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Homélie Benoît XVI en la solennité du Christ Roi de l’Univers
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Le 25 novembre 2012 -
(E.S.M.)
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Le pape Benoît XVI a
célébré le matin la messe en la basilique Saint-Pierre en la
solennité du Christ Roi de l’Univers en compagnie des six nouveaux
cardinaux créés samedi lors du cinquième consistoire de son
pontificat.
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Le pape Benoît XVI -
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Homélie Benoît XVI en la solennité du Christ Roi de l’Univers
Le 25 novembre 2012 - E.
S. M. - A 9h30 aujourd'hui, Benoît XVI, entouré par les six
cardinaux qu’il a créés samedi lors du cinquième consistoire de son
pontificat, a célébré la messe en la basilique Saint-Pierre en la solennité
du Christ Roi de l’Univers, qui clôt l’année liturgique. Cette fête a été
instituée par Pie XI en 1925 et affirme la domination du Christ sur toute la
création. Pie XI souhaitait ainsi rappeler que toutes les nations ont un
seul roi : Jésus.
Au début de la Sainte Messe le Card. James Michael Harvey, Archiprêtre de la
Basilique Papale de Saint Paul hors les murs, premier parmi les nouveaux
Cardinaux, a adressé au Pape des salutations et sa gratitude, au nom de tous
les cardinaux.
En présence des délégations officielles qui ont accompagné les six nouveaux
cardinaux, et des fidèles venus des Philippines, d’Inde, du Liban, de
Colombie ou du Nigéria, Benoît XVI est revenu dans son homélie sur ce que
signifie Royaume de Dieu, celui dont parlait Jésus à Pilate qui
l’interrogeait.
Nous reportons ci-dessous le texte de l'homélie que le Saint-Père a prononcée
après la proclamation du Saint Évangile et l'adresse d'hommage du Card.
Harvey:
Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,
La solennité du Christ-Roi de l’univers – couronnement de l’année liturgique
– s’enrichit aujourd’hui de l’accueil dans le Collège cardinalice de six
nouveaux Membres que, selon la tradition, j’ai invités à concélébrer avec
moi l’Eucharistie, ce matin. À chacun d’eux, j’adresse mes plus cordiales
salutations, en remerciant le Cardinal James Michael Harvey pour les paroles
courtoises qu’il m’a adressées au nom de tous. Je salue les autres Cardinaux
et tous les Prélats présents, ainsi que les illustres autorités, Mesdames et
Messieurs les Ambassadeurs, les prêtres, les religieux et tous les fidèles,
particulièrement ceux venus des diocèses confiés à la charge pastorale des
nouveaux Cardinaux.
En ce dernier dimanche de l’année liturgique, l’Église nous invite à
célébrer le Seigneur Jésus, Roi de l’univers. Elle nous appelle à tourner
notre regard vers l’avenir, ou mieux plus profondément, vers la destination
finale de l’histoire qui sera le règne définitif et éternel du Christ. Il
était au commencement avec le Père, quand le monde a été créé, et il
manifestera pleinement sa seigneurie à la fin des temps, quand il jugera
tous les hommes. Les trois lectures d’aujourd’hui nous parlent de ce règne.
Dans le passage de l’évangile, tiré de l’Évangile de Saint Jean, que nous
avons écouté, Jésus se trouve dans une situation humiliante – celle d’accusé
– devant le pouvoir romain. Il a été arrêté, insulté, raillé, et ses ennemis
espèrent obtenir maintenant sa condamnation au supplice de la croix. Ils
l’ont présenté à Pilate comme quelqu’un qui aspire au pouvoir politique,
comme le prétendu roi des juifs. Le procureur romain mène son enquête et
interroge Jésus : « Es-tu le roi des Juifs ? » (Jn
18, 33). Répondant à cette demande, Jésus précise la nature de
son règne et de sa messianité-même, qui n’est pas un pouvoir mondain, mais
un amour qui sert ; il affirme que son règne ne doit pas être absolument
confondu avec un règne politique quelconque : « Ma royauté ne vient pas
de ce monde … Non, ma royauté ne vient pas d’ici » (v.
36).
Il est évident que Jésus n’a aucune ambition politique. Après la
multiplication des pains, les gens, enthousiasmés par le miracle, voulaient
s’emparer de lui pour le faire roi, afin de renverser le pouvoir romain et
établir ainsi un nouveau règne politique, qui aurait été considéré comme le
royaume de Dieu tant attendu. Mais Jésus sait que le royaume de Dieu est
d’un genre tout autre, il ne se fonde pas sur les armes et sur la violence.
C’est la multiplication des pains qui devient alors, d’une part, le signe de
sa messianité, mais, d’autre part, un tournant dans son activité : à partir
de ce moment, la marche vers la croix se fait plus évidente ; là, par un
acte suprême d’amour, resplendira le règne promis, le règne de Dieu. Mais la
foule ne comprend pas, elle est déçue et Jésus se retire, tout seul, dans la
montagne pour prier, pour parler à son Père (cf. Jn 6,
1-15). Dans le récit de la passion, nous voyons comment les
disciples aussi, tout en ayant partagé la vie avec Jésus et écouté ses
paroles, pensaient à un royaume politique, instauré même avec l’aide de la
force. À Gethsémani, Pierre avait tiré du fourreau son épée et avait
commencé à combattre, mais Jésus l’avait empêché (cf. Jn
18, 10-11). Il ne veut pas être défendu par les armes, mais il
veut accomplir jusqu’au bout la volonté de son Père et établir son royaume
non pas par les armes et la violence, mais par la faiblesse apparente de
l’amour qui donne la vie. Le royaume de Dieu est un royaume totalement
différent des royaumes terrestres.
