Benoît XVI va-t-il accepter la
médiocrité de l'iconographie du nouveau lectionnaire ? |
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Le 29 février 2008 -
(E.S.M.) -
La publication récente – et attendue – en Italie du nouveau Lectionnaire
liturgique pour les dimanches et pour les fêtes, doté d’un matériel
iconographique “moderne“, mérite attention. Le pape Benoît XVI qui avait
consacré un paragraphe de son exhortation post-synodale "Sacramentum
Caritatis" à l’iconographie religieuse, va-t-il accepter une si médiocre
représentation ?
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La qualité de l’art
religieux dans la société actuelle ne pouvait peut-être pas donner mieux !!!
Benoît XVI va-t-il accepter la médiocrité de l'iconographie du nouveau
lectionnaire italien ?
Pour ou contre le nouveau Lectionnaire liturgique. Deux experts s'opposent
Il s'agit de Timothy Verdon et de Pietro De Marco. Le premier défend les
œuvres d'artistes modernes qui accompagnent les extraits des Écritures
Saintes. Le second critique sévèrement les artistes mais aussi les
commanditaires
NDLR : Timothy Verdon, proche de notre pape Benoît XVI avait
participé au synode des évêques 2005 sur l’eucharistie, à la demande du Saint-Père.
Il a consacré un livre intitulé "Beauté et identité, l'Europe
et ses cathédrales", en hommage au pape Benoît XVI à l'occasion de son
quatre-vingtième anniversaire :
►
Benoît XVI
par Sandro Magister
Avec le Lectionnaire liturgique en usage depuis l’Avent 2007, la conférence
des évêques d’Italie a volontairement pris une “initiative courageuse“, non
seulement pour l’Italie mais pour l’Église toute entière. C’est l’expression
qu’a employée son secrétaire général, l’archevêque Giuseppe Betori.
Pourquoi “courageuse“? Non pas à cause des textes, qui sont évidemment ceux
du Missel, mais à cause des illustrations qui les accompagnent.
La conférence des évêques a fait preuve de courage en faisant illustrer le
nouveau Lectionnaire par 30 artistes contemporains, avec des styles plus ou
moins abstraits, au lieu des chefs-d’œuvre de l’art figuratif des siècles
passés. Comme cela avait été le cas – par exemple – pour le nouveau
Compendium du Catéchisme de l’Église Catholique.
NDLR : Le texte du
Compendium du Catéchisme est le même que celui qui a été publié le 28
juin 2005 par Benoît XVI, qui accomplissait ainsi l’un des premiers actes
significatifs de son pontificat
Pas étonnant, donc, que le nouveau Lectionnaire liturgique italien ait
aussitôt fait l’objet de critiques virulentes. Les images ont déplu à
beaucoup. Trop “modernes“, trop “abstraites“. Un curé a réagi de manière
drastique: il a arraché les pages illustrées du nouveau Lectionnaire.
Après les premières semaines de trouble et d’accusations sommaires, le
niveau du débat s’est élevé. Parmi les voix critiques, celle du professeur
Pietro di Marco, qui a déjà émis des jugements solidement étayés concernant
les limites de l’art abstrait appliqué aux réalités chrétiennes.
Du côté des défenseurs, en revanche, on a remarqué un expert de haut niveau
en art sacré ancien et moderne: Mgr Timothy Verdon. Cet Américain,
professeur à l’université de Princeton, est aussi le directeur du bureau
diocésain de Florence pour la catéchèse par l’art.
En 2005, au
Synode des évêques consacré à l’eucharistie, Benoît XVI avait choisi
Verdon comme expert de l’art chrétien. Lorsqu’il était cardinal, il lui
avait confié le choix des images pour illustrer le Compendium du Nouveau
Catéchisme de l’Église Catholique.
La conférence des évêques d’Italie a, quant à elle, confié à Verdon la
rédaction et la publication de trois grands volumes sur “L’art chrétien en
Italie“, avec une interprétation innovante de cet art en termes liturgiques.
L’œuvre représente une part importante du “projet culturel à orientation
chrétienne“ promu par l’Église italienne.
Verdon a pris la défense du nouveau Lectionnaire italien dans deux articles
publiés l’un dans “Avvenire“ du 2 février et l’autre dans “L’Osservatore
Romano“ du 15 février.
Le texte intégral de l’article publié dans “Avvenire“, le quotidien
de la conférence des évêques d’Italie, est reproduit ci-dessous.
