Le Pape a eu plus qu'une
attitude pastorale exemplaire |
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Le 29 août 2008 -
(E.S.M.) -
Le Saint-Père a eu plus qu'une attitude pastorale
exemplaire vis-à-vis de ceux qui, blessés par les déformations, sont
restés attachés à la forme ancienne du missel romain, d'autant plus que
dans certains pays comme la France, comme le souligne le pape dans sa
lettre d'accompagnement du Motu proprio, le
Mouvement liturgique avait donné une solide formation liturgique qui
était mise à mal par la "créativité" post-conciliaire.
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La
Participation à la Liturgie -
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Le Pape a eu plus qu'une attitude pastorale exemplaire
La Participation à la Liturgie comme exercice du Sensus Fidei et du
Sensus Ecclesiae
par Mgr Marc AILLET Vicaire général du
diocèse de Frejus et Toulon.
A l'occasion de l'anniversaire de
l'Association "Pro Liturgia", en ces vingt ans d'existence.
(première partie)
I. INTRODUCTION.
1. Témoignage personnel.
C'est comme membre de la Communauté Saint-Martin depuis sa fondation, il y a
trente ans, et aussi comme Vicaire général du diocèse de Fréjus-Toulon
depuis 2002, que je voudrais apporter ma modeste contribution à votre
rencontre sur "la participation à la liturgie comme exercice du sensus
fidei et du sensus ecclesiae". Je parlerai donc moins en
spécialiste qu'en praticien de la liturgie et en pasteur, si tant est que la
liturgie a une dimension éminemment pastorale.
Comme vous le savez, la Communauté Saint-Martin se distingue dans le paysage
liturgique français par son choix de l'Ordo Missae dit de Paul VI, en
latin et chant grégorien, comme expression privilégiée de sa vie liturgique.
Dans le Coutumier de la Communauté Saint-Martin, on peut lire en effet:
"Tout en étant attentifs aux éventuelles adaptations que la pédagogie et la
sollicitude pastorale pourraient requérir, nous sommes attachés à la
célébration liturgique en langue latine et au chant grégorien, non seulement
comme héritage de la tradition, mais encore comme aide pour une vie
spirituelle enracinée dans la Parole de Dieu (...). La vie liturgique est
centrée sur la "Messe de communauté" et la prière de l'Office divin. L'Eucharistie
est célébrée suivant l'Ordo Missae de Paul VI et la louange des
Heures suivant Liturgia Horarum, en latin et en chant grégorien. On
s'appliquera à encourager et à faciliter au mieux la participation des
fidèles."
Mgr Jean-François Guérin, notre fondateur, était oblat de l'abbaye
bénédictine de Fontgombault depuis son ordination en 1955; il y avait
consolidé son amour pour la liturgie et approfondi son ars celebrandi
qu'il sut nous transmettre avec passion. Il était passé en 1970 du Missel de
Saint-Pie V au Missel de Paul VI, faisant de son assentiment à la forme
renouvelée de la liturgie l'expression de son "sensus Ecclesiae":
nous étions ainsi invités à recevoir de l'Église d'aujourd'hui - à condition
que ce soit dans un esprit de réforme et non de rupture, pour reprendre les
termes de la leçon de Benoît XVI sur l'herméneutique du concile Vatican II
devant la
Curie romaine le 22 décembre 2005 -, tous les biens dont nous avions
besoin pour grandir dans le sens de l'Église. Comme il aimait à le dire en
ces années 70 de grande tension à l'intérieur de l'Église de France, dont il
avait beaucoup souffert: "Rien de notre attachement légitime à la tradition,
à la liturgie, à l'Écriture Sainte, à la Vierge Marie, ne saurait justifier
une mise volontaire hors de l'Église," En nous reliant à la tradition
pluriséculaire et ininterrompue de la liturgie de l'Église latine, le latin
et le chant grégorien ont été assurément des instruments privilégiés de
notre formation à la vie chrétienne et sacerdotale, faisant de la liturgie
le premier axe structurel de cette formation. J'atteste que la liturgie,
ainsi vécue, expérimentée durant les années du séminaire et les premières
années de ministère pastoral en paroisse, a façonné mon existence baptismale
et sacerdotale. N'est-ce pas ce que suggérait Mère Geneviève Gallois, dans
sa "Vie du petit Placide", lorsqu'elle mettait sur les lèvres de Jésus à
l'adresse du jeune novice de Saint Benoît, à la manière d'un apophtegme: "La
liturgie, c'est passer ta vie à passer dans ma vie", suggérant encore au
petit Placide cette sentence: "Chanter sa vie pour vivre mon chant".
