Sainte Faustine - Héléna Kolwaska
Le Petit Journal
édition numérique par Anne Speeckaert et www.JesusMarie.com
Petit Journal de Sœur Faustine
1148. À un certain moment j’ai compris combien les âmes monastiques
défendent leur propre renom sous couvert de défendre la gloire de Dieu. Il
s’agit là non de louer Dieu, mais de faire leur propre éloge. Ô Jésus, comme
cela me fut douloureux ! Quels secrets seront dévoilés au jour de Votre
jugement ? Comment peut-on dérober les dons de Dieu ?
1149. J’ai eu aujourd’hui une grande contrariété de par certaine personne,
c’est-à-dire par une personne appartenant au monde. Cette personne sur la
foi d’un seul fait véridique, a raconté bien des choses imaginaires. Tout
ceci fut cru véritable et répété par toute la maison. Lorsque cela arriva à
mes oreilles, j’en ai eu le cœur serré. Comment peut-on ainsi abuser de la
bonté d’autrui ? J’ai décidé cependant de ne pas dire un mot pour ma défense
et de témoigner encore plus de bonté envers cette personne Mais je me suis
aperçue que j’avais trop peu de forces pour supporter ceci avec calme, car
cela se prolongea des semaines durant. Lorsque je vis que l’orage
s’amoncelait et que le vent commençait à jeter du sable dans les yeux, je
suis allée devant le Très Saint Sacrement et j’ai dit au Seigneur : « Jésus,
je Vous prie de me donner la force du secours de Votre grâce, car je sens
que je ne viendrai pas à bout de cette lutte.. Protégez-moi de Votre
poitrine ! » J’entendis alors ces paroles : « N’aie pas peur, Je suis avec
toi ! » -Lorsque j’eus quitté l’autel, une force étrange et un grand calme
envahirent mon âme Et l’orage qui faisait rage se brisa sur mon âme, comme
sur un rocher. Et l’écume de cet orage retomba sur ceux qui l’avaient
soulevé. Oh ! Que le Seigneur est bon ! Il rémunère chacun selon ses actes.
Que toute âme implore ainsi l’aide d’une « grâce actuelle » lorsque la «
grâce habituelle » est insuffisante.
1150. Quand la douleur s’empare de toute mon âme,
Et que l’horizon s’assombrit comme la nuit,
Le cœur déchiré d’un supplice de géhenne,
Alors, Jésus crucifié, Tu es toute ma vie.
Quand l’âme torturée de terribles douleurs,
Redouble ses efforts et lutte sans répit,
Et que le cœur se meurt en un amer tourment,
Jésus crucifié, Tu es l’espoir du salut.
Ainsi les jours passent,
L’âme baigne en une mer d’amertume,
Le cœur fond en larmes,
Jésus crucifié, Tu es pour moi l’aurore.
Et lorsque le calice d’amertume déborde,
Et que tout contre elle s’est conjuré,
Que l’âme descend au Jardin des Oliviers,
Jésus Crucifié, en Toi j’ai ma défense.
Quand l’âme forte de son innocence,
Reçoit de son Dieu cet insigne pouvoir,
Quand le cœur est capable de rendre amour pour tourment,
Jésus crucifié, ma faiblesse en force universelle se change.
1151. Ce n’est pas chose facile de supporter gaiement la souffrance, surtout
si elle est imméritée. La nature corrompue se révolte. Et bien que la
volonté et la raison surmontent la souffrance (puisque l’une et l’autre
peuvent faire du bien à ceux qui causent cette souffrance), pourtant cette
émotion a bien des répercutions dans l’âme. En tous points semblables à
l’âme inquiète, l’émotion s’attaque à la volonté, à la raison. Mais voyant
que seule, elle ne peut rien, elle se calme et s’abandonne à la raison et à
la volonté.
Comme un épouvantail elle tombe dans l’âme en faisant beaucoup de bruit.
Essayez seulement de l’écouter, elle, alors qu’elle n’est pas sous la coupe
de la volonté et de la raison !
