Le Motu Proprio de Benoît XVI et la langue sacrée |
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Le 25 novembre 2007 -
(E.S.M.) - C'est pour
mieux manifester l’unité et l’universalité de l’Église que le pape
Benoît XVI en syntonie avec le Synode des Évêques sur l'Eucharistie et
en harmonie avec les directives du Concile Vatican II, demande le retour
du latin à l'exception des lectures, de l’homélie et de la prière des
fidèles.
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Livre
d'heures de Marguerite d'Orléans - Le Christ comparaissant devant Ponce
Pilate
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C'est ici
Le Motu Proprio de Benoît XVI et la langue sacrée
Dans le prolongement de
Sacramentum Caritatis de Benoît XVI
1)
LA MESSE : ►
Le Mystère eucharistique
2)
LA SAINTE LITURGIE:
(page précédente) ►
La liturgie expression de la beauté et de la sublimité du Dieu
3) À TRAVERS LES SIÈCLES :
►
L'irrécusable affirmation de st Paul
4) L’ÉGLISE :
►
Le pape Benoît XVI rappelle le lien profond entre la beauté et la liturgie
5) LE CÉLÉBRANT ET SES MINISTRES : ►
Benoît XVI a le souci de la vie spirituelle du
peuple de Dieu
6)
LA LANGUE SACRÉE
Remarquons en premier lieu que pratiquement toutes les religions utilisent,
pour s’adresser à la divinité, une langue sacrée, qui introduit l’homme dans
l’univers divin, hors du profane et du quotidien, et manifeste la
transcendance de Dieu. Dans l’Église, chacune des différentes familles
liturgiques emploie une langue sacrée : les grecs usent du grec ancien, les
russes du slavon, l’église romaine du latin, etc. De même, la langue
cultuelle des Juifs, au temps de Notre-Seigneur, n’était pas l’araméen
(langue parlée) mais l’hébreu. Le latin, dit Jean XXIII, est un « signe
manifeste et splendide d’unité (Lettre Jucunda laudatio, du 8 décembre 1961) ».
Unité dans le temps, tout d’abord, car nos lèvres prononcent les mêmes mots
que celles de nos ancêtres, ces formules liturgiques ciselées avec précision
par saint Léon, saint Grégoire, et tant d’autres, ces formules qui
nous mettent en contact direct avec l’Église des premiers siècles. «C’est,
dit toujours Jean XXIII, le lien idéal grâce auquel l’Église d’aujourd’hui
se rattache à celle d’hier et à celle de demain
(Constitution Apostolique Veterum sapientia, du 22 février 1962). » Unité dans l’espace,
aussi, car le latin relie les fidèles par-dessus les nations et les
frontières. N’étant la langue propre d’aucun peuple, elle n’en favorise ni
défavorise aucun; cela en fait à proprement parler une langue universelle.
Le récent ''Motu
Proprio'' de Benoît XVI a libéralisé la messe en latin, selon les
livres liturgiques antérieurs à Vatican II.
Précisément, le pape Benoît XVI dans l'article 1 de son Motu Proprio, précise
bien que le Missel
Romain promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de
la lex orandi
(la
règle de ce qu’il faut dire dans la prière)
de l’Église catholique de rite latin et que le
Missale-romanum promulgué par S. Pie V et réédité par le
Bienheureux Jean XXIII doit être considéré comme l’expression extraordinaire
de la même « lex orandi » de l’Église et
être honoré en raison de son usage vénérable et antique. Ces deux
expressions de la « lex orandi » de l’Église n’induisent aucune
division de la
lex credendi (la règle de ce qu’il faut
croire)
de l’Église ; ce sont en effet , exprime Benoît XVI, deux mises en
œuvre de l’unique rite romain.
Mais le latin est une langue morte, disent certains. N’est-ce pas un
inconvénient ? Bien au contraire! une langue dite «morte» est une langue qui
n’évolue pratiquement plus, et donc qui est à même de conserver à travers
les siècles une pensée intacte. Le latin présente ainsi l’avantage de nous
donner des textes liturgiques en parfait accord avec la foi de l’Église, et
qui plus est, de nous enseigner cette foi par les prières que nous récitons,
de telle sorte que là encore se vérifie l’adage antique : « La loi de la
prière établit la loi de la foi, Legem credendi statuat lex supplicandi. »
Comment cela serait-il possible avec une langue vivante, dont les mots
évoluent sans cesse et changent de sens si rapidement ? On nous objectera
peut-être que nos contemporains ne connaissent pas le latin. A cela, on peut
faire plusieurs réponses.
