Les trois ennemis de Benoît XVI |
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Le 27 août 2010
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(E.S.M.)
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"Attaques contre Ratzinger. Accusations, scandales, prophéties et complot
contre Benoît XVI" des vaticanistes Paolo Rodari
et Andrea Tornielli n'est ni une histoire, ni une analyse sociologique du
pontificat de
Benoît XVI.
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Le
livre
Les trois ennemis de Benoît XVI
Le 27 août 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Voici la traduction du long article de Massimo Introvigne, recensant
le livre de Tornielli et Rodari "Attacco a Ratzinger". Une
analyse des cinq premières années du Pontificat de benoît XVI
Massimo Introvigne parle du livre Attacco a Ratzinger: difficile de dire si
la clarté pédagogique est uniquement le fait du livre lui-même, ou de lui.
C'est l'occasion d'analyser avec le recul nécessaire dix polémiques qui ont
marqué les cinq premières années du Pontificat de Benoît XVI, et d'en tirer
des leçons (toutes n'y sont pas, par exemple la prière à la mosquée bleue
d'Istanbul, critiquée à droite, le discours à Birkenau, et celui au mémorial
de la Shoah, à Jérusalem, tous deux critiqués par la communauté juive,
l'affaire de la fillette de Recife, qui s'en prenait en réalité à lui, etc.)
Les auteurs identifient trois "ennemis": on peut discuter, mais les deux
premiers (d'un côté, une nébuleuse laïciste puissamment relayée par les
medias, dont nous entendons donc chaque jour le message martelé par la
grosse presse, et de l'autre les catholiques progressistes enragés de voir
remettre en cause leur interprétation de Vatican II, et enrôlés comme idiots
utiles), sont si étroitement imbriqués qu'il est difficile de savoir qui
fait quoi. Le troisième ennemi, c'est la communication du Vatican, une
explication qui me laisse perplexe, mais qui ne semble pas non plus
convaincre tout à fait Massimo Introvigne.
Pour avoir suivi toutes les affaires citées sans toutefois avoir eu une vue
d'ensemble (puisque c'était à chaud, et en temps réel), je peux dire que
c'est une véritable pierre angulaire dans l'histoire du pontificat.
Nous voyons donc évoqués dans l'ordre (*) :
- Le discours de Ratisbonne
- Le motu proprio de 2007 Summorum Pontificum
- L'affaire Williamson (http://tinyurl.com/3a9qaby), en particulier le rôle
trouble joué par Caroline Fourest (1).
- L'affaire Wielgus
- L'affaire de la nomination de l'évêque auxilliaire de Linz Mgr Wagner - en
réalité postérieure à l'affaire Williamson
- L'affaire du préservatif (http://tinyurl.com/39z2mrl). A ce propos, on
relira avec intérêt l'analyse "à chaud" de Luigi Accattoli:
- L'encyclique Caritas in Veritate, critiquée par les libéraux
- Le troisième secret de Fatima, qui aurait été occulté
- L'ouverture aux anglicans
- Et surtout, les affaires de prêtres pédophiles
* * * *
Les trois ennemis du Pape:
"Attacco a Ratzinger" de Paolo Rodari e Andrea Tornielli
Massimo Introvigne
"Attaques contre Ratzinger. Accusations, scandales, prophéties et complot
contre Benoît XVI" ( ed. Piemme , Milan 2010) des vaticanistes Paolo Rodari
et Andrea Tornielli n'est ni une histoire, ni une analyse sociologique du
pontificat de Benoît XVI . Il s'agit au contraire d'excellent journalisme ,
et d'une chronique attentive aux détails et aux dessous des attaques contre
Benoît XVI, qui à partir de 2006 et jusqu'à aujourd'hui en ont fait le Pape
des dernières années le plus systématiquement attaqué par une incessante
campagne médiatique .
Rodari et Tornielli énumèrent dix événements principaux, et fournissent des
détails en partie inédits .
1. Ratisbonne
La première offensive contre le pape commence avec le discours de Ratisbonne
du 12 Septembre 2006, lequel contient une citation de l'empereur byzantin
Manuel Paléologue II ( 1350 - 1425 ) considérée par certains comme
offensante contre l'islam et les musulmans . Le résultat est une grande
campagne contre le Pape Benoît XVI , alimentée à la fois par la presse
occidentale et le fondamentalisme islamique , qui dégénère en épisodes de
violence . À Mogadiscio , en Somalie , une religieuse a même été tuée.