1152. 23 juin 1937. Alors que je priais devant le Très Saint Sacrement, tout
à coup mes souffrances physiques cessèrent et j’entendis une voix en mon âme
: « Tu vois, Je peux tout te donner en un moment. Aucune loi ne Me gêne ».
24 juin. Le lendemain, après la Sainte Communion, j’entendis ces paroles : «
Saches, Ma fille, qu’en un moment Je puis te donner tout ce qui t’est
nécessaire pour accomplir cette œuvre ! » Une merveilleuse lumière demeura
en mon âme après avoir entendu ces paroles et tous les désirs de Dieu me
semblèrent si faciles qu’un petit enfant pourrait les réaliser.
1153. 27 juin1937. J’ai vu aujourd’hui, le couvent de cette nouvelle
Congrégation. C’est un bâtiment très large et très grand. J’en ai visité
chaque partie, l’une après l’autre, et je me suis rendu compte que partout,
la divine Providence avait pourvu à tout ce qui était nécessaire. Les
personnes vivant dans ce couvent ne portaient pas encore l’habit religieux,
mais l’esprit monastique y régnait totalement. Et j’organisais tout, comme
le souhaitait le Seigneur. Tout à coup je fus apostrophée par l’une de nos
Sœurs : « Comment pouvez-vous, ma Sœur, accomplir une telle œuvre ? » Je
répondis : « Ce n’est pas moi mais le Seigneur qui le peut, par mon
intermédiaire. Je possède l’autorisation pour tout. » Durant la Messe, la
lumière se fit en moi, de même que la profonde compréhension de toute cette
œuvre ; et pas l’ombre d’un doute ne demeura dans mon âme.
1154. Le Seigneur m’a fait connaître pour ainsi dire trois nuances de Sa
volonté, mais cela revient au même.
La première est que les âmes retirées du monde brûleront en offrande devant
le trône de Dieu et imploreront miséricorde pour le monde entier… Elles
demanderont la bénédiction pour les prêtres et prépareront le monde, par
leur prière, à l’avènement final de Jésus.
1155. La deuxième réside en la prière unie à l’acte de miséricorde. Ces âmes
défendront particulièrement les enfants contre l’esprit du mal. Prières et
acte de Miséricorde contiennent en soi tout ce que ces âmes devront mettre
en œuvre. Et au sein de cette Congrégation, pourrons être admises même les
plus pauvres. Elles essayeront d’éveiller l’amour et la Miséricorde de Jésus
dans ce monde égoïste.
1156. La troisième consiste en prière et acte de miséricorde, sans aucune
obligation de prononcer des vœux. Cependant ce faisant, les âmes auront
droit à tous les mérites et privilèges de l’ensemble A cette troisième
catégorie peuvent appartenir tous les gens vivant dans le monde.
1157. Tout participant devra accomplir au moins un acte quotidien de
miséricorde ; au moins, car il peut y en avoir beaucoup, puisqu’il est aisé
pour chacun, même pour le plus misérable, de faire un acte de miséricorde.
Car l’accomplissement a trois aspects : d’abord, la parole miséricordieuse
qui est pardon et consolation. Deuxièmement, si la parole est inutile, il
faut utiliser la prière, et cela est miséricorde. Troisièmement l’acte de
miséricorde. Et lorsque viendra le dernier jour, nous serons jugés sur cela.
Et c’est sur ces bases, que sera prononcé notre jugement pour l’éternité.
1158. Les écluses de Dieu se sont entr’ouvertes pour nous, profitons-en donc
avant que n’arrive le Jour de la Justice de Dieu, ce jour terrifiant.