Tout d’abord, la prière s’adresse à Dieu. L’essentiel est donc que lui, il
comprenne. Ne nous faisons pas de soucis de ce côté-là.
En second lieu, les historiens de la liturgie nous apprennent que l’Église
romaine eut jusqu’au IV e siècle le grec, langue internationale du bassin
méditerranéen, comme langue liturgique, avant que le latin ne s’impose,
comme susceptible d’une plus grande universalité. Mais n’allons pas nous
imaginer que le grec puis le latin aient jamais été la langue maternelle, la
langue vernaculaire de tous les catholiques de rite romain. Et la sainte
Église le savait bien ! Son souci était donc beaucoup plus de faire prier
ensemble les fidèles, dans une langue qui les unissait (même s’ils ne la
comprenaient pas ou peu, ce qui a toujours été le cas pour un grand nombre
d’entre eux), plutôt que dans la multitude de leurs langues maternelles, ce
qui aurait contribué à les diviser. Par conséquent, en maintenant le latin
comme langue liturgique de l’Église romaine, le concile de Trente était en
parfaite continuité avec l’Église des premiers siècles.
C'est précisément pour mieux manifester l’unité et l’universalité de l’Église
que le pape Benoît XVI en syntonie avec le Synode des Évêques sur
l'Eucharistie et en harmonie avec les directives du Concile Vatican II,
demande le retour du latin à l'exception des lectures, de l’homélie et de la
prière des fidèles. "Il est bon que
soient récitées en latin les prières les plus connues de la tradition de l’Église
(...). De façon plus générale, je demande que l'on ne néglige pas la possibilité d’éduquer les
fidèles eux-mêmes à la connaissance des prières les plus communes en latin,
ainsi qu’au chant en grégorien de certaines parties de la liturgie".
(S.C. 62)
Ensuite, il n’est pas nécessaire de comprendre le détail de tous les textes
pour suivre la liturgie et y participer. Sainte Jeanne d’Arc «ne savait ni A
ni B», nous dit-elle, mais cela l’empêchait-elle de vivre intensément la
liturgie ? Le Père Paul De Clerck, directeur de l’Institut Supérieur de
Liturgie de Paris, note avec justesse : «Autrefois, quand les textes étaient
en latin, les gens “comprenaient” quelque chose, et peut-être même
l’essentiel, à savoir la foi avec laquelle l’action était accomplie
(L’intelligence de la liturgie. Cerf, 1995, p. 59) .»
Enfin, depuis bien longtemps les fidèles ont à leur disposition des missels
donnant intégralement le texte latin des offices, avec la traduction en
regard : la connaissance du latin n’est donc aucunement nécessaire pour
comprendre les prières de l’Église. D’autre part, l’expérience prouve
qu’avec un peu de patience on obtient des résultats surprenants. Le Père
Emmanuel, curé de la petite paroisse rurale du Mesnil-Saint-Loup, au siècle
dernier, s’était mis en tête d’apprendre le latin liturgique à ses
paroissiens. Il écrivait à un ami, en 1876 : «Je voudrais que vous entendiez
des enfants vous traduire les psaumes. C’est à n’y pas croire… Quand vous
viendrez ici, sûr, je vous ferai traduire un psaume par quelque pauvre
femme, vous verrez cela…»
Ce qui se passe aujourd'hui est indéfinissable, l'on ergote sur l'invincible
question du "retour au latin" alors que ce qui est souhaité par tant de
fidèles dans la forme ordinaire du rite, est une réforme de la réforme,
comprenant un plus large usage du latin, une plus grande sacralité dans dans
les paroles et les gestes, un plus grand respect des règles et surtout une
manifestation plus nette de la foi en la présence réelle. Est-ce si
difficile ?
Le retour "normal" de la liturgie latine et
grégorienne ne passe pas avant tout par le Motu proprio, mais par
l'Exhortation
Sacramentum Caritatis
(n°62),
ce qu'on a tendance à estomper un peu vite, aussi bien dans les rangs des
fidèles "traditionalistes" que dans les rangs du clergé qui se veut
"conciliaire".
Peut être serait-il temps de
redécouvrir vraiment ce qui fait le coeur de notre foi, et par association,
ce qui nous en sépare !
à suivre... 7)
Benoît XVI précise que le
latin est un trésor de l'Eglise. La langue dans la liturgie
du Rite Romain : latin et langue vulgaire - Le discours du Cardinal Francis
Arinze à la conférence liturgique de Gateway. ►
Benoît XVI
Sources: abbaye Ste Marie du Barroux - E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 25.11.2007 - BENOÎT XVI
- T/Liturgie |