Saint Ephrem, cithare du Saint-Esprit |
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Cité du Vatican, le 28 novembre 2007 -
(E.S.M.)
- « Trop souvent le christianisme est présenté comme une religion
européenne, qui a été ensuite exportée dans d'autres cultures ». «
C'est plus complexe que cela, a rappelé le Pape Benoît XVI à
l'Audience Générale de ce matin qui s'est déroulée dans la salle Paul VI
en nous présentant Saint Ephrem le Syrien, théologien et poète.
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Le pape Benoît XVI
salle Paul VI-
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Saint Ephrem, cithare du Saint-Esprit
Catéchèse du Saint Père Benoît XVI
« Trop souvent le christianisme est présenté comme une religion européenne,
qui a été ensuite exportée dans d'autres cultures ». « C'est plus
complexe que cela, a rappelé le Pape Benoît XVI à l'Audience Générale
: la racine du christianisme est à Jérusalem et par expansion est allée
également vers l'Occident et l'Orient, jusqu'à la Perse, l'Inde, contribuant
ainsi à susciter une culture spécifique, en langues sémitiques, avec une
identité propre ». Une diversité qui pour le Saint Père, n'est pas synonyme
d'infériorité, au contraire : « chez les Pères Orientaux, a-t-il expliqué aux
fidèles présents, se rencontrent théologie et poésie », « réflexion sur la foi,
poésie, chant, louange de Dieu vont de pair ». Saint Ephrem le Syrien,
théologien et poète, auteur de prières dans lesquelles « le caractère
liturgique exalte dans toute sa beauté la vérité divine, est, a affirmé
Benoît XVI, un exemple de cette « grandeur ».
Texte intégral de la catéchèse du Saint Père Benoît
XVI
Chers frères et sœurs,
Selon l'opinion répandue aujourd'hui, le christianisme serait une religion
européenne, qui aurait ensuite exporté la culture de ce continent dans
d'autres pays. Mais la réalité est beaucoup plus complexe, car la racine de
la religion chrétienne se trouve dans l'ancien Testament et donc à Jérusalem
et dans le monde sémitique. Le christianisme se nourrit toujours à cette
racine de l'Ancien Testament. Même son expansion, au cours des premiers
siècles, a eu lieu aussi bien vers l'Occident - vers le monde gréco-latin,
où il a ensuite inspiré la culture européenne - que vers l'Orient, jusqu'à
la Perse, l'Inde, contribuant ainsi à susciter une culture spécifique, en
langues sémitiques, avec une identité propre. Pour montrer cette
multiplicité culturelle de l'unique foi chrétienne des origines, j'ai parlé
dans la catéchèse de mercredi dernier d'un représentant de cet autre
christianisme,
Aphraate, le Sage persan, presque inconnu chez nous. Dans cette même
optique, je voudrais aujourd'hui parler de saint Ephrem le Syrien, né à
Nisibe vers 306 dans une famille chrétienne. Il fut le représentant le plus
important du christianisme de langue syriaque et réussit à concilier d'une
manière unique la vocation du théologien et celle du poète. Il se forma et
grandit à côté de Jacques, évêque de Nisibe (303-338), et il fonda avec lui
l'école de théologie de sa ville. Ordonné diacre, il vécut intensément la
vie de la communauté chrétienne locale jusqu'en 363, année où la ville de
Nisibe tomba entre les mains des Persans. Ephrem immigra alors à Edesse, où
il poursuivit son activité de prédicateur. Il mourut dans cette ville en
l'an 373, victime de la contagion de la peste qu'il avait contractée en
soignant les malades. On ne sait pas avec certitude s'il était moine, mais
il est cependant certain qu'il est resté diacre toute sa vie et qu'il a
embrassé l'état de virginité et de pauvreté. C'est ainsi qu'apparaît dans la
spécificité de son expression culturelle, l'identité chrétienne commune et
fondamentale : la foi, l'espérance - cette espérance qui permet de vivre
pauvre et chaste dans ce monde, en plaçant toutes ses attentes dans le
Seigneur - et, enfin, la charité, jusqu'au don de soi-même dans le soin des
malades de la peste.
