Sainte Faustine - Héléna Kolwaska
Le Petit Journal
édition numérique par Anne Speeckaert et www.JesusMarie.com
Petit Journal de Sœur Faustine
J.M.J. Cracovie 10.I.I938
MES PREPARATIONS
A LA SAINTE COMMUNION
Sœur Marie Faustine
Du
Très Saint Sacrement
Congrégation des Sœurs de la Divine Mère
de Dieu de la Miséricorde
Archives de la Servante de Dieu
S (oeur) M(arie) Faustine Kowalska
1803. Le moment le plus solennel de ma vie est le moment où je reçois la
Sainte communion. Je languis après chaque Sainte Communion et pour chacune
d’elles, je rends grâce à la Sainte Trinité.
Les anges, s’ils le pouvaient seulement, nous envieraient deux choses : la
réception de la Sainte Communion et la souffrance.
1804. Aujourd’hui je me prépare à Votre arrivée, comme une fiancée attendant
son fiancé. C’est un grand Seigneur que mon Fiancé. Les cieux ne peuvent Le
contenir. Les Séraphins, qui se tiennent le plus près de Lui, voilent leur
face et répètent sans cesse : Saint, Saint, Saint.
Ce grand Seigneur, c’est mon Epoux. C’est pour Lui que chantent les Chœurs
des anges. C’est devant Lui que s’agenouillent les Trônes et devant Sa
clarté le soleil pâlit.
Et cependant, ce Grand Seigneur est mon Epoux. Ô mon cœur, sors de cette
profonde méditation sur la manière dont les autres L’adorent. Tu n’as plus
assez de temps, car Il s’approche et déjà Il est à ta porte. Je sors à Sa
rencontre et je l’invite dans la demeure de mon cœur, en m’abaissant
profondément devant Sa Majesté. Mais le Seigneur me soulève de la poussière
et m’invite comme Son épouse à m’asseoir auprès de Lui et à Lui dire tout ce
que j’ai dans le cœur.
Et moi, encouragé par Sa bonté, j’incline la tête sur Sa poitrine et je Lui
parle de tout. D’abord, ce que je ne dirais jamais à aucune créature.
Ensuite des besoins de l’Eglise, des âmes des pauvres pécheurs et combien
ils ont besoin de Sa Miséricorde. Mais le temps passe vite. Jésus je dois
m’en aller remplir les devoirs qui m’attendent. Jésus me dit qu’il y a
encore le temps de prendre congé. Un profond regard réciproque et, pour un
instant, nous voici séparés, en apparence, mais jamais en réalité. Nos cœurs
sont perpétuellement unis. Même si extérieurement, je suis distraite par mes
devoirs, la présence de Jésus me plonge continuellement dans un profond
recueillement.
1806. Aujourd’hui, ma préparation à la venue de Jésus est courte, mais
empreinte d’un amour ardent. Je suis toute pénétrée de la présence de Dieu
qui enflamme mon amour pour Lui. Point de mots, seulement une
intelligibilité intérieure. Je me plonge toute entière en Dieu, par amour.
Le Seigneur s’approche de la demeure de mon cœur. Après avoir reçu la Sainte
Communion, il me reste juste assez de présence d’esprit pour retourner à mon
prie-Dieu. Au même moment, mon âme s’abîme complètement en Lui et je ne sais
plus ce qui se passe autour de moi. Dieu me donne une connaissance
intérieure de Son Etre divin. Ces moments sont courts, mais pénétrants.
L’âme sort de la chapelle profondément recueillie et il n’est pas facile de
la distraire. Dans ces moments-là, c’est comme si je ne touchais terre que
d’un pied. Aucun sacrifice, en ce jour n’est difficile ni dur. Tout n’est
que l’occasion d’un nouvel acte d’amour.
