Réponse d’un catholique romain au
théologien suisse Hans Küng |
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Le 28 avril 2010
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(E.S.M.)
- D'emblée, Hans Küng attaque Benoît XVI, ce « vieux pape
réactionnaire ».Si l’on ne connaissait pas le personnage, à savoir sa grande maîtrise des
questions ayant trait à l’Eglise, on pourrait croire à une erreur, à une
méprise de profane peu ou mal informé. Mais, venant d’un éminent théologien,
force est de supposer la mauvaise foi. Ainsi, d’emblée, le ton est donné…
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Hans Küng
Réponse d’un catholique romain au théologien suisse Hans Küng
Par Pierre PICCININ
Le 28 avril 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- « Je te dis que tu es Pierre et que sur cette pierre je bâtirai mon
Eglise (…) Je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; ce que tu lieras
sur la terre sera lié dans les cieux ; ce que tu délieras sur la terre sera
délié dans les cieux » (Matthieu, XVI, 18-19).
Telles furent, selon les Saintes Ecritures, les paroles de Jésus-Christ,
s’adressant à l’Apôtre, qui devait devenir plus tard le premier évêque de
Rome, charge qu’il transmit à ses successeurs et à laquelle le Conclave,
inspiré du Saint-Esprit, a élu Joseph Ratzinger, qui choisit le nom de
Benoît en chaussant les souliers de Saint Pierre.
Dès lors, si l’on se doute que l’Eglise romaine n’a pas que des amis de par
le monde, en revanche, on peut s’étonner de l’acharnement que mettent
certains « catholiques » à crucifier le Successeur de Pierre, déjà en
proie aux virulentes attaques de ceux qui, depuis plusieurs mois maintenant,
ont pris pour cible le Saint-Siège.
Parmi ces « catholiques », desquels on aurait pourtant pu attendre
plus de solidarité et de soutien à l’égard du chef légitime de l’Eglise, le
théologien suisse Hans Küng, dans une Lettre ouverte aux évêques catholiques
du monde, récemment traduite et publiée dans Süddeutsche Zeitung, La
repubblica, Le Monde, The Irish Times et El Paìs, s’en prend à Benoît XVI
sans beaucoup de réserve.
Ayant participé aux travaux du Concile de Vatican II, Hans Küng s’est
cependant vu retirer par Rome sa missio canonica en vertu de laquelle il
professait la théologie catholique à l’Université de Tübingen, et ce, devenu
partisan d’un œcuménisme débridé, pour avoir pris plusieurs positions
contraires à l’enseignement de l’Eglise.
Rien de surprenant, dès lors, à ce que sa lettre ouverte ne fasse aucun
quartier au Vatican. Mais cela pourrait être de bonne guerre, si, toutefois,
les arguments utilisés étaient avérés et si, plus encore, le texte ne
péchait par ne nombreuses omissions…
Ainsi, d’emblée, Hans Küng attaque Benoît XVI, ce « vieux pape
réactionnaire », sur la question de la « réintégration » dans
l’Eglise de prélats schismatiques et antisémites. La critique revient à
plusieurs reprises. L’argument est fort ; il est utilisé à plein rendement
et l’on peut lire : « il a réintégré sans condition dans l’Eglise des
évêques intégristes de la Fraternité Saint Pie X ».
Si l’on ne connaissait pas le personnage, à savoir sa grande maîtrise des
questions ayant trait à l’Eglise, on pourrait croire à une erreur, à une
méprise de profane peu ou mal informé. Mais, venant d’un éminent théologien,
force est de supposer la mauvaise foi. Ainsi, d’emblée, le ton est donné…
Hans Küng surfe sur la vague et nourrit la confusion qui règne à propos de
la Fraternité. En effet, jamais Benoît XVI n’a « réintégré » à l’Eglise les
évêques lefebvristes schismatiques ! Si l’excommunication qui avait été
décidée sous Jean-Paul II a bien été levée par Benoît XVI, ce n’est pas pour
autant que la Fraternité Saint Pie X fait à nouveau partie de l’Eglise, qui
a posé de très nombreuses conditions à sa réintégration : le Pape a
uniquement fait un geste, dans le sens du dialogue et en faveur de l’unité
des chrétiens, et ce n’est là que le début d’un long chemin dont il n’est
même pas certain qu’il sera un jour parcouru ; de sorte que la participation
de catholiques au culte de la Fraternité n’est toujours pas autorisée !
