais pas faire mon adoration. Cependant, j’ai rassemblé toutes les forces de
ma volonté et, bien que je sois tombée à terre dans ma cellule, je n’accordais
aucune attention à ce qui me faisait mal, ayant la Passion de Jésus devant les
yeux. Lorsque je suis arrivée à la chapelle, j’ai compris intérieurement quelle
grande récompense Dieu nous prépare, non seulement pour les bonnes actions, mais
aussi pour le sincère désir de les remplir. Qu’elle est grande cette grâce de
Dieu ! Oh !comme il est doux de se donner beaucoup de mal pour Dieu et pour les
âmes ! Je ne veux point de repos dans ce combat, je vais lutter jusqu’au dernier
souffle de ma vie pour la gloire de mon Roi et Seigneur. Je ne poserai pas le
glaive jusqu’à ce qu’il m’appelle devant son trône. Je n’ai pas peur des coups,
car Dieu est mon bouclier. C’est l’ennemi qui devrait avoir peur de nous, et non
nous de lui. Satan ne remporte de victoire que sur les orgueilleux et les
poltrons, car les humbles sont forts. Rien ne confondra ni n’effrayera une
âme humble. Elle a dirigé son vol droit sur le brasier du soleil et rien ne
pourra l’arrêter. L’amour ne se laisse pas emprisonner, il est libre comme un
roi. L’amour atteint Dieu.
451. Un jour après la Sainte Communion, j’ai entendu ces mots
: « Tu es Notre demeure. » - A ce moment j’ai ressenti dans mon âme la présence
de la Sainte Trinité : Père, Fils et Saint-Esprit. Je sentais que j’étais
le temple de Dieu. Je sens que je suis l’enfant du Père. Je ne puis expliquer
tout cela, mais mon esprit le comprend bien. O Bonté infinie, comme Vous
Vous
abaissez vers Votre misérable créature !
452. Si les âmes voulaient se recueillir, Dieu leur parlerait tout de
suite. Car c’est la dispersion qui assourdit la parole du Seigneur.
453. Une fois le Seigneur me dit : « Pourquoi as-tu peur et
pourquoi frémis-tu quand tu es unie à Moi ? Cela ne me plaît pas que l’âme se
laisse aller à de vaines peurs. Qui oserait te toucher, lorsque tu es avec Moi ?
L’âme est Ma bien aimée quand elle croit à Ma bonté et qu’elle se fie
complètement à Moi. Je la comble de Ma confiance et Je lui donne tout ce qu’elle
demande. »
454. Et une autre fois : « Ma fille, prends les grâces que
dédaignent les autres. Prends-en autant que tu peux en porter. »- A cet instant
mon âme fut inondée de l’amour divin. Je sens que je suis unie au Seigneur si
étroitement que je ne trouve pas de mot pour bien définir cette union. Et
soudain je sens que tout ce que Dieu possède, tous les biens et tous les trésors
sont à moi. Je ne m’en préoccupe cependant pas beaucoup, car Il me suffi,
Lui Seul, l’Unique. En Lui je vois tout, et rien sans Lui. Je ne cherche pas de
bonheur en dehors de mon être intérieur où demeure Dieu. Je me réjouis de Dieu à
l’intérieur de moi-même. J’y vis sans cesse avec Lui : c’est là ma plus grande
intimité avec Lui. J’y demeure, sûre de Lui, à l’abri des regards humains. La
Sainte Vierge m’encourage à me comporter de la sorte avec Dieu.
455. Quand survient une souffrance, elle ne me cause aucune
amertume. Les grandes consolations ne m’enorgueillissent pas. En moi règnent la
paix et l’égalité d’âme qui découle de la connaissance de la vérité.
Vivre entourée de cœurs mal disposés ne peut me nuire puisque mon âme
connaît la plénitude du bonheur. La bienveillance des autres ne m’aidera pas si
Dieu n’est pas dans mon propre cœur.
+
456.
J.M.J.
Vilnius,
12 août 1935
Retraite de trois jours.
La veille de la retraite, au soir, en écoutant les points de
la méditation, j’ai entendu ces paroles : « Pendant cette retraite, je te
parlerai par la bouche de ce prêtre, pour t’assurer de l’authenticité des
paroles que je t’adresse au fond de l’âme. Bien que ce soit une retraite pour
toutes les Sœurs, Je te prends spécialement en considération pour te fortifier
et te rendre intrépide dans toutes les contrariétés qui t’attendent. Aussi
écoute soigneusement les paroles du prêtre et médite-les dans les profondeurs de
ton âme.
457. Quel ne fut pas mon étonnement en constatant que tout ce
que le Père disait de l’union avec Dieu et des obstacles à cette étroite union,
je l’avais littéralement vécu dans mon âme. Jésus, qui se communique à moi au
fond de l’âme, m’en avait déjà parlé. La perfection consiste en cette étroite
union à Dieu.
458. Pendant la méditation de neuf heures, le Père parlait de
la miséricorde divine et de la bonté de Dieu envers nous. Il disait que lorsque
nous repassons l’histoire de l’humanité, à chaque pas nous voyons cette grande
bonté de Dieu. Tous les attributs de Dieu, comme Sa
Toute-Puissance, s’efforcent de nous dévoiler ce suprême attribut de Dieu, Sa bonté.
Mais beaucoup d’âmes qui tendent à la perfection ne connaissent pas cette grande
bonté de Dieu. Tout se que le Père disait pendant cette méditation sur la bonté
de Dieu, est exactement ce que Jésus m’a confié à propos de la Fête de la
Miséricorde.
Tout est clair maintenant au sujet de ce que le Seigneur m’a promis. Je
n’éprouve plus aucun doute. La parole de Dieu est claire et nette.