1159. Lorsqu’un jour, j’ai demandé à Notre Seigneur comment il se fait qu’Il
puisse tolérer tant de forfaits et tant de crimes sans les châtier, le
Seigneur me répondit : « J’ai l’éternité pour les punir. Maintenant Je
prolonge le temps de la miséricorde. Mais malheur à ceux qui ne savent pas
reconnaître le moment de Ma visite. Ma fille, secrétaire de Ma Miséricorde,
tu as non seulement l’obligation d’écrire et de prêcher Ma miséricorde aux
âmes, mais encore celle de leur en obtenir la grâce, afin qu’elles aussi,
glorifient Ma Miséricorde. »
1160. Aujourd’hui, mon âme a ressenti de si grands tourments que j’ai
entrepris de me plaindre à Notre Seigneur : Jésus, comment pouvez-Vous me
laisser seule ? Je ne peux faire toute seule, un seul pas en avant. Vous
m’avez pris mon confesseur et Vous-même, Vous Vous cachez de moi. Vous savez
bien, Jésus, que je ne sais, ni ne peux rien de plus par moi-même, si ce
n’est laisser perdre Vos grâces. Jésus, faites que les circonstances
s’arrangent afin que le Père Andrasz revienne ! » Pourtant les tourments
demeurent.
1161. L’idée m’est alors venue d’aller trouver un prêtre pour lui confesser
mes tourments, ainsi que diverses inspirations, afin qu’il les résolvent.
J’ai même fait part de cette idée à la Mère Supérieure. La Mère me répondit
: « Je comprends, ma Sœur, que vous vivez des moments difficiles, mais
vraiment, je ne vois pour le moment aucun prêtre qui puisse vous convenir.
Le prêtre va d’ailleurs bientôt revenir. Et jusque là vous pouvez, ma Sœur,
vous confesser de tout au Seigneur. »
1162. Durant une conversation avec le Seigneur j’entendis une voix en mon
âme : « Ma fille, Je ne donne pas Ma grâce, pour que tu la révèles ailleurs,
et même si tu te confessais, Je ne donnerais pas à un autre prêtre la grâce
de te comprendre. Actuellement il me plaît que tu te supportes patiemment
toute seule. Ma fille, il n’entre point dans mes vues que tu parles à tous
des dons que je t’ai accordés. Je t’ai mise sous la protection de l’ami de
Mon Cœur. C’est sous sa direction que s’épanouira ton âme. C’est à lui que
J’ai accordé la lumière pour la compréhension de Ma vie en ton âme.
1163. Lorsque J’étais devant Hérode, Ma fille, je t’ai obtenu une grâce,
c’est que tu saches te tenir au-dessus du mépris humain, et que tu marches
fidèlement sur Mes traces. Fais silence, lorsqu’ils ne veulent point
reconnaître la vérité quand elle vient de toi. Car c’est alors que tu parles
éloquemment.
1164. Tu sais bien, Ma fille, qu’en tendant à la perfection, tu sanctifieras
bien des âmes. Et que si tu ne tendais pas à la Sainteté, de même bien des
âmes demeureraient imparfaites. Sache bien que leur perfection dépendra de
la tienne et que la plus grande part de responsabilité, en ce qui concerne
les âmes, retombera sur toi. »
1165. Puis Il me dit : « Ne crains rien, Mon enfant, mais garde confiance en
Ma grâce seule !.. »
1166. Satan m’a avoué que j’étais l’objet de sa haine. « Mille âmes me font
moins de dommages, m’a-t-il dit, que toi, lorsque tu parles de la Grande
Miséricorde du Tout-Puissant. Les plus grands pécheurs reprennent confiance
et reviennent à Dieu. Et moi, dit le mauvais esprit, je perds tout. Mais qui
plus et, tu me poursuis moi-même avec cette insondable Miséricorde du Tout
Puissant. » J’ai pris conscience de la haine de Satan envers la Miséricorde
de Dieu. Il ne veut pas reconnaître que Dieu est bon.
1167. 29juin 1937. Aujourd’hui, durant le petit déjeuner, le Père Andrasz a
salué toute la Congrégation par téléphone. Il est de retour et cet
après-midi même, il est venu chez nous. Les Sœurs professes, les novices et
les deux classes d’élèves, se réunirent dans la cour où nous attendîmes
notre cher Père revenu de Rome. Les enfants lui souhaitèrent la bienvenue
par des chants et des poèmes. Puis nous lui avons demandé de nous parler de
Rome et des belles choses qu’il a vues là bas. Il nous a raconté tout cela
pendant plus de deux heures. Par contre il n’a pas eu le temps pour un
entretien particulier.
