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Quand la pensée non catholique domine
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Le 27 février 2015 -
(E.S.M.)
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Une lumineuse réflexion de Mgr Nicola Bux,
Théologien, liturgiste et consultant auprès de l'Office des
Célébrations Liturgiques du Souverain Pontife et des Congrégations
pour la Doctrine de la Foi et pour les Causes des Saints, Mgr
Nicolas Bux, né en 1947, est surtout connu par les initiés comme
«très proche de Benoît XVI».
www.lanuovabq.it Traduction
benoit-et-moi
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Le pape Benoît XVI et
Nicola Bux
Quand la pensée non catholique domine
Nicola Bux
Le 27 février 2015 - E.
S. M. -
Avec grande douleur et profonde préoccupation, nous devons prendre acte
que la pensée non catholique progresse dans l'Eglise.
Très grave est l'affirmation du modérateur du Synode diocésain de Bolzano,
qui considère que le travail accompli "reflète la situation générale de
l'Eglise, qui vit actuellement un changement radical" (cf.
www.aleteia.org).
Peut-on affirmer encore que les catholiques forment un seul cœur et une
seule âme? Ou, pour parler comme
Saint Ignace d'Antioche, (voir
ici la catéchèse que lui a consacré Benoît XVI en mars 2007) qu'ils
manifestent un tel accord dans la voix et le cœur au point d'arriver à la
symphonie?
Malheureusement nous sommes divisés entre nous, justement au sujet de la
vérité, et attirés par de fausses doctrines. Au nom du pluralisme?
La Civiltà Cattolica rappelle une intervention de celui qui était le Père
Bergoglio: "Le pluralisme ne semble pas aussi inoffensif et neutre que
certains le considèrent à première vue. Si en effet il parvenait à ne pas se
préoccuper de l'unité de la foi, cela comporterait la renonciation à la
vérité, à se contenter de perspectives partielles et unilatérales".
Il arrive au contraire que de nombreux catholiques préfèrent s'entendre
avec les non catholiques, les non croyants et les opposants à l'Eglise,
plutôt qu'avec leurs frères dans la foi. Leurs façons de penser et
d'agir ont pénétré dans la maison catholique, si bien que ce que Jean-Paul
II rappelait aux protestants allemands en 1980 semble nous être adressé: «
Nous faisons tous référence à Jésus Christ, le désaccord porte toutefois sur
"ce qu'est le Christ", sur "ce qui lui appartient": son Eglise et sa
mission, son message, ses sacrement et les ministères placés au service de
la parole et du sacrement ».
Le désaccord porte surtout sur les contenus et les fondements de la foi, et
en conséquence sur la morale. Quand un curé, lors d’une retraite du clergé,
affirme qu'il faut en finir avec la vérité objective, car le temps est venu
de se pencher sur les subjectivités, et que l'évêque, présent, se tait,
alors il y a un problème; quand une fille, flattée par les avances d'un
homme marié, subit, en confession des reproches du prêtre car, selon lui,
elle aurait dû saisir l'occasion, car ce n'est pas un péché, alors quelque
chose s'est produit. Poursuivons-nous encore la vérité catholique,
repérable sans difficulté dans le Catéchisme, ou bien les mensonges à la
mode?
Confusion et division sont désormais répandues et traversent tout le
peuple de Dieu, du collège cardinalice à l'épiscopat, des théologiens au
clergé et au laïcat.
Y a-t-il encore du sens à rechercher l'union avec les orthodoxes et
d'autres chrétiens, alors qu'entre nous les catholiques, nous sommes de plus
en plus divisés? Alors que jusque dans dans les séminaires il arrive
qu'on exhorte les jeunes, recourant même à l’ntimidations, à avoir une
"vision nouvelle de l'Eglise" en rupture avec le passé? Une vision très
semblable, il faut le croire, à celle décrite dans une chanson de
Jovanotti (chanteur italien né en 1966, un des pionniers du rap et du
hip hop dans son pays): "Une grande Eglise qui passe par Che Guevara et
arrive à Mére Thérésa, en passant par Malcom X, Gandhi et
San Patrignano (ndt: communauté fondée dans les années '70 pour la
récupération des drogués par les travaux d'élevage et d'agriculture),
jusqu'au prêtre de banlieue qui va de l'avant en dépit du Vatican" (cf.