459. Pendant toute cette méditation, je voyais Jésus sur
l’autel en tunique blanche. Il tenait en main le cahier dans lequel j’écris
ceci. Pendant toute la méditation, Jésus feuilletais les pages du cahier
et se taisait. Cependant mon cœur ne pouvait plus supporter le feu qui brûlait
mon âme. Malgré l’effort de ma volonté pour me maîtriser et ne pas faire voir à
mon entourage ce qui se passait en mon âme, vers la fin de la méditation, je
sentis que je ne dépendais plus de moi-même. Alors Jésus me dit : « Tu n’as pas
tout écrit dans ce cahier sur Ma bonté envers les hommes. Je désire que Tu
n’omettes rien et que ton cœur soit affermi dans une paix complète. »
460. O Jésus, mon cœur cesse de battre quand je considère
tout ce que Vous avez fait pour moi ! Je Vous admire, Seigneur, de Vous abaisser
à ce point vers mon âme misérable. Quels moyens inconcevables Vous employez pour
me persuader !
461. C’est la première fois de ma vie que je fais une
telle retraite. Je comprends d’une manière particulière et claire chaque mot du
Père, ayant déjà vécu tout cela en mon âme. Je vois maintenant que Jésus ne
laissera pas dans l’incertitude une âme qui l’aime sincèrement. Jésus désire que
l’âme soit en étroit rapport avec Lui, et remplie de paix malgré les souffrances
et les contrariétés.
462. Je comprends bien maintenant ce qui unit le plus étroitement l’âme à
Dieu, c’est le renoncement à soi, c’est-à-dire l’union de notre âme à la
volonté de Dieu. Cela rends l’âme vraiment libre, l’aide à avoir un profond
recueillement de l’esprit, lui rend légères toutes les peines de la vie, et la
mort douce.
463. Jésus m’a dit que si j’avais quelque incertitude
en ce qui concerne cette Fête, ou la fondation de cette Congrégation, ou sur
tout autre point don Il m’a parlé au fond de l’âme, Il me répondrait
immédiatement par la bouche de ce prêtre.
464. Pendant une méditation sur l’humilité, une vieille inquiétude me
revint à l’esprit : une âme aussi misérable que la mienne ne peut accomplir la
tâche que le Seigneur exige. A cet instant, alors que j’examinais ce doute, le
prêtre qui prêchait la retraite interrompit le fil de son discours et parla de
ce dont je doutais. C’est-à-dire que Dieu choisit, la plupart du temps, les âmes
les plus faibles et les plus simples comme instruments, pour réaliser Ses plus
grandes œuvres. Et c’est une vérité incontestable, car c’est ainsi qu’
Il
a choisi les
Apôtres. Et voyons dans l’
Histoire
de l’
Eglise
, quelles grandes œuvres ont été accomplies par des âmes qui en étaient
le moins capables ! Car justement de cette manière, les œuvres de Dieu nous
montrent qu’elles sont vraiment de Dieu. Quand mon incertitude eût tout à fait
disparu, le prêtre revint au thème de l’humilité.
Jésus, comme pendant chaque méditation, se tenait debout sur
l’autel. Il ne me disait rien, mais son regard bienveillant pénétrait ma pauvre
âme, qui n’avait plus aucune excuse.
465. O Jésus, ma vie, je sens bien que Vous me changez en
Vous-même, dans le secret de l’âme, où les sens n’atteignent guère. O mon
sauveur, cachez-moi dans le fond de Votre Cœur, et couvrez-moi de Vos rayons
devant tout ce qui n’est pas Vous. Je Vous en prie, Jésus, que ces deux rayons
sortis de Votre Cœur très Miséricordieux fortifient sans cesse mon âme.
466. Le moment de la confession.
Mon confesseur m’a demandé si à cet instant Jésus était là,
et si je Le voyais. –« Oui, Il est là et je Le vois. » Alors il m’a demandé de
le questionner sur certaines personnes. Jésus ne m’a rien répondu, mais il l’a
regardé. Quand après la confession j’ai récité ma pénitence, Jésus m’a dit
: « Va et console-le de ma part. » - Ne comprenant pas la signification de ces
mots, je lui ai tout de suite répété ce que Jésus venait de me dire.
467. Pendant tout le temps de la retraite, sans interruption,
j’étais en rapport avec Jésus et je me suis familiarisée avec Lui de toute la
force de mon cœur.
468. Jour de la rénovation des vœux. Au commencement de la
Sainte Messe, comme d’habitude, comme d’habitude j’ai vu Jésus. Il nous
bénissait, puis Il est entré dans le tabernacle. Soudain je vis la <sainte
Vierge en robe blanche et manteau bleu, tête nue. Elle vint de l’autel,
s’approcha de moi, me toucha de ses mains et me couvrit de son manteau. Elle me
dit : « Offre ces vœux pour la Pologne. Prie pour Elle. »
469. Le soir de ce même jour, j’ai éprouvé une grande nostalgie de Dieu. Je
ne Le voyais pas en ce moment avec mes yeux de chair, comme auparavant, mais je
Le sens, de façon indéfinissable. Cela me cause cette nostalgie et un supplice
indescriptible. Je meurs de soif de Le posséder, pour me noyer en Lui pour
l’éternité. Mon esprit est tendu vers Lui, et rien au monde ne pourrait me
consoler. O amour éternel, je comprend maintenant combien mon cœur vivait en
étroite intimité avec Vous. Car qu’est-ce qui pourra me contenter au Ciel ou sur
la terre, en dehors de Vous, ô mon Dieu en qui s’est abîmée mon âme ?
470. Un soir, de ma cellule, je regardais le Ciel, et j’ai vu
ce beau firmament semé d’étoiles, et la lune
..
Soudain un feu d’amour inconcevable jaillit de mon âme vers mon
Créateur. Ne sachant supporter la nostalgie qui montait en mon âme vers
Lui, je me suis prosternée, m’humiliant dans la poussière. Je Le louais pour
toutes Ses créatures. Et lorsque mon cœur n’eut plus la force de supporter
ce qui se passait en lui, j’ai éclaté en sanglots. Alors mon Ange Gardien m’a
touchée et m’a dit : « Le Seigneur te fait dire de te relever. » J »obéis
immédiatement, mais je n’était pas consolée. La nostalgie de Dieu m’envahit plus
encore.