1168. Aujourd’hui mon âme est entrée en étroite union avec le Seigneur. Il
me fit connaître que je devais toujours m’abandonner à Sa sainte volonté. «
En un instant je peux te donner plus que tu n’es en état de désirer. »
1169. 30 juin 1937. Aujourd’hui le Seigneur m’a dit : « J’ai souvent voulu
distinguer cette Congrégation, mais Je ne le peux à cause de son orgueil. Tu
sais, Ma fille, qu’aux âmes orgueilleuses, je n’accorde pas de grâces. Et
même celles que j’accorde, Je les reprends ! »
1170. Aujourd’hui Sœur Yolande m’a demandé de faire un accord avec elle;
Elle priera pour moi et je prierai pour sa classe de Wilno. Quant à moi, je
prie toujours pour notre oeuvre. Mais j’ai décidé de prier pendant deux mois
pour sa classe de Wilno et Sœur Yolande dira, chaque jour, à mon intention
trois Ave Maria au Verbe Incarné afin que la grâce de Dieu me soit accordée.
Notre amitié s’en est trouvée renforcée.
1171. 1er juillet 1937. Mois de juillet.
Aujourd’hui pendant l’Angélus, le Seigneur m’a fait comprendre
l’inconcevable amour de Dieu envers les hommes ; Il nous élève jusqu'à Sa
divinité, inspiré uniquement par Son amour et Son insondable Miséricorde.
L’Ange informe du mystère. Dieu seul l’accomplit.
1172. Malgré le calme profond dont jouit mon âme, je lutte sans cesse et
parfois, je mène un dur combat afin de suivre fidèlement ma route, car telle
est la voie que le Seigneur Jésus désire que je prenne. Ma voie est faite de
fidélité à la volonté de Dieu en tout, et toujours ; et particulièrement de
fidélité à mon inspiration intérieure, afin d’être un instrument efficace
dans la main de Dieu pour mener à bien Son Œuvre d’insondable Miséricorde.
1173. 4 juillet 1937. Premier Dimanche du mois. Retraite mensuelle Le soir,
je me suis préparée très méticuleusement et j’ai longuement prié le Saint
Esprit afin qu’il veuille m’accorder Sa lumière et me prendre sous Sa
direction particulière. Je fis de même envers la Mère de Dieu, mon Ange
Gardien et les Saints Patrons.
1174. Fruit de ma méditation.
Tout ce que Jésus a fait, fut bien fait. « Il passa en faisant le bien. »
Son attitude fut pleine de bonté et de Miséricorde. La pitié dirigeait Ses
pas. Il montra bonté, aménité, compréhension envers Ses ennemis, comme
envers ceux qui avaient besoin d’aide ou de consolation. Ce mois-ci, j’ai
décidé de refléter fidèlement en moi ces traits de Jésus, même si cela
devait me coûter beaucoup.
1175. Pendant l’Adoration, j’entendis une voix en mon âme : « Tes efforts,
Ma fille, Me sont agréables. Ils font les délices de Mon Cœur. Je vois
chaque mouvement de ton cœur, de ce cœur avec lequel tu M’adores. »
1176. Résolutions particulières.
Toujours la même : M’unir au Christ Miséricordieux. Par Sa douloureuse
Passion, j’implorerai le Père des Cieux pour le monde entier.
Point important de la règle : observer un silence rigoureux.
Descendre dans la profondeur de Son Etre et remercier Dieu de tout en
m’unissant à Jésus. Avec Lui, en Lui et par Lui, je rends gloire à Dieu.
1177. Ô Seigneur, mon amour, je Vous remercie de m’avoir permis, en ce jour,
de puiser des trésors de grâces à la source de Votre insondable Miséricorde.
Ô Jésus, non seulement aujourd’hui, mais à tout instant, je reçois tout de
Votre insondable Miséricorde, tout ce que l’âme et le corps peuvent désirer.