Comme fruit de son expérience communautaire et pastorale de la liturgie
grégorienne et comme contribution au renouveau liturgique initié par le
concile Vatican II, la Communauté Saint-Martin travaille actuellement, avec
l'approbation de la Congrégation pour le Culte divin (par
décret du 9 juillet 2004) et avec la collaboration experte de
l'abbaye de Solesmes, à la publication en latin-français des "Heures
grégoriennes" qui permettront à tous ceux qui le désirent de chanter la "Liturgie
des Heures" en grégorien. La parution de cet ouvrage est prévue pour
novembre prochain.
Comme prêtre ayant exercé divers ministères dans le diocèse de Fréjus-Toulon
(aumônier de jeunes, professeur au séminaire diocésain et
curé de Saint-Raphaël), j'ai expérimenté la liturgie "source et
sommet de la vie de l'Église", comme le lieu par excellence de la formation
des fidèles à la vie chrétienne, les éduquant tout à la fois au sens de la
foi par la découverte du Mystère dont la liturgie doit être le signe
éloquent, et au sens de l'Église, laquelle demeure le sujet propre de la
liturgie. Comme on peut le lire dans la Constitution
Sacrosanctum Concilium : "Toute célébration liturgique, en tant
qu'oeuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l'Église, est l'action
sacrée par excellence dont nulle autre action ne peut atteindre l'efficacité
au même titre et au même degré" (n°7).
Comme Vicaire général, j'ai été amené à travailler avec mon Évêque à
l'érection d'une paroisse personnelle pour la liturgie dite tridentine,
suivant le Motu proprio "Ecclesia
Dei adflicta". C'était une autre manière de manifester mon "sensus
Ecclesiae", puisque le Pape Jean-Paul II demandait une "application
large et généreuse" de la possibilité offerte aux fidèles qui le demandaient
de participer à la liturgie selon les livres en usage en 1962. Comme
Ordinaire, j'ai ainsi été amené à célébrer la Messe dite de Saint-Pie V, ce
à quoi je n'avais pas été préparé dans ma communauté, et j'ai pu apprécier
la continuité de fond entre les deux Missels. Je suis même convaincu qu'il
est possible de célébrer la Messe selon l'un et l'autre missels dans
l'esprit de la Consititution
Sacrosanctum Concilium, comme le suggérait le Pape Jean-Paul II.
2. Le Motu proprio Summorum pontificum.
Je dois encore ajouter un mot dans cette introduction sur la publication par
le Pape, il y a un an, du
Motu Proprio Summorum Pontificum, "sur l'usage de la liturgie
romaine
antérieure à la réforme de 1970",
car il aura introduit quelques nouveautés dans la pratique
liturgique de nos Églises locales.
Il ne faut pas voir dans cette libéralisation de la "forme dite
extraordinaire du rite romain" un quelconque désaveu de la fidélité qui est
la vôtre [à Pro Liturgia - n.d.l.r.]
comme de ma Communauté à la forme "ordinaire" née de la réforme liturgique,
fidélité en particulier aux principes fondamentaux qui ont été édictés par
la Constitution Sacrosanctum Concilium du concile Vatican II. Nous savons
bien, en effet, que parmi les causes principales du Motu proprio, il faut
compter avec les "déformations arbitraires" qui ont souvent accompagné la
mise en oeuvre de la réforme liturgique et sur lesquelles vous alertez vos
lecteurs et adhérents depuis 20 ans. En ce sens, le Pape a eu plus qu'une
attitude pastorale exemplaire vis-à-vis de ceux qui, blessés par ces
déformations, sont restés attachés à la forme ancienne du missel romain,
d'autant plus que dans certains pays comme la France, comme le souligne le
Saint-Père dans sa
lettre d'accompagnement du Motu proprio, le
Mouvement liturgique avait donné une solide formation liturgique qui était
mise à mal par la "créativité" post-conciliaire. Benoît XVI veut surtout
réduire la distance qu'il y a dans les faits entre la forme extraordinaire
et la forme ordinaire telle qu'elle est généralement célébrée, pariant même
sur un enrichissement réciproque des deux formes d'usage du rite romain.
