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19 Avril 2005
 

Benoît XVI va-t-il accepter la médiocrité de l'iconographie du nouveau lectionnaire ?

 

Le 29 février 2008  - (E.S.M.) - La publication récente – et attendue – en Italie du nouveau Lectionnaire liturgique pour les dimanches et pour les fêtes, doté d’un matériel iconographique “moderne“, mérite attention. Le pape Benoît XVI qui avait consacré un paragraphe de son exhortation post-synodale "Sacramentum Caritatis" à l’iconographie religieuse, va-t-il accepter une si médiocre représentation ?

La qualité de l’art religieux dans la société actuelle ne pouvait peut-être pas donner mieux !!!

Benoît XVI va-t-il accepter la médiocrité de l'iconographie du nouveau lectionnaire italien ?

Pour ou contre le nouveau Lectionnaire liturgique. Deux experts s'opposent

Il s'agit de Timothy Verdon et de Pietro De Marco. Le premier défend les œuvres d'artistes modernes qui accompagnent les extraits des Écritures Saintes. Le second critique sévèrement les artistes mais aussi les commanditaires

NDLR
: Timothy Verdon, proche de notre pape Benoît XVI avait participé au synode des évêques 2005 sur l’eucharistie, à la demande du Saint-Père. Il a consacré un livre intitulé "Beauté et identité, l'Europe et ses cathédrales", en hommage au pape Benoît XVI à l'occasion de son quatre-vingtième anniversaire : Benoît XVI

par Sandro Magister


Avec le Lectionnaire liturgique en usage depuis l’Avent 2007, la conférence des évêques d’Italie a volontairement pris une “initiative courageuse“, non seulement pour l’Italie mais pour l’Église toute entière. C’est l’expression qu’a employée son secrétaire général, l’archevêque Giuseppe Betori.

Pourquoi “courageuse“? Non pas à cause des textes, qui sont évidemment ceux du Missel, mais à cause des illustrations qui les accompagnent.

La conférence des évêques a fait preuve de courage en faisant illustrer le nouveau Lectionnaire par 30 artistes contemporains, avec des styles plus ou moins abstraits, au lieu des chefs-d’œuvre de l’art figuratif des siècles passés. Comme cela avait été le cas – par exemple – pour le nouveau Compendium  du Catéchisme de l’Église Catholique. NDLR : Le texte du Compendium  du Catéchisme est le même que celui qui a été publié le 28 juin 2005 par Benoît XVI, qui accomplissait ainsi l’un des premiers actes significatifs de son pontificat

Pas étonnant, donc, que le nouveau Lectionnaire liturgique italien ait aussitôt fait l’objet de critiques virulentes. Les images ont déplu à beaucoup. Trop “modernes“, trop “abstraites“. Un curé a réagi de manière drastique: il a arraché les pages illustrées du nouveau Lectionnaire.

Après les premières semaines de trouble et d’accusations sommaires, le niveau du débat s’est élevé. Parmi les voix critiques, celle du professeur Pietro di Marco, qui a déjà émis des jugements solidement étayés concernant les limites de l’art abstrait appliqué aux réalités chrétiennes.

Du côté des défenseurs, en revanche, on a remarqué un expert de haut niveau en art sacré ancien et moderne: Mgr Timothy Verdon. Cet Américain, professeur à l’université de Princeton, est aussi le directeur du bureau diocésain de Florence pour la catéchèse par l’art.

En 2005, au Synode des évêques consacré à l’eucharistie, Benoît XVI avait choisi Verdon comme expert de l’art chrétien. Lorsqu’il était cardinal, il lui avait confié le choix des images pour illustrer le Compendium du Nouveau Catéchisme de l’Église Catholique.

La conférence des évêques d’Italie a, quant à elle, confié à Verdon la rédaction et la publication de trois grands volumes sur “L’art chrétien en Italie“, avec une interprétation innovante de cet art en termes liturgiques. L’œuvre représente une part importante du “projet culturel à orientation chrétienne“ promu par l’Église italienne.

Verdon a pris la défense du nouveau Lectionnaire italien dans deux articles publiés l’un dans “Avvenire“ du 2 février et l’autre dans “L’Osservatore Romano“ du 15 février.

Le texte intégral de l’article publié dans “Avvenire“, le quotidien de la conférence des évêques d’Italie, est reproduit ci-dessous.