Déjà dans ce premier épisode, l'analyse des auteurs montre à l'œuvre tous
les ingrédients des crises successives. Un certain nombre de médias,
surtout occidentaux extrapolent la citation hors de son contexte et claquent
en première page la nouvelles de la présumée offense aux musulmans . Au
chœur de ces médias - deuxième élément , qui ne doit jamais être négligé -
se joignent des représentants catholiques hostiles au pape , dans ce cas des
gens comme l'islamologue jésuite Thomas Michel (ndt: déjà rencontré grâce à
John Allen, à propos du meurtre barbare de Mgr Padovese) , représentant
typique d'un establishment du dialogue interreligieux démantelé par Benoît
XVI pour son angélisme pro-islamique tendant au relativisme . Interrogés par
la presse internationale, ces catholiques lancent une "attaque frontale
contre Benoît XVI"( p. 26) , essentielle pour rendre crédibles les arguments
de la presse laïciste. Mais, en troisième lieu, Rodari et Tornielli
détectent une certaine faiblesse dans le système de communication du Vatican, très lent par rapport à la rapidité des polémiques sur Internet et pas
toujours capable d'anticiper les conséquences des mots «forts» du Pape, en
prenant à temps les contre-mesures nécessaires .
Revenant pourtant du discours à Ratisbonne comme événement médiatique au
discours de Ratisbonne comme document , les auteurs rapportent l'avis du
spécialiste jésuite, le Père Samir Khalil Khalil selon qui ce n'était pas du
tout une gaffe du Pape nécessitant d'être réparée, mais une étape
essentielle et inévitable, par une analyse des problèmes de l'Islam
contemporain et de sa difficulté à établir une juste relation entre foi et
raison . Paradoxalement , notent les auteurs , ces motivations profondes du
passage sur l'islam dans le texte de Ratisbonne ont été compris par de
nombreux intellectuels musulmans , mais restent difficiles ou ignorés par la
grande presse d'Occident .
Il se dégage ainsi un schéma à trois voies - erreurs de communication du
Saint-Siège , agression de la presse laïciste, rôle essentiel des
catholiques hostiles à Benoît XVI à l'appui de cette agression - qui se
retrouve dans tous les autres épisodes , avec quelques variantes .
2. Summorum Pontificum
Le rôle de la dissidence progressiste est particulièrement crucial dans les
campagnes suivant le motu proprio Summorum Pontificum de 2007, libéralisant
la messe selon le rite de Saint Pie V , et la rémission de l'excommunication
en 2009 pour les quatre évêques consacrés en son temps par Mgr Marcel
Lefebvre (1905-1991) .
Dans le premier cas Rodari et Tornielli brossent un tableau déprimant de la
résistance de liturgistes , revues catholiques et intellectuels ayant un
accès direct aux grands media comme Enzo Bianchi, mais aussi d'évêques et
conférences épiscopales entières qui s'agitent, se réunissent, recrutent la
presse laïciste et trament de mille manières pour saboter le motu proprio.
L'enjeu , font à juste titre remarquer les auteurs qui se réfèrent en
particulier à une étude de Don Pietro Cantoni publiée dans la revue
Cristianità, n'est pas seulement la liturgie, mais l'interprétation de
Vatican II . Ceux qui combattent le motu proprio défendent l'hégémonie de
cette interprétation de Vatican II en termes de discontinuité et de rupture
avec toute la tradition antérieure que Benoît XVI a tenté de nombreuses
façons de corriger et de déboulonner.
3. L'affaire Williamson
Le cas de la rémission de l'excommunication des évêques "lefebvristes" s'est
transformé, comme on le sait, en "affaire Williamson". Le Pape a été la
cible d'attaques très dures quand il est apparu que l'un des quatre évêques
consacrés par Mgr Lefebvre, Mgr Richard Williamson , est un partisan de
thèses sur l'Holocauste qui nient l'existence des chambres à gaz et
réduisent le nombre de Juifs tués par le national-socialisme à moins de
trois cent mille. Sans entrer dans le fond de la question, il est clair
que le Saint-Siège ne partage pas ces vues - Benoît XVI lui-même les a
condamnées à maintes reprises - et que toute personne de bon sens aurait pu
se rendre compte qu'une quelconque mesure favorable à un partisan d'une
position "révisionniste " sur l'Holocauste ne manquerait pas de déclencher
une tempête médiatique. Le problème est donc à quel moment les thèses de
Mgr Williamson sur l'Holocauste sont venues à la connaissance du
Saint-Siège.