L’intervention du professeur De Marco, reproduite juste après, est en
revanche inédite. C’est à lui que le secrétaire de la conférence des évêques
d’Italie, Giuseppe Betori, avait demandé un avis raisonné sur le nouveau
Lectionnaire.
Voici donc, dans l’ordre, leurs jugements, l’un pour et l’autre contre les
illustrations du nouveau Lectionnaire liturgique dues à des artistes
contemporains.
1. Un art "nouveau" au service de la Parole
par Timothy Verdon
La nouvelle version de référence du Lectionnaire pour les dimanches et pour
les fêtes, éditée par la conférence des évêques d’Italie, a été publiée en
trois volumes, fin 2007, par la Librairie Editrice du Vatican. Entre autres
surprises, on y trouve une extraordinaire série d’illustrations – 87 pour
les années A, B et C du cycle liturgique, plus le dessin de couverture –
toutes de maîtres italiens contemporains célèbres. Elles sont reproduites en
pleine page sur du papier pelliculé mat.
Au delà de sa contribution au répertoire d’iconographie sacrée en termes de
contenu, cet exceptionnel ensemble d’illustrations embellit le Lectionnaire
du simple point de vue de l’aspect visuel. Il enrichit aussi l’expérience
offerte aux ministres du culte et lecteurs qui auront ces images fascinantes
sous les yeux quand ils proclameront la Parole de Dieu, le dimanche ou lors
des fêtes du calendrier chrétien. La nouvelle édition, utilisée depuis
décembre 2007, sera en effet obligatoire à partir du 28 novembre 2010.
L’idée d’accompagner les textes inspirés par des images d’art est très
ancienne. D’une certaine façon, elle existe depuis que l’Église a commencé à
rassembler dans des volumes particuliers les lectures attribuées aux
différents temps de l’année.
Ces recueils apparaissent aux VIe et VIIe siècles. Ils sont utilisés par des
communautés déjà habituées depuis longtemps à voir représentés dans leurs
lieux de culte des événements et des personnages des Écritures. C’est l’âge
d’or de l’art de la mosaïque à Rome et à Ravenne. Le Moyen âge voit
apparaître de véritables lectionnaires illustrés, les évangéliaires, les
épistolaires et les graduels ornés de miniatures qui représentent les textes
spécifiques qui y figurent. C’est aussi le temps des rouleaux de l’Exultet
et des grands antiphonaires du Moyen âge tardif. On peut dire que, d’une
façon ou d’une autre, depuis 1 500 ans, le peuple chrétien s’aide de l’art
pour comprendre les lectures de l’année liturgique. Cela fait désormais
partie intégrante du processus d’écoute à l’origine de la foi et des œuvres
des croyants.
Le nouveau Lectionnaire de la conférence des évêques d’Italie suit cette
tradition, mais avec une insistance inattendue – et à vrai dire provocatrice
– sur l’art contemporain, ce qui a en effet créé des polémiques. Alors que
d’autres publications de l’Église en Italie, destinées à un usage général,
sont généralement enrichies de reproductions d’art sacré du passé, c’est le
présent qui a été choisi ici, comme pour imposer une lecture actuelle des
textes auxquels sont accolées les images.
Cette orientation est significative sur le plan esthétique mais aussi
ecclésial. En effet les chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art mettent en
avant le caractère historique du christianisme comme système. Au contraire
l’utilisation exclusive d’images contemporaines implique le refus de tout
historicisme et le choix d’une inspiration asystémique, imprévisible,
potentiellement prophétique.
De plus, la gamme des approches stylistiques dans les œuvres choisies pour
le Lectionnaire accentue cette impression d’imprévisibilité, en évoquant le
flux magmatique de la créativité à l’état pur. L’utilisation presque
exclusive d’œuvres sur papier (esquisses et dessins, aquarelles et gravures)
au lieu des traditionnels retables et fresques murales, donne un style
spirituel sans prétentions et humble face au Dieu qui se communique dans une
brise légère plutôt que dans la tempête.
Les réactions hostiles au nouveau Lectionnaire observées un peu partout
concernent en effet ces choix, cette orientation globale de l’aspect visuel
de l’œuvre.
Elles reflètent donc bien un malaise conceptuel plutôt qu’esthétique, une
difficulté à accepter l’idée d’une parole qui suppose une écoute ouverte,
disponible à la “metanoia“, à la conversion de l’esprit. Même si nous savons
que les lectures proclamées pendant la liturgie appellent à une
réorganisation intérieure ouverte à la remise en cause de nos certitudes,
nous attendons de l’art qu’il associe à ce parcours une stabilité dans la
forme. Nous préférons la sécurité – illusoire mais confortable – de ce qui a
déjà été éprouvé plutôt que le risque d’une recherche laborieuse. Nous
oublions que Giotto et Michel-Ange eux-mêmes ont représenté à leur époque
des moments de rupture avec le passé.