1178. 7 juillet 1937. Dans les moments d’incertitudes, c’est-à-dire lorsque
l’âme est affaiblie, que l’âme demande à Jésus d’agir Lui-même, et quoi
qu’elle sache qu’elle devrait agir par la grâce divine, pourtant, à certains
moments, il convient de laisser le champ d’action à Dieu.
1179. 15 juillet 1937. A un certain moment j’ai su que j’allais être
transférée dans une autre maison. Cette connaissance était toute intérieure.
Au même moment j’entendis une voix en mon âme : « Ne crains rien, Ma fille,
Ma volonté est que tu demeures ici. Les projets humains vont être
contrecarrés et l’on devra se conformer à Ma volonté. »
1180. Quand je fus tout prêt du Seigneur, Il me dit : « Pourquoi
appréhendes-tu de commencer l’œuvre que je t’ai commandée ? » Je répondis ;
Pourquoi Jésus, dans ces moments-là, me laissez-vous seule ? Et pourquoi
est-ce qu’alors je ne ressens plus aucunement Votre présence ? » - « Ma
fille, même si tu peux Me percevoir dans les plus secrètes profondeurs de
ton cœur, tu ne peux affirmer que J’en suis absent. Ce que Je t’enlève,
c’est seulement la sensation de Ma personne. Et cela ne devrait pas être une
difficulté pour toi dans l’exécution de Ma volonté. Je fais ceci pour
accomplir Mes insondables desseins que tu connaîtras plus tard.
Ma fille, sache bien, une fois pour toute, que seul le péché grave Me chasse
de l’âme et rien d’autre. »
1181. Aujourd’hui le Seigneur m’a dit : « Ma fille, délectation et
prédilection de Mon Cœur, rien ne M’empêche de t’accorder Ma grâce. Ta
misère ne s’oppose en rien à Ma Miséricorde. Ma fille, écrit que plus la
misère de l’âme est grande, plus celle-ci aura droit à Ma Miséricorde. Et
encourage toutes les âmes la confiance en l’inconcevable abîme de Ma
Miséricorde. Car Je désire leur salut à toutes. La source de Ma Miséricorde
a été largement ouverte sur la croix, par la blessure de la lance, et depuis
elle coule pour toutes les âmes, sans aucune exception. »
1182. Ô Jésus, je désire vivre le moment qui passe, vivre comme si ce jour
devait être le dernier pour moi. Je désire profiter de chaque instant, pour
la plus grande gloire de Dieu. Je désire retirer de chaque circonstance un
bienfait pour mon âme, et regarder tout de ce point de vue. Rien n’arrive
sans la volonté de Dieu.
Dieu d’insondable Miséricorde, envahissez le monde entier et déversez-Vous
sur nous, par le Cœur compatissant de Jésus.
Je note ici d’anciens souvenirs :
1183. Un soir, j’ai vu le Seigneur Jésus sur la Croix. De Ses mains, de Ses
pieds et de Son côté, coulait Son Très Saint Sang. Puis Jésus me dit : «
Tout cela, c’est pour le salut des âmes. Examine bien, Ma fille, ce que tu
fais, toi, pour leur salut. » J’ai répondu : « Jésus, lorsque je contemple
Votre supplice, je vois que ce que je fais pour le salut des âmes n’est
presque rien. » Et le Seigneur m’a dit : « Sais-tu, Ma fille que tes
tourments quotidiens, ton total abandon à Ma volonté conduisent bien des
âmes au Ciel ?
Et lorsqu’il te semble que la souffrance dépasse tes forces, contemple Mes
Plaies et tu t’élèveras alors au-dessus du mépris et des jugements humains.
Examiner en toi Mon supplice t’aidera à t’élever au-dessus de tout. » J’ai
compris alors bien des choses que je ne pouvais concevoir avant.
1184. 9 juillet 1937. Ce soir, est venue à moi l’une de nos Sœurs disparues
qui m’a demandé de lui consacrer un jour de jeûne, et d’offrir à son
intention, ce même jour, tous mes exercices spirituels. J’ai répondu que je
le ferai.