1807. Aujourd’hui, j’invite Jésus dans mon cœur comme Amour. Vous êtes
l’Amour-même. Le Ciel entier s’enflamme pour Vous et se remplit d’amour. Mon
âme Vous convoite, comme une fleur désire le soleil. Jésus, hâtez-Vous de
venir en mon cœur. Car Vous voyez que comme la fleur se tourne vers le
soleil, ainsi mon cœur s’élance vers Vous. J’épanouis la corolle de mon cœur
pour recevoir Votre amour.
1808. Quand Jésus entra dans mon cœur, mon âme toute entière frémit de vie
et de chaleur. Jésus, prenez l’amour de mon cœur et versez-lui le Vôtre : un
amour chaleureux et rayonnant, qui sait porter chaque offrande, qui sait
s’oublier totalement.
Toute ma journée d’aujourd’hui est empreinte de sacrifice…
1809. Je me prépare, aujourd’hui à l’arrivée du Roi. Qui suis-je et qui êtes
Vous, ô Seigneur, Roi de gloire, de gloire immortelle ? Ô mon cœur, te
rends-tu compte de Celui qui vient aujourd’hui chez toi ? Oui, je le sais,
mais cet étonnant, c’est inconcevable pour moi. Oh ! Si c’était seulement un
roi ! Mais c’est le Roi des Rois et le Seigneur des Seigneurs ! Devant Lui,
tremblent toute puissance et autorité. Il vient aujourd’hui dans mon cœur.
Maintenant, j’entends qu’Il s’approche. Je vais à Sa rencontre et je
L’invite. Quand Il entra dans la demeure de mon cœur, un si grand respect
s’empara de mon âme que celle-ci s’évanouit d’effroi et tomba à Ses pieds.
Jésus lui tendit la main et permit gracieusement qu’elle prenne place auprès
de Lui. Il la rassura : « Vois donc, J’ai quitté Mon trône céleste pour
M’unir à toi. Ce que tu vois c’est à peine un coin du voile soulevé et déjà
ton âme défaille d’amour. Mais quel étonnement pour ton cœur quand tu me
verras dans toute Ma gloire !
1810. Et je veux te dire que cette vie éternelle doit commencer ici, sur
cette terre par la Sainte Communion. Chaque Communion te rendras plus
capable de communier avec Dieu pour toute l’éternité avec Dieu.»
« Eh bien, mon Roi, je ne vous demande rien, bien que je sache que Vous
pouvez tout me donner. Je réclame une seule chose : Restez pour tous les
siècles le Roi de mon cœur. Cela me suffit.»
Je renouvelle aujourd’hui la soumission à mon Roi par la fidélité aux
inspirations intérieures.
1812. Aujourd’hui je ne m’efforce pas à une préparation spéciale. Je suis
incapable de penser tant mes sentiments sont multiples. Je languis après le
moment où Dieu viendra dans mon cœur. Je me jette dans ses bras et Lui parle
de mon insuffisance et de ma misère. Je déverse toute la douleur de mon
cœur, douleur de ne pouvoir L’aimer autant que je désire. Je pénètre mon âme
des actes de foi, d’espérance et de charité. Et c’est ainsi que je vis toute
la journée.
1813. Aujourd’hui, ma préparation est courte. L’amour fort et vif déchire
presque le voile de la foi. La présence de Dieu pénètre mon cœur comme un
rayon de soleil pénètre le cristal. Au moment où je recevrai Dieu, tout mon
être s’enfoncera en Lui. La stupéfaction et l’admiration s’emparent de moi
quand je contemple la grande majesté divine, qui S’abaisse jusqu’à moi qui
suis la misère même. J’éprouve une immense gratitude envers Lui pour toutes
les grâces qu’Il m’accorde et surtout pour la grâce de la vocation à Son
service exclusif.
1814. Aujourd’hui je désire dans la Sainte Communion m’unir très étroitement
à Jésus. Je désire Dieu si vivement qu’il me semble que le moment où le
prêtre me donnera la Sainte Communion ne viendra jamais. Mon âme défaille à
cause de son désir de Dieu. Quand je l’ai reçu dans mon cœur le voile de la
foi s’est déchiré.