Penso positivo).
Lors du Conclave de 2005, le cardinal Biffi avertissait: "Je voudrais
dire au nouveau Pape de faire attention à tous les problèmes. Mais avant
cela et plus encore , qu'il se rende compte de l'état de confusion, de
désorientation, de désarroi qui afflige en ces années le peuple de Dieu,
surtout les petits" (cf.
chiesa.espresso.repubblica.it).
La question vient de loin: depuis 1966, moins d'un an après la clôture du
Vatican II, la Congrégation pour la doctrine de la Foi s'en était aperçue,
et envoyait aux Conférences épiscopales une lettre où étaient rapportées les
nouvelles parvenues des nonciatures concernant les abus de plus en plus
fréquents dans l'interprétation de la doctrine du Concile, les opinions
irresponsables qui émergeaient de partout, troublant les fidèles, car elles
dépassaient les simples opinions et hypothèses, jusqu'à affecter les
fondements du dogme et de la foi. Suivait, en dix points, la liste de ces
idées et erreurs (cf.
www.vatican.va). Il faut y revenir, car ils sont tous vérifiables encore
aujourd'hui, et ont même augmenté.
"L'idée même d'Eglise est en crise", avertissait en 1985 Joseph Ratzinger à
Vittorio Messori dans "Entretien sur la Foi". Il était urgent de reproposer,
ou mieux, de redéfinir ce qu'est la foi catholique: de la naquit le
Catéchisme de l'église catholique.
Le contre-coup du flou actuel de la foi catholique a été subi par la
liturgie, dont on continue de répéter: lex credendi-lex orandi, -
mais de la "loi" ou des normes qui la régissent, gare à en parler; et
encore: la façon même de prier dans la liturgie est de plus en plus en
contradiction avec le credo. Le culte de l'émotion ne rend pas le
culte chrétien conscient du fait qu'il doit annoncer la parole divine, plus
tranchante qu'une épée à double tranchant, dont le monde a besoin pour être
sauvé. De cette façon, nous ne sommes plus assurés que Dieu est satisfait du
culte qui lui est rendu. Les prêtres reprochent aux fidèles de venir -
encore - recevoir les sacrements et de disparaître ensuite: ils ne pensent
pas que les sacrements sont justement les filets de l'évangélisation,
efficaces pour la conversion, si seulement on les célèbre sans prendre comme
modèle la télévision.
Suffît-il de réciter le Symbole de la Foi, le Credo, pour rejeter les
fausses opinions? Saint Irénée écrit: "Tous professent les mêmes vérités,
mais tous n'y croient pas de la même manière".
De nos jours, les contours de la vérité sont, pour ainsi dire, liquides,
car on croit qu'elle naîtrait du dialogue, et qu'elle serait moins
importante que la liberté. Celui qui s’attelle à sa "définition" doit
savoir que sa propre existence en sera marquée, comme il advint à Paul VI.
Il sera attaqué par ceux qui essayeront de faire passer l'idée que la
doctrine ne change pas si la discipline change. Il sera dénoncé pour
intolérance et insubordination présumées. Il sera accusé, comme Athanase
(Athanase
d’Alexandrie, 278-373), à cause de son intransigeance, pour
miséricorde insuffisante ou nulle. Des voix se lèveront pour le condamner,
le déposer et l'exiler, au nom, bien entendu, du pluralisme et de la
tolérance. Une expérience qui déconcertera de nombreux fidèles et en fera
exulter beaucoup d'autres.
"L'univers gémit - écrit Saint Jérôme - dans la stupeur d'être devenu
arien".