1185. Dès le lendemain matin, je me suis donc empressée de consacrer ce jour
à cette intention. Durant la Sainte Messe, j’ai vécu un moment le supplice
de cette Sœur. J’ai ressenti en mon âme une telle faim de Dieu, qu’il me
semblât mourir du désir de m’unir à Lui. Cela dura peu de temps, mais j’ai
compris ce qu’est cette nostalgie de l’âme au Purgatoire.
1186. Immédiatement après la Sainte Messe, j’ai demandé à la Mère Supérieure
de m’autoriser à jeûner, ce que je n’ai pas obtenu, parce que je suis
malade. En entrant à la Chapelle, j’entendis ces paroles : « Si vous aviez
jeûné, ma Sœur, je n’aurais obtenu de soulagement à ma peine que ce soir
seulement. Mais grâce à votre obéissance qui vous a empêchée de jeûner, j’ai
obtenu ce soulagement immédiatement. C’est une grande force que
l’obéissance… » Après ces paroles j’entendis : « Dieu vous le rende ! »
1187. Souvent je prie pour la Pologne, mais je vois que Dieu est très fâché
contre elle, à cause de son ingratitude. Je me concentre de toute mon âme,
afin de la défendre. Je rappelle sans cesse à Dieu Sa promesse de
Miséricorde. Quand je vois Sa colère, je me jette avec confiance dans
l’abîme de Miséricorde, et j’y plonge toute la Pologne et cette fois Dieu ne
pourra user de Sa Justice. Ô ma Patrie, combien tu me coûtes ! Il n’y a pas
de jour où je ne prie pour toi.
1188. Propos de Saint Vincent de Paul : « Le Seigneur met toujours la Main à
l’œuvre lorsqu’Il écarte tous les moyens humains et nous ordonne d’accomplir
ce qui dépasse nos forces. »
1189. Jésus : « De toutes Mes Plaies, comme d’un ruisseau coule la
Miséricorde pour les âmes. Mais la blessure de Mon Cœur est la source de
l’insondable Miséricorde. De cette source jaillissent toutes les grâces
destinées aux âmes. Les flammes de la pitié me brûlent. J’ai l’ardent désir
de les communiquer aux âmes humaines. Parle de Ma Miséricorde au monde
entier. »
1190. Aussi longtemps que nous vivons, l’amour de Dieu grandit en nous. Nous
devrions jusqu’à la mort, nous efforcer d’obtenir l’amour de Dieu. J’ai
appris et j’ai expérimenté que l’on reconnaît les âmes vivant dans une
atmosphère d’amour divin, à ce qu’elles ont de grandes lumières sur toutes
choses divines, tant en leur âme que dans les âmes des autres. Et les âmes
simples, sans instruction, se distinguent par leur savoir.
1191. À la quatorzième station de la Passion, je ressens l’étrange
impression que Jésus va en terre.
Lorsque mon âme est tourmentée, je pense seulement ceci : Jésus est bon et
plein de Miséricorde, et même si la terre devait me manquer sous les pieds,
je ne cesserais pas de Lui faire confiance.
1192. Aujourd’hui j’ai entendu ces mots : « Ma fille, prédilection de Mon
Cœur, c’est avec grand plaisir que Je contemple ton âme. Il y a bien des
grâces que Je n’accorde qu’à cause de toi. Je suspends aussi bien des
châtiments uniquement à cause de toi. Tu me retiens et Je ne peux
revendiquer Mes droits. Tu me lies les mains par ton amour. »
1193. 13 juillet 1937. Aujourd’hui Jésus m’a donné quelques lumières sur
l’attitude que je dois avoir envers une Sœur qui m’a questionnée sur bien
des sujets touchant l’âme et sur lesquels elle avait des doutes. Mais au
fond, ce n’était pas de cela qu’il s’agissait. Elle voulait se convaincre de
mes opinions sur ces sujets, afin d’avoir la possibilité d’informer les
autres Sœurs sur moi. Oh! Si au moins, elle répétait les mots mêmes que je
lui ai dit, sans les déformer ni en rajouter. Jésus m’a mise en garde contre
cette âme. J’ai pris la décision de prier pour elle, car seule la prière
peut l’éclairer.