471. Un jour où j’étais en adoration, mon esprit était comme
en agonie et je ne pouvais pas retenir mes larmes ; alors j’ai vu un esprit
d’une grande beauté qui me dit : « Le Seigneur dit : ne pleure pas. » Après un
moment, j’ai demandé : « Qui es tu ? » Il me dit : « Je suis l’un des sept
esprits, qui se tiennent nuit et jour devant le trône de Dieu et Le louent sans
cesse. » Cependant cet esprit, n’a pas apaisé ma nostalgie de Dieu, il n’a fait
que l’accroître. La beauté de cet esprit provient de son étroite union à Dieu.
Il ne me quitte pas un seul instant, il m’accompagne
partout .
Le lendemain, pendant la Sainte Messe, avant l’
Elévation
, il commença à chanter ces mots : « Saint ! Saint ! Saint ! » Sa voix
résonnait comme les voix de milliers de personnes, cela m’est impossible à
décrire. Tout d’un coup, mon esprit fut uni à Dieu. A ce moment-là, j’ai vu la
grandeur et la sainteté inconcevables de Dieu et en même temps j’ai eu
connaissance de mon néant.
Les Trois Personnes Divines : le Père, le Fils et le
Saint-Esprit
m’ont été révélées plus distinctement qu’autrefois. Cependant Leur
existence, Leur égalité et Leur majesté sont une.
472. Mon âme est en relation avec les Trois. Je ne puis l’exprimer par des
mots, mais mon âme le comprend bien. Quiconque est uni à l’
Une
des Trois personnes est par là même uni à la Sainte Trinité, car Son
unité est indivisible. Cette vision, cette connaissance plutôt, inonda mon âme
d’un bonheur inconcevable : Dieu est si grand ! Je n’ai pas vu de mes yeux,
comme autrefois, ce que je viens d’écrire, mais d’une manière purement
intérieure, spirituelle et indépendante des sens. Cela dura jusqu’à la fin de la
Sainte Messe.
Maintenant cela m’arrive souvent, non seulement à la chapelle, mais aussi
pendant le travail et dans les moments où je m’y attends le moins.
473. Quand mon confesseur partit, je me confessais à
l’Archevêque. Après lui avoir dévoilé mon âme, je reçus cette réponse : « Ma
fille, armez-vous d’une grande patience
. .
Si ces choses viennent de Dieu, tôt ou tard elles se réaliseront. Je
vous en prie, soyez
tout-à-fait
tranquille. Je vous comprends très bien et quand à votre désir de
quitter la Congrégation pour penser à une autre, je vous le demande, n’admettez
pas cela, même en pensée. Car ce serait une grave tentation intérieure. »
Après cette confession, j’ai dit à Jésus : « Pourquoi me demandez-Vous de
faire ces choses et ne me donnez-Vous pas la possibilité de les réaliser ? »
Alors j’ai vu Jésus après la Sainte Communion dans la même petite chapelle où je
m’étais confessée, sous le même aspect qu’il avait sur l’image. Le Seigneur m’a
dit : « Ne sois pas triste. Je lui ferai comprendre ce que j’exige de toi. » Au
moment où nous sortions, l’
Archevêque
était très occupé, mais il nous fit retourner et attendre un instant.
Lorsque nous sommes rentrées dans la petite chapelle, j’entendis ces paroles
dans mon âme : « Dis-lui ce que tu as vu dans cette chapelle. » A cet
instant, l’
Archevêque
entra et nous demanda si nous n’avions rien à lui dire. Cependant, bien
qu’ayant l’ordre de parler, je ne le pouvais pas, car j’étais accompagnée par un
Sœur.
Encore un mot de la Sainte Confession : « Obtenir par la
prière la miséricorde pour le monde ; c’est une grande et belle idée. Priez
beaucoup la Miséricorde pour le monde ; c’est une grande et belle idée. Priez
beaucoup la Miséricorde divine pour les pécheurs, ma Sœur, mais faites-le dans
votre propre couvent. »
474. Le lendemain, vendredi
13 septembre 1935.
Le soir
,quand
j’étais dans ma cellule, j’ai vu un Ange, l’exécuteur de la colère de
Dieu. Il était en robe claire, la face rayonnante, une nuée sous les pieds et de
cette nuée sortaient la foudre et les éclairs qu’il
lançait
de sa main sur la terre. Lorsque je vis le signe de la colère de Dieu
qui devait frapper la terre, et surtout un certain endroit, qu’évidemment je ne
puis nommer, j’ai commencé à prier l’
Ange
, pour qu’il s’arrête quelques instants, lui disant que le monde allait
faire pénitence. Mais ma prière n’était rien devant la colère de Dieu. A ce
moment, j’ai aperçu la Très Sainte Trinité. La grandeur de Sa Majesté me pénétra
jusqu’au fond de l’âme et je n’osais plus répéter mes supplications. Au même
instant, je sentis en mon âme, la force de la grâce de Jésus qui habite mon âme.
A l’instant même où je pris conscience de cette grâce, j’ai été enlevée devant
le Trône de Dieu. Oh !
qu’
Il
est grand, notre Seigneur et notre Dieu. Inconcevable est Sa Sainteté !