Saint Ephrem nous a laissé un grand héritage théologique. Sa production
considérable peut se regrouper en quatre catégories :
les œuvres écrites en prose ordinaire (ses œuvres polémiques, ou bien
les commentaires bibliques) ; les œuvres en prose
poétique ; les homélies en vers ; et
enfin
les hymnes, qui sont certainement l'œuvre la
plus vaste d'Ephrem. Il s'agit d'un auteur riche et intéressant sous
de nombreux aspects, mais en particulier sous le profil théologique. Si nous
voulons aborder sa doctrine, nous devons insister dès le début sur ceci :
sur le fait qu'il fait de la théologie sous une forme
poétique. La poésie lui permet d'approfondir la réflexion théologique
à travers des paradoxes et des images. Dans le même temps sa théologie
devient liturgie, devient musique : en effet, c'était un
grand compositeur, un
musicien.
Théologie, réflexion sur la foi, poésie, chant,
louange de Dieu vont de pair ; et c'est précisément dans ce caractère
liturgique qu'apparaît avec limpidité dans la théologie d'Ephrem la vérité
divine. Dans sa recherche de Dieu, dans sa façon de faire de la théologie,
il suit le chemin du paradoxe et du symbole. Il privilégie largement les
images contrastantes, car elles lui servent à souligner le mystère de Dieu.
Je ne peux pas présenter beaucoup de choses de lui maintenant, notamment
parce que la poésie est difficilement traduisible, mais pour donner au moins
une idée de sa théologie poétique, je voudrais citer en partie deux hymnes.
Tout d'abord, également en vue du prochain Avent, je vous propose plusieurs
images splendides tirées des hymnes sur la nativité du Christ. Devant la
Vierge, Ephrem manifeste son émerveillement avec un ton inspiré :
« Le Seigneur vint en elle
pour se faire serviteur.
Le Verbe vint en elle
pour se taire dans son sein.
La foudre vint en elle
pour ne faire aucun bruit.
Le pasteur vint en elle
et voici l'Agneau né, qui pleure sans bruit.
Car le sein de Marie
a renversé les rôles :
Celui qui créa toutes choses
est entré en possession de celles-ci, mais pauvre.
Le Très-Haut vint en Elle (Marie),
mais il y entra humble.
La splendeur vint en elle,
mais revêtue de vêtements humbles.
Celui qui dispense toutes choses
connut la faim.
Celui qui étanche la soif de chacun
connut la soif.
Nu et dépouillé il naquit d'elle,
lui qui revêt (de beauté) toutes choses»
(Hymne De Nativitate 11, 6-8)
Pour exprimer le mystère du Christ, Ephrem utilise une grande diversité de
thèmes, d'expressions, d'images. Dans l'un de ses hymnes, il relie de
manière efficace Adam (au paradis) au Christ (dans l'Eucharistie) :
« Ce fut en fermant
avec l'épée du chérubin,
que fut fermé
le chemin de l'arbre de la vie.
Mais pour les peuples,
le Seigneur de cet arbre
s'est donné comme nourriture
lui-même dans l'oblation (eucharistique).
Les arbres de l'Eden
furent donnés comme nourriture
au premier Adam.
Pour nous, le jardinier
du Jardin en personne
s'est fait nourriture
pour nos âmes.
En effet, nous étions tous sortis
du Paradis avec Adam,
qui le laissa derrière lui.
A présent que l'épée a été ôtée
là-bas (sur la croix) par la lance
nous pouvons y retourner »
(Hymne 49, 9-11).
Pour parler de l'Eucharistie, Ephrem se sert de deux images : la braise ou
le charbon ardent, et la perle. Le thème de la braise est tiré du prophète
Isaïe (cf. 6, 6). C'est l'image
du séraphin, qui prend la braise avec les pinces, et effleure simplement les
lèvres du prophète pour les purifier ; le chrétien, en revanche, touche et
consume la Braise, qui est le Christ lui-même :
« Dans ton pain se cache l'Esprit
qui ne peut être consommé ;
dans ton vin se trouve le feu qui ne peut être bu.
L'Esprit dans ton pain, le feu dans ton vin :
voilà une merveille accueillie par nos lèvres.