Et c’est pour cela que, face à un homme sans défense, fragile, humilié,
comme l’est Jésus, un homme de pouvoir comme Pilate reste surpris ; surpris
parce qu’il entend parler d’un royaume, de serviteurs. Et il pose une
question qui lui semblera paradoxale : « Alors, tu es roi ? ». Quel
genre de roi peut être un homme dans ces conditions-là ? Mais Jésus répond
par l’affirmative : « C’est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je
suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout
homme qui appartient à la vérité, écoute ma voix »
(18, 37). Jésus parle de roi, de royaume, cependant, il ne se
réfère pas à la domination, mais à la vérité. Pilate ne comprend pas :
peut-il exister un pouvoir qui ne s’obtient pas par des moyens humains ? Un
pouvoir qui ne réponde pas à la logique de la domination et de la force ?
Jésus est venu révéler et apporter une nouvelle royauté, celle de Dieu ; il
est venu rendre témoignage à la vérité d’un Dieu qui est amour
(cf. 1 Jn 4, 8.16) et qui veut établir un royaume
de justice, d’amour et de paix (cf. Préface).
Celui qui est ouvert à l’amour, écoute ce témoignage et l’accueille avec
foi, pour entrer dans le royaume de Dieu.
Nous retrouvons cette perspective dans la première lecture que nous venons
d’écouter. Le prophète Daniel prédit le pouvoir d’un personnage mystérieux
placé entre ciel et terre : « Je voyais venir, avec les nuées du ciel,
comme un fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer
devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les
peuples, toutes les nations et toutes les langues le servirent. Sa
domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté,
une royauté qui ne sera pas détruite » (7, 13-14).
Ces paroles annoncent un roi qui domine de la mer à la mer jusqu’aux bouts
de la terre, grâce à un pouvoir absolu qui ne sera jamais détruit. Cette
vision du prophète – une vision messianique – est éclairée et trouve sa
réalisation dans le Christ : le pouvoir du vrai Messie – pouvoir qui ne
décline jamais et qui ne sera jamais détruit – n’est pas celui des royaumes
de la terre qui s’élèvent et s’écroulent, mais celui de la vérité et de
l’amour. Cela nous fait comprendre comment la royauté annoncée par Jésus
dans les paraboles et révélée ouvertement et explicitement devant le
Procureur romain, est la royauté de la vérité, l’unique qui donne à toute
chose sa lumière et sa grandeur.
Dans la deuxième lecture, l’auteur de l’Apocalypse affirme que nous aussi
nous participons à la royauté du Christ. Dans l’acclamation adressée à «
celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang »,
il déclare que celui-ci « a fait de nous le royaume et les prêtres de
Dieu son Père » (1, 5-6). Il est clair ici
aussi qu’il s’agit d’un royaume fondé sur la relation avec Dieu, avec la
vérité, et non pas un royaume politique. Par son sacrifice, Jésus nous a
ouvert le chemin pour une relation profonde avec Dieu : en lui, nous sommes
devenus de véritables fils adoptifs, nous sommes rendus ainsi participants
de sa royauté sur le monde. Être disciples de Jésus signifie donc ne pas se
laisser séduire par la logique mondaine du pouvoir, mais apporter au monde
la lumière de la vérité et de l’amour de Dieu. L’auteur de l’Apocalypse
étend ensuite son regard à la deuxième venue de Jésus pour juger les hommes
et établir pour toujours le règne divin, et il nous rappelle que la
conversion, comme réponse à la grâce divine, est la condition pour
l’instauration de ce royaume (cf. 1, 7). C’est
là une invitation pressante adressée à tous et à chacun : nous convertir
toujours au règne de Dieu, à la seigneurie de Dieu et de la Vérité, dans
notre vie. Chaque jour, nous l’invoquons dans la prière du ‘Notre Père’ avec
les paroles : « Que ton règne vienne » ; cela revient à dire à Jésus :
Seigneur fais-nous devenir tiens, vis en nous, rassemble l’humanité
dispersée et souffrante, pour qu’en toi, tout soit soumis au Père de
miséricorde et d’amour.
À vous, chers et vénérés frères Cardinaux – je pense particulièrement à ceux
qui ont été créés hier – est confiée cette lourde responsabilité : rendre
témoignage au règne de Dieu, à la vérité. Cela signifie faire émerger
toujours la priorité de Dieu et de sa volonté face aux intérêts du monde et
à ses puissances. Soyez les imitateurs de Jésus, qui, devant Pilate, dans la
situation humiliante décrite par l’Évangile, a manifesté sa gloire : celle
d’aimer jusqu’au bout, en donnant sa propre vie pour les personnes qu’il
aime. C’est la révélation du règne de Jésus. Et c’est pourquoi, d’un seul
cœur et d’une seule âme, prions : « Adveniat regnum tuum » (Que ton règne
vienne). Amen.
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Benoît XVI lors de l'angélus : Laissons le Christ convertir nos cœurs - 25.11.12
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Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 25.11.2012- T/Benoît XVI
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