Je ne vais pas tenter de décrire cette grandeur, car bientôt
nous Le verrons tous, tel qu’
Il
est. J’ai commencé à supplier Dieu pour le monde.
par
des paroles entendues intérieurement. Alors que je priais ainsi, j’ai vu
l’impuissance de l’
Ange
, qui ne pouvait accomplir la juste punition qui revient de plein droit
au péché. Je n’avais jamais encore prié avec tant de force intérieure. Voilà les
paroles par lesquelles je suppliais Dieu :
475. « Père Eternel, je vous offre le Corps, le Sang, l’
Âme
et la Divinité de Votre très doux Fils Notre Seigneur Jésus
Christ, pour nos péchés et ceux du monde entier. Par Sa douloureuse Passion,
soyez-nous miséricordieux. »
476. Le lendemain, en entrant dans la chapelle, j’ai entendu
intérieurement ces paroles : « Chaque fois que tu entres à la chapelle, récite
tout de suite la prière que je t’ai apprise hier. » Lorsque j’ai récité cette
prière, j’entendis : « Cette prière doit apaiser Ma colère. Tu vas la réciter
pendant neuf jours, sur un chapelet, de la manière suivante : « Père Eternel, je
vous offre le Corps, le sang, l’
Âme
et la Divinité de Votre Fils Bien
)Aimé
, Notre Seigneur Jésus-Christ, pour implorer de Vous le pardon de nos
péchés et de ceux du monde entier. »
Sur les grains de l’
Ave
Maria, tu diras : « Par Sa douloureuse Passion, ayez pitié de nous et du
monde entier. »
A la fin, tu réciteras trois fois ces paroles : « Dieu Saint, Dieu
fort, Saint Immortel, ayez pitié de nous et du monde entier.
477. Le silence est un glaive dans le combat spirituel. Une
âme bavarde n’arrivera jamais à la sainteté. Le glaive du silence coupera tout
ce qui voudrait s’accrocher à l’âme. Nous sommes tous vulnérables en ce qui
concerne la parole, nous voulons immédiatement répondre, sans nous demander si
c’est la volonté de Dieu, pour nous, de parler.
L’âme silencieuse est forte. Si elle persévère dans le silence,
aucune contrariété ne la touchera. L’âme silencieuse est capable de s’unir à
Dieu de la façon la plus profonde, elle vit presque toujours sous l’inspiration
du Saint-Esprit. Dans l’âme silencieuse, Dieu agit sans rencontrer d’obstacle.
478. O mon Jésus, Vous seul savez que mon cœur n’a pas
d’autre amour que Vous. Mon amour virginal s’est abîmé en Vous, ô Jésus,
pour l’éternité. Je sens bien Votre Sang divin circuler dans mon cœur et nul
doute qu’avec Votre Très Saint Sang ne soit entré en lui Votre amour le plus
pur. Je sens que vous demeurez en moi avec le Père et l’
Esprit
Saint, ou plutôt, je sens que c’est moi qui vis en Vous, ô Dieu
insondable. Je sens que je me perds en Vous comme une goutte d’eau dans l’océan.
Je sens que Vous êtes en moi et hors de moi. Je sens que Vous êtes dans tout ce
qui m’environne, dans tout ce qui m’arrive. O mon Dieu, je Vous ai connu à
l’intérieur de mon cœur et je Vous aime par-dessus tout ce qui existe sur la
terre ou au Ciel. Nos cœurs se comprennent mutuellement ; personne ne comprendra
cela.
479. Ma seconde confession à l’Archevêque. « Sachez ma fille,
que si c’est la volonté de Dieu, cela se réalisera tôt ou tard. Car la volonté
de Dieu doit être accomplie. Aimez Dieu dans votre cœur, ayez … » (la pensée est
interrompue.)
480.
29 septembre.
Fête de saint Michel Archange.
Je suis unie intérieurement à Dieu. Sa présence me pénètre jusqu’au
fond de moi-même et elle me remplit de paix, de joie et de stupéfaction. Après
de tels moments d’oraison, je suis remplie de force et d’un singulier courage
pour souffrir et combattre. Rien ne m’effraye, même si le monde entier était
contre moi. Toutes les contrariétés ne touchent que la surface, elles
n’atteignent pas les profondeurs, car Dieu y demeure.
Il me fortifie, Il me remplit. Tous les pièges de l’ennemi se brisent à Ses
pieds. En ces moments d’union, Dieu me soutient de Sa puissance. Cette puissance
se communique à moi, et elle me rend capable de L’aimer. L’âme n’arrive jamais à
cet état par ses propres efforts. Au commencement de cette grâce intérieure, la
peur me remplissait, et j’ai commencé à y céder. Mais le Seigneur me fit
rapidement comprendre à quel point cela Lui déplaisait. Cet aussi Lui seul qui
me donne la paix.
481. Presque chaque solennité de la Saint Eglise me donne une
plus profonde connaissance de Dieu et une grâce particulière. C’est pourquoi je
me prépare à chaque fête en étroite union à l’esprit de l’Eglise. Quelle joie
d’être une fidèle enfant de l’Eglise. Oh ! Comme j’aime la Sainte Eglise et tous
ceux qui en font partie ; je les considère comme des membres vivants du Christ,
qui est leur tête. Je brûle d’amour avec ceux qui aiment, je souffre avec ceux
qui souffrent, la douleur me consume à la vue des âmes froides et ingrates.
Alors je tâche d’avoir un tel amour de Dieu, qu’il puisse réparer pour ceux qui
ne L’aiment pas, qui n’ont pour leur Sauveur qu’une noire ingratitude.
482. O mon Dieu, je suis consciente de ma mission dans la
Sainte Eglise. Mon incessant effort doit être la prière pour obtenir la
Miséricorde pour le monde. Je m’unis étroitement à Jésus et je me tiens devant
Lui, comme une offrande suppliante pour le monde. Dieu ne me refusera rien si je
le supplie par la voix de son Fils. Mon offrande n’est rien en elle-même. Mais
lorsque je l’unis au sacrifice de Jésus-Christ, elle devient toute puissante et
elle peut fléchir la colère divine. Dieu nous aime dans Son Fils. La douloureuse
Passion du Fils de Dieu est ce qui ne cesse de tempérer la colère de Dieu.
483. O mon Dieu, comme je désire que les âmes sachent que
Vous les avez crées à cause de Votre amour inconcevable ! O mon Créateur et mon
Seigneur, je sens que j’écarterai le voile du Ciel, pour que la terre ne doute
pas de Votre bonté.