1194. Ô mon Jésus, rien ne peut rabaisser mon idéal, c’est-à-dire l’amour
que j’ai envers Vous. Je ne crains pas d’aller de l’avant, bien que le
chemin soit terriblement épineux. Même si une grêle de persécutions devait
s’abattre sur moi, même si mes amis devaient m’abandonner, même si tout
devait se liguer contre moi et que l’horizon s’assombrisse, même si l’orage
devait faire fureur et que je me sente seule face à tout cela, c’est alors
qu’en toute tranquillité je ferais confiance à Votre Miséricorde, ô mon
Dieu, et mon espoir ne sera pas déçu.
1195. Aujourd’hui j’ai ressenti une grande souffrance aux endroits des
plaies à l’approche d’une Sœur au réfectoire. Cette Sœur était de service.
Il me fut donné de connaître l’état de son âme. J’ai beaucoup prié pour
elle.
1196. A propos de l’apaisement de l’orage. Cette nuit, il y eut un terrible
orage. Je me suis courbée la face contre terre et j’ai commencé à réciter
les litanies de Tous les Saints. Vers la fin de ces litanies, le sommeil me
prit si bien que je ne pus en aucune façon terminer cette prière. Alors je
me suis levée et j’ai dit au Seigneur :
« Jésus, apaisez cet orage, car Votre enfant est incapable de prier plus
longtemps et le sommeil l’accable ». Puis j’ai ouvert toute grande la
fenêtre sans même mettre le crochet. Sœur N. m’a dit alors : « Que
faites-vous, ma Sœur ? Voyons, la bourrasque va arracher la fenêtre ». Je
lui ai répondu de dormir tranquille, et tout à coup, l’orage s’est
complètement apaisé. Le lendemain, les Sœurs commentèrent ce brusque
apaisement de l’orage, ne sachant comment l’expliquer. Je n’ai rien répondu
à cela. J’ai seulement pensé en moi-même : Jésus et Faustine savent ce que
cela signifie…
1197. 20 juillet 1937. J’ai appris aujourd’hui que je dois me rendre à Rabka
? Je ne devais y aller qu’après le 5 août, mais j’ai prié la Mère Supérieure
de m’autoriser à m’y rendre dès maintenant. Je n’ai pas vu le Père Andrasz
et j’ai demandé de partir au plus vite. La Mère Supérieure s’est un peu
étonnée que je veuille partir si vite. Cependant, je ne m’en suis pas
expliquée, de même que je n’ai donné aucune explication sur moi-même. Cela
restera un secret pour l’éternité Dans ces circonstances j’ai pris une
décision à laquelle je me tiendrai.
1198. 29 juillet. Aujourd’hui je dois partir pour Rabka. Je suis entrée un
moment à la Chapelle et j’ai prié Notre Seigneur Jésus de m’accorder un bon
voyage. Pourtant mon âme est comme plongée dans l’obscurité. Je sens que je
suis seule, je n’ai personne. J’ai demandé à Jésus d’être avec moi. Alors
j’ai senti en mon âme un rayon de lumière, preuve que Jésus était avec moi.
Mais après cette faveur, l’obscurité se renforça et la nuit se fit encore
plus profonde en mon âme. Alors j’ai dit : « Que Votre volonté soit faite,
car tout est en Votre pouvoir ! » Dans le train, quand je regardais par la
fenêtre et que je voyais le ravissant paysage et les montagnes, je
ressentais encore plus de tourments en mon âme. Et lorsque les Sœurs me
souhaitèrent la bienvenue et commencèrent à m’entourer de leur affectueuse
cordialité, mes souffrances redoublèrent.