En ce sens, le Motu proprio est une invitation à redécouvrir le sens du
Mystère et à redonner toute sa dignité et sa sacralité précisément à la
célébration selon la forme ordinaire, laquelle restera évidemment la plus
répandue dans nos assemblées, cela passera par une nécessaire relecture de
la Constitution Sacrosanctum Concilium. Vous comprenez ainsi le
bien-fondé de votre combat depuis 20 ans pour promouvoir le missel issu de
la réforme liturgique, comme de la fidélité de tous ceux qui auront reçu le
nouveau missel non pas dans un esprit de rupture, mais au contraire dans un
esprit de continuité comme le Saint-Père le suggère quand il écrit "II n'y a
aucune contradiction entre l'une et l'autre édition du
Missale-Romanum. L'histoire de la liturgie est faite de croissance et de
progrès, jamais de rupture".
L'étape actuelle de l'histoire de la liturgie, dans laquelle le Motu proprio
nous a fait entrer, consistera même à manifester qu'il y a une manière de
célébrer la Messe selon la forme ordinaire qui est en continuité organique
avec l'ancienne forme, comme le préconisait le Mouvement liturgique dont la
Constitution Sacrosanctum Concilium peut être considérée comme le
fruit autorisé. Je n'en veux pour preuve que les changements significatifs
auxquels on assiste dans les célébrations pontificales, sous la houlette du
nouveau Maître des Cérémonies du Saint-Père, Mgr Guido Marini. Cela devrait
permettre bien des ajustements, peut-être même une "réforme de la réforme"
qui pourrait préparer la publication d'un nouveau et unique Missel romain.
L'heure n'est donc pas pour vous à la démobilisation, bien au contraire!
Dans la confusion liturgique qui a marqué les années immédiatement après le
Concile, comme dans la pluralité des formes du Missel romain admises
aujourd'hui, l'obéissance liturgique dont vous voulez être les champions
demeure prophétique, par son exemplarité même.
3. La participation active comme concept-clé de la
réforme liturgique.
Fidèle à mon histoire qui se confond avec celle de la Communauté
Saint-Martin, c'est de la participation à la liturgie que je voudrais
m'entretenir avec vous. Comme l'écrivait le Cardinal Ratzinger en mars 2003,
dans sa préface au très beau petit livre de l'Oratorien anglais Michael
Lang, Rivolti al Signore - traduit en français depuis sous le titre
de "Se
tourner vers le Seigneur" - sur l'orientation de la prière liturgique: "Pour
ceux qui fréquentent habituellement l'Église, les deux effets les plus
évidents de la réforme liturgique du concile Vatican II semblent être la
disparition du latin et l'autel orienté vers le peuple. Qui a lu les textes
se rendra compte toutefois avec stupeur
qu'en réalité les décrets du Concile ne prévoient rien de tout cela".
En revanche, il ne fait pas de doute à celui qui a lu avec attention la
Constitution Sacrosanctum Concilium, que c'est bien l' "actuosa
participatio" (la participation active)
qui constitue le concept-clé de la réforme liturgique
promue par le concile Vatican II. Au n°11, on peut lire: "C'est pourquoi les
pasteurs doivent être attentifs à ce que dans l'action liturgique, non
seulement on observe les lois d'une célébration valide et licite, mais aussi
à ce que les fidèles participent à celle-ci de façon consciente, active et
fructueuse (scienter, actuose et fructuose participent)".
L'insistance sur la participation active revient à maints endroits de la
Constitution, comme un leitmotiv et une idée-force.
(à suivre) :
II. NATURE DE LA PARTICIPATION A LA LITURGIE.
Le Motu Proprio ►
Le texte officiel et tous les commentaires
Sources : PRO LITURGIA
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 29.08.2008 -
T/Table Motu Proprio - T/Liturgie
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