1815. J’aperçus Jésus qui me dit : « Ma fille, ton amour Me récompense de la
froideur de beaucoup d’âmes. » Après ces mots je restai seule. Mais toute la
journée durant je vécus en esprit de réparation.
1816. Aujourd’hui, je sens dans mon âme l’abîme de ma misère. Je désire
m’approcher de la Sainte Communion comme d’une source de miséricorde et de
me noyer toute dans cet océan d’amour.
Quand j’ai reçu Jésus, je me suis jetée toute en Lui, comme dans l’abîme de
l’impénétrable miséricorde. Et plus je sentais que je suis la misère même,
plus augmentait ma confiance en Lui.
Dans cet abaissement je passais toute la journée.
1817. Aujourd’hui, mon âme a la disposition d’un enfant. Je m’unis à Dieu,
comme l’enfant à son Père. Je me sens, en plénitude, enfant de Dieu.
[1818-1827 édition numérique par Thierry G.]
1818. Quand je reçus la Sainte Communion, j’ai eu une plus profonde
connaissance du Père Céleste et de Sa paternité par rapport aux âmes.
Je vis aujourd’hui en glorification de la Sainte Trinité. Je remercie Dieu
qu’Il daigne nous admettre, par la grâce, au nombre de Ses enfants.
1819. Aujourd’hui je désire me transformer toute entière en amour de Jésus
et m’offrir avec Lui au Père Céleste.
Pendant la Sainte Messe, j’aperçus le petit Jésus dans le calice qui me dit
: « Je demeure ainsi dans ton cœur comme tu Me vois dans ce calice.»
1820. Après la Sainte Communion, je sentis dans mon propre cœur les
battements du Cœur de Jésus. Quoique depuis longtemps, j ai la conscience
que la Sainte Communion subsiste en moi jusqu’à la Communion suivante :
toute la journée aujourd’hui, j’adore Jésus dans mon cœur et je Le prie pour
qu’Il protège, par Sa grâce, les petits enfants du mal qui les menace. La
vive présence de Dieu se laisse ressentir même physiquement. Elle dure toute
la journée et ne me trouble nullement dans mes occupations.
1621 Aujourd’hui, mon âme veut d’une manière toute spéciale, manifester mon
amour à Jésus. Quand le Seigneur entra dans mon cœur, j’ai jeté mon cœur à
Ses pieds comme un bouton de rose. Je désire que le parfum de mon amour
s’élève sans cesse au pied de Votre Trône. Daignez voir Jésus, dans ce
bouton de rose tout mon cœur pour Vous. Non seulement en ce moment où mon
cœur est brûlant comme une braise, mais pendant toute la journée. Je Vous
donnerai des preuves de mon amour par la fidélité à la grâce divine.
Aujourd’hui je saisirai avec empressement toutes les difficultés et
souffrances que je rencontrerai, comme des boutons de roses, pour les jeter
aux pieds de Jésus. Qu’importe que la main ou plutôt le cœur saigne…
1822. Aujourd’hui mon âme se prépare à la venue du sauveur qui est la bonté
et l’amour même. Les tentations et les distractions me tourmentent et ne me
permettent pas de me préparer à la venue du Seigneur. C’est pourquoi je
désire Vous accueillir plus chaleureusement. Mon Seigneur, car je sais que
quand Vous viendrez, Vous m’affranchirez de ces tourments. Et si Votre
volonté est que je souffre, et bien ! Fortifiez-moi pour la lutte !
Jésus Sauveur, qui avez daigné venir dans mon cœur, chassez ces distractions
qui m’empêchent de parler avec Vous !