Faites de moi, Jésus, une offrande agréable et ure devant la Face du Père.
Jésus, transformez-moi en Vous, car Vous pouvez tout, et rendez-moi à Votre Père
Eternel. Je désire devenir une hostie expiatoire devant Vous et devant les
hommes. Je désire que le parfum de mon offrande ne soit connu que de Vous. O
Dieu Eternel, un feu inextinguible brûle en moi, implorant Votre
miséricorde : je sais et je comprends que c’est
lon
devoir ici bas et pour l’éternité. Vous m’avez vous-même fait parler de
cette grande miséricorde et de Votre bonté.
484. Un jour j’ai compris combien déplaît à Dieu une action,
qui peut paraître très louable mais qui n’est pas inspirée par une intention
pure. Ces actions portent Dieu à punir, plutôt qu’à récompenser. Qu’il y en ai
le moins possible. Et même
,dans
la vie religieuse, il ne devrait pas y en avoir du tout..
485. J’accepte la joie ou la souffrance, la louange ou
l’humiliation, dans la même disposition d’esprit. Je sais que lus unes et les
autres sont passagères. Que m’importe ce que l’on dit de moi ? Il y a déjà
longtemps que j’ai renoncé à tout ce qui touche à ma personne. Mon nom est «
hostie », c’est-à-dire offrande, pas en paroles, mais en action : par
l’anéantissement de mon moi-même, en me rendant pareille à Vous sur la croix, ô
Bon Jésus, mon Maître !
486. Jésus, lorsque Vous venez à moi dans la Saint Communion,
Vous qui avez daigné demeurer avec le Père et le
Saint-Esprit
dans le ciel de mon âme, je tâche de Vous tenir compagnie pendant
toute la journée. Je ne Vous laisse pas seul un seul instant. Bien que je sois
dans la société des hommes ou avec nos élèves, mon coeur est toujours avec le
Vôtre. Quand je m’endors, je Vous offre chaque battement de mon cœur, quand je
me réveille, je me plonge en Vous sans prononcer de paroles. Quand je me
réveille, j’adore un moment la Sainte Trinité et je remercie Dieu de daigner
m’accorder encore un jour, qu’encore une fois, je puisse revivre en mon âme le
mystère de l’
Incarnation
de Son Fils ; qu’une fois de plus, Sa douloureuse Passion se déroule
devant mes yeux. Je m’efforce alors de faire passer Jésus par moi aux autres
âmes. Je vais partout avec Jésus, Sa présence m’accompagne partout.
487. Je tâche de garder le silence dans les souffrances de
l’âme ou du corps, car mon esprit est rempli de la force, qui découle de la
Passion de Jésus. J’ai constamment devant les yeux Sa Face douloureuse,
outragée et défigurée, Son Cœur divin transpercé par nos péchés et
particulièrement par l’ingratitude des âmes choisies.
488. Un double avertissement : je dois me préparer aux
souffrances qui m’attendent à Varsovie. Le premier avertissement était intérieur
fait par une voix que j’ai entendue. Le second a eu lieu pendant la Sainte
Messe. Avant l’
Elévation
, j’ai vu Jésus crucifié
,.
Il me dit : « Prépare-toi à des souffrances. » J’ai remercié le Seigneur
de cette grâce prévenante et Lui que je n’allais sûrement pas plus souffrir que
Lui, mon Sauveur. Cependant j’ai pris cela à cœur et je me fortifie par la
prière et de petites souffrances pour pouvoir en supporter de plus grandes,
quand elles viendront.
489. 19 octobre 1935
..
Départ de
Vilnius pour Cracovie, pour huit jours. Vendredi soir, pendant le rosaire, en
pensant au voyage de demain et de la gravité de l’affaire que je devais
présenter au Père
Andrasz
, la peur me prit à la vue de ma misère, de mon incapacité, et de la
grandeur de l’œuvre de Dieu. Broyée par cette souffrance, je m’en remis à la
volonté divine. A ce moment, j’ai vu Jésus dans une tunique claire, près de mon
prie-Dieu. Il me dit : « Pourquoi as-tu peur d’accomplir Ma volonté ? Est-ce que
Je ne vais pas t’aider comme je l’ai fait jusqu’à présent ? Répète chacune de
Mes exigences, à ceux qui me remplacent sur la terre et fais seulement ce qu’ils
t’ordonneront. » A l’instant, une grande force envahit mon âme.
490. Le lendemain, j’ai vu mon Ange Gardien, qui m’a
accompagnée pendant le voyage jusqu'à Varsovie. Quand nous sommes entrées par la
porte du couvent, il disparut. En passant près d’une petite chapelle pour aller
saluer nos Supérieures, la présence de Dieu s’empara de moi et le Seigneur me
remplit du feu de Son amour. En de pareils moments, je reconnais toujours mieux
la grandeur de Sa Majesté.
A Varsovie nous avions pris place dans le train pour Cracovie et j’ai de
nouveau vu mon Ange Gardien près de moi. Il priait en contemplant Dieu, ma
pensée l’a suivi. Et quand nous sommes entrées au couvent, il disparut.
491. A mon entrée dans la chapelle, à nouveau la Majesté de
Dieu s’empara de moi. Je me sentais plongée en Dieu, complètement submergée et
pénétrée par Lui, en voyant combien notre Père céleste nous aime, Oh !
le
grand bonheur qui remplit mon âme de la connaissance de Dieu et de la
vie divine ! Je désire partager ce bonheur avec tous les hommes. Je ne peux
l’enfermer dans mon cœur seulement, car ses flammes me brûlent et elles feraient
éclater mon cœur et mon corps. Je désire parcourir le monde entier et parler aux
âmes de la grande miséricorde de Dieu. Prêtres, aidez-moi en cela. Employez les
expressions les plus fortes pour publier Sa miséricorde, car la parole exprime
faiblement quelle est Sa Miséricorde
..