L’œuvre la plus traditionnelle de la collection est peut-être une très belle
aquarelle de Stefano di Stasio. Elle représente les apôtres lors de la
descente de l’Esprit Saint (dimanche de Pentecôte, messe du jour, année A).
Elle fait percevoir le paradoxe inhérent à de tels choix. Les personnages
sont habillés à la mode d’aujourd’hui. Par la fenêtre, l’on distingue des
immeubles modernes. Mais la mise de l’espace en perspective, le rideau agité
par le vent, les langues de feu qui palpitent relèvent d’une perception des
Écritures considérée comme archaïque et littéraliste.
Aujourd’hui, nous savons que le texte d’Actes 2, 1-11 – qui est imprimé en
regard de l’aquarelle – ne parle de vent et de feu que de manière symbolique
lorsqu’il décrit “un bruit tel que celui d’un violent coup de vent“ et “des
langues qu’on eût dites de feu; elles se partageaient et il s’en posa une
sur chacun d’eux“.
D’autres illustrations sont plus proches de notre sensibilité. Par exemple
l’Agneau mystique de Mimmo Paladino, qui figure sur la couverture des trois
volumes. Il traduit en quelques traits le caractère visionnaire et
apocalyptique de la figure de saint Jean. Ou encore l’extraordinaire œuvre
abstraite d’Enrico Savelli – technique mixte et feuille d’or sur carton –
illustrant le texte des Actes qui résume le discours kérygmatique de Pierre
le jour de la Pentecôte. Pierre, rappelant la mort du Christ, disait que
“Dieu l’a ressuscité, le délivrant des affres de l’Hadès“. Savelli a divisé
le rectangle que forme la page en deux parties et maculé de noir la partie
inférieure, au cœur de laquelle on distingue un cadre d’or, semblable à une
graine précieuse ensevelie, d’où sort une colonne blanche incandescente.
Cette forme verticale, qui fait peut-être référence au cierge pascal, se
dresse depuis le cadre d’or enseveli. Elle rompt ainsi l’horizon noir de
cette terre incapable de la contenir pour pénétrer dans la clarté de la
partie supérieure de la page.
Ce type d’iconographie symbolique présente une analogie avec le processus
d’intériorisation des Écritures elles-mêmes, dont le sens découle du patient
rapprochement d’indices partiels irrésistiblement fascinants. En tout cas,
l’abstraction ne peut pas effrayer le chrétien, puisque le Christ lui-même,
le Verbe fait homme – fût-ce dans la réalité du corps qu’il a pris de Marie
– n’a pas hésité à se présenter en des termes éloignés de toute possibilité
figurative, comme voie, vérité, vie et lumière des hommes.
Les langages contemporains, dont l’abstraction, sont adaptés au mystère
vital que nous célébrons, en particulier dans le contexte liturgique, où
l’art accompagne des rites qui incitent à dépasser l’aspect extérieur des
choses. Voilà, je crois, le sens du programme iconographique du
Lectionnaire.
2. Du “moderne“ académique, qui n’a pas sa place dans
la liturgie
par Pietro De Marco
La publication récente - et attendue - en Italie du nouveau Lectionnaire
liturgique pour les dimanches et pour les fêtes, doté d’un matériel
iconographique “moderne“, mérite attention.
Au cours de ces dernières années, j’ai souvent écrit contre le goût –
dominant même dans l’Église catholique – pour une pauvreté iconique,
figurative, des espaces, des objets, des langages sacrés. Ce vide iconique
semble converger avec la prédilection de nombreux intellectuels catholiques
pour une religiosité essentiellement “mystique“, qui est en fait un refus
“mystique“ des dogmes et des Écritures Saintes elles-mêmes.
Au contraire, je considère que l’iconographie liturgique chrétienne se
distingue par son caractère “hiérophanique“, c’est-à-dire sa capacité à
manifester le sacré, fût-ce “de la main de l’homme“. Par conséquent, une
iconographie sacrée manque à son devoir si elle vide son fondement réel au
profit de psychologismes et de calligraphismes.