L’intervention du professeur De Marco, reproduite juste après, est en revanche inédite. C’est à lui que le secrétaire de la conférence des évêques d’Italie, Giuseppe Betori, avait demandé un avis raisonné sur le nouveau Lectionnaire.

Voici donc, dans l’ordre, leurs jugements, l’un pour et l’autre contre les illustrations du nouveau Lectionnaire liturgique dues à des artistes contemporains.

1. Un art "nouveau" au service de la Parole

par Timothy Verdon

La nouvelle version de référence du Lectionnaire pour les dimanches et pour les fêtes, éditée par la conférence des évêques d’Italie, a été publiée en trois volumes, fin 2007, par la Librairie Editrice du Vatican. Entre autres surprises, on y trouve une extraordinaire série d’illustrations – 87 pour les années A, B et C du cycle liturgique, plus le dessin de couverture – toutes de maîtres italiens contemporains célèbres. Elles sont reproduites en pleine page sur du papier pelliculé mat.

Au delà de sa contribution au répertoire d’iconographie sacrée en termes de contenu, cet exceptionnel ensemble d’illustrations embellit le Lectionnaire du simple point de vue de l’aspect visuel. Il enrichit aussi l’expérience offerte aux ministres du culte et lecteurs qui auront ces images fascinantes sous les yeux quand ils proclameront la Parole de Dieu, le dimanche ou lors des fêtes du calendrier chrétien. La nouvelle édition, utilisée depuis décembre 2007, sera en effet obligatoire à partir du 28 novembre 2010.

L’idée d’accompagner les textes inspirés par des images d’art est très ancienne. D’une certaine façon, elle existe depuis que l’Église a commencé à rassembler dans des volumes particuliers les lectures attribuées aux différents temps de l’année.

Ces recueils apparaissent aux VIe et VIIe siècles. Ils sont utilisés par des communautés déjà habituées depuis longtemps à voir représentés dans leurs lieux de culte des événements et des personnages des Écritures. C’est l’âge d’or de l’art de la mosaïque à Rome et à Ravenne. Le Moyen âge voit apparaître de véritables lectionnaires illustrés, les évangéliaires, les épistolaires et les graduels ornés de miniatures qui représentent les textes spécifiques qui y figurent. C’est aussi le temps des rouleaux de l’Exultet et des grands antiphonaires du Moyen âge tardif. On peut dire que, d’une façon ou d’une autre, depuis 1 500 ans, le peuple chrétien s’aide de l’art pour comprendre les lectures de l’année liturgique. Cela fait désormais partie intégrante du processus d’écoute à l’origine de la foi et des œuvres des croyants.

Le nouveau Lectionnaire de la conférence des évêques d’Italie suit cette tradition, mais avec une insistance inattendue – et à vrai dire provocatrice – sur l’art contemporain, ce qui a en effet créé des polémiques. Alors que d’autres publications de l’Église en Italie, destinées à un usage général, sont généralement enrichies de reproductions d’art sacré du passé, c’est le présent qui a été choisi ici, comme pour imposer une lecture actuelle des textes auxquels sont accolées les images.

Cette orientation est significative sur le plan esthétique mais aussi ecclésial. En effet les chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art mettent en avant le caractère historique du christianisme comme système. Au contraire l’utilisation exclusive d’images contemporaines implique le refus de tout historicisme et le choix d’une inspiration asystémique, imprévisible, potentiellement prophétique.

De plus, la gamme des approches stylistiques dans les œuvres choisies pour le Lectionnaire accentue cette impression d’imprévisibilité, en évoquant le flux magmatique de la créativité à l’état pur. L’utilisation presque exclusive d’œuvres sur papier (esquisses et dessins, aquarelles et gravures) au lieu des traditionnels retables et fresques murales, donne un style spirituel sans prétentions et humble face au Dieu qui se communique dans une brise légère plutôt que dans la tempête.

Les réactions hostiles au nouveau Lectionnaire observées un peu partout concernent en effet ces choix, cette orientation globale de l’aspect visuel de l’œuvre.

Elles reflètent donc bien un malaise conceptuel plutôt qu’esthétique, une difficulté à accepter l’idée d’une parole qui suppose une écoute ouverte, disponible à la “metanoia“, à la conversion de l’esprit. Même si nous savons que les lectures proclamées pendant la liturgie appellent à une réorganisation intérieure ouverte à la remise en cause de nos certitudes, nous attendons de l’art qu’il associe à ce parcours une stabilité dans la forme. Nous préférons la sécurité – illusoire mais confortable – de ce qui a déjà été éprouvé plutôt que le risque d’une recherche laborieuse. Nous oublions que Giotto et Michel-Ange eux-mêmes ont représenté à leur époque des moments de rupture avec le passé.