Rodari et Tornielli reconstituent l'épisode avec minutie, et concluent
qu'une note sur le sujet avait été adressée par des évêques suédois à
travers le Nonce apostolique auprès de la Suède - pays où, en Novembre 2008
, Mgr Williamson avait déjà accordé à une chaîne de télévision non pas la
seule mais la plus récente, et la plus argumentée de ses interventions sur
le sujet - à la Secrétairerie d'État , où sa portée potentielle avait été
sous-estimée, et où elle avait été gérée par des fonctionnaires subalternes
en charge des relations avec la Scandinavie . En passant de la télévision
suédoise à l'hebdomadaire allemand Spiegel et de là aux medias du monde
entier, le 21 Janvier 2009, le décret de remise de peine d'excommunication
n'a certes pas encore été publié, mais il a déjà été envoyé le 17 janvier
aux évêques "lefebvristes" concernés. Il n'est donc plus possible de le
retirer ou de le modifier. Selon les auteurs, toutefois, ce fut une erreur
de communication du Saint-Siège ne pas accompagner immédiatement sa
publication, le 24 Janvier 2009, par une explication claire du fait que la
remise de l'excommunication n'avait rien à voir avec les thèse de Williamson
sur l'Holocauste, que le Pape ne partage en aucune façon. Cette précision
n'est venue que quelques jours plus tard, donnant l'impression que le
Saint-Siège était embarrassé et sur la défensive. En outre, comme le pape
lui-même l'a noté dans sa lettre du 11 Mars 2009 sur le sujet, avant même
que l'interview ne soit diffusée en Suède, les positions de Mgr Williamson
étaient apparues sur plusieurs sites Web et "suivre de près les nouvelles
accessibles par Internet auraient donné la possibilité de connaître
rapidement le problème. J'en tire la leçon qu'à l'avenir, au Saint-Siège,
nous accorderons davantage d'attention à cette source de nouvelles".
De la lettre de Benoît XVI, notent les auteurs, deux éléments ressortent .
Le premier est la grandeur d'âme d'un Pape qui assume personnellement la
responsabilité de chaque erreur éventuellement commise, rompant avec une
longue pratique selon laquelle, dans ces cas, toute la faute retombe sur les
collaborateurs.
Le second est que, s'il est clair qu'au moment de la signature du décret,
Benoît XVI ne connaissait pas les positions de Mgr Williamson sur
l'Holocauste, là aussi la campagne de la presse laïciste a atteint son but
en raison de l'attaque immédiate contre le Pape par d'insignes représentants
catholiques qui ont voulu ainsi se "venger" du motu proprio. Le Pontife
lui-même écrit : "J'ai été attristé par le fait que même les catholiques,
qui au fond auraient pu savoir mieux ce qu'il en était vraiment ont cru
devoir me toucher avec une hostilité prête à l'attaque."
Les temps de l'affaire Williamson ne doivent rien au hasard .
Les auteurs rappellent l'hypothèse selon laquelle, derrière la diffusion
mondiale des informations sur l'évêque «révisionniste» simultanée avec la
rémission de l'excommunication, il y aurait la mise en scène d'un couple de
journalistes françaises lesbiennes connues pour leurs campagnes anti -
cléricales et leur proximité avec le "Grand Orient de France", c'est à dire
la direction de la franc-maçonnerie française , Fiammetta Venner et Caroline
Fourest .
Selon Rodari et Tornielli l'interview suédoise avec Mgr Williamson n'a pas
été convenue à l'avance. "Le journaliste s'est présenté le séminaire et a
pu obtenir l'interview de Williamson" (p. 88). Il semble donc que Mgr
Williamson n'a pas «organisé» l'épisode. Toutefois, à la date de
l'interview, la rumeur que le pape était sur le point de signer le décret
de remise d'excommunication s'était déjà répandue sur Internet. Les auteurs
se demandent qui a armé le micro de l'obscur journaliste suédois Ali Fegan.
Personnellement, je me pose aussi quelques questions sur Mgr Williamson,
lequel connaissait l'imminence de la rémission de l'excommunication, est
connu pour être critique de toute idée de compromis de la Fraternité Saint-
Pie X avec Rome, et a pour le moins agi avec le journaliste suédois de façon
très imprudente.