492.
J.M.J.
Cracovie,
20.X.35
Retraite de huit jours
Dieu éternel, Seule bonté, inconcevable dans Votre miséricorde à tout
esprit humain ou angélique, aidez votre faible enfant, pour que je puisse
accomplir Votre Sainte Volonté, telle que Vous me la faite connaître. Je ne
désire rien d’autre que l’accomplissement des désirs divins. Voici, Seigneur,
mon âme et mon corps, mon esprit et ma volonté, mon cœur et tout mon amour,
gouvernez-moi selon Vos éternels desseins.
493. Après la Sainte Communion, mon âme fut encore submergée par l’amour
divin. Je me réjouis de sa grandeur. Je vois alors nettement quelle est Sa
Volonté, ce que je dois accomplir. Et au même moment je vois ma faiblesse et ma
misère. Je vois que puis rien faire sans Son aide.
494. Second jour de retraite
Je devais aller chez le Père
Andrasz
au parloir j’ai eu peur pensant que le secret existe seulement au
confessionnal ; c’était une crainte futile, la Mère Supérieure m’a tranquillisée
d’un mot. Cependant, lorsque je suis entrée à la chapelle, j’ai entendu
ces mots dans mon âme : « Je désire que tu sois sincère et simple comme une
enfant telle que tu l’es avec Moi. Sinon Je T’abandonnerai et je n’aurai plus
aucun rapport avec toi. » Et de fait, Dieu m’accorda la grande grâce d’une
confiance totale. La conversation finie, Il me fit la grâce d’une profonde paix
et de la lumière au sujet de ces choses.
495. Jésus, lumière éternelle, éclairez ma raison,
affermissez ma volonté, enflammez mon cœur. Soyez avec moi comme Vous me l’avez
promis, car sans Vous je ne suis rien. Vous savez, mon Jésus combien je suis
faible. Ai-je besoin de Vous le dire, Jésus, car Vous savez parfaitement combien
je suis misérable. En Vous est toute ma force.
496. Jour de confession
Depuis le matin, j’éprouvais un combat intérieur si fort que
je n’en avais jamais éprouvé de semblable. Complètement abandonnée de Dieu.,
j’ai expérimenté toute ma faiblesse. Des pensées m’accablaient : pourquoi
dois-je quitter ce couvent où je suis aimées par les Sœurs et les Supérieures,
cette vie tranquille ? Liée par les vœux perpétuels, j’accomplis
facilement mes devoirs. Pourquoi dois-je écouter la voix de ma conscience
? Pourquoi suivre l’inspiration, qui sait de qui elle provient ? N’est-ce
pas mieux de cheminer comme toutes les Sœurs ? Peut-être pourrais-je étouffer
les paroles du Seigneur, ne pas y faire attention ? Peut-être que Dieu
n’en demandera
pas compte au Jour du Jugement ? Où me conduira cette voix intérieure ?
Quelles grandes peines, contrariétés et souffrances m’attendent, si je suis
cette voix ? J’ai peur de l’avenir et j’agonise dans le présent.
Cette souffrance dura avec la même intensité pendant toute la journée.
Lorsque le soir, je suis allée me confesser et, bien que je
m’y sois préparée, je ne pus me confesser. J’ai reçu l’absolution et me suis
retirée, ne comprenant rien à ce qui se passait en moi.
Quand je me suis couchée, la souffrance augmenta encore, ou
plutôt elle se changea en un feu qui pénétrait comme un éclair, toutes les
facultés de mon âme jusqu’à la moelle, mon cœur jusqu’au plus secrets remplis.
Souffrant ainsi, je ne pouvais me à rien. Que Votre volonté soit faite,
Seigneur. Par moments, je ne pouvais même pas penser à cela. J’étais vraiment
saisie par une peur mortelle, touchée par un feu infernal. Le calme revint vers
le matin, les souffrances disparurent en un instant. Mais je me sentais si
affaiblie que je ne pouvais faire aucun mouvement. Peu à peu, pendant ma
conversation avec la Mère Supérieure, les forces me revinrent. Cependant Dieu
Seul sait comment je me sentis pendant toute la journée.
497. O Vérité éternelle, Verbe incarné, qui avez si
fidèlement accompli la volonté de Votre Père, voilà qu’aujourd’hui je deviens
martyre de Vos inspirations, car je ne peux les réaliser, n’ayant pas de volonté
propre
..
Bien qu’intérieurement je reconnaisse clairement Votre Volonté, je me rends
en tout à la volonté de mes Supérieures et de mon confesseur. Et je
n’accomplirai Votre Volonté qu’autant que vous me le permettrez par Votre
remplaçant. O mon Jésus, c’est difficile : je dois préférer la voix de l’
Eglise
à la Voix par laquelle Vous me parlez.
498. Après la Sainte Communion. Comme d’habitude, j’ai aperçu
Jésus. Il me dit : « Appuie la tête sur Mon épaule. Repose-toi et prend des
forces. Je suis toujours avec toi. Dis à l’ami de Mon Cœur que J’emploie d’aussi
faibles créatures pour réaliser Mes œuvres. » Mon esprit s’en trouva
singulièrement fortifié. – « Dis-lui, que je lui ai révélé ta faiblesse dans ta
confession, pour lui montrer ce que tu es de toi-même. »
499. Chaque combat, soutenu courageusement m’apporte joie et
paix, lumière et expérience, et courage pour l’avenir. Il rend honneur et gloire
à Dieu, et pour moi, en fin de compte, une récompense.
500. C’est aujourd’hui la fête du
Christ-Roi
. J’ai prié ardemment pendant la Sainte Messe, pour que Jésus soit Roi de
tous les cœurs, pour que la grâce divine brille dans chaque âme. Soudain, j’ai
aperçu Jésus, tel qu’
Il
est peint sur cette image. Il me dit : « Ma fille, tu Me rends une très
grande gloire, en accomplissant fidèlement mes désirs. »
501. Oh ! Que Votre Beauté est grande, Jésus mon Epoux !
Fleur vivante en qui se cache une rosée vivifiante pour l’âme qui a soif. C’est
en Vous que s’est noyée mon âme. Vous Seul êtes l’objet de mes aspirations et de
mes désirs. Unissez-moi très étroitement à Vous, au Père et au Saint-Esprit. Que
je vive et meure en Vous.