1199. J’aurais voulu me cacher et me reposer un moment dans la solitude, en
un mot demeurer seule. Dans de tels moments aucune créature n’est en état de
me consoler et même si je voulais parler de moi-même, j’éprouverais de
nouveaux tourments. C’est pourquoi à ces moments-là, je me tais,
m’abandonnant silencieusement à la volonté de Dieu et cela m’apporte
l’apaisement. Je n’exige rien des créatures. Je ne les fréquente que par
nécessité. Je ne peux me confier, à moins que cela ne soit nécessaire à la
gloire de Dieu. Je n’ai de commerce qu’avec les Anges.
1200. Cependant ma mauvaise santé s’est aggravée ici au point que je suis
obligée de garder le lit. Je ressens d’étranges douleurs aiguës dans toute
la cage thoracique. Je ne peux même pas remuer les bras. Une nuit j’ai dû
demeurer couchée sans pouvoir bouger, car il me semblait que, si je
bougeais, tout se déchirerait dans mes poumons. Cette nuit m’a parue sans
fin : je me suis unie à Jésus crucifié et j’ai imploré le Père des Cieux
pour les pécheurs. On dit que la maladie pulmonaire ne provoque pas de
souffrances aussi aiguës et pourtant, j’éprouve sans cesse des souffrances
atroces. Ma santé s’est tant aggravée ici, que je dois garder le lit et Sœur
N. a dit que je ne me porterai pas mieux ici, car l’air de Rabka n’est pas
bon pour tous les malades.
1201. Aujourd’hui je n’ai même pas pu me rendre à la Sainte Messe, ni
communier. Mais en proie aux souffrances de l’âme et du corps je me répétais
: « Que soit faite la volonté du Seigneur ! Je sais que votre générosité est
infinie. » J’entendis alors l’Ange qui chanta le chant de toute ma vie, tout
ce qu’elle contenait. Je m’en suis étonnée mais également fortifiée.
1202. Saint Joseph me demande d’avoir pour lui une incessante dévotion. Il
m’a dit lui-même de réciter chaque jour trois Pater et un « Souvenez-Vous ».
Il est enclin à beaucoup de bienveillance et m’a fait savoir qu’il appuie
cette œuvre. De même il m’a promis une aide particulière ainsi que sa
protection. Chaque jour je dis les prières demandées et je ressens sa
protection particulière.
1203. Premier août 1937. Retraite d’un jour. Retraite de souffrance. Ô
Jésus, en ces jours de souffrance, accablée de corps et d’âme, je ne suis
capable d’aucune prière ! Ô mon Jésus, Vous voyez bien que Votre enfant est
réduite à l’impuissance ! Je ne tente d’autre effort que de soumettre ma
volonté à celle de Jésus. Ô Jésus, Vous êtes toujours Jésus pour moi !
1204. Lorsque j’allai me confesser ne sachant même plus le faire, le prêtre
cependant comprit immédiatement l’état de mon âme et me dit : « Malgré tout,
vous faites votre salut. Vous êtes sur le droit chemin. Mais il se peut que
l’ancienne lumière ne revienne plus et que Dieu laisse votre âme jusqu’à la
mort dans ces ténèbres et ce déclin de l’âme. Abandonnez vous en tout à la
volonté de Dieu !»
1205. Aujourd’hui j’ai commencé une neuvaine à Notre-Dame de l’Assomption,
dans trois intentions : la première afin que je puisse rencontrer l’abbé
Sopocko ; la deuxième afin que Dieu presse l’exécution de cette œuvre ; la
troisième : à l’intention de Ma Patrie.
1206. 10 août. Je dois retourner à Cracovie, aujourd’hui accompagnée d’une
Sœur. Mon âme baigne dans la souffrance, mais par un acte de volonté, je
m’unis sans cesse à Dieu. Il m’est force et puissance.
1207. Soyez béni, ô mon Dieu, pour tout ce que Vous m’envoyez ! Sans Votre
volonté, il n’est rien de nouveau sous le soleil. Je ne peux percer Votre
secret à mon égard, mais j’appuie mes lèvres au calice qui m’est offert.
Jésus, j’ai confiance en Vous !
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