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Le Christ et ses saints
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Le 28 juin 2022 -
(E.S.M.)
- Le travail du théologien est toujours
secondaire. Il doit être vérifié par l'expérience des saints, eux
dont l'existence sur la terre manifeste un contact direct avec la
réalité divine.
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Le Christ et ses saints
De Joseph Ratzinger à Benoît XVI
Le 28 juin 2022 - E.
S. M. - Nous en arrivons ainsi au centre de l'inspiration de
J. Ratzinger, là où non seulement l'intelligence se trouve
illuminée, mais où le cœur aussi est réchauffé. Les lecteurs de ses
méditations théologiques n'ont pas été surpris qu'à l'heure de son
élection, ce soit vers Jésus-Christ qu'il s'est d'abord tourné. Dans
son homélie aux cardinaux électeurs réunis dans la chapelle Sixtine,
il dit ces mots :
J'ai repensé, en ces heures, à ce qui eut lieu dans la région de
Césarée de Philippe, il y a deux mille ans. Il me semble entendre
les paroles de Pierre : « Tu es le Christ,
le Fils du Dieu vivant », et l'affirmation solennelle du
Seigneur : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon
Église. [...] Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux». Tu es
le Christ ! Tu es Pierre ! Il me semble revivre cette scène précise
de l'Évangile ; moi, le successeur de Pierre, je répète ardemment
les paroles vibrantes du pêcheur de Galilée et j'écoute avec une
intime émotion la promesse à nouveau assurée du divin Maître. Si le
poids de la responsabilité maintenant placée sur mes pauvres épaules
est énorme, la puissance divine sur laquelle
je peux compter est assurément démesurée.
89
Joseph Ratzinger en était bien conscient : une telle confiance n'est
possible que si la foi de l'Église en la divinité de Jésus-Christ
est gardée, affermie et fidèlement exposée en même temps que
soigneusement étudiée. La différence entre la parole du Fils - lui
qui, puisqu'il est Dieu, demeure dans le sein du Père - et celle des
hommes qui cherchent le divin à tâtons est fondamentale ou, comme le
dit J. Ratzinger, abgrundig, abyssale.
En Jésus-Christ, Dieu et l'homme, l'infini et le fini, le Créateur
et la créature, sont réunis ; l'homme a trouvé sa place en Dieu. Le
dépassement de l'écart infini qui sépare le Créateur et la créature
ne saurait être effectué que par lui-même. Seul celui qui est homme
et Dieu est le pont de l'être entre l'un et l'autre. Par conséquent,
il l'est pour tous, et pas seulement pour quelques-uns.
89 « Premier message
de Sa Sainteté Benoît XVI au terme de la concélébration
eucharistique avec les cardinaux électeurs dans la chapelle Sixtine,
20 avril 2005 ».
Le Christ est le fondement de la mission universelle de l'Église, et
donc aussi de celle du pape. Dans une retraite prêchée aux prêtres
du mouvement « Communion et Libération », il mentionne également le
rôle médiateur des saints :
Jésus, qui connaît Dieu fondamentalement et le voit, est pour cette
raison le véritable intermédiaire entre Dieu et l'homme. Sa vision
humaine de la réalité divine est la source de la lumière pour tous.
Mais Jésus ne peut pas non plus être considéré isolément; il ne peut
pas être refoulé dans un passé historique lointain. [...]
Nous devons maintenant ajouter que la lumière
de Jésus se reflète dans les saints et rayonne à partir d'eux.
Pour saint Thomas d'Aquin, rappelle-t-il, la théologie est une
science « suspendue » non seulement à la connaissance qu'a Dieu de
lui-même, mais aussi à la connaissance que les bienheureux ont de
lui. Dans son interprétation de saint Thomas - qui doit beaucoup à
son compatriote le grand théologien laïc Josef Pieper -, J.
Ratzinger dit que le travail du théologien est toujours secondaire.
Il doit être vérifié par l'expérience des
saints, eux dont l'existence sur la terre manifeste un contact
direct avec la réalité divine.
C'est ce qu'a bien compris le patrologue Stephan Otto Horn, qui a
édité les homélies de J. Ratzinger sur le cycle sanctoral. Dans son
introduction, celui-ci fait remarquer que « le cardinal Ratzinger a
saisi les occasions les plus diverses, dans la prédication, pour
mettre sous nos yeux la figure des saints ».
La métaphore est bien choisie.
Dans son sermon sur la bienheureuse Irmengard, prononcé le 18
juillet 1993 dans le monastère bavarois de Chiemsee, Joseph
Ratzinger disait en effet :
Les saints sont comme des étoiles qui se lèvent sur l'horizon de
notre histoire. Du milieu de nos temps enténébrés, au milieu de
cette obscurité, la lumière se déverse à nouveau sur notre monde, de
manière à ce que nous puissions voir quelque chose de la clarté de
Dieu.
L'on comprend pourquoi Benoît XVI, lors de la messe inaugurale à
Saint-Pierre de Rome, le 24 avril 2005, a voulu commencer son
homélie par une méditation sur la litanie des saints dont le chant
avait accompagné la longue procession hors de la crypte où reposent
les tropaea, les reliques glorieuses du Pêcheur de Galilée,
dont Joseph Ratzinger était maintenant le successeur.
Et maintenant, en ce moment, moi-même, fragile serviteur de Dieu, je
dois assumer cette charge inouïe, qui dépasse réellement toute
capacité humaine. Comment puis-je faire cela? Comment serai-je en
mesure de le faire ? Vous tous, chers amis, vous venez d'invoquer la
troupe innombrable des saints, représentés par certains des grands
noms de l'histoire de Dieu avec les hommes. De cette manière se
ravive aussi en moi cette conscience : je ne suis pas seul. Je ne
dois pas porter seul ce que, en réalité, je ne pourrais jamais
porter seul. La troupe des saints de Dieu me
protège, me soutient et me porte. Et votre prière, chers
amis, votre indulgence, votre amour, votre foi et votre espérance
m'accompagnent. 95
95 « Homélie de la messe inaugurale à Saint-Pierre
le 24 avril 2005 »
Pour se souvenir
►
Messe
inaugurale du pontificat de Benoît XVI, 24 avril 2005
Sources :
"La pensée de Benoit XVI" ad solem - E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 28.06.2022
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