502. L’amour seul a un sens, il donne à nos plus petites
actions les dimensions de l’infini.
503. Mon Jésus, vraiment je ne saurais pas vivre sans Vous,
mon esprit s’est uni au Vôtre. Personne ne le comprendra bien. Il faut d’abord
vivre de Vous, pour Vous reconnaître dans les autres.
504. Cracovie,
25 octobre 35
- Résolutions prises pendant la retraite
Je ne ferai rien sans la permission du confesseur et le
consentement des Supérieures, en tout et surtout dans ces inspirations et
exigences du Seigneur.
Je passerai tous mes moments libres avec l’
Hôte
divin, à l’intérieur de mon âme. J’observerai le silence intérieur et
extérieur pour que Jésus se repose dans mon cœur.
Le repos que je préférerai sera de rendre service aux Sœurs et de
m’empresser auprès d’elles. M’oublier moi-même pour leur faire plaisir.
Je ne m’expliquerai ni ne m’excuserai pour aucune remarque qui me sera
faite. Je permettrai qu’on me juge comme on en a envie.
Je n’ai qu’un seul confident à qui je confierai tout ; c’est Jésus
Eucharistie et son remplaçant : mon confesseur. Je garderai le silence, sans me
plaindre dans toutes les souffrances de l’âme et du corps, dans les ténèbres et
dans les délaissements
..
Je vais m’anéantir à chaque moment, comme une offrande déposée à Ses Pieds,
afin d’obtenir miséricorde pour les pauvres pécheurs.
505. Tout mon néant se noie dans l’océan de Votre
Miséricorde. Avec la confiance d’un enfant je me jette dans Vos bras, Père de
miséricorde, pour expier la méfiance de tant d’âmes, qui ont peur de
s’abandonner à Vous. Qu’il est petit le nombre d’âmes qui Vous connaissent
vraiment. Avec quelle ardeur je désire que la Fête de la Miséricorde soit connue
des âmes ! La Miséricorde est le couronnement de Vos œuvres. Vous pourvoyez à
tout avec l’amour de la mère la plus tendre.
506.
J.M.J.
Cracovie,
27.X.
1935
Le Père
Andrasz
– Conseils spirituels
« Ne rien faire sans le consentement des Supérieures.
Il faut bien réfléchir à cette affaire et beaucoup prier. Une grande
prudence s’impose car, ici, la volonté de Dieu est sûre et visible, ma
Sœur. En effet vous êtes liée à votre Congrégation par des vœux, des vœux
perpétuels et donc il ne devrait pas y avoir de doutes. D’autre part ce que vous
pensez intérieurement ne sont que des lueurs sur un projet. Dieu peut
faire des déplacements, mais c’est très rare. Ne vous précipitez donc pas, ma
Sœur tant que vous n’aurez pas de notion plus précise. Les œuvres de Dieu se
font lentement. Vous les reconnaîtrez avec netteté si elles sont de Dieu ;
sinon, elles disparaîtront et vous, en obéissant, vous ne vous égarerez pas.
Mais dites tout sincèrement à votre confesseur et obéissez-lui aveuglément.
Maintenant, vous n’avez plus rien à faire, ma Sœur, sinon accepter la
souffrance, jusqu’au moment où tout s’éclaircira, c'est-à-dire quand ces
affaires, jusqu’au moment où tout s’éclaircira, c'est-à-dire quand ces affaires
seront arrangées. Vous vivez dans de sages dispositions vis-à-vis d’elles. Et je
vous demande de continuer à être aussi pleine de simplicité et d’esprit
d’obéissance ; c’est un bon signe. Tant que vous continuerez à être dans
cette disposition, Dieu ne permettra pas que vous vous égariez. Mais autant que
possible, tenez-vous loin de ces choses. Si malgré cela, elles se produisent,
acceptez-les paisiblement. N’ayez peur de rien. Vous êtes dans de bonnes mains,
celles d’un Dieu si bon. Je ne vois ni illusions, ni contradictions, en tout ce
que vous m’avez dit. Ce sont des choses bonnes en elles mêmes. Il serait même
bon qu’il y ait un groupe d’âmes qui prient Dieu pour le monde, car nous avons
tous besoin de prières. Vous avez un bon directeur, ne le quittez pas et soyez
tranquille. Je vous demande d’être fidèle à la volonté de Dieu et de
l’accomplir.
Quant à vos occupations, faites ce que l’on vous dit de faire, et comme on
vous dit de le faire, même si c’est très humiliant et très pénible. Choisissez
toujours la dernière place, alors on vous dira : montez plus haut. En esprit et
en action, vous devez vous estimer comme la dernière de toute la maison, et de
toute la Communauté. En tout et toujours une grande fidélité à Dieu. »
507. O Jésus, je désire souffrir et brûler du feu de Votre
amour en toutes les circonstances de ma vie. Je suis entièrement vôtre, et
désire me perdre en Vous. O Jésus, je désire m’égarer dans Votre Divine Beauté.
Vous me poursuivez, Seigneur, de Votre amour. Vous pénétrez mon âme comme un
rayon de soleil et Vous changez mes ténèbres en Votre clarté. Je sens bien que
je vis en Vous comme une petite étincelle perdue dans le feu du brasier dévorant
dont Vous brûlez, ô inconcevable Trinité. Il n’y a pas de plus grand amour que
l’amour de Dieu. Et dès ici bas, nous pouvons goûter le bonheur de ceux qui sont
au Ciel, par une étroite à Dieu – union bien singulière, et bien souvent
incompréhensible pour nous. On peut avoir la même grâce par la simple
fidélité de l’âme.
