Benoît XVI homme de l'année. En
raison de ses homélies |
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Rome, le 27 décembre 2010 -
(E.S.M.)
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Elles sont l'axe de son magistère ordinaire. Elles racontent l'aventure de
Dieu dans l'histoire du monde. Elles lèvent le voile sur les "choses
d’en-haut". Un guide de lecture de la prédication liturgique du pape actuel.
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Le pape Benoît XVI
Benoît XVI homme de l'année. En raison de ses homélies
par Sandro Magister
Le 27 décembre 2010 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Le texte qui suit est la préface du volume –
publié en Italie par les éditions Libri Scheiwiller et en vente depuis
quelques semaines – qui réunit les
homélies prononcées par Benoît XVI au
cours de l'année liturgique qui vient de s’achever, l'année C du
lectionnaire romain.
Troisième de la série, ce volume joint à chaque homélie du pape Joseph
Ratzinger les lectures bibliques de la messe du jour, ainsi que les psaumes
et antiennes des vêpres qu’il a célébrées.
Dans l’exhortation apostolique post-synodale "Verbum_domini", publiée le 30
septembre dernier et consacrée à la Parole de Dieu dans la vie de l’Église,
un paragraphe, le 59e, traite justement du soin à apporter à l’homélie.
Celle-ci est en effet la principale - sinon la seule - forme de
communication de la bonne nouvelle chrétienne qui soit entendue chaque
dimanche par des centaines de millions de baptisés dans le monde.
Dans l’art de l’homélie, indubitablement, Benoît XVI est un modèle
extraordinaire.
Et ce livre en est la preuve :
Benedetto XVI, "Omelie di Joseph Ratzinger, papa. Anno liturgico 2010",
edited by Sandro Magister, Libri Scheiwiller, Milan, 2010, pp. 420, euro
18.00.
"COMME LE PAPE LÉON LE GRAND, LE PAPE BENOÎT XVI PASSERA À L'HISTOIRE EN
RAISON DE SES HOMÉLIES"
par Sandro Magister
Le missel romain des dimanches et fêtes est articulé en trois années,
chacune étant centrée sur un Évangile : celui de Matthieu, celui de Marc et
celui de Luc. La maison d’édition Libri Scheiwiller qui publie, année après
année, les homélies de Benoît XVI, s’est conformée à cette succession. La
période de trois années s’achève avec ce troisième volume de la série. Il
réunit les homélies pontificales de l'année liturgique correspondant à
l’évangile de Luc, qui a commencé avec le premier dimanche de l’Avent de
2009 et s’est étendue sur l’année 2010.
Les homélies de la messe et des vêpres sont un axe porteur de ce pontificat,
que tout le monde n’a pas encore compris. Une bonne partie d’entre elles est
rédigée par Joseph Ratzinger, d’autres sont des improvisations qui ont la
spontanéité de la langue parlée. Mais il les médite et les prépare toujours
avec un soin extrême, parce que, pour lui, elles ont une valeur unique qui
les distingue de tout ce qu’il peut dire ou écrire par ailleurs. En effet
les homélies sont une partie de l'action liturgique, ou plutôt, elles sont
elles-mêmes liturgie, cette "liturgie cosmique" dont le pape a dit qu’elle
était le "but ultime" de sa mission apostolique, "lorsque le monde dans son
ensemble sera devenu liturgie de Dieu, adoration, et qu’il sera alors sain
et sauf". Il y a beaucoup d’Augustin dans cette vision de Ratzinger, il y a
la cité de Dieu dans le ciel et sur la terre, il y a le temps et l’éternel.
Le pape voit dans la messe "l'image et l'ombre des réalités célestes"
(Hébreux 8, 5). Ses homélies ont pour mission de soulever le voile.
Et en effet, lorsqu’on les relit, elles révèlent une vision du monde et de
l’histoire pleine de significations nouvelles qui constituent d’ailleurs le
cœur de la bonne nouvelle chrétienne, parce que "si Jésus est présent, il
n’existe plus aucun temps dénué de sens et vide". L'Avent est "présence",
"arrivée", "venue", a dit le pape dans son homélie d’inauguration de cette
année liturgique. "Dieu est là, il ne s’est pas retiré du monde, il ne nous
a pas laissés seuls" et, par conséquent, le temps devient "kairós", occasion
unique, favorable, de salut éternel, et la création tout entière change de
visage "si derrière elle, il y a lui et non pas le brouillard d’une origine
incertaine et d’un avenir incertain".
Mais le temps de la "civitas Dei" n’est pas informe. Il a un rythme qui lui
est donné par le mystère chrétien qui le remplit. Chaque messe, chaque
homélie, tombe en un temps précis, dont le découpage fondamental se fait de
dimanche en dimanche. Le "jour du Seigneur" a comme protagoniste celui qui
est ressuscité le premier jour après le sabbat, devenu représentation de
l'"octava dies" de la vie éternelle. La présence du Ressuscité dans le pain
et le vin consacrés est réelle, très réelle, prêche sans cesse le pape. Pour
le voir et le rencontrer, il suffit que les yeux de la foi s’ouvrent, comme
ce fut le cas pour les disciples d’Emmaüs, qui reconnurent Jésus justement
dans le sacrement de l'eucharistie, "à la fraction du pain".