Ce qui le fera conclure, avec Saint Basile:
"Un seul péché est maintenant sévèrement puni: l'obéissance vigilante
aux traditions de nos pères. A cause de cela, les bons sont éloignés de
leurs pays et conduits dans le désert".
Mais celui-là saura résister, défendant l'orthodoxie et démasquant
l'hérésie, comme l'écrivit
Boulgakov. Athanase continua de diriger du désert son église, avec
l'aide de Saint Antoine, et trouva le temps d'écrire ces traités qui
contribuèrent à la condamnation de l'arianisme de la part du Concile de
Constantinople de 381, et lui valurent le titre de docteur.
* * *
Parmi les catholiques aujourd'hui, les points de désaccord (lire les
hérésies) sont nombreux, à commencer par l'eschatologie, un mot jamais
autant utilisé, comme dans les dernières décennies, et qui se réduit à la
recherche frénétique du bonheur sur terre de la part de l'individu: se
sentir bien dans la condition dans laquelle on se trouve suffit. L'idée
qu'il existe un chemin vers la sainteté a été abandonnée. Le bonheur
éternel, s'il existe, a peu d'importance: le bonheur se trouve dans cette
vie et il s'identifie avec le bien vivre et la vie bonne.
Est-ce cela l'espérance chrétienne pour laquelle il vaut la peine de naître
et mourir?
Il est vrai que Jésus a promis à celui qui le suit le centuple ici-bas et
l'éternité, mais pas selon la version de
Benigni (sans doute allusion à son spectacle «Les
10 commandements», qui lui aurait valu un coup de téléphone élogieux du
pape François, et même une
citation dans l'homélie du 31 décembre 2014).
Si Saint Paul arrive a dire à celui qui est en règle: "Désormais, celui
qui a une femme, qu'il vive comme ne l'ayant pas" (1 Cor, 7,29), on
comprend pourquoi il dit, à celui qui vit dans l'irrégularité:
"Ne vous y trompez point: ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les
adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les avares,
ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les rapaces ne posséderont le
royaume de Dieu. Voilà pourtant ce que vous étiez, du moins quelques-uns
d'entre vous; mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais
vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l'Esprit de
notre Dieu". (1 Cor 6, 9-11)
C'est la parole révélée et éternelle.
"Dieu, toi qui ne veux pas la mort des pécheurs, mais qu'ils se
repentent" prie la liturgie du Carême, qui revient chaque année
rappeler la voie étroite du salut - les cendres en sont le signe éloquent -
afin que nous abandonnions la condition de péché dans laquelle nous nous
sommes endurcis.
"Laissez-vous réconcilier avec Dieu", à savoir "convertissez-vous
et croyez en l'Evangile" doit devenir l'avertissement de celui qui se
définit comme "prêtre social ", "prêtre de route" ou bien "anti-mafia" (ndt:
allusion à don Ciotti et cie). L'Eglise évangélise afin que les gens se
portent mieux dans ce monde, dans le sens de les faire vivre dans la vérité
et les guider vers le salut éternel. Conversion et réconciliation sont
nécessaires, afin que le Seigneur oublie le péchés de ceux qui se
convertissent (Livre de la Sagesse, 11 :25).
Face à la pensée non catholique qui a pénétré dans l'Eglise, cause première
du relativisme qui incite les jeunes occidentaux à passer de l'internet au
terrorisme - une version héroïco-religieuse du culte de l'émotion; face à
l'avancée des musulmans qui tuent, convaincus de rendre ainsi gloire à
Allah, que les prêtres, en pleurs, fassent leurs les paroles in capite
quadragesimae:
« Pitié, Seigneur, pour ton peuple, n’expose pas ceux qui
t’appartiennent à l’insulte et aux moqueries des païens ! Faudra-t-il qu’on
dise : “Où donc est leur Dieu ?” » (Joël, 2,17).
C'est sûr, la pensée non catholique ne prévaudra pas dans l'Eglise. Ni ne
fera défaut la vertu de fermeté, car les chrétiens ne craignent pas le
martyre.
Sources : benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 23.02.2015
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