Le séraphin ne pouvait pas approcher ses doigts de la braise,
qui ne fut approchée que de la bouche d'Isaïe ;
les doigts ne l'ont pas prise, les lèvres ne l'ont pas avalée ;
mais à nous, le Seigneur a permis de faire les deux choses.
Le feu descendit avec colère pour détruire les pécheurs,
mais le feu de la grâce descend sur le pain et y reste.
Au lieu du feu qui détruisit l'homme,
nous avons mangé le feu dans le pain
et nous avons été vivifiés ».
(Hymne De Fide 10, 8-10).
Voilà encore un dernier exemple des hymnes de saint Ephrem, où il parle de
la perle comme symbole de la richesse et de la beauté de la foi :
« Je posai (la perle), mes frères, sur la paume de ma main,
pour pouvoir l'examiner.
Je me mis à l'observer d'un côté puis de l'autre :
elle n'avait qu'un seul aspect de tous les côtés.
(Ainsi) est la recherche du Fils, impénétrable,
car elle n’est que lumière.
Dans sa clarté, je vis la Limpidité,
qui ne devient pas opaque ;
et dans sa pureté,
le grand symbole du corps de notre Seigneur,
qui est pur.
Dans son indivisibilité, je vis la vérité,
qui est indivisible »
(Hymne Sur la Perle 1, 2-3).
La figure d'Ephrem est encore pleinement actuelle pour la vie des
différentes Eglises chrétiennes. Nous le découvrons tout d'abord comme
théologien, qui à partir de l'Ecriture Sainte réfléchit poétiquement sur le
mystère de la rédemption de l'homme opérée par le Christ, le Verbe de Dieu
incarné. Sa réflexion est une réflexion théologique exprimée par des images
et des symboles tirés de la nature, de la vie quotidienne et de la Bible.
Ephrem confère un caractère didactique et catéchistique à la poésie et aux
hymnes pour la liturgie ; il s'agit d'hymnes théologiques et, dans le même
temps, adaptés à la récitation ou au chant liturgique. Ephrem se sert de ces
hymnes pour diffuser, à l'occasion des fêtes liturgiques, la doctrine de
l'Eglise. Au fil du temps, ils se sont révélés un moyen de catéchèse
extrêmement efficace pour la communauté chrétienne.
La réflexion d'Ephrem sur le thème de Dieu créateur est importante : rien
n'est isolé dans la création, et le monde est, à côté de l'Ecriture Sainte,
une Bible de Dieu. En utilisant de manière erronée sa liberté, l'homme
renverse l'ordre de l'univers. Pour Ephrem, le rôle de la femme est
important. La façon dont il en parle est toujours inspirée par la
sensibilité et le respect : la demeure de Jésus dans le sein de Marie a
grandement élevé la dignité de la femme. Pour Ephrem,
de même qu'il n'y a pas de Rédemption sans Jésus, il n'y a pas d'incarnation
sans Marie. Les dimensions divines et humaines du mystère de notre
rédemption se trouvent déjà dans les textes d'Ephrem ; de manière poétique
et avec des images fondamentalement tirées des Ecritures, il anticipe le
cadre théologique et, d'une certaine manière, le langage même des grandes
définitions christologiques des Conciles du Ve siècle.
Ephrem, honoré par la tradition chrétienne sous le titre de « lyre de
l'Esprit Saint », resta diacre de son Eglise, toute sa vie. Ce fut un choix
décisif et emblématique : il fut diacre, c'est-à-dire serviteur, que ce soit
dans le ministère liturgique, ou, plus radicalement, dans l'amour pour le
Christ, qu'il chanta de manière inégalable, ou encore, dans la charité
envers ses frères, qu'il introduisit avec une rare habileté dans la
connaissance de la Révélation divine.
Synthèse
de la catéchèse de
Benoît XVI ►
Benoît XVI nous trace le portrait de saint Ephrem
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Texte original de la
catéchèse du Saint Père
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Sources:
www.vatican.va - traduction ZF07112803
© Copyright 2007 du texte original- Libreria Editrice Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 28.11.2007 - BENOÎT XVI |