4&5. Deux évêques nommés par le Pape "recalés"
Le rôle des catholiques progressistes était déjà (?) apparu dans deux autres
campagnes contre Benoît XVI , particulièrement graves, car couronnées de
succès . Deux évêques régulièrement choisis par le pape avaient dû renoncer
à leurs charges: Mgr Stanislaw Wielgus, nommé primat de Pologne, en raison
de la découverte de documents relatifs à sa collaboration avec les services
secrets du régime communiste lorsqu'il était jeune, et Mgr Gerhard Wagner,
nommé évêque auxiliaire de Linz, en Autriche, contre lequel le clergé et
de nombreux évêques autrichiens s'étaient soulevés en raison de déclarations
sur la nature de punition de Dieu de l'ouragan Katrina, la nature satanique
des romans du cycle Harry Potter et la possibilité de guérir l'homosexualité
par le biais de thérapies réparatrices. Comme le notent les auteurs, les
opinions de Mgr Wagner sur ces trois questions sont partagées par beaucoup
dans l'Eglise - le cardinal Ratzinger lui-même avait exprimé sa sympathie en
2003 pour un livre critique sur Harry Potter par un chercheur allemand de
ses amis, tout en admettant de ne pas avoir lu les romans - mais il est
également vrai que le prélat autrichien les avait exprimées sur un ton
particulièrement enflammé.
Les deux cas, expliquent les auteurs , sont moins éloignés qu'il n'y paraît
à première vue . Mgr Wielgus , bien que dénoncé d'abord par des chasseurs de
collaborateurs "de droite", a ensuite été systématiquement attaqué par la
presse polonaise, qui l'avait en aversion, non pas à cause de son passé de
collaborateur avec les services secrets communistes - un passé partagé par
plus de cent mille personnes en Pologne, y compris de nombreux prêtres et
plusieurs évêques - mais pour son présent d'évêque très conservateur. Si
dans le cas de Mgr Wielgus, qui avait maladroitement tenté de dissimuler
des documents sur son passé, l'acceptation de la démission était inévitable
, on ne peut que partager les perplexités des auteurs sur le cas de Mgr
Wagner. Céder à la pression d'une partie du clergé et de l'épiscopat
autrichien - menée, dans cette affaire par un prêtre qui a admis plus tard
en public vivre en concubinage depuis des années - a déclenché en Autriche
une contestation globale contre le Saint-Siège, impliquant de plus en plus
ouvertement la haute hiérarchie catholique du pays, et qui n'est à ce jour
toujours pas résolu.
6. Le préservatif et le voyage en Afrique
En Mars 2009, avec le voyage du Pape en Afrique , l'attaque entre dans une
nouvelle phase . Dans l'avion qui l'emmène au Cameroun, comme à l'accoutumée
Benoît XVI répond aux questions des journalistes . A un journaliste français
qui lui pose une question sur le sida, le Pape répond que la distribution
massive de préservatifs ne résout pas mais aggrave le problème. Le Pape,
soulignent les auteurs, a techniquement raison, et dans les jours qui
suivent, la fine fleur des immunologistes le confirme: en favorisant la
promiscuité sexuelle et en créant une fausse illusion de sécurité, les
politiques basées sur le préservatif ont régulièrement aggravé le problème
du sida dans les pays où elles ont été mises en œuvre. Mais la réponse du
Pape occupe la chronique internationale durant tout le Voyage, ignorant, au
moins en Europe et aux Etats-Unis, les profonds enseignements sur la crise
du continent africain - et la dénonciation ponctuelle des méfaits des
institutions internationales et de quelques multinationales en Afrique :
n'était-ce pas le but recherché?
On n'est désormais plus surpris de voir entrer en lice contre le pape les
habituels théologiens progressistes. Mais le fait nouveau est l'intervention
des gouvernements : l'Espagne, la France et l'Allemagne demandent au pape
de présenter des excuses, au Parlement européen une motion de censure contre
le Pape ne passe pas , mais recueille quand même 199 votes. En Belgique, en
revanche, une motion semblable est adoptée par le Parlement et provoque une
dure réponse du Vatican , déclenchant une crise diplomatique sans précédent
entre les deux pays, qui prépare les attitudes violentes de la police belge
dans l'épisode à venir des prêtres pédophiles .