De même : attaque contre la volonté de Benoît XVI de béatifier le Pape Pie
XII, que Hans Küng oppose au judaïsme. Toujours ce vieux procès fait à Pie
XII, « accusé » d’avoir gardé le silence sur le sort des juifs durant la
seconde guerre mondiale. Mais Franklin Roosevelt, Winston Churchill ou
Charles de Gaulle ont-ils été plus loquaces, eux, qui étaient parfaitement
au courant du drame qui se jouait dans les camps, à l’est ? Et, quand des
associations juives ont demandé aux Alliés de bombarder les voies de chemin
de fer qui menaient les malheureux à la mort, par centaines de milliers,
leur réponse, cynique, ne fut-elle pas qu’ils avaient d’autres chats à
fouetter ? Alors, pourquoi cet acharnement sur Pie XII, d’autant moins
acceptable que, lui, comme les historiens l’ont bien établi depuis belle
lurette, a organisé le sauvetage des juifs, par l’intermédiaire de tous les
monastères de l’Europe, ce pourquoi il a été remercié, à maintes reprises,
par le Grand Rabin de Rome. En outre, secrétaire de Pie XI, c’est lui qui
fut l’un des principaux rédacteurs de l’encyclique Mit brennender Sorge qui,
en 1937, condamnait déjà le nazisme, exceptionnellement rédigée en langue
vulgaire pour être bien entendue de tous. Hans Küng ignorerait-il ces faits
?
De revenir sur les paroles du Pape en Afrique, relativement au préservatif,
alors qu’il a été bien démontré que Benoît XVI ne condamnait nullement
l’usage du préservatif, contrairement à ce qu’une phrase sortie de son
contexte laissait à croire, mais plaidait pour que, au-delà de ce moyen
technique, l’accent soit mis sur la fidélité dans le couple et le respect de
son partenaire, comme meilleurs moyens de lutter contre la propagation de la
maladie.
Et, bien sûr, d’en rajouter une couche sur les « affaires » de
pédophilie qui éclaboussent l’Eglise. Hans Küng ignorerait-il aussi que, si
le très populaire Jean-Paul II avait choisi de gérer ces questions délicates
en interne, c’est bien à Benoît XVI que l’on doit aujourd’hui de tout mettre
au grand jour ? Ignorerait-il que c’est le cardinal Joseph Ratzinger, alors
préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui, sous Jean-Paul
II, se battait déjà pour que les auteurs d’abus sexuels fassent l’objet
d’actions concrètes ? Que c’est lui qui a convaincu Jean-Paul II de créer
une commission chargée de faire toute la lumière sur ces faits ? Que c’est
lui qui a milité au sein de la Curie pour que soient réouverts les dossiers
que l’on avait laissé dormir ? Pas un mot sur cette réalité. Qu’il est aisé
de crier au scandale et de retourner ainsi contre Benoît XVI sa volonté de
transparence…
Et d’accuser également le Pape de trahir les intentions œcuménistes du
Concile de Vatican II. Mais n’est-ce pas plutôt Hans Küng qui, dans sa
vision théologique, s’est éloigné de l’Eglise, en faveur d’un relativisme
tout de bon ton, bien de son temps, où toutes les religions conduiraient au
salut ? L’Eglise catholique, dès lors, ne serait-elle plus universelle ?
Dans ce cas, elle n’est plus catholique (catholicos : universel). Le
dialogue interreligieux, lui, par contre, serait universel… D’un point de
vue catholique, il est bien clair que Hans Küng s’est égaré sur les
périlleux chemins de la Réforme.
Enfin et parmi bien d’autres raccourcis faciles et assertions ambigües, d’en
appeler à la convocation d’un nouveau concile qui, en somme, reprendrait les
choses en main et remettrait à leur place ce Pape autoritariste et sa Curie
vieillissante et jalouse de ses privilèges. Car, rappelle Hans Küng, « le
Concile, selon le droit canon, constitue la plus haute autorité de l’Eglise
catholique ». N’est-ce pas là encore de la mauvaise foi, puisque
l’hypothèse de l’ignorance doit être exclue ? Ou bien de la schizophrénie ?
Car, si Hans Küng a dû renoncer à enseigner la théologie, c’est précisément
pour avoir contesté les décisions des Conciles, et, plus particulièrement,
celle du Concile de Vatican I sur l’infaillibilité papale…
En revanche, pas un mot sur le saisissant message social de Benoît XVI,
exprimé dans sa récente encyclique Veritas in Caritate (pourtant évoquée),
dans laquelle le Pape montre du doigt les multinationales et appelle les
Etats à reprendre le contrôle de l’économie et à la réguler, dénonce la
paupérisation qui touche même les classes moyennes des pays riches, les
délocalisations, le détricotage de l’Etat social, la dérégularisation du
monde du travail, et invite les syndicats à résister, pour la défense des
travailleurs, et les appelle même à s’organiser internationalement pour
faire face à la mondialisation…
Mais ce discours là, ce cri d’un souverain pontife au grand cœur, en faveur
des plus humbles et des démunis, pouvait-il servir l’objectif de Hans Küng
et donner de Benoît XVI l’image d’un vieux Pape, conservateur et
réactionnaire ?
Pour quelle chapelle Hans Küng prêche-t-il ? Pas pour l’Eglise catholique,
en tout cas.
Pierre PICCININ
Professeur d’histoire et de sciences politiques
(Ecole européenne de Bruxelles I)
Sources : Pierre
Piccinin-
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 28.04.2010 -
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