Au Mexique, par exemple, le sanctuaire de la Vierge de Guadalupe a une
structure circulaire, faisant penser à une tente, de manière superficielle
et sans grand talent. Les fidèles passent devant l’icône de la Vierge sur
deux tapis roulants parallèles de sens opposé. Néanmoins, pour mécanique
qu’il soit, ce mouvement est resté conforme à la piété populaire, car
l’icône miraculeuse domine et efface toute "moderne" extériorité. Cet
exemple montre bien que, pour la viabilité religieuse d’un espace ou d’un
objet, ce n’est pas la forme en tant que telle qui compte mais le matériel
iconographique et fonctionnel. Le “moderne“ peut lui aussi être favorable à
l’irruption du sacré lorsque je peux y parler avec la présence du
Dieu-avec-nous, même s’il est représenté de manière inélégante et
artistiquement indécente.
Par conséquent, si la sacralité de l’objet et son ouverture à la confiance
du croyant sont établies par les signes de l’utilisation sacrée –
notamment
par l’ensemble d’images qui nous font penser et nous rattachent aux
évènements très réels qui fondent et créent la foi – alors on peut
accueillir favorablement et avec gratitude le riche corpus iconographique
des trois volumes du nouveau Lectionnaire, dont la sobre présentation
typographique extérieure et la mise en page soulignent déjà bien le
caractère de livres liturgiques.
Au fil des pages, on ne peut nier qu’ils donnent l’impression d’une
fraîcheur particulière par rapport aux illustrations conventionnelles,
qu’elles soient d’artistes contemporains ou qu’elles appartiennent à la
grande tradition picturale. Même l’habitude récente de décorer des livres et
des églises de reproductions d’icônes russes ou de tableaux sur bois des
XIIIe et XIVe siècles “primitifs“ peut satisfaire ou se révéler peu
significative.
Je ne saurais définir aucune illustration du nouveau Lectionnaire comme
particulièrement “belle“ (les historiens de l’art m’interdiraient d’utiliser
cet adjectif) ou totalement à la hauteur de sa mission. Il faudra revoir les
illustrations avec calme. Certaines œuvres artistiques demandent un certain
temps de dégustation pour être appréciées; dans le cas présent, il faudra
que les Lectionnaires soient rentrés dans les usages liturgiques.
En tout cas le vrai problème n’est pas là. La qualité de l’art religieux
dans la société actuelle ne pouvait peut-être pas donner mieux. La
collection d’art contemporain des Musées du Vatican, elle aussi, laisse un
souvenir médiocre.
On retrouve dans les volumes du nouveau Lectionnaire au moins trois genres
ou résultats iconographiques: l’un est essentiellement aniconique, un autre
est faiblement iconique, le dernier est iconique selon des principes
modernes de stylisation et de primitivisme.
Prenons les illustrations aniconiques, par exemple celles de Pagano,
Olivieri, Giuliani et Vago, mais aussi celles, plus informelles, de Xerra,
Lorenzetti et d’autres. Aussi appréciables et agréables au regard
soient-elles (notamment parce qu’elles nous évitent de revoir trop de “déjà
vu“ de tradition illustrative), ces illustrations ne peuvent en elles-mêmes,
dans le contexte d’un livre religieux, transmettre autre chose qu’un sens du
Négatif, de l’Invisible, de l’Impénétrable.
C’est trop peu, je dirais. Un art du XXe siècle trop convenu et qui n’a pas
sa place dans une liturgie où sont célébrées les réalités très réelles de
l’Incarnation et du Sacrifice. Il semblerait que l’image vide de Vago (dans
le volume de l’année B) ait suscité la perplexité des commanditaires. En
effet, on peut la défendre en soi, mais pas comme illustration d’un texte
liturgique quelconque. Il aurait été plus pertinent, éventuellement, de
l’associer à Pâques, comme lumière de la tombe vide, plutôt qu’à Noël, qui
n’est pas que lumière mais aussi vrai Corps, exactitude humaine du Fils.
Les solutions faiblement iconiques, faites de tracés synthétiques et
symboliques et de vagues crucifix – comme chez Amodei, Marchese, Paladino,
Raciti, Ceccobelli et d’autres – sont les plus nombreuses dans le
Lectionnaire. Elles représentent le style moderne le plus répandu dans l’art
de nos églises, un moderne modéré et désormais académique.