Jésus me répondit : « Je veux que tu sois comme un chevalier exercé à la
lutte, qui sache au milieu du fracas des balles, donner des ordres aux
autres. Ainsi toi, Mon enfant, sache te maîtriser dans les plus grandes
difficultés et que rien ne t’éloigne de Moi, pas même tes chutes. »
Aujourd’hui, j’ai lutté durant toute la journée avec une certaine difficulté
que Vous connaissez Jésus…
1823. Aujourd’hui mon cœur tremble de bonheur. Je désire beaucoup que Jésus
vienne dans mon cœur qui languit et s’enflamme d’un amour grandissant.
Quand Jésus arriva, je me suis jetée dans ses bras, comme un petit enfant.
Je Lui ai raconté ma joie. Jésus prêtait l’oreille à mes épanchements
d’amour. Je lui ai demandé pardon de ne pas m’être préparée à la Sainte
Communion. Mais continuellement je pensais goûter cette joie le plus vite
possible. Jésus me répondit qu’une telle préparation Lui est agréable, «
ainsi que la joie avec laquelle tu M’as reçu dans ton cœur aujourd’hui.
Aujourd’hui, d’une manière toute spéciale, je bénis ta joie. Rien, tout au
long de ce jour, ne troublera ta joie… »
1824. Aujourd’hui, mon âme se prépare à l’arrivée du Seigneur qui peut tout,
qui peut me rendre parfaite et sainte. Je me prépare soigneusement à Son
accueil, alors surgit une difficulté. Comment me présenter à Lui ? Et voilà
que j’ai tout, de suite, rejeté. Je me présenterai comme mon cœur va me le
dicter.
1825. Quand je reçus Jésus dans la Sainte Communion, mon cœur s’écria de
toute sa force : « Jésus, changez tout mon être en une autre hostie Je veux
être une hostie vivante pour Vous. Vous êtes le Seigneur, grand et
Tout-Puissant. Vous pouvez m’accorder cette grâce. » Et le Seigneur me
répondit : « Tu es une vivante hostie agréable au Père Céleste. Mais prends
en considération ce qu’est l’hostie : Le sacrifice, eh bien !... »
Ô mon Jésus, je comprends la signification de l’hostie, je comprends la
signification du sacrifice. Je veux être devant Votre Majesté une hostie
vivante, cela veut dire un vivant sacrifice, qui tous les jours brûlera en
Votre honneur.
Quand mes forces commenceront à faiblir, c’est la Sainte Communion qui me
soutiendra et me donnera la force. Vraiment, je crains le jour où je ne
recevrai pas la Sainte Communion. Mon âme puise une force étonnante dans la
Sainte Communion
Ô vivante hostie, Lumière de mon âme !
1826. Aujourd’hui mon âme se prépare à la Sainte Communion comme à un
banquet nuptial où tous les convives resplendissent d’une étrange beauté. Et
moi aussi je suis invitée à ce banquet. Mais je ne vois pas en moi, cette
beauté, mais un abîme de misère. Et quoique je ne me sente pas digne de me
mettre à table, pourtant je vais me glisser sous la table aux pieds de Jésus
et je vais ramasser au moins les miettes qui tombent sous la table. Comme je
connais Votre miséricorde, je m’approche de Vous, Jésus, car ma misère
manquera avant que ne s’épuise la pitié de Votre Cœur. Aujourd’hui je vais
donc éveiller ma confiance dans la miséricorde divine.
1827. Aujourd’hui, Sa Majesté divine m’enveloppe. Je ne sais que faire pour
me préparer mieux. Je suis généralement plongée en Dieu. Mon âme s’enflamme
de Son amour. Je sais seulement que j’aime et que je suis aimée. Cela me
suffit. Pendant la journée je tâche d’être fidèle à l’Esprit Saint et de
répondre à Ses exigences. Je cherche le silence intérieur pour pouvoir
entendre Sa voix.
Concordat cum originali
Cracovie, 18 septembris 1968
Curia Metropolitana Cracoviensis
Vice Cancellarius Curiae
fin du Petit Journal de Sainte Faustine, apôtre de la Miséricorde
Divine.
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