508. Lorsque le dégoût et le sentiment de la monotonie de mes
devoirs s’empare de moi, je me rappelle que je suis dans la maison du Seigneur,
où il n’y a rien de petit, où de ma petite action, accomplie d »une manière
divinisée, dépend la gloire de l’
Eglise
et le progrès de plus d’une âme. Il n’y a donc rien de négligeable dans
une Congrégation religieuse.
509. Dans les contrariétés que j’éprouve, je me rappelle que
le temps du combat n’est pas fini. Je m’arme de patience et de cette manière, je
remporte la victoire sur mon ennemi.
510. Je ne cherche nulle part la perfection avec avidité,
mais je me pénètre de l’esprit de Jésus. Je fixe mon regard sur Ses actions dont
j’ai le résumé dans l »Evangile. Et même si je vivais mille ans, je n’en
épuiserai pas le contenu.
511. Lorsque mes intentions ne sont pas approuvées, ou même
lorsqu’elles sont condamnées, je ne m’en étonne pas trop, car je sais que Dieu
seul pénètre mon cœur. La vérité ne périt pas. Le cœur blessé s’apaisera avec le
temps, mais mon esprit gagne des forces dans les contrariétés. Je n’écoute pas
toujours ce que mon cœur me dit. Mais je prie Dieu de me donner la lumière.
Alors quand que j’ai
retrouvé
mon équilibre, je garde le silence.
512. Jour de la rénovation des vœux. La présence de Dieu
inonda mon âme. Pendant la Sainte Messe j’ai aperçu Jésus, qui me dit : « Tu es
Ma grande joie. Ton amour et ton humilité Me font quitter le trône céleste et
M’unir à toi. L’amour comble l’abîme qui existe entre Ma grandeur et ton néant.
»
513. L’amour inonde mon âme, je suis immergée dans un océan
d’amour. Je me sens défaillir et je me perds complètement en Lui.
514. Jésus, rendez mon cœur semblable au Vôtre. Ou plutôt
changez-le en Votre propre Cœur pour que je sache ressentir les besoins des
autres cœurs, et surtout des cœurs souffrants et tristes : que pour eux, les
rayons de la miséricorde reposent dans mon cœur.
515. Le soir, je me promenais au jardin, récitant mon
rosaire. Quand je suis arrivée au cimetière des Sœurs, j’ai entr’ouvert la porte
et j’ai prié un certain temps. Je leur ai demandé intérieurement : « vous êtes
heureuses, bien sur ? » J’entendis alors ces mots : « Oui, nous sommes heureuses
dans la mesure où nous avons accompli la volonté de Dieu. » Puis le silence
régna comme avant. Rentrant en moi-même, j’ai longuement réfléchi à la
manière dont j’accomplissait la volonté divine et dont je profitais du temps que
Dieu m’accorde.
516. Ce même jour, alors que j’étais couchée, une âme vint à
moi dans la nuit, me réveilla en frappant sur la table de nuit et me demanda de
prier pour elle. J’aurais voulu demander qui elle était. Mais j’ai renoncé à
cette curiosité et unissant cette petite mortification à ma prière, je les ai
offertes pour elle.
517. Un jour où je rendais visite à une Sœur malade, âgée de
quatre-vingt-quatre ans et qui se distinguait par de nombreuses vertus, je lui
ai demandé : « vous êtes sûrement prête, ma Sœur, à paraître devant le Seigneur
? » Elle me dit : « Je me suis préparée toute ma vie à cette dernière heure ».
Et elle ajouta : « L’âge ne dispense pas du combat. »
518. La veille du jour des Morts, je suis allée, à la nuit
tombante, au cimetière qui était fermé. Cependant j’ai entr’ouvert la porte et
j’ai dit : « Si vous attendez de moi quelque chose, mes petites âmes, je le
ferai volontiers si la règle le permet. » Alors j’ai entendu ces mots : « Fais
ce que Dieu veut. Nous sommes heureuses dans la mesure où nous avons accompli la
volonté de Dieu. »
519. Le soir, ces âmes sont venues et m’ont demandé de prier
pour elles, ce que j’ai fait et, longuement. Et le soir, quand la procession
revenait du cimetière, j’ai vu un grand nombre d’âmes qui nous accompagnaient à
la chapelle. Il y en avait qui priaient avec nous. J’ai beaucoup prié, car
j’avais la permission de mes Supérieures.
520. Pendant la nuit, je fus à nouveau visitée par une âme
que j’avais déjà vue autrefois. Elle ne m’a pas demandé de prier pour elle, mais
elle me fit des reproches disant qu’autrefois j’étais très vaniteuse et
orgueilleuse. Et voila que maintenant j’intercédais pour les autres, alors que
j’avais encore des défauts. J’ai répondu que j’étais très orgueilleuse et
vaniteuse ; mais que je m’en étais confessée, que j’avais fait pénitence pour ma
stupidité, et que j’avais confiance en la bonté de mon Dieu. Si je tombais
parfois maintenant, c’était plutôt involontairement, jamais avec préméditation,
même dans les plus petites choses.
Cependant cette âme se mit à me reprocher de méconnaître sa grandeur,
universellement reconnue pour ses grandes actions : « Pourquoi es-tu la
seule à ne pas me louer ? » Soudain, j’ai compris que c’était le démon sous
l’aspect de cette âme, et j’ai dit : La gloire n’est due qu’à Dieu. Va-t-en
Satan ! » Aussitôt cette âme tomba dans un gouffre effrayant, impossible à
décrire. Et je lui ai dit que j’en parlerai à toute l’Eglise.
521. Samedi, nous retournons déjà à Vilnius
. Nous sommes passées à Czestochowa. Alors que je priais devant l’image
miraculeuse, j’ai senti que sont agréable
…(
la pensée est interrompue).
(Fin du premier cahier)
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Paragraphes N°522-559
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