7&8. La droite s'en mêle : Fatima et l'encyclique
Deux attaques citées par Tornielli Rodari sont intéressantes car elles ne
viennent pas «de gauche» , mais «de droite» , et montrent que même les
personnes qui sont généralement respectueuses, sont induites par le climat
général à user contre le pape et ses collaborateurs un langage qu'en
d'autres temps, elles ne seraient pas permis. Il s'agit des critiques du
monde catholique conservateur en termes d'économie, contre l'encyclique
Caritas in veritate de 2009, jugée par des universitaires américains tels
que George Weigel et Michael Novak injustement hostile au modèle de
capitalisme dominant aux États-Unis , et de la controverse au sujet du
troisième secret de Fatima et de l'existence présumée d'une partie du texte
encore tenu secrète par le Vatican. Sur le fond, on peut certainement
discuter - même si sur l'encyclique les intellectuels américains semblent
particulièrement irrité de n'avoir pas été consulté, comme cela avait été
au contraire le cas avec les textes de Jean-Paul II - mais le ton et les
poisons sont toujours des signes d'un climat malsain .
9. et l'ouverture aux anglicans de la TAC
L'ouverture vers les anglicans qui, déçus par les ouvertures de leur
communauté au sacerdoce féminin et au mariage homosexuel , retournent à Rome, si elle est contrée «à gauche» comme une menace pour l'œcuménisme - mais
quel œcuménisme est possible avec ceux qui célèbrent à l'église des mariages
gay ? - est également attaquée « à droite » parce que, prévoyant des parcours
d'accueil dans l'Église catholique de prêtres anglicans mariés, elle semble
compromettre la défense du célibat. Là encore, ce qui est le plus grave,
c'est l'incompréhension du caractère mondial de l'attaque au pape de la part
de certains soi-disant « conservateurs » qui jettent de l'huile sur le feu
plutôt que de l'eau.
10. Pédophilie dans le clergé
Les neuf autres crises font de toutes façons pâle figure face à la dixième,
sur les prêtres pédophiles . Puisque les auteurs me citent abondamment et
reprennent la matière de mon livre "Prêtres pédophiles" ( San Paolo , Cinisello Balsamo 2010), partageant en
substance son contenu, peut-être
n'ai-je pas besoin ici de résumer la large section du livre consacrée à ce
thème, et me permettre de me référer à mon texte .
Le livre de Rodari et Tornielli rappelle, contre les critiques absurdes qui
malheureusement sont aussi venues d'évêques et de cardinaux, ce que j'ai
aussi souligné: s'il y a eu dans l'Église un prélat extrêmement dur contre
les prêtres pédophiles , au point d'être accusé de violer leur droit à la
défense et d'avoir affronté sur ce point plusieurs collègues évêques, c'est
bien le cardinal Ratzinger lorsqu'il était préfet de la Congrégation pour la
Doctrine de la Foi. Le présenter, au contraire, comme tolérant sur ce point
est tout simplement ridicule , mais trouve parfois crédit auprès des
lecteurs les moins bien informés des quotidiens.
Au point que les auteurs se demandent si les obstacles que le cardinal
Ratzinger rencontra dans les dernières années du pontificat de Jean Paul II
- lorsque ses exigences d'une sévérité encore plus grande n'ont pas toujours
été acceptées - ne jettent pas une ombre sur le grand Pape polonais et ne
risquent pas d'entraver la cause de béatification. En effet, dans le procès
en cours, la question a été abordée. Mais il a été conclu à juste titre que
certains freins à l'action du cardinal Ratzinger remontent aux dernières
années du pontificat de Wojtyla quand Jean-Paul II, de plus en plus
gravement malade, ne suivait plus ces affaires personnellement, les
déléguant à des collaborateurs qui doivent donc assumer les critiques .
Conclusion: les trois ennemis
En conclusion Rodari et Tornielli se demandent si on peut parler d'un
complot contre le pape , citant différentes opinions, y compris la mienne ,
dans une interview que je leur ai spécialement accordée pour ce livre.
Leur conclusion est qu'il y a en œuvre trois attaques séparées contre
Benoît XVI, venant de trois ennemis différents.
- Le premier est constitué par la galaxie du lobby laïciste, homosexuel,
maçonnique, féministe, des compagnies pharmaceutiques qui vendent des
produits abortifs, des avocats réclamant des milliards d'indemnisation pour
les affaires de pédophilie. Cette galaxie, trop complexe pour être
considérée comme répondant à une seule direction, dispose pourtant avec les
nouvelles technologies d'informations d'un pouvoir qu'aucun autre ennemi de
l'Eglise n'a eu à travers l'histoire de l'homme, et voit dans le pape le
principal obstacle à la construction d'une dictature du relativisme
universel dans lequel Dieu et les valeurs de la vie et de la famille ne
comptent pas. Un obstacle qui doit être balayé à tout prix et par n'importe
quel moyen .