L’œuvre la plus traditionnelle de la collection est peut-être une très belle aquarelle de Stefano di Stasio. Elle représente les apôtres lors de la descente de l’Esprit Saint (dimanche de Pentecôte, messe du jour, année A). Elle fait percevoir le paradoxe inhérent à de tels choix. Les personnages sont habillés à la mode d’aujourd’hui. Par la fenêtre, l’on distingue des immeubles modernes. Mais la mise de l’espace en perspective, le rideau agité par le vent, les langues de feu qui palpitent relèvent d’une perception des Écritures considérée comme archaïque et littéraliste.

Aujourd’hui, nous savons que le texte d’Actes 2, 1-11 – qui est imprimé en regard de l’aquarelle – ne parle de vent et de feu que de manière symbolique lorsqu’il décrit “un bruit tel que celui d’un violent coup de vent“ et “des langues qu’on eût dites de feu; elles se partageaient et il s’en posa une sur chacun d’eux“.

D’autres illustrations sont plus proches de notre sensibilité. Par exemple l’Agneau mystique de Mimmo Paladino, qui figure sur la couverture des trois volumes. Il traduit en quelques traits le caractère visionnaire et apocalyptique de la figure de saint Jean. Ou encore l’extraordinaire œuvre abstraite d’Enrico Savelli – technique mixte et feuille d’or sur carton – illustrant le texte des Actes qui résume le discours kérygmatique de Pierre le jour de la Pentecôte. Pierre, rappelant la mort du Christ, disait que “Dieu l’a ressuscité, le délivrant des affres de l’Hadès“. Savelli a divisé le rectangle que forme la page en deux parties et maculé de noir la partie inférieure, au cœur de laquelle on distingue un cadre d’or, semblable à une graine précieuse ensevelie, d’où sort une colonne blanche incandescente.

Cette forme verticale, qui fait peut-être référence au cierge pascal, se dresse depuis le cadre d’or enseveli. Elle rompt ainsi l’horizon noir de cette terre incapable de la contenir pour pénétrer dans la clarté de la partie supérieure de la page.

Ce type d’iconographie symbolique présente une analogie avec le processus d’intériorisation des Écritures elles-mêmes, dont le sens découle du patient rapprochement d’indices partiels irrésistiblement fascinants. En tout cas, l’abstraction ne peut pas effrayer le chrétien, puisque le Christ lui-même, le Verbe fait homme – fût-ce dans la réalité du corps qu’il a pris de Marie – n’a pas hésité à se présenter en des termes éloignés de toute possibilité figurative, comme voie, vérité, vie et lumière des hommes.

Les langages contemporains, dont l’abstraction, sont adaptés au mystère vital que nous célébrons, en particulier dans le contexte liturgique, où l’art accompagne des rites qui incitent à dépasser l’aspect extérieur des choses. Voilà, je crois, le sens du programme iconographique du Lectionnaire.

2. Du “moderne“ académique, qui n’a pas sa place dans la liturgie

par Pietro De Marco


La publication récente - et attendue - en Italie du nouveau Lectionnaire liturgique pour les dimanches et pour les fêtes, doté d’un matériel iconographique “moderne“, mérite attention.

Au cours de ces dernières années, j’ai souvent écrit contre le goût – dominant même dans l’Église catholique – pour une pauvreté iconique, figurative, des espaces, des objets, des langages sacrés. Ce vide iconique semble converger avec la prédilection de nombreux intellectuels catholiques pour une religiosité essentiellement “mystique“, qui est en fait un refus “mystique“ des dogmes et des Écritures Saintes elles-mêmes.

Au contraire, je considère que l’iconographie liturgique chrétienne se distingue par son caractère “hiérophanique“, c’est-à-dire sa capacité à manifester le sacré, fût-ce “de la main de l’homme“. Par conséquent, une iconographie sacrée manque à son devoir si elle vide son fondement réel au profit de psychologismes et de calligraphismes.