"L'année liturgique est un grand chemin de foi", a rappelé le pape avant un
Angélus, dans une de ces brèves méditations dominicales qu’il construit
comme de petites homélies à partir de l’Évangile du jour. C’est comme
marcher sur la route d’Emmaüs, en compagnie du Ressuscité qui rend les cœurs
brûlants en expliquant les Écritures. De Moïse aux prophètes et à Jésus, les
Écritures sont de l’histoire et avec elles le cheminement se fait histoire
et l'année liturgique la parcourt à nouveau tout entière, autour de Pâques
qui en constitue l’axe. Avent, Noël, Épiphanie, Carême, Pâques, Ascension,
Pentecôte. Jusqu’à la seconde venue du Christ à la fin des temps. Ce qui
fait de la liturgie chrétienne un "unicum" - et le pape ne cesse de le
prêcher - c’est que son récit n’est pas seulement un souvenir. C’est une
réalité vivante et présente. À chaque messe a lieu ce que Jésus annonça à la
synagogue de Nazareth après avoir réenroulé le rouleau du prophète Isaïe :
"Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture"
(Luc 4,
21).
Dans ses homélies, le pape Benoît XVI révèle également ce qu’est l’Église.
Il le fait en se conformant à la plus ancienne profession de foi : "Je crois
en l’Esprit-Saint, en la sainte Église catholique, en la communion des
saints, en la rémission des péchés". La "communion des saints" c’est
principalement celle des dons saints, elle est ce don saint et salvateur que
Dieu nous fait dans l'eucharistie et c’est en le recevant que l’Église naît
et grandit, dans l’unité sur toute la terre et avec les saints et les anges
du ciel. La "rémission des péchés", c’est le baptême et l'autre sacrement du
pardon, la pénitence. Si le "Credo" professe cela, alors vraiment l’Église
n’est pas faite de sa hiérarchie, ni de son organisation, elle est moins
encore une association spontanée d’hommes solidaires, mais elle est un pur
don de Dieu, une création de son Saint Esprit, qui fait naître son peuple
dans l’histoire, avec la liturgie et les sacrements.
Il y a une image qui revient fréquemment dans les homélies du pape : "L’un
des soldats, de sa lance, lui perça le côté et aussitôt il en sortit du sang
et de l’eau" (Jean 19, 34). Voici de nouveau le sang et l'eau, l'eucharistie
et le baptême, l’Église qui naît de ce côté transpercé du Crucifié, nouvelle
Ève née du nouvel Adam. Le recours aux images est un autre des traits
distinctifs des homélies de Benoît XVI. À la cathédrale de Westminster, le
18 septembre 2010, il a fait lever les yeux de tous vers le grand Crucifix
qui domine la nef, vers le Christ "accablé de souffrance, écrasé par la
douleur, victime innocente dont la mort nous a réconciliés avec le Père et
nous a donné de participer à la vie même de Dieu". Dans son sang précieux,
dans l'eucharistie, l’Église puise la vie. Mais le pape a également ajouté,
citant Pascal : "Dans la vie de l’Église, dans ses épreuves et ses
tribulations, le Christ sera en agonie jusqu’à la fin du monde".
Dans la prédication liturgique de Benoît XVI les images tirées de la Bible
et celles qui sont tirées de l’art ont constamment une fonction mystagogique,
c’est-à-dire d’explication du mystère. L’étonnement provoqué par l'invisible
que l’on entrevoit dans l’œuvre d’art visible renvoie à cette merveille
encore plus grande qu’est le Ressuscité présent dans le pain et le vin,
origine de la transformation du monde, afin que la cité des hommes, elle
aussi, "devienne un monde de résurrection", une cité de Dieu.
Les homélies recueillies dans ce volume ont, pour la plupart, été prononcées
par le pape pendant la messe, après la proclamation de l’Évangile. Mais il y
en a également quelques unes qui l’ont été pendant les vêpres, avant le
chant du "Magnificat". Les lieux où elles ont été prononcées sont
extrêmement variés, en Italie et à l’étranger, dans des villages et dans des
grandes villes : Rome, bien évidemment, mais aussi Castel Gandolfo, Malte,
Turin, Fatima, Porto, Nicosie, Sulmona, Carpineto, Glasgow, Londres,
Birmingham, Palerme. Un cas particulier : celui de l’homélie du quatrième
dimanche de Carême, qui a été prononcée par le pape au cours d’un office
liturgique œcuménique célébré dans l’église luthérienne de Rome.
Comme cela a déjà été fait pour les deux précédents recueils, on a ajouté en
annexe quelques uns de ces petits bijoux de prédication mineure, portant sur
les lectures de la messe du jour, que Benoît XVI offre aux fidèles et au
monde entier le dimanche à midi avant l'Angélus ou, pendant le temps pascal,
avant le Regina Cæli.
On arrive ainsi à quelque quatre-vingts homélies, les unes longues et les
autres courtes, qui sont rassemblées dans ce volume, couvrant presque la
totalité de l'année liturgique : une preuve supplémentaire du soin que le
pape Benoît XVI apporte à cette forme de son ministère. Le cardinal Angelo
Bagnasco en a souligné la grandeur et il en a fait un modèle pour tous les
pasteurs de l’Église, lorsqu’il a dit aux évêques qui forment le conseil
permanent de la conférence des évêques d’Italie, le 21 janvier 2010 :
"N’ayons pas peur de dire notre admiration pour cet art dont il fait preuve
et ne nous lassons pas de l’indiquer à nous-mêmes et à nos prêtres comme une
école de prédication élevée et extraordinaire". Comme le pape Léon le Grand,
le pape Benoît XVI passera à l’histoire en raison de ses homélies.
***
L'homélie prononcée par Benoît XVI au cours de la messe de la nuit de Noël
2010, à la basilique Saint-Pierre de Rome ►
"Chers frères et sœurs..."
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.12.2010 -
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