- Ces lobbies rencontrent le succès parce qu'ils ont enrôlé un deuxième
ennemi du pape constitué par le progressisme catholique et ces catholiques
et théologiens - y compris de nombreux évêques - qui voient leur autorité et
leur pouvoir dans l'Eglise menacée du démantèlement par Benoît XVI de cette
interprétation du Concile en termes de discontinuité et de rupture avec la
tradition sur laquelle ils ont construit des décennies durant leur carrière
et leur fortune.
Les interviews de catholiques progressistes permettent aux médias laïcistes
de présenter leur propagande non pas comme anti- catholique, mais comme
soutien contre le pape réactionnaire qui veut "abolir le Concile",
c'est-à-dire remettre en question son prétendu "esprit ", dès lors que la
lettre des documents du Concile n'est pas connue des journalistes anti-catholique et qu'elle est jugée insignifiante par leurs compagnons de
route "catholiques adultes".
- En troisième lieu, Benoît XVI a également un troisième ennemi, inconscient
et involontaire, mais non moins dangereux pour autant. Il y a des "attaques"
qui se sont auto-produites involontairement à cause des nombreuses
imprudences et des fréquentes erreurs de collaborateurs du pape". Les
auteurs rapportent différentes opinions sur la difficulté de communication
du Saint-Siège, à l'ère non seulement d'Internet mais de Facebook et du
téléphone portable connecté à Internet qui fait que les nouvelles arrivent à
des centaines de millions de personnes - comme les cinq cents millions
d'utilisateurs de Facebook actifs chaque jour - quelques secondes après
avoir été lancées, et sont archivées comme vieilles quelques heures plus
tard. Si un fausse nouvelle n'est pas démentie au bout de deux ou trois
heures, si une attaque n'est pas contrée dans un délai maximal de
vingt-quatre heures, les chances de réplique efficace sont réduites à
pratiquement zéro.
Si tout cela est vrai , les opinions des personnes interrogées par les
auteurs qui regrettent l'ancien porte-parole du pape, le laïc Dr Joaquin
Navarro Valls , jugé plus habile que son successeur le père jésuite Federico
Lombardi peuvent être débattues sans fin, mais ne vont peut-être pas au
cœur du problème .
C'est notre façon de communiquer qui a changé radicalement, et a changé
après la mort de Jean Paul II, parce que le problème n'est pas Internet,
mais le nombre croissant de personnes - des centaines de millions , en fait,
et pas une petite élite - qui sont connectés à Internet vingt-quatre heures
sur vingt-quatre, via les smartphones, les netbooks ou autres iPad, et ont
un temps de réaction aux questions ou aux provocations qui se mesure en
minutes plutôt qu'en heures. Sur ce point, le livre du journaliste italien
Marco Niada "Il tempo breve" ( Garzanti , Milan 2010)
devrait peut-être être
lu par certains au Vatican.
Benoît XVI n'ignore pas ces attaques. Il s'intéresse beaucoup aux nouvelles
technologies et à la nécessité d'améliorer les stratégies de communication
du Saint-Siège. Mais, concluent Rodari et Tornielli, il est également très
serein. Il est disponible pour suivre les problèmes que la révolution des
communications - une révolution peut-être pas moins importante que celle des
années 60 en termes de morale et de crise d'autorité - pose à l'Eglise,
mais pas pour les poursuivre. Il insiste sur le fait que le salut de
l'Eglise persécutée ne viendra pas des stratégies, de la diplomatie, des
technologies - aussi importantes qu'elles soient, et qu'il ne faut pas
négliger -, mais de la fidélité à la prière, à la méditation, au Christ
crucifié. Il est probable qu'il a raison, non seulement, bien sûr, sur le
plan spirituel, mais aussi sur les plans culturel et sociologique, où on
ne demande pas à l'Eglise d'imiter les modèles dominants, mais d'être
elle-même.
Tout le monde, même parmi les catholiques, ne semble pas l'avoir compris.
Note (1)
Julien Gunzinger, sur son site Eschaton,
consacre aujourd'hui un long article à Caroline Fourest, sous le titre
Caroline Fourest est-elle ignare ou manipulatrice?