Mais s’il est facile d’en citer beaucoup, ces solutions ont bien peu de sens
en termes de piété, de spiritualité, de culte. Ce peu de sens vient de leur
simplification trop prévisible et trop maniérée du contenu narratif ou
symbolique auquel elles se réfèrent. L’effet d’un ensemble d’illustrations
purement décoratives est accablant. On en vient à envisager un précieux
paradoxe: alors que l’iconographie conventionnelle, “dix-neuviémiste“, de
nos églises – avec les grottes de Lourdes, les autels de la Sainte Vierge et
des saints, les Sacrés Cœurs, etc. – peut être et est un référent valable en
matière de prière et de dévotion, cette production moderne, stylisée et
abrégée, ne l’est jamais. L’élévation vers Marie ou vers un saint a besoin
d’une image pleine et plausible.
Enfin, les solutions les plus achevées du point de vue iconographique –
c’est-à-dire les plus complètement figuratives – de Di Stasio à Micciché, de
Fornasieri à Giuliani – ont cette exactitude qui les rend propices à la
piété et à la méditation. Beaucoup moins propices, en revanche, dans ce qui
devrait être leur fonction classique de “Biblia pauperum“: elles sont trop
stéréotypées pour représenter et expliquer les sujets des Écritures Saintes
qui ne sont pas les plus habituels.
De même, parmi les illustrations figuratives, bien peu échappent à ce destin
décoratif qui caractérisait le groupe précédent. De point de vue de la
piété, au moins, le doigt qui touche le pied du Crucifié, dessiné par Pulini,
est bienvenu, significatif et mis en valeur avec justesse. Une peinture de
Micciché, dans le volume de l’année C, me paraît préférable à beaucoup
d’autres. Mais, pour pratiquement toutes les représentations, une question
reste en suspens et, pour un Lectionnaire, elle n’est ni ingénue ni
rétrograde: qu’est-ce que cela signifie ? qu’est-ce que cela illustre ? Les
générations actuelles ont été conquises par l’art informel.
Mais en matière
d’iconographie liturgique, je considère que, en règle générale, il faut
préférer ce qui est tout à fait figuratif.
Dans les rapports entre l’Église et les artistes, il faudrait faire un pas
en arrière. Les artistes non figuratifs mais aussi ceux qui sont capables
d’expérimenter le figuratif sur la matière chrétienne devraient être de
nouveau guidés, comme ils l’étaient autrefois, par un commanditaire qui soit
théologien et bibliste.
Comme l’explique Edgar Wind dans “Art et anarchie“, l’artiste fait preuve de
discipline artistique et de valeur religieuse quand il se soumet au “sensus fidei“ du peuple chrétien et à une discipline théologico-liturgique.
Mais le théologien, de son côté, ne devra pas cultiver une fascination
tardive pour le “Négatif“. Ce serait se soumettre à un “moderne“ devenu
académique, comme si l’artiste, dans son attitude anarchique et déréglée,
était porteur d’une révélation particulière. En cédant à cette modernité –
je crains que cela arrive souvent – le théologien serait le premier à
réactiver ce goût pour la pauvreté figurative du sacré qui nous prend un peu
tous.
Repères :
Entretien avec Alain Besançon dans l'Osservatore
Romano qui pose les questions sur l'attraction du monde occidental pour la
laideur. A lire impérativement !
(...) L'attention particulière que porte l'artiste au domaine artistique le
conduit à identifier également dans l'art contemporain, qui n'est désormais
plus figuratif, une haine du monde et une haine de soi
évidentes. "Désormais séparé de la religion et de la nature, l'art
n'en saisit plus le merveilleux. C'est en revanche
l'attraction pour l'horrible qui se répand, et l'artiste lui-même devient
horrible. Ce phénomène - selon Besançon - ne signifie pas qu'une
crise de l'expression artistique, mais influence la sphère morale : le beau
a toujours représenté la splendeur du vrai; effacer le beau signifie donc
effacer la vérité, déclarer qu'elle n'existe pas. Et donc falsifier la
morale de l'art, car aujourd'hui dans le monde artistique, l'idée de beauté
est interdite, si bien que s'est développée à son égard une véritable
aversion".►
La falsification du bien
A propos des images contenues dans le Catéchisme de l’Église Catholique à la
demande de Joseph Ratzinger, en tant que cardinal puis en tant que pape :
Ce n’est pas par hasard si Benoît XVI a voulu faire
accompagner le Compendium du Catéchisme de l’Église catholique, publié au
début de son pontificat, par des images d’art sacré qu’il a lui-même
choisies :
►
Le Catéchisme en images sur les indications de Benoît XVI
Le
livre intitulé "Beauté et identité, l'Europe et ses cathédrales", de Mgr.
Timothy Verdon qui est un hommage au pape Benoît XVI à l'occasion de son
quatre-vingtième anniversaire :
►
Benoît XVI
Sources :
La chiesa.it
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