Au Mexique, par exemple, le sanctuaire de la Vierge de Guadalupe a une structure circulaire, faisant penser à une tente, de manière superficielle et sans grand talent. Les fidèles passent devant l’icône de la Vierge sur deux tapis roulants parallèles de sens opposé. Néanmoins, pour mécanique qu’il soit, ce mouvement est resté conforme à la piété populaire, car l’icône miraculeuse domine et efface toute "moderne" extériorité. Cet exemple montre bien que, pour la viabilité religieuse d’un espace ou d’un objet, ce n’est pas la forme en tant que telle qui compte mais le matériel iconographique et fonctionnel. Le “moderne“ peut lui aussi être favorable à l’irruption du sacré lorsque je peux y parler avec la présence du Dieu-avec-nous, même s’il est représenté de manière inélégante et artistiquement indécente.

Par conséquent, si la sacralité de l’objet et son ouverture à la confiance du croyant sont établies par les signes de l’utilisation sacrée – notamment par l’ensemble d’images qui nous font penser et nous rattachent aux évènements très réels qui fondent et créent la foi – alors on peut accueillir favorablement et avec gratitude le riche corpus iconographique des trois volumes du nouveau Lectionnaire, dont la sobre présentation typographique extérieure et la mise en page soulignent déjà bien le caractère de livres liturgiques.

Au fil des pages, on ne peut nier qu’ils donnent l’impression d’une fraîcheur particulière par rapport aux illustrations conventionnelles, qu’elles soient d’artistes contemporains ou qu’elles appartiennent à la grande tradition picturale. Même l’habitude récente de décorer des livres et des églises de reproductions d’icônes russes ou de tableaux sur bois des XIIIe et XIVe siècles “primitifs“ peut satisfaire ou se révéler peu significative.

Je ne saurais définir aucune illustration du nouveau Lectionnaire comme particulièrement “belle(les historiens de l’art m’interdiraient d’utiliser cet adjectif) ou totalement à la hauteur de sa mission. Il faudra revoir les illustrations avec calme. Certaines œuvres artistiques demandent un certain temps de dégustation pour être appréciées; dans le cas présent, il faudra que les Lectionnaires soient rentrés dans les usages liturgiques.

En tout cas le vrai problème n’est pas là. La qualité de l’art religieux dans la société actuelle ne pouvait peut-être pas donner mieux. La collection d’art contemporain des Musées du Vatican, elle aussi, laisse un souvenir médiocre.

On retrouve dans les volumes du nouveau Lectionnaire au moins trois genres ou résultats iconographiques: l’un est essentiellement aniconique, un autre est faiblement iconique, le dernier est iconique selon des principes modernes de stylisation et de primitivisme.

Prenons les illustrations aniconiques, par exemple celles de Pagano, Olivieri, Giuliani et Vago, mais aussi celles, plus informelles, de Xerra, Lorenzetti et d’autres. Aussi appréciables et agréables au regard soient-elles (notamment parce qu’elles nous évitent de revoir trop de “déjà vu“ de tradition illustrative), ces illustrations ne peuvent en elles-mêmes, dans le contexte d’un livre religieux, transmettre autre chose qu’un sens du Négatif, de l’Invisible, de l’Impénétrable.

C’est trop peu, je dirais. Un art du XXe siècle trop convenu et qui n’a pas sa place dans une liturgie où sont célébrées les réalités très réelles de l’Incarnation et du Sacrifice. Il semblerait que l’image vide de Vago (dans le volume de l’année B) ait suscité la perplexité des commanditaires. En effet, on peut la défendre en soi, mais pas comme illustration d’un texte liturgique quelconque. Il aurait été plus pertinent, éventuellement, de l’associer à Pâques, comme lumière de la tombe vide, plutôt qu’à Noël, qui n’est pas que lumière mais aussi vrai Corps, exactitude humaine du Fils.

Les solutions faiblement iconiques, faites de tracés synthétiques et symboliques et de vagues crucifix – comme chez Amodei, Marchese, Paladino, Raciti, Ceccobelli et d’autres – sont les plus nombreuses dans le Lectionnaire. Elles représentent le style moderne le plus répandu dans l’art de nos églises, un moderne modéré et désormais académique.