Il a pris le temps de démolir méthodiquement tous les arguments de son
livre-charge "Les nouveaux soldats du Pape".
L'article, bien que très long, doit être lu en entier, car il fournit un
argumentaire impressionnant.
Le plus gênant, ce n'est pas ce que cette médiocre pamphlétaire écrit (en
vérité, ça n'intéresse personne, comme tous les sujets qui touchent à
l'Eglise!), mais plutôt que les medias, par calcul cynique, font semblant de
l'inviter comme experte sur un sujet auquel elle ne connaît rien, et qui ne
la concerne pas. Par exemple, le dimanche 7 septembre 2008, juste avant
l'arrivée du Saint-Père en France, le cardinal Vingt-Trois était invité à
l'émission politique du dimanche sur Europe 1. Comme par hasard, Caroline
Fourest était venue dans la tranche horaire précédente, pour démolir avec
autorité par anticipation, les propos du malheureux prélat - et bien
entendu, tirer à boulets rouges sur Benoît XVI (cf.
http://tinyurl.com/26hgaqp et aussi http://tinyurl.com/265epzw ).
Julien Gunzinger écrit:
Caroline Fourest fait partie de la communauté des experts régulièrement
sollicités par les médias pour s’exprimer sur les questions de laïcité ou de
radicalisme religieux. Mais son statut d’experte n’est qu’un paravent
destiné à tromper le public, car Caroline Fourest est avant tout une
militante enragée de l’idéologie du genre (elle fait partie, avec sa
compagne Fiammetta Venner, des fondatrices de l’association prochoix).
Caroline Fourest et Fiammetta Venner sont également acharnées à défendre le
laïcisme dans toute sa radicalité. Mademoiselle Fourest n’a donc rien de
l’observatrice neutre et détachée que laisse entendre son statut d’experte.
Tout comme un Christian Terras, systématiquement invité à vomir sur les
plateaux de télévision (souvent sans contradicteur) les choix de l’Eglise
catholique, Caroline Fourest est donc une créature des médias (dans le
couple qu’elle forme avec Fiammetta Venner c’est elle qui est la plus
exposée médiatiquement). Sa fonction est de promouvoir la relégation dans la
sphère privée de la foi chrétienne pour assurer la domination, dans la
sphère publique, de la foi laïciste et prochoix. Si elle jouit, dans le
monde médiatique, d’un verni de neutralité c’est au motif qu’elle s’en prend
à toutes les traditions religieuses. Or si elle est en effet critique envers
toutes les formes de radicalité religieuse, il ne faut pas être dupe. En «
extrême-occident », la dénonciation de tous les intégrismes n’est qu’un
procédé pour créer des amalgames, renvoyer dos à dos catholicisme et islam.
C’est un procédé assez récent pour pousser encore plus en avant la foi
laïciste en diabolisant le catholique qui oserait défendre que sa foi a un
horizon politique, qui oserait au nom de sa foi mener un combat politique
contre l’avortement ou se battre, conformément à toute la tradition
catholique, pour que la loi morale naturelle soit la boussole de la
démocratie.
Caroline Fourest se prétend naturellement indépendante mais elle est
intégralement aliénée au politiquement correct, juste bonne à déblatérer les
inepties, les mensonges, les déformations et les approximations qui
constituent le fond de commerce de ce prêt-à-penser. La preuve par son livre
insane, bourré d’erreurs, de partis pris idéologiques, de superficialité. Ce
qui est le plus navrant c’est qu’une telle personne recueille également de
l’audience auprès de certains catholiques. Car elle se joue de la crise
actuelle de l’Eglise, cherchant à pousser les progressistes au clash avec la
hiérarchie. Caroline Fourest est une des pires ennemies de l’Eglise
catholique. Tout fidèle doit être instruit de ses méthodes. Le livre de
Caroline Fourest et de Fiammetta Venner ayant largement inspiré celui d’une
autre créature des médias, très en cours auprès des catholiques
progressistes, le tristement célèbre, pour ses désinformations et
manipulations, Henri Tincq, je vais dans un premier temps analyser le livre
de Caroline Fourest et dans un second temps, dans un prochain article, celui
de Tincq en dégageant tout ce qu’il doit aux élucubrations de Caroline
Fourest de Fiammetta Venner .
(...)
Sources : benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.08.2010 -
T/Benoît XVI
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