Lettre au théologien Küng |
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Le 27 avril 2010
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(E.S.M.)
- L'éditeur Pier Giordano Cabra a répondu une lettre ouverte aux
évêques
catholiques que
le théologien
Hans Kung a
signé. Cette
lettre paru dans
plusieurs
journaux
européens,
critiquait
ostensiblement
entre autres le
Pape Benoît XVI.
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Hans Kung
Lettre au théologien Küng
Pier Giordano Cabra
Le 27 avril 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- L'éditeur Pier Giordano Cabra a répondu une lettre ouverte aux évêques
catholiques que le théologien Hans Kung a signé. Cette lettre a paru dans
plusieurs journaux européens. Elle critiquait ostensiblement entre autres le
Saint-Père. Pier Giordano Cabra est l'ancien éditeur du théologien Hans
Kung mais aussi celui du cardinal Joseph Ratzinger devenu il y a cinq ans
notre Pape Benoit XVI. Nous publions ci-dessous la lettre ouverte au
théologien suisse Hans Küng, écrite par son premier éditeur en Italie.
Cher Hans
Cher Hans, en lisant ta lettre aux évêques, j'ai été d'accord lorsque tu
écris: "Si aujourd'hui, dans un diocèse ou dans une communauté, les
paroissiens désertent la messe, si l'action pastorale apparaît inefficace,
si l'ouverture envers les problèmes et les maux du monde manque, si la
coopération œcuménique se réduit à un minimum, on ne peut pas en attribuer
toutes les fautes à Rome. Tous, de l'évêque au prêtre et au laïc, doivent
s'engager pour le renouveau de l'Eglise dans leur milieu de vie, qu'il soit
petit ou grand".
Je constate ici la conscience du sens de la complexité des problèmes, à
partir du concept non univoque de "renouveau" de l'Eglise.
Le renouveau a, en effet, été entendu de nombreuses manières au cours de ces
dernières années, selon les préférences personnelles et culturelles, en
allant de celle du changement des structures, à celle de la conversion
personnelle et communautaire.
Dans le reste de ta lettre, il me semble que l'attention porte
principalement, si ce n'est exclusivement, sur les réformes "structurelles".
J'aurais aimé y trouver également évoqué le scandale de la croix qui
demeure, après que tous les autres scandales ont été éliminés, et donc
évoqué le sérieux de la "sequela" du Christ, toujours scandaleuse, de
l'amour de Dieu à vivre et à diffuser souvent à contre-courant, évoquée la
nécessité de la pénitence et de l'humilité.
Une action d'ingénierie ecclésiastique pourrait-elle à elle seule résoudre
le problème du témoignage chrétien?
Et ensuite: pourquoi, précisément au nom de la complexité, ne pas rendre
hommage à Qui fait avancer le renouveau évangélique des cœurs avant et de
préférence à celui des structures?
Il y a en outre une question de style, qui trahit la substance, c'est-à-dire
la méconnaissance du primat de la charité, ou de la charité dans la vérité:
"Si je n'ai pas la charité, je ne suis qu'un cuivre qui résonne",
dira précisément Paul dans la Lettre au Corinthiens.
La charité est magnanime, elle est bienveillante: il faut lire tout l'hymne
à la charité, qui est le programme de l'ecclesia patiens, de la casta
meretrix, capable de se renouveler et de surmonter toutes les tempêtes, car
"où il y a la charité et l'amour, là se trouve Dieu".
La vérité est nécessaire, mais "la plus grande de toutes est la charité"
(cf. 1 Co 13, 13), qui reconnaît généreusement
le travail d'autrui, qui ne s'oppose pas et ne divise pas, qui n'accentue
pas les fautes, qui est consciente que chaque prophétie est imparfaite.
Peut-être que si ta lettre avait respiré un peu plus l'hymne à la charité,
elle serait apparue comme un vœu plus élégamment évangélique à ton ancien
Collègue, à l'occasion de ses anniversaires, et comme une contribution plus
fructueuse pour l'Eglise qui souffre en raison de la faiblesse de ses fils.
J'espère ne pas avoir manqué de charité en te disant cela, car sans la
charité, je ne serais rien.
Je serais désolé d'être considéré comme un pieux ecclésiastique qui exprime
de pieuses considérations sur des affaires sérieuses, car alors il faudrait
distinguer parmi les textes du Nouveau Testament ceux destinés aux personnes
pieuses et ceux destinés aux personnes sérieuses.
Ne me considérant pas particulièrement comme une personne pieuse ou
sérieuse, je demande la compréhension de ta charité. Toujours avec estime
pour ton travail imposant.
Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
(©L'Osservatore Romano - 27 avril 2010)
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.04.2010 -
T/Benoît XVI
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