Mais s’il est facile d’en citer beaucoup, ces solutions ont bien peu de sens en termes de piété, de spiritualité, de culte. Ce peu de sens vient de leur simplification trop prévisible et trop maniérée du contenu narratif ou symbolique auquel elles se réfèrent. L’effet d’un ensemble d’illustrations purement décoratives est accablant. On en vient à envisager un précieux paradoxe: alors que l’iconographie conventionnelle, “dix-neuviémiste“, de nos églises – avec les grottes de Lourdes, les autels de la Sainte Vierge et des saints, les Sacrés Cœurs, etc. – peut être et est un référent valable en matière de prière et de dévotion, cette production moderne, stylisée et abrégée, ne l’est jamais. L’élévation vers Marie ou vers un saint a besoin d’une image pleine et plausible.

Enfin, les solutions les plus achevées du point de vue iconographique – c’est-à-dire les plus complètement figuratives – de Di Stasio à Micciché, de Fornasieri à Giuliani – ont cette exactitude qui les rend propices à la piété et à la méditation. Beaucoup moins propices, en revanche, dans ce qui devrait être leur fonction classique de “Biblia pauperum“: elles sont trop stéréotypées pour représenter et expliquer les sujets des Écritures Saintes qui ne sont pas les plus habituels.

De même, parmi les illustrations figuratives, bien peu échappent à ce destin décoratif qui caractérisait le groupe précédent. De point de vue de la piété, au moins, le doigt qui touche le pied du Crucifié, dessiné par Pulini, est bienvenu, significatif et mis en valeur avec justesse. Une peinture de Micciché, dans le volume de l’année C, me paraît préférable à beaucoup d’autres. Mais, pour pratiquement toutes les représentations, une question reste en suspens et, pour un Lectionnaire, elle n’est ni ingénue ni rétrograde: qu’est-ce que cela signifie ? qu’est-ce que cela illustre ? Les générations actuelles ont été conquises par l’art informel. Mais en matière d’iconographie liturgique, je considère que, en règle générale, il faut préférer ce qui est tout à fait figuratif.

Dans les rapports entre l’Église et les artistes, il faudrait faire un pas en arrière. Les artistes non figuratifs mais aussi ceux qui sont capables d’expérimenter le figuratif sur la matière chrétienne devraient être de nouveau guidés, comme ils l’étaient autrefois, par un commanditaire qui soit théologien et bibliste.

Comme l’explique Edgar Wind dans “Art et anarchie“, l’artiste fait preuve de discipline artistique et de valeur religieuse quand il se soumet au “sensus fidei“ du peuple chrétien et à une discipline théologico-liturgique.

Mais le théologien, de son côté, ne devra pas cultiver une fascination tardive pour le “Négatif“. Ce serait se soumettre à un “moderne“ devenu académique, comme si l’artiste, dans son attitude anarchique et déréglée, était porteur d’une révélation particulière. En cédant à cette modernité – je crains que cela arrive souvent – le théologien serait le premier à réactiver ce goût pour la pauvreté figurative du sacré qui nous prend un peu tous.

Repères :

Entretien avec Alain Besançon dans l'Osservatore Romano qui pose les questions sur l'attraction du monde occidental pour la laideur. A lire impérativement !
(...) L'attention particulière que porte l'artiste au domaine artistique le conduit à identifier également dans l'art contemporain, qui n'est désormais plus figuratif, une haine du monde et une haine de soi évidentes. "Désormais séparé de la religion et de la nature, l'art n'en saisit plus le merveilleux. C'est en revanche l'attraction pour l'horrible qui se répand, et l'artiste lui-même devient horrible. Ce phénomène - selon Besançon - ne signifie pas qu'une crise de l'expression artistique, mais influence la sphère morale : le beau a toujours représenté la splendeur du vrai; effacer le beau signifie donc effacer la vérité, déclarer qu'elle n'existe pas. Et donc falsifier la morale de l'art, car aujourd'hui dans le monde artistique, l'idée de beauté est interdite, si bien que s'est développée à son égard une véritable aversion". La falsification du bien

A propos des images contenues dans le Catéchisme de l’Église Catholique à la demande de Joseph Ratzinger, en tant que cardinal puis en tant que pape : Ce n’est pas par hasard si Benoît XVI a voulu faire accompagner le Compendium du Catéchisme de l’Église catholique, publié au début de son pontificat, par des images d’art sacré qu’il a lui-même choisies : Le Catéchisme en images sur les indications de Benoît XVI

Le livre intitulé "Beauté et identité, l'Europe et ses cathédrales", de Mgr. Timothy Verdon qui est un hommage au pape Benoît XVI à l'occasion de son quatre-vingtième anniversaire : Benoît XVI
 

Sources : La chiesa.it

 

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